Les voyages d’Anna – Lepage / Michel / Odin

Je pense que j’avais trop d’attentes face à cette BD.  Je pense aussi que c’est un dyptique et que je ne l’ai pas lu dans le bon ordre… bref, je suis un mini-peu déçue.

 

On nous raconte donc l’histoire d’Anna, qui a toujours voulu voyager, voir le monde et qui s’est enfuie avec Jules, un peintre dont elle était la muse.  Elle a presque 100 ans et jette un regard sur sa vie, à travers les toiles que Jules a fait d’elle et ce n’est que là qu’elle réalise qu’il l’a vraiment aimée.

 

Oui, voilà… l’histoire tient en peu de mots et le personnage d’Anna est lui-même assez évanescent, sans être pour autant mystérieux.  Elle ne m’a pas particulièrement plu, ni fascinée.  Les croquis du carnet de voyage, par contre, c’est autre chose.  Et c’est là que je me dis que voyager, à la fin du 19e, ce devait être tout autre chose.  Les images sont superbes, les illustrations dépaysantes et foisonnantes, les fonds à l’aquarelle vendent du rêve et nous transportent ailleurs.    Je dois par contre avouer que je préfère les croquis aux dessins finis et plus travaillés.   Je pense que je préfère quand il y a des côtés flous, comme dans les images du début du roman (Venise avec l’enfant… c’est magnifique).

 

De belles planches mais un texte qui manque clairement de lyrisme et de poésie pour les accompagner.  Ça m’a paru en décalage… et m’a empêchée d’entrer totalement dans l’album.  J’ai tout de même réservé Les voyages d’Ulysse.. sait-on jamais, peut-être vais-je y trouver ce qui m’a manqué ici!

The Dry (Canicule) – Jane Harper

C’est Angéla Morelli qui m’a dit de lire ce roman. On lui avait vendu comme THE roman de l’année, on l’a lu à peu près en même temps et on a un avis qui se ressemble un peu.  On a bien aimé, mais on n’est pas wowowow non plus!

 

C’est donc un polar qui se passe dans le bush d’Australie. Il n’a pas pu depuis 2 ans, les fermiers en sont à tuer leur bétail pour survivre, ils perdent leurs récoltes et l’atmosphère de la petite ville est bouillante, dans tous les sens du terme. Aaron Falk revient en ville, pour la première fois depuis 20 ans, lors d’un drame terrible : Luke, son ami d’enfance, a tué femme et enfant avant de s’enlever la vie. Il n’y serait pas allé mais un curieux message l’a incité à y remettre les pieds. Et il n’est pas le bienvenu, c’est le moins que l’on puisse dire. C’est que dans un village où tout le monde se connaît et où persone n’oublie rien, on se souvient de la mort d’Ellie Deacon, survenu alors qu’Aaron était adolescent.

 

C’est avant tout un roman d’atmosphère et c’est selon moi ce qui est le plus réussi dans le roman. On est ailleurs, c’est étouffant, tout est lourd, le temps comme la vie. Aaron va, un peu malgré lui et à la demande des parents de Luke, mener l’enquête. Lucky him, il est dans la police financière à Melbourne. Bien entendu, ça ne va pas faire plaisir à tout le monde, surtout pas à Malcolm Deacon, le père d’Ellie ainsi que son neveu, Grant.

 

C’est un roman au rythme lent, pesant. On nous balade entre passé et présent, nous faisant découvrir petit à petit ce qui s’est passé 20 ans plus tôt. Parce que certaines personnes n’ont pas tout dit. J’ai beaucoup aimé la construction et l’écriture évocatrice. C’est bien ficelé, ça se lit tout seul et tout se tient. Ceci dit, j’ai passé mon temps à essayer de ne pas deviner… raté! Bon, en fait, j’avais trouvé qui, mais pas pourquoi… c’est toujours ça de gagné! Ya juste moi qui est contente quand je ne trouve pas hein! La fin n’est pas particulièrement wow (surtout l’une de celle partie de celle-ci) mais n’est pas non plus décevante.  Ceci dit, un élément que je croyais important ne l’était pas… fait rarissime! J’aurais juste aimé un peu plus de développement des personnages… me semble qu’il m’en a manqué un peu et que j’en aurais pris davantage.  Et certains, sont vraiment vilains vilains. Un peu trop. Toutefois, vu qu’il y a une suite, je ne désespère pas d’en apprendre davantage au moins sur Falk.

