La chose perdue – Shaun Tan

J’aime ce que fait Shaun Tan. J’aime son imagination débordante dans l’illustration, les détails et tout le côté steampunk de son univers.  C’est encore le cas ici dans cet album pour la jeunesse qui ouvre la porte à la discussion. En effet, le contexte est particulier et la signification de l’histoire peut susciter des jasettes super intéressantes.

 

Le narrateur décide de nous raconter une histoire, celle de la chose.  La chose que personne ne voit, qui ne peut être nommée mais qui semble vraisemblablement perdue.  Il décide donc de l’aider.  Ça parle d’imaginaire, d’émerveillement et de notre âme d’enfant qui nous permet de voir avec un autre regard ce qui est différent, extraordinaire… et d’y croire.

 

Comme toujours, ce qui me fascine ce sont les dessins. C’est rempli de détails et on peut s’attarder plusieurs minutes sur chaque planche. C’est beau, intrigant et tellement original. Je conseille donc à tous les amateurs de Shaun Tan.. et à tous ceux qui ont envie de voir ce qui est différent et étonne!

 

C’était ma BD de la semaine!

Sirius – Stéphane Servant

Je ne suis pas super fan des romans post-apocalyptiques. Ni des romans qui se passent sur la route. Pourquoi ai-je donc choisi de lire Sirius? Pour le PLIB. Et parce que c’était un coup de coeur pour beaucoup beaucoup de gens.  Du coup, j’ai essayé… et ça a fait un peu comme avec la plupart des romans du genre. J’ai trouvé ça un peu long, un peu du pareil au même, impression que n’ont pas réussi à tempérer les bons côtés du roman, parce qu’il y en a.  Par appelons ça un rendez-vous manqué.

 

C’est donc l’histoire d’Avril et de Kid. Le monde est devenu stérile, il y a de moins en moins d’hommes, très peu d’animaux, très peu de plantes. Bref, le monde tel qu’on le connaît se meurt. Avril, adolescente, et son petit frère Kid, 5 ans, vivent dans un l’Arbre. Jusqu’à ce que ça dérape et qu’ils doivent partir sur les routes, vers la Montagne. C’est là qu’ils vont rencontrer Sirius…

 

Ce roman aborde beaucoup, beaucoup de thèmes.  On parle de nature, d’écologie, d’anti-spécisme, de racisme, d’obscurantisme religieux, beaucoup de thèmes importants, beaucoup de questionnements qui se soulèvent.  Comment réagirait-on dans un tel contexte?  C’est intéressant, certes, mais à force, ça m’a semblé très preachy et un peu répétitif.  Comme si on essayait de m’enfoncer les messages dans la gorge. Mais comme je semble être la seule à avoir ressenti ça, je me dis que ne dois pas être très tolérante à cet égard.  Et quant au méchant… bof…  agaçant plus qu’autre chose.

 

Par contre, j’ai bien aimé les teintes de gris dans les personnages, leurs fardeaux, leurs réactions diverses. J’ai aussi aimé leur évolution (même Kid… je l’ai apprécié à la fin, après avoir eu vraiment du mal au début).  J’ai compris le message, compris là où l’auteur s’en allait (je ne le dirai pas ici… ça spoilerait) et je trouve que c’est une bonne idée. Franchement, même si j’ai dû me convaincre qu’il y avait un côté surnaturel à un tel changement au plan langagier, parce qu’un changement si rapide, quand on a eu un modèle autre toute sa vie, c’est inhabituel. Je sais, je sais, l’homme nouveau et tout…  Mais à l’oral, surtout au début, ça a relativement peu de sens. Exemple?  Les zoiseaux. À l’écrit, ça passe. Ça montre les représentations lexicales différentes. Mais à l’oral?  Avec la liaison, « prononcer « les zoiseaux » comme Kid, ça ne veut strictement rien dire, vu que ça se prononce de la même façon.  Idem pour sandouitches.  Ça se prononce pareil… je ne comprends donc pas l’intérêt, du moins, pas au début.  Orthophoniste un jour… je sais, je sais…

 

Mais bon, j’ai aimé le fait qu’il y ait de l’espoir, aimé les pas vers l’avant… et Sirius, quand même!

