N’essuie jamais de larmes sans gants – Jonas Gardell

Je vous l’annonce d’emblée, j’ai braillé ma vie en lisant ce roman.  Les personnages étaient tellement devenus réels pour moi que j’ai eu l’impression de perdre une bande de copains à la fin.  Là, vous vous dites que je spoile mais non, en fait. Si je vous dis que ce roman nous emmène à Stockholm, dans les années 80, et qu’il nous fait entrer dans une communauté urbaine gay, j’imagine que vous comprenez mieux.  Ce sont les années sida, les personnages qui viennent pour certains tout juste de sortir des carcans (et du placard) pour se retrouver immédiatement se retrouvent pris dans cette tourmente, à craindre ce « cancer gay » qui vient juste d’apparaître et qui décime une partie de leurs amis.

 

Nous suivons un petit groupe d’amis qui tourne autour de Paul, très open, un peu provocateur, qui s’amuse des réactions des gens.  Il y a Lars-Ake, il y a Reine, il y a Bengt, il y a Seppo.  Mais il y a surtout Benjamin et Rasmus, qui vont tomber en amour juste avant que l’hécatombe commence.  Rasmus vient du bout du monde, il a toujours été différent, un peu flamboyant, a vécu l’intimidation des jeunes du village et subit presque l’amour immodéré de ses parents.  Benjamin est né chez les témoins de Jéhovah.  Il était la fierté de ses parents très croyants pour qui l’homosexualité, c’est mal.  C’est le genre de chose qu’on ne dit pas et qu’on ne vit surtout pas.  Mais Benjamin va rencontrer Rasmus et pour lui le sort en est jeté.  Pas question de passer à côté de l’amour.

 

L’histoire s’ouvre sur le groupe d’amis, au début des années 80.  Ils vont se rencontrer, s’aimer, s’apprécier et s’entraider.  Puis des flashbacks sur leur passé où nous les voyons enfants, adolescents… et on s’attache… et on a l’impression de les connaître.  Les scènes d’amitié sont très vivantes, très chaleureuses, même si certains aspects de la vie qu’ils vivent peut sembler assez glauque. Bref, j’ai pleuré comme une madeleine, sachant ce qui s’en venait.

 

Mais ce roman, ce n’est pas que ça.  C’est aussi la Suède dans les années 80, Stockholm surtout, où se retrouvent des jeunes qui se sont trouvés à cet endroit, dans ces quelques lieux ouvertement gay, ces quelques lieux de rencontres reconnus « pour eux ».  La Suède est un pays très ouvert, mais en 1980, ce n’était pas encore ça.  Nous verrons donc – très graduellement – le pays évoluer par rapport à l’homosexualité et aux droits des homosexuels.  On reçoit l’hypocrisie des gens et de la société en pleine face (ben oui, ça ne touche que les gays et les drogués… pourquoi s’en occuper?  ils ne l’ont pas cherché?), les remarques incroyables allant de la punition de dieu à la machination et l’acceptation toute relative des familles.  J’ai souffert avec Benjamin et Rasmus, personnages imparfaits mais hyper attachants.

 

C’est un roman poignant, émouvant, fort et nécessaire. Entre les morts et les humiliations, les tentatives et les ratés on est touché, enragés aussi.  Mon seul bémol vient du fait qu’originalement, il a été publié en trois tomes et que ça se sent un peu dans la narration.  Mais c’est un roman à lire, qui m’a énormément marquée.

Vogue la valise – Siris

La semaine dernière, j’ai réalisé que j’avais lu toutes les BDs québécoises sélectionnées pour le prix Bédélys Québec… sauf celui-là.  Du coup, je l’ai demandée, je l’ai lue… et je l’ai vraiment beaucoup beaucoup aimée.  En fait, j’ai aimé toute la sélection, cette année, et j’ai vraiment du mal choisir ma l’album que je préfère… mais c’est une autre histoire.  Parlons un peu de cette BD, l’intégrale de Vogue la valise.