 

Un polar qui nous fait chercher notre air!

 

Les soeurs Carmines – 2 – Belle de gris – Ariel Holzl

J’ai lu le premier tome de cette série… hier. Et ce soir, j’ai lu le second. C’est que ces romans sont juste trop courts et qu’on a toujours envie d’en avoir plus et encore plus.  Je suis donc retournée à Grisaille avec un plaisir renouvelé, cette fois pour passer du temps en compagnie de Tristabelle Carmine, l’aînée des soeurs. Très différente de Merry, que nous suivions dans le tome 1, elle est imbue d’elle-même et est convaincue de sa propre perfection et que tout lui est dû. Mais VRAIMENT convaincue. Imaginez ce qui se met en branle quand la miss (oups, pardon… la mademoiselle) réalise que la Reine donne un bal et qu’elle n’a pas d’invitation. Rien ne va l’arrêter!

 

Tristabelle, c’est une totale psychopathe. Ses réflexions sont totalement incongrues, son cadre de référence est complètement décalé. Disons que pénétrer dans sa tête, c’est toute une aventure. Elle n’aime personne (sauf elle-même) et ne ressent que peu de choses, que ce soit physiquement ou émotionnellement. Sa famille?  Un mal nécessaire. Et dans ce roman, nous allons suivre ses manigances alors qu’elle tente d’être dame de compagnie de la Reine et que bizarrement, tous les endroits où elle passe se transforment en carnage. Il n’en faut pas plus pour que la police – ces malotrus – soit à ses trousses.

 

J’ai eu besoin de quelques pages pour m’habituer au style de narration et au regard sur le monde de miss Tristabelle. Étant donné ses ambitions, la quête est moins palpitante au départ, mais je me suis rapidement prise au jeu. Quel plaisir de retrouver tout ce petit monde. Entre Merry qui ne va pas bien du tout en raison des événements du premier tome et les nouveautés de la famille, je me suis régalée des aventures des soeurs.

 

J’ai un tout petit peu moins aimé que le premier tome car j’aurais aimé que certains éléments soient un peu plus développés (les origines de Tristabelle, entre autres) mais l’évolution des personnages est très bien trouvée… et j’ai très hâte de lire le dernier tome!

Crazy Rich Asians – 1 – Kevin Kwan

J’avais envie de légèreté et on m’avait dit que ce roman était hi-la-rant. Je l’avais attrapé dans le cadre d’un mois thématique sur la littérature « asian-american » (je ne trouve pas le terme en français… si quelqu’un le connaît, je suis preneuse) et je le gardais pour le bon moment. Je croyais que c’était ça. Et finalement, si j’ai quand même bien aimé, je dois avouer que cette lecture était un peu « underwhelming ». Ouais je sais je parle et je lis en anglais ces jours-ci.  Ça se ressent!

 

Rachel Chu est professeur à l’université.  Depuis deux ans, elle sort avec Nick Young, un autre jeune professeur  au physique fort avantageux. Ils sont fin vingtaine-début trentaine et ils filent le parfait amour. Quoi de plus logique que d’aller à Singapour pour rencontrer la famille de Nick, donc? Surtout à l’occasion du mariage de son meilleur ami.  Sauf que Nick n’a pas tout dit. Il a notamment omis de lui préciser que sa famille était riche. Genre, crazy rich. Avec tout ce qui va avec.

 

J’avoue, si ça n’avait pas été situé à Singapour, dans un monde que je ne connais pas du tout, j’aurais beaucoupm moins aimé.  C’est la vie des gens riches et célèbres, avec tout ce que ça implique de jet set, de name dropping et de bitcheries. Vous vous imaginez le genre. Nous allons donc rencontrer la famille et les « amis » de Nick, pour qui l’arrivée de Rachel va causer tout un cataclysme. Entre rumeurs, plans machiavéliques et découvertes, l’entrée de Rachel dans cet univers ne va pas être de tout repos. Et oui, en effet, c’est parfois drôle. Les réactions de certaines personnes sont hyper exagérées (et un peu cliché) et la mère de Nick est tout un numéro. Dès le début, on comprend assez vite à quel point ils sont « crazy rich »!