Turbulences du coeur – Nathalie Roy

Ce n’est un secret pour personne, j’aime beaucoup Nathalie Roy.  Si je suis moins enthousiaste par rapport à ce roman, ce n’est pas parce que l’auteure glisse doucement vers le « moins chick litt », au contraire.  C’est parce que j’aurais aimé, justement, qu’elle aille un peu plus loin dans sa démarche et que je ne sente plus du tout ce ton « chick litt ». Le thème aurait selon moi été davantage servi par un humour moins girly et glamour.

 

C’est donc l’histoire de Louis-Philippe Rousseau, avocat dans une grosse boîte. Il est au début de la quarantaine, workaholic et avide de réussite. Il est riche, vit une vie très jet set entre son très chic loft et son très luxueux yatch en Floride.  Côté amour?  Il ne veut rien de sérieux. Il veut des aventures, des one nights.  Puis, soudain, sans trop comprendre, il réalise que peut-être qu’il y avait autre chose qu’une histoire de cul derrière son histoire avec Evelyne, sa collègue… et c’est la ronde des questionnements qui commence.

 

Pour ma part, j’ai tout de suite bien aimé LP.  Il est certes volage, carriériste, mais on sent un réel questionnement poindre derrière tout ça.  Il faut dire que c’est tout un exercice pour Nathalie Roy que de se glisser dans la peau d’un mec. Si la plume est toujours aussi légère et agréable, j’aurais pour ma part aimé qu’elle ose encore plus changer de ton, de style, et que les réflexions du personnages principal sur l’amour soient un peu moins girly (oui, je sais, je me répète… mais je ne trouve pas de synonye… et ça me met presque ex-aequo avec les trois personnes « cocktail » du roman) et se distinguent davantage de celles des personnages des précédents romans. C’est quand même étonnant qu’un homme pour qui l’amour a toujours été la préoccupation numéro 128 se retrouve soudain à ne penser qu’à ça.

 

Et pour moi, c’est dommage.  Dommage parce que les thèmes abordés sont intéressants, importants et qu’ils sont bien exploités, en plus.  La relation entre le père et la fille est bien traitée, j’ai beaucoup aimé les échange avec son ex et surtout, sa mère Marguerite, qui n’est pas piquée des vers!  J’ai beaucoup aimé cette dame qui traite son fils comme s’il avait 10 ans… avec humour. C’est bien construit, plein de rebondissement… et il paraît que nous aurons droit à une suite l’an prochain… avec une autre voix!

Êtes-vous aussi curieux que moi? Parce que bon, malgré mon bémol, je vais officiellement la lire.

Ici, Ailleurs – Mathieu Simard

Matthieu Simard est allé là où je ne l’attendais pas avec ce roman. J’ai lu Ça sent la coupe et Échecs amoureux il y a longtemps et croyez-moi, c’était totalement autre chose. J’ai lu ce roman sans le lâcher, complètement happée dans l’univers de ces deux personnes qui ont tout laissé derrière eux pour aller s’établir dans un petit village qui se meurt.

 

Marie et Simon sont un couple. Ils sont ensemble mais seuls en même temps.  Ils souffrent, c’est clair. Ils tentent de sortir la tête de l’eau, c’est tout aussi clair. Sauf que très tôt dans le roman, on sent que ce n’est pas un récit bourré d’espoir et on sait qu’ils ne vont pas y parvenir. Petit à petit, on comprend ce qui est arrivé – même si on s’en doutait un peu – et on les regarde s’effondrer, impuissants derrière nos bouquins.

 

Ils ont quitté la ville pour un village qui se vide petit à petit de ses habitants depuis la fermeture de l’usine. Ils ont acheté la maison du vieux. Dans le village, on n’aime pas les étrangers et on le leur fait savoir.  D’ailleurs, les villageois ont aussi leurs passés, leurs secrets.

 

Un roman sur le deuil du passé qui fait mal, un propos beaucoup plus mature que ce que j’ai lu de l’auteur auparavant et une plus grande prise de risque aussi. J’ai été très agréablement surprise et fort touchée.  Bouleversant!

L’Esprit du camp – 2 – Axelle Lenoir (Michel Falardeau) / Cab

L’an dernier, je vous parlais du premier tome de l’Esprit du Camp, que j’avais beaucoup aimé.  L’histoire de cette ado gothique lâchée dans un camp de vacances  m’avait ramenée à mes histoires de camps, aux histoires folles et à cet univers-bulle particulier, qui prend toute la place pendant un été, jusqu’à nous faire oublier notre réalité.  À l’époque de ces amitiés intenses, folles et des grands désespoirs de fin de camp. Bref, l’auteure réussit parfaitement à nous faire ressentir ça et à recréer cette ambiance où tout peut arriver.

