Chanson douce – Leila Slimani

Vous savez, quand vous lisez un roman et qu’il vous met tellement mal à l’aise que vous ne parvenez pas vraiment à apprécier? Imaginez ça en audio maintenant… Voilà ce qui est arrivé avec ce roman. Il m’a tellement dérangée que j’étais physiquement mal quand je l’écoutais. Pas idéal, même si ça doit vouloir dire qu’il y a une certaine force dans cette histoire.

 

Le récit commence fort. Le bébé est mort. Tout de suite la scène est assez horrible, et on apprend la mort des enfants ainsi que la découverte macabre par la mère de famille. Ça fesse. Puis, retour en arrière pour rencontrer un couple parisien bobo, Myriam et Paul. Ils ont deux enfants et ils sont à la recherche d’une nourrice. Myriam a besoin de retourner au travail, même si ce n’est pas nécessairement le souhait de Paul. C’est ainsi qu’il font la rencontre de Louise, super nounou, qui fait tout de suite leur conquête de par son efficacité et le lien immédiat qu’elle établit avec les enfants. Petit à petit, elle devient indispensable aux parents qui déposent de plus en plus la charge des enfants sur ses épaules à elle. Le roman explore les relations entre la famille et leur employée et pour le lecteur, la tension monte petit en petit alors que nous voyons la situation évoluer, les sentiments s’exacerber et le malaise grandir.

 

L’écriture, sans fioriture, va droit au but. Le roman fait réfléchir sur le monde de vie actuel d’une partie de la population, sur la maternité et de la paternité ainsi que sur ces vides de l’existence, ceux que rien ne peut réussir à combler. Aucun personnage n’est réellement sympathique mais le récit demeure glaçant, avec une tension permanente. Le tout nous laisse un goût très amer et nous amène à nous demander ce qui se cache derrière la façade que les gens nous montrent. Quelles souffrances derrière les sourires ou les « bons employés »?

 

Bref, un roman dont je vais me souvenir longtemps… mais que je ne relirai certainement pas!

L’anniversaire de Kim Jong-Il – Ducoudray / Allag

Jun Sang, 8 ans, est le chef des jeunesses patriotiques de son quartier. Sa plus grande fierté?  Être né la même date que Kim Jong-Il, l’étoile brillante du mont Paektu, le Père bien aimé.  Pour lui, les méchants, ce sont les Sud-Coréens et ces chiens d’Américains.  Dans sa tête, la Corée du Nord est LE pays, le meilleur pays, le paradis sur terre, et ses habitants ont une chance folle d’avoir Kim Jong-Il pour veiller sur eux. La propagande et le culte de la personnalité sont omniprésentes, ils font partie de leur vie et personne n’ose (ou ne pense) à les remettre en question.  C’est profondément ancré et limite que ça les définit. Et de voir ça à travers les yeux d’un enfant, ça frappe. Du  moins, moi, ça m’a secouée.

 

Le récit se déroule dans les années 90, quand le pays sombre dans une grande famine. Le rêve en couleurs va alors basculer et Jun va poser, petit à petit, un regard différent sur ce grand mensonge que semble être la Corée du Nord, pays fermé et mystérieux. où les droits de l’homme sont presque inexistants et où la répression est omniprésente. Il va sans dire que l’éveil sera brutal.

 

J’ai beaucoup aimé le décalage entre le propos dur et le dessin très « cartoon », souvent enfantin.  Ça rend l’horrible un peu plus supportable.  L’utilisation de la couleur m’a également beaucoup plu et est très révélatrice de l’atmosphère. Comme lectrice, la redécouverte de l’ampleur de ce culte de la personnalité m’impressionne toujours autant. Ça va loin, c’est incroyable. On apprend peu de choses nouvelles, mais c’est le regard qui change ici, et qui m’a plu. Ce n’est selon moi pas un documentaire ou un témoignage, comme dans Pyongyang de Guy Delisle… mais j’ai beaucoup aimé.  À noter que maman (qui n’a jamais la même opinion que moi) a moins adhéré, dérangée par le style de dessin et le fait qu’elle trouvait le propos un peu gros et caricatural.  Comme quoi, on ne s’entendra jamais!

 

C’était ma BD de la semaine! Tous les billets chez Moka.