 

Cette histoire est celle de la Poule.  La poule, c’est le p’tit dernier d’une famille québécoise qui a beaucoup de mal à joindre les deux bouts.  C’est aussi l’alter ego de l’auteur qui, comme le personnage principal, a connu les services sociaux et les familles d’accueil.  La Poule est un petit être intelligent et gentil, né d’un père alcoolique et d’une mère qui fait tout ce qu’elle peut, qui aime ses enfants mais que la vie a éprouvée.   Si la première partie suit Renzo, le père de famille qui doit se redéfinir après un accident et qui ne réussit pas vraiment, c’est l’enfance et l’adolescence de la Poule que nous allons suivre dans ces trois cent et quelque pages.  Une enfance barrouettée d’une famille à l’autre dans les années 60-70- avec la fameuse valise –  et ces familles sont loin d’être idéales.

 

Je n’étais pas allée vers ce titre car je ne n’étais pas certaine que le graphisme me plairait. Les visages sont un peu particuliers (et le personnage principal est quand même une poule) mais étrangement, après avoir mis quelques pages à m’habituer au nez du père qui entraîne sa famille sur la pente descendante, j’ai adhéré au trait et la Poule est adorable, même quand elle est en beau ta…!  C’est une histoire terrible, avec beaucoup de maltraitance, beaucoup de coups durs dès que le ciel semble s’éclairer, mais malgré un côté très touchant, souvent révoltant, ce n’est jamais débordant de pathos. Bon, une scène m’a atteinte droit au coeur et je n’en suis pas remise. Par contre,  l’humour de la Poule et plusieurs scènes plutôt comiques nous permettent de souffler un peu entre les brimades du Père Troublant et le chantage du Ti-Bourlet.

 

On ose espérer que les Centres Jeunesses sont moins « violents » maintenant qu’à l’époque parce que ça fait très peur.  Je retiendrai un récit très touchant, une belle histoire de résilience.

 

À tenter!

Tous les liens de la BD de la semaine chez Stephie aujourd’hui!

Le poids de la neige – Christian Guay-Poliquin

Est-ce que ça vous arrive, des fois, de voir tous les atouts d’un roman, toutes ses qualités, et de rester quand même en dehors?  Heureusement, assez rare dans mon cas mais c’est tout de même ce qui est arrivé avec ce roman.  Et je crois que ça confirme qu’entre le nature writing et moi, la rencontre ne se fait pas.  C’est d’ailleurs pour ça que j’ai tant attendu avant de lire ce roman pourtant très apprécié et déjà récipiendaire de multiples récompenses.  Comme si j’avais une pressentiment.

 

Nous sommes dans un futur proche et le monde est sur le déclin.  Il y a une crise de l’énergie, il n’y a plus d’électricité et le climat est complètement déréglé.  Deux hommes sont dans une verrière.  L’un est âgé et veut à tout prix la quitter et l’autre est blessé suite à un accident de la route.   Autour d’eux, la vie du village tente de se réorganiser et la vie est rythmée par les visites de José, Joseph, Jonah, Jean et de Maria, la vétérinaire du village qui soigne le jeune homme blessé.  Et l’angoisse monte et la neige continue de s’accumuler.

 

Le roman est glaçant.  Dans tous les sens du terme.  Le huis-clos est étouffant, la relation entre les deux hommes ne vient pas naturellement mais il y sont forcés.  Les choses se placent petit à petit alors qu’autour d’eux, tout s’effrite.  L’hiver et la nature en colère sont des personnages en soi, les descriptions sont simples mais puissantes et on grelotre pendant notre lecture et comme lecteur, on sent l’oppression, le poids de la neige.   Ce roman, c’est l’humanité dans toute sa laideur, dans son égoïsme et sa petitesse.  C’est un hiver menaçant auquel on tente de survivre, en espérant toffer assez longtemps.  Le temps s’écoule doucement et l’angoisse monte.

 

À lire tout ça, vous vous demandez ce que j’ai à reprocher au roman.  Ben… rien.  Rien, niet, nada.   J’ai seulement trouvé le temps long et je n’ai pas ressenti cette montée d’anxiété qui ressort petit à petit de l’histoire.  Mes attentes étaient sans doute trop élevées et a postériori, je VOIS toutes les forces et la noirceur de ce roman.  Je suis seulement restée hors du récit.  Tant pis pour moi… et je me sens un peu seule de ma gang.