 

Le premier tome nous laissait un peu dans la brume… fantastique ou pas fantastique?  Ici, nous avons notre réponse, et il suffit de regarder la couverture pour comprendre.  La fin du tome 1 ouvrait sur une possibilité, alors que la jeune fille, dans la nuit, a cru voir le directeur du camp attaquer une autre monitrice.  Mais qu’en est-il réellement?

 

Le rythme est rapide, les péripéties se succèdent et je suis toujours ébahie de voir à quel point les visages sont expressifs et communicatifs. Les rouquines démoniaques sont attachiantes à souhait (et hilarantes aussi), les moniteurs tous différents et drôles, et j’ai un coup de coeur particulier pour le personnage d’Hector, qui n’a l’air de rien mais…

 

Un bel album qui parle d’amitié (moins que dans le tome 1), de rites de passages, avec une jolie dose de fantastique. Un bien agréable retour dans les années 90, plein de bonnes musiques… et je voudrais bien une suite, en fait!  Un dyptique génial.

C’était ma BD de la semaine, et tous les liens sont chez Moka cette semaine

La pêche blanche – Lise Tremblay

Entre les mots de  Lise Tremblay et moi, le courant passe. Je n’ai jamais été déçue et sa façon de parler de mon chez moi me rejoint toujours. Ici, il est certes question du Saguenay (de la rivière) et de pêche blanche mais davantage comme objet de fascination et comme symbole d’une enfance fantasmée.

 

Nous rencontrons donc deux frères ayant une vie très différente. Le premier a quitté la région et vit sur les routes depuis des années tandis que le second est professeur à l’université, dans une vie routinière qui ne lui correspond pas vraiment.  Tous deux ont été marqués par leur père taiseux, qui contrôlait la maison par sa seule présence et qui a laissé un goût amer à leur enfance. Le Saguenay, c’était l’interdit. Le danger.  Cette histoire, c’est l’histoire de silences et de solitudes. C’est l’histoire de gens qui ne réussissent pas à communiquer et de grands froids intérieurs et extérieurs.

 

Lise Tremblay n’écrit pas de grandes tragédies mais ses romans me serrent toujours le coeur. Ce sont des drames ordinaires, à plusieurs dimensions possibles et qui appellent plusieurs interprétations. En quelques phrases, simples d’apparence, elle pose des atmosphères spécifiques et fort différentes. Une maison au Saguenay, un motel miteux de San Diego… ce sont les décors dans lequels évoluent Simon et Roberf, qui ont encore des comptes à régler avec leur région et leur enfance.

 

Bref, j’aime. Vraiment.

160, rue Saint-Viateur Ouest – Magali Sauves

C’est ma twinette Yueyin qui m’a offert ce roman lors du 12 août cette année. Elle l’avait lu, aimé, ça se passe à Montréal et c’est un policier.  L’auteure est née de mère juive mais c’est à travers son expérience d’enseignante qu’elle a connu davantage la communauté Hassidim du Mile End. Un peu comme Myriam Beaudoin (qui pour sa part n’est pas juive) dans Hadassa, roman que j’avais adoré. Après avoir fouiné un peu, j’ai réalisé que Magali Sauves avait aussi publié un autre roman dans le monde des Hassidim, Yiosh! chez Hamac. Inutile de préciser que maintenant, je veux le lire. Mais je reviens à 160, Saint-Viateur Ouest.

 

Le personnage principal est Mathis Blaustein. Né dans une famille juive ultra-orthodoxe, il n’a presque plus de contacts en raison de son homosexualité, pour laquelle il n’y a absolument pas de place, et de son métier; il est enquêteur pour la SQ. Il est très discret sur son lieu de travail et vit difficilement le fait d’être coupé de ses racines.  Alors qu’il est dans une enquête sur la mort d’un chimiste génial chez Green Stuff, sa mère, Yocheved, reçoit la visite d’une vieille dame visiblement désorientée qui cherche Hannah et qui soutient qu’elle est ici chez elle, au 160, Saint-Viateur Ouest. Sauf que la famille a toujours habité au 158bis. Bref, l’enquête en cours va s’entremêler avec son histoire familiale.  Le genre de truc que j’aime beaucoup beaucoup.