 

Ceci dit, beaucoup de glamour, de nape dropping et de luxe sont distillés un peu partout. Ceux qui ont aimé les romans qui parlent de clash riche/normal, le monde de la haute couture et des happy few qui ont des préoccupations limite out of this world aimeront probablement cette série car elle a en plus un côté dépaysant, qui nous entraîne en Asie.  Il y a plusieurs autres personnages autour du couple principal et j’avoue que si certains sont intéressants, la plupart sont juste… désagréables et superficiels. De là le cliché et les yeux au ciel assez fréquents.

 

L’auteur se serait inspiré de son enfance à Singapour pour écrire cette série.  Que je finirai peut-être. Ou pas. De la chick litt écrite par un homme, dans un contexte différent, avec des préjugés différents de ceux qu’on a l’habitude de voir (soooo mainland china!)… mais bon… chick litt! Il faut aimer!

Les carnets de Cerise -1 – Le zoo pétrifié

J’entends de parler des carnets de Cerise depuis des années.  Je pense que ce sont les billets de Galléane qui me les ont fait connaître en premier et j’attendais, depuis tout ce temps, de les trouver en librairie.  Finalement, je l’ai emprunté à la biblio pour tester.  Je sais, faut pas chercher à comprendre.

 

Il faut savoir en premier, que c’est hyper jeunesse.  J’avais comme oublié ce fait.  Du coup, j’ai été surprise au départ par la simplicité de l’intrigue.  Ceci dit, une fois remise en contexte, j’ai plutôt bien aimé et je suis certaine que ça va énormément parler aux jeunes filles qui adorent les animaux et les enquêtes toutes mignonnes.

 

C’est donc l’histoire de Cerise qui veut être écrivaine.  Elle a deux meilleures amies, Line et Érica, très différentes l’une de l’autre, qu’elle traîne un peu dans ses idées folles.  Elles ont aussi une cabane dans l’arbre, théâtre de leur été.  Un jour, Cerise voit un vieil homme couvert de peinture qui sort des bois… en bonne future écrivaine, Cerise veut découvrir ce qu’il cache.

 

Si l’histoire est plutôt simple, les illustrations sont magnifiques.  Rien de moins.  Magnifiques.  Elles sont mignonnes comme tout, subtiles, pleine de petits détails et empreintes d’une grande douceur, avec des couleurs souvent pastel et très tendres   Je lirai la suite, bien sûr car le format qui alterne cases de BD ainsi que les pages du journal de Cerise me plaît énormément.

 

C’était ma BD de la semaine!

Circe – Madeline Miller

Si j’ai sorti si rapidement ce livre de ma pile, c’est pour participer à une lecture commune avec Steff de Pikiti et deux de ses abonnées, Anaïs et Charlaine. Ceci dit, j’ai drôlement bien fait parce que si vous aimez les mythes revisités, je crois que ça peut vous plaire.  Moi, en tout cas, ça m’a bien plu.

 

Ce texte donne une voix à Circe, la sorcière qu’a rencontrée Ulysse.  Née d’une nymphe et d’Helios le Titan, elle est le plus souvent présentée comme la méchante dans les mythes. C’est donc son histoire qui nous est racontée, à partir de sa naissance dans le palais d’Oceanos, son grand-père.  Rapidement, nous rencontrons ses frères et soeurs (Perses, Pasiphaë, Aeëtes) et nous la découvrons sous les traits d’une déesse naïve élevée par une mère vaniteuse et absente (elle est détestable, en fait) et d’un père insensible qui s’en fiche pas mal. Elle découvre tardivement ses pouvoirs, sera exilée (vous verrez comment), elle va rencontrer plusieurs héros et antihéros et moi, je me suis régalée. Comme je suis bébé, je sautillais toute seule dans ma tête à chaque fois qu’un nouveau personage connu apparaissait.  Ouais, je sais.  À la limite de la déesse intérieure qui fait des sauts périlleux.  Je suis un cliché.

 

J’ai beaucoup aimé la plume avec son côté poétique. L’auteur m’a transportée dans son univers antique rempli de dieux qui sont tout sauf humains.  Tout est plus grand que nature et l’échelle de temps de Circe, confrontée à celles des mortels, est difficile à imaginer.  Elle réussit à nous toucher malgré ses erreurs et ses trips divers et variés. J’ai aimé comment le tout s’imbriquait dans l’histoire globale et comment Circé se révélait à elle-même, ou du moins était prête à la faire.  De plus, ça offre une réelle réflexion sur le temps qui passe, sur nos désirs profonds et le concept de soi.