 

Un total cas de « c’est pas toi, c’est moi »… et un billet totalement décousu!  Qu’en avez-vous pensé?  (Du roman, pas du billet!)

La Poule au Bois Dormant – Jolibois / Heinrich

Les P’tites Poules et moi, c’est une vieille histoire d’amour.  J’en ai d’ailleurs parlé ici, ici, et  ici. Et ailleurs.  Mais je suis tannée de faire des liens.  Du coup, quand Martine, de chez Interforum, m’a spécifié qu’il y avait une dédicace des P’tites Poules, je n’ai pas hésité, comme vous pouvez  vous l’imaginer.

 

Dans ce tome, Carmelito, Carmen et Bellino vont voir leur Coq-Papi qui est crieur en ville.  Ils arrivent dans une magnifique ville médiévale, où tout est différent… et où tout fait très peur à Bellino pour qui les parchemins en peau de mouton n’augurent rien de bon.   À leur arrivée, ils apprennent que la princesse de la ville est endormie depuis 100 ans… et qu’il y a un grand concours pour chevaliers, qui veulent réveiller la princesse à coups de cocorico tonitruants!

 

J’ai encore une fois beaucoup aimé ce tome.  C’est encore une fois plein de références qui plairont aux adultes (ma favorite étant « papy libéré! »… juste y penser et je ris encore) et d’images truffée de détails parfois adorables, parfois hilarants.  Les expressions faciales des personnages valent 100 piastres!

 

Les auteurs jouent encore une fois avec les codes des contes classiques, ma nièce se roulait par terre à la fin tellement elle trouvait ça drôle!  Selon elle, c’est chouette être une princesse.  Elle a adoré deviner ce qui allait arriver à l’aide des images et m’a demandé un « voyage en Moyen-Âge » pour son cadeau de 18 ans.   Je pense qu’elle ne réalise pas que c’est dans p’tit bout de temps et qu’elle a le temps de changer d’idée!

 

Allez… il FAUT lire les P’tites Poules!

Le petit Ivan – Niki Orfanou / Yvan Duque

Encore un excellent album jeunesse… voire même un coup de coeur jeunesse!  Ceux qui me connaissent savent que pour moi, la Russie était un genre de terre promise quand j’étais petite.  Ça me faisait rêver.  Bon, ok, la Russie qui me faisait rêver (pour des raisons de fillette, of course) n’était plus depuis longtemps, mais tout le folklore entourant cet énorme pays m’a toujours fascinée.  Du coup, résister à une réécriture de Baba Yaga?  Impossible!

 

Tout d’abord, l’objet livre, publié chez Le lièvre de Mars, est magnifique.  Collé-cousu, un dos en tissus, un beau papier et ces illustrations, ces illustrations!   Si vous aimez la couverture, vous aimerez le contenu.  Les illustrations rappellent certaines gravures ainsi que les poupées russes, on croirait parfois des collages, les bordures sont souvent travaillées… elles sont ma-gni-fi-ques.  C’est officiel que je suivrai l’illustrateur.

 

L’histoire?  Celle du Petit Ivan, né d’une bûche de tilleul, et qui se laissera un jour berner par la vilaine sorcière Baba Yaga.  Comme souvent, dans les versions de ce conte, il y a les bons et les méchants et une opposition entre le monde réel et le monde merveilleux.  Bon, ici la cabane n’a pas les célèbres pattes de poulet mais tout le reste y est.  J’ai beaucoup, beaucoup aimé!  Et cette collection vaut le coup qu’on s’y intéresse, vu qu’elle a pour mission de rééditer des textes épuisés ou oubliés.  Intéressant, non?