 

Si l’enquête policière est intéressante, elle n’a pas été pour moi l’élément le plus intéressant de l’histoire et elle nous apparaît plutôt en arrière plan. La quête historique, la réflexion sur la mémoire et la percée dans cette communauté si peu connue ont été pour moi les éléments marquants de ma lecture.  Le regard m’apparaît réaliste mais bienveillant (ok, réaliste, mon opinion ne vaut strictement rien… je ne connais pas du tout cette culture à part ce que j’ai lu dans des romans… mais ça SONNE vrai) malgré l’impossibilité pour le personnage principal d’y trouver sa place.  Il ne rejette pas tout d’emblée et ses questionnements, son évolution, m’ont beaucoup interpellée. Quel personnage intéressant et ambigü… j’espère vraiment le retrouver dans d’autres romans.

 

Les fils sont tous bien noués, même si j’en aurais pris un peu plus pour que certaines affirmations apparaissent plus naturelles car je dois avouer que j’ai trouvé que certains raisonnements auraient mérité plus d’explications.  Et bon, l’orthophoniste que je suis a quand même noté que le défaut de langage de l’un des personnages ne « fittait pas »… personne d’autre ne va s’en rendre compte par contre… je suis une terreur pour ça!  L’écriture est simple mais nous entraîne en plein coeur de Montréal au début des années 2010. Entre holocauste, relations policiers-victimes, difficultés culturelles et avec une touche de commission Charbonneau, il y a certes beaucoup de choses dans ce roman dont la lecture m’a beaucoup plu!

À lire!

Malou – Geneviève Godbout

En ce dimanche, je vous présente un très bel album signé Geneviève Godbout qui traite, avec très peu de paroles, de la dépression chez l’enfant.   Nous rencontrons donc Malou, un petit kangourou enjoué, qui adore sauter haut, très haut.  Toutefois, un jour, un petit nuage gris apparaît  autour de lui et il n’a plus du tout envie de sauter. Va-t-il réussir à le faire disparaître?

 

Geneviève Godbout nous offre encore une fois de superbes illustrations, toutes douces mais très parlantes. Le petit kangourou est mignon comme tout et a l’énergie incroyable des enfants. Nous ne comprendrons jamais pourquoi le nuage est apparu parce que parfois, c’est comme ça. Les amis ne comprennent pas toujours, tout ne fonctionne pas tout de suite, mais il y a un message d’espoir et de solidarité qui fait du bien.

 

Bien entendu, c’est un album qui demande de l’accompagnement de l’adulte. Le propos derrière n’est pas si clair que ça pour les petits. Mais l’album permet de susciter la discussion et de parler de ces fameux petits nuages noirs qui, des fois, passent seuls et qui, d’autres fois, restent.  Très beau, comme souvent chez la Pastèque. À feuilleter!

Journal de bord en Martinique – 1 – plongeon et bananes

Me voici donc en Martinique!  Voyage coup de tête vu que je n’avais jamais même pensé à y aller avant que Mylène ne me propose ce voyage. Après une valise préparée la veille au soir (et le matin même, sinon c’est pas drôle… et non, je n’ai pas juste une paire de shorts et des gougounes… contrairement à certains quand ils font des bagages de dernière minute), j’embarque donc dans l’avion avec, as usual, mon éternelle « peur d’avoir peur en avion alors que je dors tout le long »… pour me réveiller à l’atterrissage. Finalement, c’était pas si pire!

 

Je vous passe la première journée, où ça s’est limité à « apéro et installation à l’hôtel avant de nous effondrer chacune dans notre lit »… et on commence avec le vendredi. Départ tout en douceur.

 

Avec Mylène, la journée commence tôt.  C’est que décalage horaire ou pas, à 5h30 (oui oui, du matin), elle a les yeux grands ouverts.  Nous étions donc là, toutes les deux réveillées à attendre 7h pour pouvoir partir pour explorer les environs. Première étape : le Morne Gommier.  Seul problème, les routes pour y arriver sont ma foi… amusantes.  Si on aime les montagnes russes.  Ah non, en fait, on a un autre problème… à 7h15, ya absolument rien d’ouvert!  Juste nous qui crapahutons sur les routes.