 

Le regard posé est assez simple, assez direct, la réinterprétation est « straightforward » (je cherche mes mots, désolée) et on sent que l’auteur connait son sujet à fond (elle est chercheuse dans ce domaine). Bref, j’ai eu du mal à m’arrêter (je n’ai même pas été capable d’attendre les filles pour la LC), j’ai envie de relire l’Odyssée (et la moitié des mythes grecs par la même occasion).

À découvrir pour tous les amateurs de mythologie grecque!

Le Souffle de Midas – Alison Germain

J’ai lu ce roman parce que j’ai décidé de lire tous les romans sélectionnés pour le #PLIB2018, le Prix des Lectures de l’Imaginaire des Booktubers (je pense). Je me suis dit que si des gens qui lisaient beaucoup de SFFF avaient sélectionné ce roman, c’est qu’il avait quelque chose de spécial. De grand. En plus, c’est publié aux éditions du Chat Noir et je n’ai vu que des avis positifs.  J’attendais du lourd, voyez-vous! Sauf que ce n’est pas ce que j’ai trouvé dans le roman. C’était pas mal. Sans plus.

 

C’est donc l’histoire de Louise, une jeune fille de 19 ans (je pense) tout à fait normale, qui habite en Cornouailles. Elle travaille dans une boutique de gemmes et de pierres sans trop y croire, étudie en littérature, habite avec ses parents et son grand frère Marshall dont elle est très proche.  Un jour, elle entend des cris et en voulant sauver la femme, sa vie va changer.

 

J’étais tentée en raison de la mythologie grecque, qui est au centre de l’histoire. J’adore les histoires d’Homère, le mythologie grecque et j’ai beaucoup aimé que l’histoire se déroule dans cet univers. Prometteur, n’est-ce pas? Ce l’est. J’aurais aimé que ce soit mieux développé et davantage expliqué car, avouons-le, on en sait quand même peu et surtout, les explications arrivent assez tardivement. Et moi, j’en voulais plus, because attentes, voyez-vous! Et juste pour ça, je lirai peut-être le tome 2. Car ce premier tome, très court, aurait pu selon moi faire partie d’un bon gros roman fantastique. Sans séparer. Mais ça, c’est une autre histoire.

 

Le roman se lit très vite, les pages se tournent toutes seules et je l’ai lu en une petite soirée, bien installée dans mon lit. Ça va vite, il y a beaucoup d’action, beaucoup de rebondissements. Je ne me suis pas ennuyée, j’ai passé un moment divertissant, même si j’ai un peu levé les yeux au ciel. Il faut dire que je ne suis clairement pas le public-cible. Il y a des références à la pop culture qui sont sympathiques mais ce ne sont pas les miennes (ouais, j’assume ma vieillerie) et j’imaginais Alison (Lili Bouquine sur Booktube) dans le personnage de Louise. Mais vraiment. Sa voix, ses gestes, tout.

 

Pour moi, ce qui a moins bien passé, c’est l’écriture, très travaillée, mais somme toute assez scolaire et parfois grandiloquente (le prologue m’a donné des sueurs froides). Le genre de phrase qui me donne envie de les déclamer. Attention, certains ont adoré la plume. Mais pour moi, elle ne cadrait pas avec le reste du récit et m’a rappelé ce que j’appelle « le style fanfiction ». Ce n’est pas péjoratif. C’est juste un peu too much pour moi.  Il y a quelques répétitions (4 épées de Damoclès et plusieurs « pisseuse ») et, pour moi, il y a eu LE détail qui tue. L’héroïne est anglaise. Elle ne parle pas français. On l’a mentionné plusieurs fois. Et voilà qu’elle s’obstine avec un personnages… parce qu’elle ne veut pas qu’il la tutoie et qu’ils n’ont pas gardé les cochons (ou un autre animal, je ne sais plus) ensemble. Heu… anglais, on se rapelle!  Ya pas de vouvoiement de politesse en anglais.  Détaillounet, je sais, mais bon, la miss-linguistique en moi se révolte (et l’éditeur aurait aussi dû le faire, mais c’est un autre débat).

