Khalil – Yasmina Khadra

Le pourquoi du comment

Une copine m’a prêté ce livre audio en me disant que ça risquait de me plaire. Je n’avais pas lu Khadra depuis longtemps, j’avais été plus ou moins convaincue par Les hirondelles de Kaboul, mais j’avais bien le goût de réessayer. Depuis, mon intérêt pour les problématiques qu’il soulève s’est affirmé… et je me dis que ça pourrait être une bonne idée de tenter à nouveau le coup. Et j’ai bien fait.

De quoi ça parle

Nous sommes le 13 novembre 2015. Khalil, jeune belge d’origine marocaine, est à Paris avec son meilleur ami Driss (orthographe approximative… je le rappelle, j,ai écouté le livre). Son but, se faire exploser au Stade de France pour la gloire d’Allah. Bien entendu, ça ne va pas se passer comme prévu et tout au long du roman, nous entrerons dans la tête de ce jeune homme…et ça secoue.

Mon avis

D’emblée, j’ai toujours pensé que le Kh en arabe ressemblait à la jota espagnole. Du coup, j’ai été très perturbée d’entendre prononcer Khalil avec un /k/ pendant tout le livre audio. Je sais, je chipote parce que j’ai beaucoup aimé ce lecteur de façon générale. De même que j’ai aimé ce roman.

Pourtant, il s’est dit beaucoup de choses sur les attentats du 13 novembre. Je n’avais jamais osé lire quoi que ce soit à ce sujet, car ces attentats m’ont confrontée à moi-même… et je n’ai pas toujours apprécié ce que j’ai trouvé ce faisant. C’est un peu ce que j’expliquais dans mon billet sur Le lambeau. Ici, c’est une une tout autre vision qui nous est proposée: celle du terroriste. Khalil a une famille, une soeur jumelle, des amis, mais il ne sait pas où il va, ni pourquoi il existe. Puis, un jour,il va trouer sa voie par le biais de Lyes, un ancien copain qui occupe un poste élevé dans la confrérie. Il va refuser de vivre une vie sans but : il va mourir pour Allah.

Ce roman dérange. Impossible de le lire sans être horrifié. Comment comprendre l’incompréhensible? Comment envisager l’inenvisageable? Qui pourrait décider, de son plein gré, pour être pardonné de tout et avoir droit au statut de martyre, de tuer des innocents? Pourquoi? Et comment en arrive-t-on là?

C’est ce que ce roman explore, sans excuser ni trop juger. On découvre petit à petit qui est Khalil l’homme derrière le terroriste, on vit avec lui ses angoisses, ses frustrations face au racisme quotidien, ses croyances qu’il croit plus fortes que tout. Et c’est confrontant. Les réactions autour de lui sont variées, peu importe la confession des interlocuteurs, et la colère de Khalil, la puissance des ses convictions qui sont pour nous impossible même à envisager fait peur et remue le lecteur. Ses doutes et sa paranoïa aussi.

Ne serait-ce que pour ça, c’est un roman qui mérite d’être lu. La plume est simple et facilement abordable, en plus. Parfait pour tenter le coup. Même si c’est loin d’être rassurant.

Jour 3 – Paris et moi – Montmartre et Amélie

Oui j’ai l’air d’avoir 70 ans… mais je suis fa-ti-guée, bon!

Ce matin, j’avais prévu de me lever tôt pour aller à Orsay. J’étais full dedans en me couchant, je me suis levée pas tard… et finalement, je suis sortie de l’appart à midi. En fait, j’ai réalisé que j’étais en vacances et que je n’étais pas obligée de faire un truc tout le temps, à toutes les minutes. Ouais, ça m’a pris 43 ans à réaliser ça. Call me slow learner.

Bref, à part écrire des billets et placoter sur Whats app (avec des copines qui sont maintenant juste à côté), je n’ai rien foutu. Limite que j’en suis fière. M’accorder le droit de ne rien faire (sans me sentir coupable), ce n’est pas tous les jours! Bon, tout ça c’est chouette comme leçon de vie, mais c’est plutôt plate à mort question blog… on va donc passer aux choses sérieuses…et intéressantes!

J’avais donc rendez-vous en début d’après-midi avec Marie-Josée pour une balade dans Montmartre. Je suis devenue une pas pire guide touristique de Paris, depuis le temps! Je vais vous épargner la visite en détails, vu que je vous l’ai déjà faite à quelques reprises sur le blog (je suis et resterai une éternelle radoteuse), mais quand même, il y a eu des highlights!