HHhH – Laurent Binet

HHhH, ça signifie « le cerveau d’Himmler s’appelle Heydrich » (Himmlers Hirn heisst Heydrich).  Heydrich, c’est Reinhard Heydrich.  Le bourreau de Prague.  La bête blonde.  Le « protecteur de Bohême-Moravie ».  Le planificateur de la Solution Finale.   Un homme puissant, cruel, pour qui la fin justifie les moyens.  Le 27 mai 1942, il y eut un attentat à Prague.  Deux résistants tchèques (bon, un tchèque et un slovaque) ont attenté à sa vie.  Jan Kubis et Jozef Gabcik étaient résistants et l’auteur souhaite leur rendre hommage par ce récit (il ne faudrait surtout pas dire « roman ») qui le fascine (je dirais même « qui l’obsède » depuis des années).

 

Tiens, comme Binet, je vais raconter ma vie.  Un peu.  La partie de ma vie qui a rapport à ce thème.  J’aime Prague.  J’y suis allée et j’ai pu voir la fameuse église S-Méthode-et-St-Cyrille, criblée de balles.   J’avais donc un peu entendu parler de la fameuse opération Anthropoïd et j’avais lu un peu à ce sujet.  Du coup, quand j’ai vu de quoi il s’agissait, je n’ai pas hésité à lire ce roman.   Laurent Binet a eu beaucoup, beaucoup plus qu’un intérêt de passage pour cet événement historique.  Il l’a fouillé, il a fait des recherches et il a un but : rester fidèle à l’histoire.  Surtout, ne pas faire de littérature.  Des faits.  Seulement des faits.  Et avec ces faits, il parvient à tracer un portrait très attachant des résistants en tout genre.  Il parvient presque à nous faire espérer pour ces personnages, même quand on sait comment l’histoire finit.  Bref, j’ai été extrêmement intéressée par tout l’épisode historique, j’ai été transportée à Prague (et j’ai une envie folle d’y retourner) et on dirait que c’est CERTAIN maintenant que je retournerai en république Tchèque.

 

D’un autre côté, c’est tellement enrageant.  Entendre les réflexions nazies, les plans d’Hitler et de ses sbires, leurs réactions… c’est terrible.  Surtout quand on sait que c’est vrai de vrai.  Les déclarations d’Hitler, la mauvaise foi, la propagande… j’étais hyper en colère.  Disons que ce n’est pas un roman feel good.  Pas pantoute.

 

Côté écriture, Laurent Binet a choisi de nous raconter son processus d’écriture.  D’un certain côté, ça m’a fait penser à Un certain M. Piékielny (que j’ai lu avant), même s’il a été écrit après).   Mais voilà.  Si j’ai aimé le côté création, le personnage que j’ai deviné derrière m’a profondément déplu.  Le « je » m’est apparu comme étant un personnage condescendant, souvent méprisant, très égocentré, qui tend à tout ramener à lui.   J’ai eu beaucoup de mal avec cette voix au début (j’ai failli lâcher le tout, mais les courts chapitres m’ont gardée intéressée), puis je m’y suis habituée.  Mais de temps en temps, j’avoue que mon agacement a ressorti par bouffées.  Intenses, les bouffées.

 

Mais de cette oeuvre, je retiendrai l’hommage.

 

Toutefois, il paraît que « La septième fonction du langage » est beaucoup plus drôle.  Comme la plume me plaît, je tenterai forcement le coup, surtout que les copines ont adoré.  Quant à HHhH, Cuné a beaucoup aimé, Galéa est aussi conquise, Alicia a été passionnée et terrorisée et Nathalie est plus mitigée.

La saga de Grimr – Jérémie Moreau

J’ai fait acheter cette BD à ma bibliothèque municipale (elle est géniale pour ça, ma biblio.. elle prend généralement mes idées!) après qu’elle ait gagné le prix à Angoulème.  Et je ne sais pas pour vous, je n’ai pas lu toutes les BDs finalistes mais j’ai tellement aimé cette BD que j’ai décidé qu’elle méritait le dit prix.  Voilà!  On nous plonge ici dans l’Islande du 18e siècle, soit bien après les grandes sagas islandaises qui relatent souvent des événements du 10e siècle (ou dans ce bout-là).  À cette époque, l’Ilslande est sous la domination danoise, qui utilise le territoire sans se soucier des gens qui y habitent.  C’est une terre magnifique mais sauvage, glacée, dévastée par les famines et les volcans.  Et dans ce pays naît Grimr, qui voit toute sa famille périr dans une éruption volcanique.   Il n’a que 5 ans mais est miraculeusement rescapé et semble d’une force hors du commun.