 

 

L’Ange de l’histoire – Rabih Alameddine

Voici un roman qui n’a pas fait l’unanimité mais que j’ai pour ma part beaucoup aimé.  En fait, je n’ai réalisé qu’après ma lecture à quel point c’était un cas de « Ça passe ou ça casse »!  Pour ma part, je suis tombée au bon moment.  En effet, j’ai lu beaucoup sur les années sida depuis quelques mois et en plus, j’avais un cerveau reposé, ce qui n’arrive pas souvent. C’est un roman bourré de symboles et de références et qui demande donc toute notre attention pour en apprécier tous les détails.  Mais je vous dis un peu de quoi ça parle.

 

C’est l’histoire d’une nuit dans la vie de Jacob, poète gay d’origine yéménite. Désespéré, en colère, il ressent le besoin de se réfugier dans un hôpital psychiatrique, dans l’espoir de pouvoir tout oublier. Au cours de cette nuit, nous découvrirons son histoire, son enfance dans un bordel au Yémen jusqu’à sa vie adulte, à San Francisco, dans les années 80.  Pendant ce temps, à l’appartement de Jacob, la Mort et Satan discutent calmement.  Que va choisir Jacob? Le souvenir ou l’oubli? Le roman alterne entre l’histoire actuelle du héros, les conversations hallucinantes entre Satan et les Fourteen Holy Helpers (je ne sais pas le nom en français… auxiliaires? auxiliateurs? mais vous savez, Sainte Catherine, Saint Denis, pis sa gang?), qui suivent Jacob depuis longtemps.

 

Ce roman est à la fois érudit et déjanté.  Érudit car plein de références à la bible, au Coran, à la culture religieuse, à Boulgakov, à Klee, à Walter Benjamin et un peu à la pop culture. Et en plus, je suis certaine que j’en ai manqué tout plein. Érudit en raison de la plume, de la richesse du vocabulaire et de la construction particulière, entrecoupée de discussions, du journal, de poèmes et de nouvelles écrites par le personnage principal. Disons qu’il faut suivre. Satan est limite hilarant, sarcastique et complètement désinhibé, ce qui donne un peu de légèreté à ce texte d’où ressortent énormément de colère, d’incompréhension, de douleur.  Jacob n’a pas fait ses deuils et en veut à la terre entière, sans pouvoir s’accrocher vraiment à quoi que ce soit. Ce n’est pas un personnage attachant en soi mais il a vécu l’horreur et son histoire nous permet de réfléchir sur l’héritage, le souvenir, la folie et sur notre réactions face au passé et aux épreuves.

 

Et bon, avouons-le, j’ai adoré la façon dont les caractéristiques des saints sont exploitées ici.  C’est plus fort que moi, j’adore les références! Je lirai donc The Unnecessary woman, le roman précédent de l’auteur.

 

C comme Cthulhu – L’abécédaire Lovecraft – Ciaramela / Murphy

Non mais comment peut-on résister à une telle couverture?  Imaginez, l’univers de Lovecraft… mais en mignon! Pour ma part, j’ai couiné, rien de moins!  Quand je l’ai vu en salon, quand je l’ai reçu, quand je l’ai feuilleté… un condensé de cutitude.

 

J’ai lu Lovecraft ado. Je ne sais pas si je veux le relire car j’ai peur que mes souvenirs soient gâchés par les aspects racistes que plusieurs critiques relèvent du coup, cette occasion de revisiter l’oeuvre était parfaite. En plus, elle m’a donné l’occasion de raconter cet univers aux Bestioles, qui ont maintenant hâte d’être grands pour rencontrer Cthulhu pour vrai.  Il y a juste leur mère qui est plus ou moins d’accord!  Je me demande bien pourquoi d’ailleurs. Des grosses bêtes pleines de tentacules, ça a tout pour plaire, non?

 

Ici, chaque lettre est associée à un élément de l’univers de Lovecraft, avec une phrase ou une inside joke pour les amateurs. N comme Necromicon, H comme Hastur, R comme R’Lyeh. Bref, vous voyez le genre.  Avec les cocos on a bien ri à tenter de prononcer ces mots à voix haute et à décrire ces bestioles en mettant le plus d’adjectifs possibles. Mais sérieusement, on a ici un album pour partager nos trips et nos passions avec les enfants.

 

Ai-je dit que c’était choupi?  Ben voilà, je le répète, c’est débordant de choupinettitude!

Le rouge vif de la rhubarbe – Audur Ava Olafsdottir

Voici un roman dont je vais avoir du mal à parler parce que je ne sais pas trop ce que j’en ai pensé.  Vous savez le genre de roman dont on apprécie la lecture, le style, dont on déguste les mots mais qu’on referme en se demandant où l’auteur voulait en venir? Ben voilà, c’est ce qui m’est arrivé avec ce roman.