D’abord, Montmartre, c’est beau. Et ce n’était pas bondé non plus. Du coup, encore plus chouette! J’avais profité du beau temps pour attraper un sandwich juste au coin et aller lire un peu dans la parc près du mur des Je t’aime. Ya pire comme passe-temps. Un jour, je vais finir mon livre. Un jour!

Quand Marie-Josée et Anne-Sophie sont arrivées, on a cherché des boutiques cool qu’elles avaient repéré. On est entre autres entrées dans une brocante… particulière (si j’avais eu de la place, j’aurais craqué pour une théière) où se côtoyaient crânes d’oiseaux et bocaux pharmaceutiques. Puis, ce fut la dégustation dans une boutique de caramels et de nougats tenue par un couple très gentil, et leur petit bébé de 2 mois! Choupi!! On a discuté accents, expressions… on a le don pour trouver du monde à qui jaser. On a aussi pu parler avec une prof de langue russe qui parlait hyper bien le français, et qui posait de façon très instagrammable!

On a fait des églises (j’aime les églises) et j’ai beaucoup aimé le mix vieux-moderne de l’église St-Pierre de Montmartre. Les vitraux d’Ingrand dans une église commencée au 12e, c’est spécial!

Mais au départ, petite visite à St-Jean de Montmartre, cette fameuse églises de la place des Abbesses (qui me fait toujours chanter la toune de Pierre Lapointe) faite de brique et de béton armé. Bizarrement, ça me plait bien, ce petit côté Art Nouveau.

Puis hop, Sacré-Coeur, où je prends ma traditionnelle photo et où nous allons admirer les dorures (parce que oui, c’est doré. Très doré). Marie-Josée était bien déçue à l’idée de ne jamais voir l’intérieur de Notre-Dame… alors on a visité trois églises, rien de moins. Bien différente du gothique, toutefois!

Une bonne soeur, qui jase au cellulaire… dans une église! Hello, God?

Montmartre, ce sont les artistes, la bohême et l’incongru. Je ne me lasse pas de passer devant la fameuse Folie, la vigne, le Lapin Agile ou la maison rose. Bizarrement, elles ne m’ont pas crue quand j’ai raconté l’histoire de St-Denis et de sa marche en compagnie de sa tête. How bizarre!

Finalement, destination le café des deux Moulins, où on est allées faire nos fangirls d’Amélie. On a fait la totale. Des photos kitsch à la créme brûlée à 10 euros (qu’on a joliment cassée avec une PETITE cuillère). Ça vaut le coup!

Comme j’étais attendue pour l’apéro par Sandrine et Julien et Delphine, je suis arrivée… en retard. Of course! Mais j’ai marché à pieds. Il fallait faire passer la crème. Direction châtelet et les bières. On a mangé un méga burger au Trappiste. À 21h30. Je m’en ressens encore ce matin. Va falloir slaquer sur la bouffe sinon je vais revenir avec 2 sets de garde-robe! On beaucoup ri, pris beaucoup de photos (toutes ratées) où on voit parfois nos trois mentons, parfois nos amygdales et parfois juste nos seins (je vous JURE qu’on n’a pas fait exprès)… alors on vous épargne ça. Mais c’était chouette. Et voir un mec avec sa blonde en tête à tête alors que lui regardait le match sur une tablette et qu’elle jouait avec son téléphone (tout le long)… c’était.. particulier. Rions des petites choses!

Bref, c’était ma journée relaxe… et celle d’aujoud’hui, je le sens, le sera encore bien davantage! Vacances power!

Jour 2 – Paris et moi – King Tut et étrangeté

Paris et moi, c’est une grande histoire d’amour. C’est aussi un peu chez moi et du coup, je n’ai aucun scrupule à passer un avant-midi à ne rien faire en regardant les toits. De là ces billets… quant à savoir si ça va durer, we’ll see!

Bref, aujourd’hui, c’était expo. L’une des choses que nous avions prévue, avec les parents, c’était d’aller voir Toutânkhamon à La villette. Ben quoi, faut que je me prépare pour mon voyage en Égypte en octobre! Je ne connais tellement rien du pays!

Toutânkhamon, je connais un peu, quand même. Il fait partie de la culture générale, avec la découverte incroyable de son tombeau, la fameuse – et fausse – malédiction, et la mautadite chanson qui reste dans la tête! L’expo parle bien entendu du pharaon mais surtout de la découverte par Carter, au 20e. Je me suis surprise à m’imaginer dans sa peau, quand il a vu le fameux garde, ou le sarcophage… ce devait être fou! Incroyable quand même que cette découverte soit en partie due à un jeune porteur d’eau qui a trouvé une marche d’escalier! Je vous laisse un peu admirer les photos. J’en ai pris des milliers! La finesse de ces objets, c’est incroyable. 3000 ans plus tard, dans cet état!