 

J’ai adoré les images.  Mais ADORÉ.  Il manque un billet pour Reyjavik à la fin de cet album.  Ça donne une envie folle d’y aller (cette destination fait partie de ma to-do-list pour 2019).  C’est rude mais grandiose.  La vie de Grimr n’a rien de facile et ses périodes de bonheur seront courtes et tragiques, mais il a l’étoffe d’un héros de saga et son histoire a un réel souffle.  Il sera confronté à la loi, l’héridité, la lignée ainsi que la réputation. éléments qui définissent une partie de la culture islandaise de l’époque.

 

Il y a un réel souffle romanesque dans la BD, je me suis sentie en Islande, j’ai suivi avec fascination les aventures de Grimr qui fait peur et qu’ils considèrent comme portant malheur.  On reconnaît quand même pas mal d’éléments des anciennes légendes (surtout Njall le brûlé), vous savez celles où il faut lire 400 ans de généalogie avant d’arriver aux héros?

 

Bref, j’ai vraiment beaucoup aimé.  Le mélange d’aquarelle et d’autre chose (je sais pas quoi… mais me semble qu’il y a pas juste de l’aquarelle…) est hyper réussi et le côté épique (j’allais écrire épopéïque… oups… heure d’aller me coucher!) vaut le détour!

 

C’était ma BD de la semaine!

Sorry to disrupt the peace – Patty Yumi Cottrell

« Sorry to disrupt the peace », c’est l’excuse que Helen Miran sert à tout le monde parce que ça peut vouloir dire tout et n’importe quoi.  Helen habite New York avec presque rien.  Elle travaille avec des jeunes, des « troubled youths », comme elle dit.   Un jour, alors qu’elle attend une livraison de meubles, elle reçoit un téléphone de son oncle.   Son frère adoptif s’est suicidé.    Helen décide donc d’aller chez ses parents adoptifs, à Milwaukee, pour les consoler et comprendre pourquoi son frère (adoptif), s’est suicidé.

 

Helen est née en Corée et a été adoptée par un couple blanc américain.  Son frère vient aussi de Corée, mais d’une autre partie du pays.   Elle n’a pas vu ses parents adoptifs depuis 5 ans lorsque l’histoire se déroule mais elle est restée en contact sporadique avec son frère.  Après son suicide, elle débarque.

 

Le roman nous transporte dans la tête d’Helen et croyez-moi, dans la tête d’Helen, c’est quelque chose.   Nous sommes dans un courant de conscience et Helen est d’une honnêteté envers elle-même qui est fort dérangeante pour le lecteur.  Ses perceptions et les nôtres sont souvent tellement différentes, ses interprétations du monde et des conventions sociales tellement déformées que ça m’a rendue souvent très mal à l’aise.  Ce qu’elle fait au travail (j’avoue avoie limite crié Noooooon à au moins 2 occasions), avec sa famille… Helen dit et fait ce qu’elle pense, au moment où elle le pense et c’est pour le moins… cringy!

 

Un roman qui questionne l’appartenance, l’identité.  Le langage utilisé par rapport à sa famille est éloquent, Helen est encore en pleine recherche de qui elle est, elle ne sait trop ce qui la pousse à vivre, contrairement à son frère qui a choisi de mourir.   Bien entendu, le roman traite de santé mentale.  Il suffit de commencer à lire pour comprendre qu’Helen a des réactions très particulières face au monde.  L’écriture est hyper particulière, étant représentative de la voix d’Helen.  Au bout de quelques pages, on sait si on aime ou pas.  J’ai mis un moment à comprendre à qui j’avais affaire mais comme j’adore les narrateurs qui sont complètement « unreliables » , ça m’a beaucoup plu.  Une plume qui dérange et qui nous fait ouvrir de grands yeux tant ça peut surprendre de lire des énormités comme si c’était tout à fait normal, tout à fait logique! Helen dérange.  Sans faire exprès, mais elle dérange. (Oui. 3 fois le mots « dérange »… mais je suis à court de synonymes!)