 

Nous retournons donc en Islande, pays que j’ai de plus en plus envie de visiter. Nous y rencontrons Agustina, jeune fille adolescente habitant sur une île avec sa grand-tante Nina. Sa mère est chercheuse biologiste et elle voyage un peu partout à travers le monde. La jeune fille se déplace à l’aide de béquilles et d’attelles mais souhaite par dessus tout escalader la montagne la plus haute de l’île. Pour voir le monde autrement. Dans son ensemble. Dans ce roman, nous la voyons vivre quelques moments d’une année, rythmée par les récoltes et les activités quotidiennes de l’île et de ses habitants.

 

L’écriture est poétique, lyrique et très évocatrice. L’auteur réussit à dépeindre une Islande sauvage, belle et presque mystique. J’ai réussi à m’imprégner de cette atmosphère et j’ai eu l’impression de marcher avec Agustina à travers sentiers et plages.  Sauf qu’en refermant le roman, j’ai cherché la page suivante. C’est fini?  En ai-je manqué un bout?

 

Du coup, j’ai un peu de mal à voir ce qui va me rester du roman dans quelques semaines et je me demande un peu où l’auteur voulait en venir. J’ai certe apprécié le personnage solaire d’Agustina, son positivisme, sa façon de vouloir aller plus loin, de ne pas brider son imagination mais je m’attendais à un message plus spécifique. Du coup, j’ai aimé mais je ne suis pas transcendée. À lire si vous voulez passer un beau moment en compagnie d’une belle plume.

 

 

A Silent Voice – Tomes 1-7 – Yoshitoki Oima

Je choisis donc de vous parler de la série manga au complet, vu que je l’ai lue en une demi-journée.  Ouais, je suis comme ça.  J’aime pas attendre entre les tomes de mangas (je ne me rappelle jamais les noms, je mêle les personnages… bref, il faut que je lise tout, tout d’un coup).  La série compte donc 7 tomes et raconte l’histoire de Shoya et de Shoko. Lors de la dernière année de primaire, Shoko, une jeune fille sourde, arrive dans la classe de Shoya, un jeune garçon un peu écervelé, qui va s’en prendre à elle pour faire rire les gens, avec la complicité plus ou moins tacite d’un peu tout le monde.  Mais le harceleur deviendra bientôt victime alors que les gens choisiront de le désigner comme seul coupable.

 

Cinq and plus tard, Shoya est toujours aussi solitaire, s’était coupé du monde et ne croyait pas qu’il mérite quelque rédemption que ce soit. Puis, il va recroiser Shoko, apprendre la langue des signes et les deux vont tenter tant bien que mal de devenir amis. Dit comme ça, ça semble une romance-type mais pas du tout. C’est plutôt une histoire où chacun cherche sa place dans le monde, une histoire de harcèlement qui dépasse le handicap, une histoire sur la rédemption, la communication, l’amitié et l’amour.

 

J’avoue avoir eu du mal à entrer dans l’histoire, mais on m’en avait dit beaucoup de bien alors j’ai persévéré et j’ai très bien fait. En effet, l’exploration des personnages, de leurs sentiments et de leurs failles est bien faite et s’ils semblent au départ « one dimensional », vers la fin de la série, c’est bien différent. Mais c’est LONG avant qu’on s’en rende compte et certains personnages sont vraiment difficile à aimer. Les premiers tomes sont extrêmement durs, les scènes sont très violentes à leur manière et la représentation de la « classe », du troupeau, des gens qui se déculpabilisent et qui deviennent bien-pensants… c’est venu me chercher, vous ne pouvez pas savoir. Et l’attitude de l’enseignant face à la jeune fille sourde… ça m’a donné mal au coeur.

 

Nous verrons donc des jeunes qui tout sépare tenter de se parler, avec un succès tout relatif par moments. J’ai beaucoup aimé la réflexion sur l’amitié et surtout sur la communication, sur la façon qu’a notre ouverture à l’autre d’influencer les relations entre les gens et les diverses interprétations des situations. J’aurais ceci dit aimé en savoir plus sur cette jeune fille…

 

Je garde finalement un bon souvenir de la série, même si les personnages m’ont semblé tellement horribles dans les premiers tomes et que j’ai mis un bon moment à comprendre que l’histoire ne se contenterait pas de survoler les sujets. En fait, j’étais certaine que je n’aimerais pas vraiment au départ tellement les situations et réactions étaient grossies. Mais finalement, on s’attache à tous ces personnages, l’histoire est prenante… et je regarderai certainement l’anime!  Il me semble que ce sera encore mieux en anime!