 

Mais il en faut plus pour nous arrêter et nous redescendons vers Le Marin où il y a un truc ouvert : le marché.  J’aime les marchés.  Voire même que j’adore les marchés.  Nous nous arrêtons donc, guillerettes et là, que nous offre-t-on?  À 7h37 le matin?  De goûter des rhums arrangés.  Et nous, pour ne pas déplaire (on est comme ça), nous nous sommes exécutées. Bref, 4 gobelets de dégustation plus tard, nous repartons avec une bouteille de rhum abricot.  Et ça n’a rien à voir avec les abricots québécois.  Je ne vous parle même pas des bananes que nous avons mangées pour le petit déjeuner.  Limite un orgasme bananier!

 

Direction Ste-Anne pour une balade sur la plage.  Bon, je vais vous révéler mon enfer personnel : avoir du sable dans mes chaussures. Défenses sensorielles au cube.  Je veux mou-rir!  Bon, pas assez pour ne pas aller sur la plage, mais SANS chaussures.  Vous imaginez même pas le bordel ensuite pour les remettre.  J’ai 88 techniques, toutes plus bâtardes les unes que les autres… et d’une efficacité douteuse!  Toujours est-il qu’on a pu voir la mer au grand des caraïbes au grand soleil, avec juste un beau petit vent et un tout petit 31 degrés.  Ça va encore, selon les martiniquais!

Au village, on a fait les boutiques, comme toute touriste qui se respecte. Puis encore un marché où j’ai pu constater que chez eux, le Pète-Zizi ou le Remonte-Machin est clairement affiché!  J’ai envoyé des photos à la moitié de ma liste de contact de sexe masculin, au cas où… mais bon, personne ne m’en a demandé de bouteille de toute urgence.  Tant mieux pour eux.  Un dernier arrêt à l’église (il semblerait que les Martiniquais soient très religieux, car elle était pleine), juste pendant la messe.  Ils disent les mêmes prières que nous… mais plus lentement.  Il y avait des gens et des chaises jusque dehors.  Nous, on a plutôt décidé d’aller voir la vue au Calvaire, qui surplombe la baie.  Et c’était jooooli!

C’est ensuite l’heure du Ti-punch, et je me suis fait le plaisir de me la jouer locale en buvant rhum agricole, sucre et citron comme une vraie martiniquaise (bon, probablement comme une vrai touriste martiniquaise mais laissez-moi mes illusions). C’est que c’est bon, ce truc! Après avoir mangé à la Cour Coco (tout est au coco ici… et même moi je suis rendue que j’aime le coco), où j’ai goûté au poulet Colombo (ça goûte la bouffe indienne… que My disait ne pas aimer!) et le boudin créole (allez savoir pourquoi, je voulais absolument manger la peau…), on se dirige vers la Savane des pétrifications, une rando qui nous mène sur les hauteurs, en vue de l’Anse Trabaud (du moins, me semble).  C’est un ancien marais asséché, il y a des roches de toutes les couleurs, il y fait très chaud… et on se croirait sur la lune.  Ou sur une Mars pâle. Mais pour y accéder, il faut vouloir!

C’est qu’imaginez-vous qu’il y a un pont à traverser.  Mais que pour une raison ma foi assez obscure, le pont est construit…. au milieu de l’eau!  Il y a un gué à traverser, sur des pierres glissantes pour se RENDRE au pont . Et pour retrouver la terre ferme ensuite.  Je n’écoute que mon courage et m’y précipite… pour figer à la troisième roche.  Rien à faire, transfert de poids impossible à faire.  Je suis là, avec mon téléphone dans les mains (pour les photos), mes souliers dans l’autre, mon sac plein de cossins-qui-aiment-pas-l’eau, en équilibre sur une roche, aussi pétrifiée que la savane.

C’est en se fichant un peu de ma gueule que Mylène s’élance fièrement.  Un rocher, c’est bon. Deux rochers, ça va encore, mais ça branle un peu… Trois rochers et PLOUF!  Mylène à l’eau. En robe. Sans maillot en dessous.  Parce que j’ai oublié de vous mentionner que j’avais une robe de designer (québécois, of course) sur le dos, dans toute cette aventure (ce chez Kollontaï, pour ceux que ces détails triviaux intéressent).  On est glamour ou on l’est pas.

 

Mylène a donc – toujours gracieusement – nagé en petit chien jusqu’au pont et constaté que pour sauver le livre qui était dans son sac (priorités, les gens… priorités), elle s’était solidement amoché les deux genoux.  Détaillounet!

