Proust et moi, on devient graduellement de plus en plus potes. J’ai donc lu avec plaisir Albertine disparue, le sixième tome de cette fresque. Il me semble que plus ça va, moins j’en ai à dire dans mes billets, mais plus cette histoire me hante et plus j’y pense sans cesse. C’est qu’à force d’en entendre parler, on croirait qu’ils ont existé, ces personnages. Albertine et Gilberte, Oriane et le baron de Charlus… tous sont appelés à s’entrecroiser encore et encore, à travers les hauts et les bas de leurs vies mondaines.
Dans ce sixième tome, on aborde le processus du deuil et de l’oubli de l’amour. En effet, il fait suite à la fin du tome 5 (et attention, gros spoil… ouuuuh… personne ne s’en serait douté avec le titre) où Françoise annonce « Mlle Albertine est partie ». En effet, après l’avoir pratiquement séquestrée chez lui de peur qu’elle se laisse séduire par des femmes, elle est partie. Disparue. Et le narrateur doit vivre avec sa souffrance, son désir de la voir revenir, tout en tentant, par tous les moyens possibles et impossibles, de la ramener à lui. Cette description, ce désespoir, cette fébrilité sont rendues avec brio (et détails) comme souvent chez Proust. Comme souvent, il a des idées fixes, analyse tout de tous les points de vue possible, le sien à l’époque et celui de l’écrivain d’aujourd’hui. Il se complaît presque dans cette souffrance, et a de la peine de savoir qu’un jour il oubliera, comme il a oublié Gilberte et sa grand-mère… bref, je me suis retrouvée à 18 ans, lors de ma première vraie peine d’amour, alors que je disais « je ne veuuuuux pas qu’il devienne un parmi tant d’autres!!! » Bref, une partie où on souffre avec le narrateur, où on voudrait le secouer un peu, alors qu’en même temps, on a presque de la peine de voir qu’il oublie, tranquillement.
Nous sommes ensuite transportés à Venise, où les descriptions sont magnifiques, avec un coup de particulier pour la peinture où le narrateur revoit le manteau d’Albertine, pour revenir à Paris, où Gilberte est de retour, devenue Mlle de Forcheville. C’est avec cette partie que l’on sent un réel adieu à l’enfance, avec une finale magnifique, qui fait se rejoindre le côté de Méséglise et celui de Guermantes, ces noms qui semblaient irréconciliables pour l »enfant que le narrateur était.
En bref, un opus que j’ai quand même de beaucoup préféré au tome 6. J’ai aimé les retournements et je vois venir le tome 7, qui se déroule pendant la première guerre mondiale, avec plaisir. Keisha me dit que c’est le meilleur.
4 Commentaires
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Je suis d’accord avec Keisha, le 7 est aussi mon préféré !
Le meilleur, je ne sais pas, mais franchement c’est le bouquet du feu d’artifice, là où les liens se font, où on retrouve tout, où le narrateur devient écrivain, où le souvenir est magiquement décrit (il n’y a pas que la madeleine) (non, pas question que je spoile)(et tu auras quelques surprises, je dis ça je dis rien!)
Déjà le tome 6, tu dévores! Je pense que bientôt tu vas être en manque…
😉
Finalement, tu m’as donné envie de les lire ! C’est rpévu pour novembre prochain, j’aurais du temps devant moi.