 

C’était ma BD de la semaine et tous les liens sont chez Stéphie!

Tu comprendras quand tu seras plus grande – Virginie Grimaldi

C’est Mylène qui m’a forcée. Oui oui, c’est sa faute! Je me disais que Virginie Grimaldi, c’était preachy, sucré et pas pour moi mais elle m’a convaincue, au  moins, d’essayer. On a certes des goûts assez différents, elle et moi mais j’avais envie de lecture légère alors j’ai choisi celui-ci.  Et mon verdict, en gros? J’ai bien aimé, j’ai versé quelques larmes et pour une foutue fois, je n’ai pas tout vu venir. C’est déjà ça.

 

C’est donc l’histoire de Julia, début trentaine. Sa vie a été bouleversée un certain soir, par un appel de sa mère qui lui annonçait la perte de son père.  Puis, ça a été sa grand-mère, puis son copain… bref, elle ne va pas bien du tout. Pour fuir tout ça (et surtout se fuir elle-même), elle prend un job de psychologue dans une maison pour personnes âgées à Biarritz, limite à son corps défendant. Le tout sans aviser sa mère et sa soeur, qui habitent pourtant juste à côté.

 

Bien entendu, on devine où ça s’en va.  Une jeune fille qui apprend de personnes âgées, qui se lalisse aller à les aimer et qui panse douceement ses blessures.  C’est du feel good et ça joue fort bien son rôle.  Certes, c’est un peu répétitif dans les leçons, certes, il y a beaucoup de bon sentiments, mais ça se lit tout seul, ça fait rire et pleurer et, surtout, on s’attache à tous ces « petits vieux ».  Ils m’ont beaucoup touchée et l’idée que les personnes âgées ont déjà été jeunes, c’est quelque chose qui vient toujours me chercher. La peur de la mort, c’est quelque chose que je connais et du coup, les thèmes abordés me rejoignent forcément.  C’est peut-être pour ça que j’ai passé un très bon moment malgré mes bémols.

 

Le personnage de Julia est drôle, pleine d’auto-dérision, aussi gaffeuse que certaines personnes que je connais. Elle est aussi parfois agaçante, parfois drama queen, parfois un peu too much mais c’est une fille qu’on aimerait bien avoir comme copine, en fait.  Mon coup de coeur, ce sont toutefois les papys et les mamies, tous différents, souvent hilarants et très émouvants.  La réflexion sur le moment présent, sur le passé, le futur est convenue mais aussi bienvenue et bref, ça donne une lecture fort agréable. Un propos un peu appuyé, quelques portes ouvertes enfoncées, mais on s’en fiche un peu, parce que l’armophère est agréable… et qu’on se croirait sur le bord de la mer!

 

Je relirai l’auteur!

Carré – Barnett /Klassen

Entre le duo Barnett/Klassen et moi, ça passe – presque – toujours.  J’avais adoré « Triangle« , le premier opus de ce qui sera une trilogie et j’ai tout autant aimé le second.  J’aime que le duo ne prenne pas les enfants pour des cons et les questionnement que l’album suscite font placoter les enfants. J’ai adoré le « ze suis pas certaine que j’ai tout bien compris, ze pense qu’il faut qu’on recommence » de THE nièce.

 

Le travail de Carré, c’est de pousser des blocs en haut de la montagne pour faire une grosse pile de blocs.  Un jour, Cercle passe par là et, croyant que c’est de l’art, lui demande de faire une sculpture d’elle… mais ce n’est pas ça, le travail de Carré!  Va-t-il réussir?

 

Cet album fait réfléchir sur l’art, sur ce que c’est et ce que ça peut être.  Art abstrait? Conceptuel? L’art peut-il être un accident? Et si l’art était dans le regard de celui qui regarde? Est-ce qui nous touche sont les choses dans lesquelles on se reconnaît? Bref, beaucoup de grandes questions auxquelles les enfants apportent souvent des réponses variées et très originales.

 

Je suis toujours fan du trait épuré, du noir et blanc, des jeux de transparence mais surtout des yeux des petites formes, qui sont hyper expressifs!

 

Et j’ai très hâte de lire le troisième tome!