 

Ceci dit, je ne sais pas si vous vous en rappelez, mais je suis toujours pognée sur ma roche, moi.  Au MILIEU du lac. Mais j’ai eu la chance de ma vie quand une super sauveuse est venue à ma rescousse (ok, j’avoue.. une gamine de 10 ans) et a en premier, traversé mon sac pour revenir me chercher et me faire traverser en me tenant la main.  DÉFENSE DE VOUS MOQUER! Ok, oui, vous avez le droit parce que je me suis bien foutue de la gueule de Mylène. L’avantage, c’est que ça sèche vite!

Me croyez-vous qu’au retour on a traversé ailleurs, en plein DANS le lac au lieu de se taper des roches glissantes?  Ok, les robes étaient mouillées jusqu’à la taille, on a définitivement flashé nos petites culottes en chemin… mais au moins, on a gardé notre dignité!  On a même fini par donner des conseils aux gens pour traverser.  On ne se refait pas!

L’arrêt suivant fut la plage des Salines, une magnifique plage de sable blanc où il y avait relativement peu de monde et où on a fait trempette pendant une petite heure et demie.  Avec une magnifique vue, en plus.  Comme nous étions trempées (je vous rappelle qu’on a  traversé un lac à pieds) et qu’on avait pas de change, nous avons vaillamment décidé de finir la journée commando, sans soutif parce que bon, c’est pas confo, les sous-vêtements mouillés.  Et que de toute façon, on s’en retournait à l’hôtel, non?

 

Ah non… en fait, non.  Pourquoi pas regarder le coucher de soleil du haut du Morne Gommier (vous vous rappelez, celui qui était fermé ce matin). Et on a bien fait car la vue était ma-jes-tu-euse.  Avec le rocher du Diamant et le Morne Larcher en arrière plan, c’était de toutes les couleurs.

Nous étions fort jolies, le nez au vent, les yeux remplis de beauté et nos jupettes qui voletaient avec la brise… autant en haut qu’en montant.  J’imagine que plusieurs en ont eu plein les mirettes dans tous les sens du terme!  Ils auraient pu voir non seulement un coucher de soleil, mais un duo de lunes!

Retour à l’appart (douuuuuuche) et souper à Ste-Luce, tout près.  Je découvre ce qu’est le Lambis et je constate aussi que préparé à la façon « blanquette de veau mais pas de veau », c’est juste délicieux.   On goûte à la Lorraine, la bière locale, on se fait bouffer par les moustiques malgré la TONNE d’anti-moustiques, et on retourne se coucher. J’ai lu 4 pages en tout.  Et je suis généreuse!

 

Première journée réussie!

Manikanetish – Naomi Fontaine

J’avais découvert Naomi Fontaine avec Kuessipan, que j’avais beaucoup aimé. J’ai donc replongé avec plaisir dans son univers avec Manikanetish, qui se déroule à Uashat, réserve située près de Sept-Iles, et qui raconte l’histoire de Yammie, jeune femme Innue qui revient dans son village natal pour enseigner au secondaire.

 

À travers quelques scènes choisies, Naomi Fontaine nous fait vivre cette année scolaire qui changera tout pour Yammie, qui en sortira grandie malgré tout. Elle a tout laissé derrière. Son amoureux, sa vie hors de la réserve. Elle revient inquiète et passionnée, devant des jeunes qui ne sont pas capable de laisser leurs passés hors de la classe. Entre les deuils, les enfants à élever alors qu’on est encore presque un enfant soi-même, la violence et les lourdeurs du quotidien, ses élèves partent souvent avec deux prises. Mais elle va s’attacher à eux (et nous aussi) et tout tenter pour les aider à sa manière. Et ils vont le lui rendre. À leur manière aussi.

 

J’aime énormément l’écriture de Naomi Fontaine, concise, directe, mais porteuse de lumière et d’espoir. J’aime la vision bienveillante qu’elle pose sur ses personnages. On sent qu’elle croit en eux et que son espoir est réel. Bien entendu, rien n’est gagné, pour aucun d’entre eux.  Mais on a envie d’y croire.

 

J’avoue que j’aurais aimé explorer davantage le personnage de Yammie. Si j’ai apprécié la réflexion du départ sur la solitude parmi la foule, la sensation de se sentir étranger, j’aurais apprécié pousser un peu plus loin sur le thème des racines, du retour.  Ceci dit, c’est un roman que j’ai réellement beaucoup aimé… et je guetterai les prochaines parutions de l’auteure!