Je suis ensuite redescendue sur les grands boulevards en longeant le canal St-Martin pour aller à une visite guidée sur le thème « Paris sous l’occupation ». Si le thème était chouette et que j’ai pu apprendre certaines choses (la préparation de la dite occupation, entre autres), c’était… étrange. Un peu décousu et… étrange est le seul mot qui me vienne en tête. Toutefois, les discussions suite aux questions étaient chouettes!

En soirée, Delphine a tenté de faire le « poisson de Nathalie »… c’était bon mais… différent. On a d’ailleurs baptisé le plat « émietté de poisson à l’ail »! On attend la recette, Nath, parce que visiblement, Delphine a du mal à apprendre à cuisiner en regardant seulement! La mousse choco-tofu était par contre excellente!

Chouette soirée, beaucoup de rires et un petit Facetime vraiment nice avec mon équipe de travail! Ma gang est vraiment cool!

Partir…

Je pars certes avec une seule valise… mais une grosse valise. PLEINE!!! Comment vous faites pour ne prendre que 2 paires de chaussures, les gens!!

Vous ne le voyez pas tant que ça sur le blog, mais j’ai été assez absente ces dernières semaines. La vie nous a un peu brassés, les plans ont été modifiés et j’avoue que j’avais assez peu le coeur à écrire ou à bloguer. À lire non plus d’ailleurs. J’avais du mal à me concentrer sur d’autres « drames » que ceux de ma famille. Bon, rassurez-vous, ça va beaucoup mieux. Mon bébé-frère d’amour, qu’on a failli perdre à la mi-avril, se rétablit bien, et si la partie « road trip avec mes parents » est annulée, j’ai fini par partir quand même. Un mois plus tard que prévu, mais je suis partie. Me voilà donc en Europe, avec des plans ma foi fort vagues… mais bon espoir que ça va bien aller. Circonstances fort différentes que lors de mon premier différé, en 2016!

Après un départ un peu difficile (ok, j’avoue, j’ai braillé ma vie, je ne voulais plus partir, je me sentais mauvaise soeur, mauvaise fille et j’avais l’impression d’abandonner tout le monde), je suis arrivée à Paris, ma résidence secondaire. Étonnamment, le voyage a bien été, grâce à une jolie rencontre dans le Bagot-Montréal (coucou Mélissa) et au fait que j’ai dormi 6h sur 6 dans l’avion pour Paris. Mais bon, je suis là, bien installée chez Delphine pour une petite semaine. Et finalement, j’en suis bien contente!

Je ne vais pas bloguer tous les jours comme la dernière fois, du moins, je n’ai pas prévu ça… mais quand même, je regrette de n’avoir pas fait mes derniers voyages alors je vais laisser des traces ici… libres à vous de lire ou pas! Je sais, ça peut être redondant! Sorry!

Donc, arrivée à Paris. Bien entendu, j’avais mal lu les textos de Delphine alors je n’avais pas noté le code d’entrée. Et je n’arrivais pas à me connecter sur son réseau de dehors! Mais bon, son voisin était avisé, il a dû voir une drôle de silhouette avec un tas d’ÉNORMES valises devant la porte… et comprendre! Petite remarque à moi-même, toujours noter de quel côté sont les apparts à Paris… Ça évite de texter de devant la porte ensuite, hein, Delphine!

En arrivant, je me suis tout de suite heurtée à « je ne suis pas capable de faire couler l’eau froide » et à  » merde, je suis pas capable d’ouvrir la bouilloire » pour ensuite passer à « mais ya pas de toilettes, dans cette salle de bains! » On oublie vite!

Puis, sortie… pour récupérer du réseau. Oui, je sais, on a les priorités qu’on peut! J’ai donc pu jaser avec Madame Morelli, qui m’a accueillie entre ses plantes, son chat… et ses boites!

Angie: Si tu veux être libre du chat, le fauteuil jaune est safe. Il n’y va jamais.

Devinez où était le fameux chat 38 secondes plus tard? Devinez!

Après un très bon souper à La Piscine (resto où on va tout le temps près de chez Delphine), on a fini par discuter jusqu’à pas d’heure (oups, elle bosse demain et j’ai expo)… et je me suis effondrée!

Et je suis déjà trop longue… du coup, autre billet pour la journée d’hier!

L’étincelle – Nicole Richard

Le pourquoi du comment

Ce roman et moi, nous nous sommes rencontrés à un bien mauvais moment. Avril a été un mois compliqué, avec beaucoup d’inquiétudes et de bouleversements familiaux. Du coup, j’ai mis 2 semaines et demi à lire ces 154 pages auxquelles je n’arrivais pas à m’intéresser. Je l’avais choisi parce que ça parlait de livres et de mots sur la 4e de couverture et sincèrement, ce n’est pas du tout le sujet du livre. Du coup, déception.