Le jour où maman m’a présenté Shakespeare – Julien Aranda

Les voix d’enfants, avec moi, ça passe où ça casse. J’ai eu un peu peur au début, mais finalement, ça a parfaitement passé avec moi dans ce court roman à la fois drôle et poétique. Je me suis tout de suite attachée à ce jeune garçon qui vit avec sa mère, comédienne de théâtre, qui a choisi de suivre son rêve, être actrice à la comédie française.  Ce chemin n’est certes pas de tout repos et elle s’est trouvé une nouvelle famille avec sa troupe de théâtre et sa voisine, gens parmi lesquels grandit notre jeune héros, qui va devoir sortir un peu brutalement de l’enfance quand la réalité va rattraper la belle cigale qu’est sa mère fantasque et fantastique.

 

Si le thème m’a un peu rappelé En attendant Bojangles, j’ai préféré ce roman-ci.  Le regard naïf et l’adoration du jeune pour une mère excentrique relie les deux livres mais j’en ressors avec des sentiments forts différents, et, dans ce cas-ci, un sourire.  Un sourire parce que l’auteur nous parle d’art, d’art comme sens de la vie, et aussi de rêves, de chemins et de moments précieux et fugitifs qui font le sel de l’existence. Ça parle aussi d’amour, mais il m’a semblé plus vrai, moins mis en scène, plus ancré dans le réel.  La mère comédienne ne poursuit pas une chimère, elle poursuit un grand rêve et refuse de devenir ce qu’elle hait. J’ai aimé la bienveillance, parfois secoué la tête aux folies douces (et aux folies folles et pas toujours responsables), et j’ai compris un peu tout le monde, même ceux qui ne conçoivent pas comment une telle vie peut être possible pour un jeune garçon. J’ai apprécié que les choses ne soient pas toutes noires ou toutes blanches. Bref, ça m’a beaucoup plu.

 

Le roman est bourré de références, de jeux de mots un peu potaches, de coïncidences aussi. Mais ça a été une jolie découverte pour moi, qui m’a fait m’esclaffer en pensant à la tête des gens témoins de cette histoire, et que j’ai lue en écoutant ce bon vieux Georges.  Qui n’est rien de moins qu’un demi-dieu, voilà!

 

Je conseille! Avec un clin d’oeil particulier à ma collègue et amie Joelle qui pourrait, je pense, beaucoup aimer!

Le joueur d’échecs – David Sala (d’après Stefan Zweig)

Ceux qui me suivent depuis plusieurs années savent que Zweig et moi, c’est une grande histoire d’amour. J’avais même créé un challenge Zweig il y a quoi… 10 ans.  Du coup, une adaptation du joueurs d’échecs, nouvelle extrêmement connue de l’auteur, c’était tout à fait pour moi. Certes, j’avais un peu peur. C’est quand même l’un de mes classiques! Mais j’annonce d’avance mes couleurs, c’est pour moi une adaptation super réussie.

 

Pour ceux qui ne connaissent pas la nouvelle, elle se passe sur un grand bateau où un groupe d’hommes, joueurs d’échecs amateurs, apprend que Czentovic, champion mondial d’échecs connu pour son inculture crasse, est à bord. Ils réussissent à le convaincre (en payant) de jouer une partie qui sera sauvée du désastre par l’intervention d’un mystérieux inconnu, qui va raconter son histoire.  Pour ceux qui ne connaissent pas l’histoire et qui se disent « yark, des échecs »… restez quand même, parce qu’il est surtout question d’un homme en détresse, qui a survécu comme il le pouvait.  C’est la dernière nouvelle de Zweig achevée avant son suicide, il est question du régime nazi et de tout ce qu’il implique.  Et parce que c’est Zweig, nous nous trouvons enchevêtrés dans une psyché complexe et passionnante.

 

La BD réussit très bien à rendre l’atmosphère sombre, souvent étouffante de la nouvelle. La partie du Czentovic n’est qu’ébauchée mais ça ne nuit aucunement à l’histoire, qui se concentre sur le mystérieux Mr. B et sur ce qui se déroule sur le navire. C’est ébouriffant, angoissant et infiniment triste d’une certaine façon. J’ai eu un peu de mal au début avec le dessin des personnages qui m’apparaissaient comme des marionnettes, un peu factices (c’étaient les yeux, en fait… j’avais du mal avec les contours des yeux) mais je m’y suis habituée (et j’ai arrêté de focaliser) pour finalement bien apprécier. Certains regards empreints de folie à la fin de la BD nous pénètrent carrément.

 

Bref, une réussite!

C’était ma BD de la semaine!  Les liens chez Noukette cette semaine!