Imaginez-vous que j’ai gagné ce roman, qui faisait partie de ma présélection de la rentrée littéraire québécoise, sur la page facebook de l’auteur. Of course, je ne me pouvais plus! Je l’ai lu et en plus, j’ai adoré. Je suis donc doublement ravie. C’était quand même une valeur sûre parce que j’aime beaucoup ce que fait Matthieu Simard mais je pense que je tiens ici mon nouveau préféré.
C’est donc l’histoire de Jeanne, octogénaire qui fait « juste un peu d’arthrose ». Elle habite seule et n’a qu’une famille d’adoption, celle qu’elle a choisie avec Suzor, l’homme de sa vie, qui l’a quittée 40 ans auparavant. Avec lui, en 1959, elle est allée en Russie et ils ont laissé un morceau d’eux-mêmes là-bas. Suzor encore plus qu’elle. Depuis son départ, elle a fait jurer à tout le monde de ne jamais lui donner de nouvelles de lui, jusqu’à ce qu’un jour, par hasard, elle comprenne qu’il est atteint d’Alzheimer. Du coup, elle va vouloir le retrouver, pour ne pas être seule avec ses souvenirs. Le retrouver avant qu’il n’oublie.
L’auteur nous parle ici de souvenirs, de mémoire et de de deuils qu’on n’a jamais su faire. J’ai beaucoup aimé la plume, toute en sensibilité et en douceur et comme ce thème en est un qui me touche tout particulièrement, je me suis glissée avec plaisir dans les mots de Matthieu Simard, dans l’atmosphère qu’il nous propose. Jeanne n’a jamais pardonné, une partie d’elle est restée avec Suzor. L’amour vaut-il la peine d’être vécu quand il n’est plus? (Et là, je chante « que reste-t-il de nos amours »… moi pis mes tounes qui surgissent aux moments les plus inopportuns!) Sommes-nous uniquement nos souvenirs? Bref, en grande nostalgique, vous pouvez vous imaginer que ça me parle!
L’auteur nous offre aussi sa vision au sujet d’une certaine affaire soviétique du temps de la guerre froide, dont je ne vous révélerai rien si vous ne la connaissez pas. Je me suis demandé ce qu’ils fichaient là, certes, mais peu importe… je me suis attachée à ces personnages qui voulaient oublier sans le pouvoir et qui ont parfois oublié de vivre dans le présent. J’ai beaucoup aimé la petite Fourmi, qui amène un changement de perspective… bref, j’ai aimé.
Et je réalise, du même coup, qu’il y a un roman de l’auteur que je n’ai pas lu. Je fais une danse de la joie?