 

Ajoutons quelques facilités (je refuse de parler de l’histoire d’amour/attirance sexuelle qui ne m’a pas du tout convaincue… tu le connais depuis 3 jours, girl… et je ne sais pas, quand je suis en état de chox, je ne pense pas nécesairement au cuisses des mecs!) et clichés pour coller aux codes, ça me donne un moment de lecture agréable, mais pas un grand roman non plus.  Un premier roman pas mal, avec de bonnes idées mais une réalisation parfois un peu maladroite, qui rappelle parfois The mortal instruments et Twilight par certains aspects, même si l’histoire est différente. La fin ouvre sur des perspectives intéressantes, l’héroïne évolue un peu (normal, rappelons que ça se passe en quelques jours seulement) et je sens que l’aspect qui m’intéresse le plus, la mythologie, sera davantage développé dans le tome 2.  J’espère un truc un peu plus touffu!

 

Attendons de voir, donc… mais clairement pas mon choix pour le PLIB, pour lequel je ne suis d’ailleurs pas jury, m’étant moi-même exclue parce que je nen lis pas assez de SFFF pour être – selon moi – un jury crédible!

Karline a beaucoup aimé et lui a mis 9/10,  Moody a adoré, La voleuse de marque-page aussi et The book à oreille a eu un coup de coeur.   Je réalise que Bladelor a à peu près les mêmes bémols que moi.  À vous de voir.

 

La Débâcle – Émile Zola

J’en suis déjà au tome 19 des Rougon-Macquart!  C’est que ça passe vite, cette lecture qui me semblait éternelle au départ. Va presque falloir que je me mettre à Balzac après.  Sauf que pour l’ordre de lecture, c’est compliqué… bref, c’est une autre histoire. Et un autre problème. Très first world problem, j’avoue.

 

Mais revenons à La Débâcle.  J’ai a-do-ré La Débâcle. Il fait partie de ceux qui m’ont le plus marquée, bizarrement. Mais si vous me suivez sur Instagram, vous devez commencer à le savoir hein… je vous ai assez cassé les oreilles avec ça!  Ce roman nous parle de la chute du Second Empire, et nous retrouvons en pleine guerre franco-prussienne. En pleine débâcle pour les Français, selon Zola. Entre les ordres qui ne viennent pas les commandes inverses, les fastes de l’Empereur, par ailleurs malade et fort peu glorieux, le commandement semble relever du grand n’importe quoi.  Nous sommes dans les alentours de Sedan, au temps de la fameuse bataille et les personnages que nous suivrons surtout sont Jean Macquart (le même que dans La Terre… faut suivre) et Maurice Levasseur, jeune homme idéaliste, un peu enfant gâté. Au fil des batailles, ceux-ci vont nouer une amitié très forte, très fraternelle, amitié qui sera mise à rude épreuve.

 

Autour d’eux, plusieurs personnages secondaires qui nous font vivre multiples émotions car c’est la guerre, les gens ne reviennent pas toujours. C’est violent, c’est terrible et ça n’a pas toujours de sens. On rencontre aussi des exploiteurs, des menteurs, des tricheurs, des soldats héroïques et d’autres qui retournent leur chemise pour être du bon côté. On rencontre des tueurs, des voleurs, des violeurs mais aussi des gens qui se découvrent des tendances héroïques. Cette débâcle nous amène vers la fin de la série des Rougon-Macquart, qui avait été amorcée avec l’arrivée au pouvoir de Napoléon III.

 

Bien entendu, Zola dénonce. Zola démontre les côtés sombres de l’homme et de la société, dans ce contexte de guerre où tout devient permis pour certains. La vie dans les tranchées, la faim, la peur, le quotidien des soldats, la description nous amène à voir le tout différemment. Certains passages sont terribles et brisent le coeur.

 

Finalement, la fin du roman nous amène à Paris, pendant la Commune (j’ai emmerdé toutes les copines pour qu’elles m’expliquent les tenants et les aboutissants de la Commune… et j’ai dû lire des pages et des pages. Sans être certaine de tout comprendre), et malgré toutes les horreurs, il y a une note d’espoir. Une petite. Mais elle est là, et une chance!

 

Je ne sais pas si ça plaira à tout le monde vu que moi, j’adore les histoires de guerre et de bataille (je suis de celles qui a trippé sur les combats de Guerre et Paix… je sais, je sais), mais ce roman m’a terriblement plu!  Très bonne expérience pour ce #challengeZozo, lancé par Lemon June!

