John Irving et moi, c’est une histoire qui remonte à loin. En fait, je les finis toujours par les lire, mais souvent bien après leur sortie. J’avoue que mon préféré (que je refuse de relire d’ailleurs) reste toujours « Une prière pour Owen » mais entrer dans un livre d’Irving me donne à chaque fois l’impression de me retrouver en terrain connu. Du coup, je pardonne beaucoup. Je pardonne les éternels retours en arrière, les balades dans le temps pas toujours logiques, les redites et les souvenirs qui remontent encore et encore. Voire même que j’aime ça.
Ce roman nous emmène à First Sister, Vermont, une petite ville où se trouve un pensionnat de garçons et une équipe de lutte. Billy Abbott, le narrateur, y grandit et s’éveille à la sexualité alors qu’il n’a pas toujours le béguin pour les « bonnes personnes ». Sa mère l’a élevé seule et il n’a aucun souvenir de son père, parti alors qu’il était tout petit mais sa famille est toute proche. Entre le mari de sa mère (sur lequel il a un crush), son grand-père qui adore jouer les rôles féminins sur scène et sa femme germaine, son oncle qui boit un peu trop et sa tante à l’égo aussi gros que ses seins (désolée… c’est tout ce dont je me souviens d’elle). Toute la famille est impliquée dans le théâtre amateur et tout le roman est bercé par les vers de Shakespeare, ce dont je ne vais certainement pas me plaindre. Et il y a aussi miss Frost, la mystérieuse bibliothécaire.
Ceux qui ont un peu lu Irving reconnaîtront le contexte. Une petite ville, des personnages aux lubies étranges et souvent hauts en couleur, un narrateur âgé qui revient sur son passé… ça vous dit quelque chose hein! Ici, le narrateur est écrivain, il est bisexuel et dans les années 60, ce n’était pas si simple. Il est donc question d’homosexualité, de bisexualité et il y a plusieurs, plusieurs personnages trans, beaucoup, beaucoup de travestissement. Certes, je vous entends penser. Jamais trop de diversité. Mais sérieusement, ça fait beaucoup. Beaucoup de coïncidences et de personnages queer pour un si petit milieu. La réflexion sur ce sujet est certes intéressante, on se balade entre les États-Unis et l’Europe, et on passe à travers les années 80 dans le milieu queer. Cette époque me touche particulièrement et je suis et resterai toujours profondément ahurie par tous ces yeux qui se sont fermés alors que les gens mouraient les uns après les autres.
Bref, des longueurs, un propos assez politique, une réflexion sur l’identité, beaucoup de nostalgie (j’aime la nostalgie), des amitiés fortes, des obsessions, des secrets qui n’en sont pas vraiment, de la littérature et… des coïncidences. Pas mon roman préféré de l’auteur, mais un roman qui m’a fait croire à ces personnages et à leurs vies. Et ça, ça n’arrive pas à chaque lecture.
John Irving, quoi!
10 Commentaires
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Un auteur que j’avais adoré lire dans ses premiers romans. Il me déçoit un peu maintenant.
Auteur
Mon préféré reste définitivement Owen. Même si ça parle de religion. Mais on dirait que j’aime bien retrouver ses répétitions, sa lenteur… probablement parce que j’ai lu les premiers jeunes.
Pendant ma longue pause blogesque, j’en ei lu plusieurs de cet auteur dont Le monde selon Garp qui est a été un gros plaisir ( l’histoire, les personnages) !
Auteur
Oui, Garp! Quelle souvenir de lecture. La scène de conception… oh my god!
Je l’ai adoré celui-là! C’était mon premier (et le seul à ce jour!) de cet auteur. Il faut que j’en lise d’autres 🙂
Auteur
Si tu aimes son style, je pense que tu peux continuer sans crainte! Il est très « lui-même » dans ce roman! Tous ses thèmes sont là.
Je l’ai beaucoup aimé celui-ci ! Depuis j’en ai lu un autre plus récent que je n’ai pas aimé… Irving est assez irrégulier depuis quelque temps.
Auteur
Ça faisait longtemps que je ne l,avais pas lu. J’ai choisi celui-ci pour la réflexion sur le genre.
J’adore l’auteur mais le sujet de celui-ci ne me tentait guère. J’hésite encore d’autant plus que ses romans sont longs.
Auteur
Oui, c’est long. Mais pour ma part, ça a passé, malgré les répétitions à la Irving.