 

Un roman et une voix qui secouent, une douleur crue, vraie, qui fait mal, une exploration des réactions à la peine, la peine trop grande pour être supportée et avec laquelle il est difficile de dealer.  J’ai franchement beaucoup aimé, j’ai été déstabilisée, my peace was disrupted… et je serais fort curieuse de connaître votre avis.  Parce que je sens que ce roman va diviser les foules!

 

Je ne sais pas si c’est traduit par contre…  à voir!

Câlingouin – Eric Bilodeau / Isabelle Lévesque

Vous connaissez le Câlingouin?   Pour ma part, je l’ai rencontré au dernier salon du livre.  Câlingouin, c’est un maringouin géant qui n’aime pas piquer les humains.  Lui, son truc, c’est le brocoli.  Et les humains, il aime plutôt leur faire des câlins.  Du coup, c’est un Câligouin!

 

Cette série chez Édiligne accompagne les enfants dans certaines étapes de leur vie.  Dans le premier tome, on parle d’un vaccin et dans le second, d’une visite chez le dentiste.  Les albums, très colorés, permettent de dédramatiser ces situations potentiellement stressantes, avec un peu d’humour mais surtout beaucoup de bienveillance.

 

Nous rencontrons aussi Benjamin, un petit garçon qui connaît bien Câlinouin et

nous raconte son histoire. En effet, quand il était petit, il n’était bien différent des autres maringouins mais il a réussi à tirer parti de ses particularités.

 

Le deuxième tome nous amène chez le dentiste (ouais, le Câlingouin est membre de plusieurs ordres professionnels) où un Crocodile amateur de bonbons a un petit problème impliquant une épine de cactus.  Mais que fait une araignée (Croco déteste les araignées) dans un bureau de dentiste?  Je vous le laisse découvrir mais sachez que ça m’a fait sourire!

 

Certes, ce sont des albums qui sont surtout « éducatifs » et ça se sent un peu.  Toutefois, c’est bien fait, les illustrations sont attrayantes, on a pris le temps de faire une vraie histoire… et c’est chouette de chercher les brocolis dans toutes les pages!

 

D’autres tomes sont à venir, ce qui est une bonne nouvelle!

 

 

 

 

Parole de Charlounette…

Charlounette, c’est ma chouqui-nièce.  Elle a 5 ans, c’est une testeuse d’albums jeunesse hors-pair, elle adore le rose et le mauve, les princesse, la reine des neiges, le bricolage (avec paillettes) et elle se décrit elle-même comme « trop mignonne ».

Bref, Charlou m’a surprise en train d’écouter une vidéo de Séverine, youtubeuse sur la chaîne Ilestbiencelivre.  La fille lit principalement des thrillers, des polars, et elle trippe particulièrement sur les trucs bien glauques, bien barrés.  Sa chaîne est l’une de mes préférées-pour-écouter-sur-le-tapis-roulant (avec Pikiti Bouquine) parce qu’elle fait des loooongues vidéos et que je n’ai pas besoin de passer mon temps à pitonner!  Bref, revenons au sujet.

J’écoute la vidéo et elle entend « j’avais le slip sur la tête ».  Expression kulte de la dite booktubeuse.   Charlou, toujours le coeur sur la main, est toute attristée pour elle.

Elle: Matante, la madame, elle met un slip sur sa tête parce qu’elle lit des choses qui font trop peur?
Moi: Hein? Comment ça chouquinette?
Elle: Comme moi. Quand j’ai trop peur, en camping, je me cache la tête dans mon slip!

Deux seconde d’arrêt… puis je me souviens qu’ici, au Québec, un slip, c’est un sleeping bag. Rien à voir avec les bobettes!

J’essaie de lui expliquer, elle se désintéresse au bout de 8 secondes (parce qu’elle est comme ça) et ajoute, finalement, le mot de la fin.

Elle: Ben si la madame c’est une grosse peureuse, elle devrait lire des livres de princesse. Ça fait pas peur, les livres de princesses. Ou la Pat’Patrouille parce que les chiens, ils sont trop mignons!

CQFD.
Séverine, tu as tes prochaines lectures!