Ici – Richard McGuire

ll y a plusieurs années, j’avais vu une série de planches de l’auteur où il avait exploité ce concept.  Un lieu, un seul, plusieurs époques en surimpression.  J’en avais gardé un souvenir très fort. Du coup, quand (super en retard), j’ai appris l’existence de cet album, je n’ai pas hésité.  Vous savez, c’est un livre qu’on ouvre, juste pour regarder, et qu’on referme quand on l’a terminé.  Du moins, c’est ce qui m’est arrivé.  Parce que je trouvais la démarche intrigante et que je voulais savoir où ça s’en allait.

 

Et au final?  Je l’ai refermé sans vraiment savoir plus où ça s’en allait, tout en admirant toujours autant l’idée.  Le lecteur est toujours au même endroit et va voir se superposer devant ses yeux les différentes époques et voir passer une multitude de personnes.  Ok, j’avoue, je n’ai pas vraiment compris qui était qui, à part pour certaines époques.  Il n’y a pas de réelle trame narrative.  Du coup, il est très difficile d’en parler.  Nous entrevoyons des moments furtifs, qui se répondent parfois d’une époque à l’autre, d’un millénaire à l’autre.  La planche avec la guide touristique m’a particulièremenet interpelée.

 

La mémoire des lieux est quelque chose qui m’a toujours fascinée.  Dans mes voyages, ce sont mes plus grandes émotions.  M’imaginer ce que ces murs ont vu passer.  M’imaginer ce que j’aurais vu de cet endroit selon les siècles.  Du coup, le concept me plait mais sur 300 pages, j’ai trouvé ça un peu longuet.  En fait, si le dessin n’avait pas été aussi carré, j’aurais davantage apprécié.  J’ai trouvé le tout assez impersonnel, ce qui m’a empêchée de ressentir les choses.  J’ai admiré le processus, je considère le tout comme une véritable oeuvre d’art expérimentale, je m’en souviendrai longtemps… mais je pense que je préfère les 6 plances de 1989.  Que je n’arrive plus à retrouver d’ailleurs!

 

Mo et Joelle en parlent beaucoup mieux que moi!

Vernon Subutex – 1 – Virginie Despentes

C’est Angéla Morelli qui m’a donné envie de lire ce roman.  En gros, j’étais chez elle, on était dans une librairie et elle me l’a mis dans les mains en me disant que c’était le meilleur roman qu’elle avait lu depuis un moment. Et sachant que c’est une grosse lectrice et qu’on a plein de goûts communs, je résiste difficilement à ses recommandations. Ceci dit, j’ai mis 2 ans à le lire. Mais c’est un détail.

 

Ce roman est un peu une claque. Et un étrange objet littéraire. Ce premier tome fait près de 400 pages mais étrangement, j’aurais bien du mal à le résumer parce que disons que l’action n’est pas nécessairement ce qui est le plus intéressant dans ce roman. On rencontre donc Vernon Subutex, la cinquantaine, ancien disquaire dont la boutique est fermée. Il vient de se faire expulser et ne sait plus trop ni qui il est, ni ce qu’il veut.  Il vit au jour le jour, chez l’un et chez l’autre, jusqu’à ce que la liste d’amis s’épuise…

 

Vernon, c’est tout le monde et personne. C’est ce qu’on aurait pu être et ce qu’on aurait pu devenir.  Sauf que Vernon a en sa possession des cassettes, enregistrées par son ami Alex Bleach, le seul de leur petite bande ayant percé en musique.  Et tout au long du roman, nous allons rencontrer toute une brochette de personnages qui ont tous un lien de près ou de loin avec ce fameux Alex, chanteur populaire qui s’est suicidé il y a quelques mois.  Chacun de ces personnages ont leurs chapitres et nous parlent de façon souvent fort décomplexée… parfois à notre grand désarroi.

 

Parce que ces personnages représentent ce que nous ne voulons pas voir dans la société. C’est très cru, très dur et ça sonne vrai, même si ça ne donne pas vraiment foi en la nature humaine. Les propos sont tout sauf politically correct. C’est raciste, sexiste, homophobe et grossophobe, dépendant de la voix qui nous parle. Même ceux qui semblent « normaux » sont détestables. Et pourtant, on y croit et on veut savoir ce qui va leur arriver. Je ne me suis pas ennuyée une seule minute, trop occupée à m’enrager après chacun d’entre eux et à résister à l’envie de les secouer.

 

Un roman trash, qui passe ou qui casse. Pour moi, ça a passé… et je vais certainement lire la suite. Ne serait-ce que pour savoir ce qu’il y a sur ces foutues cassettes!