De quoi ça parle…

Eugénie, la narratrice, est à l’hôpital suite à une hystérectomie. Pour elle qui n’a jamais voulu d’enfant, c’est le point final. De sa chambre du 8e étage, elle revisite son enfance auprès d’une mère fragile et instable, d’une grand-mère ancrage et d’un père à la santé mentale vacillante.

Mon avis

Pour moi, la rencontre a été ratée, en partie en raison du moment où j’ai lu ce roman. De plus, je ne m’attendais pas du tout à ce type d’histoire et si généralement ce type de narration passe très bien avec moi, j’ai eu du mal avec la partie « présente » qui m’a semblé trop peu développée. La plume est simple, la façon d’aborder les thèmes est pudique et sensible, mais pourtant, je suis restée extérieure à ce rêve semi-conscient qui ramenait la narratrice en ce temps passé où elle avait tant de mal à se définir, à se reconnaître dans les modèles de femmes qui lui étaient proposés.

J’ai eu du mal à saisir l’essence des personnages, à faire les liens nécessaires et, par conséquent, à ressentir quelque émotion (ou quelque intérêt) que ce soit. J’avais l’impression de tourner en rond et de ressasser le même mal-être page après page. Peut-être étais-je trop profondément enfouie dans mes propres émotions pour me laisser prendre au piège dans celles du personnage. Peut-être aussi n’ai-je aucunement réussi à me reconnaître dans cette femme qui ne veut pas d’enfants, même si c’est aussi mon cas.

La rencontre ne s’est donc pas faite entre moi et ce roman qui parle d’enfance, d’amitié amoureuse, de maternité et de maladie mentale et qui m’avait été chaudement été recommandé par une libraire. Dommage.

Manuel de la vie sauvage – Jean-Philippe Baril-Guérard

Le comment du pourquoi

J’avoue que sans le prix de libraires du Québec, je n’aurais jamais lu ce roman. Et j’aurais manqué quelque chose! Parce que j’ai adoré ce roman très peu politically correct au ton décalé.

De quoi ça parle

Kevin est un jeune entrepreneur et ce roman, c’est sa success story à la québécoise. Il va nous raconter comment ses échecs initiaux l’ont formé et lui ont permis de comprendre le monde des affaires et devenir millionnaire. Vite. Et jeune. C’est qu’il veut nous donner sa recette, voyez-vous, pour que vous puissiez devenir comme lui.

Mon avis

Ce roman, c’est jubilatoire. On ne parle pas ici d’un style hors du commun ou d’une prose extraordinaire, mais il y a quelque chose dans le ton, dans la narration, qui accroche le lecteur. Serait-ce parce que le narrateur s’adresse directement à nous ou parce que sa façon de présenter les choses en justifiant ses actes selon une morale lui est bien particulière? En tout cas, il a réussi à m’intéresser à un thème qui ne me tente normalement moins que pas, l’argent et la réussite, et ça, ce n’est pas rien.

Kévin Bédard hait son prénom. Issu d’une famille de nouveaux riches de banlieue, un Kévin, selon lui, ça tranche avec les autres prénoms de Bréboeuf. Il hait ce que représente son père mais il veut devenir riche. Par lui-même. Mais pas riche un peu, là. Il ne lui reste qu’à trouver l’idée. Et c’est à partir des chatbots, ceux qui répondent au service à la clientèle, qu’il va trouver un moyen… de communiquer avec les morts. Rien de moins. Ça promet hein!

Kévin de nous cache rien. Ses erreurs, les fois où il s’est fait avoir comme un bleu, les gens qui l’ont trahi, les fois où il a raté son coup et les fois où ça été un succès encore plus incroyable que ce à quoi il avait pu rêver. Il nous raconte aussi, avec un ton détaché, ses propres trahisons et ceux qu’il a laissés derrière lui. On rit (mais jaune… jaune foncé), on est étonné, révolté et touché par cette satire sociale qui nous parle du monde des start-ups, qui est tout univers à lui tout seul.

Le personnage principal ne fait pas dans la langue de bois et met ainsi en lumière des faits qu’on préférerait ne pas voir. C’est cruel, amoral (mais légal, comme le dirait Kévin) et les dialogues sont criants de vérité. Limite que je verrais bien ce roman en pièce de théâtre. Me semble que ça passerait bien!

Une belle découverte donc. Merci le prix des libraires.

The Poppy War – R.F. Kuang

Le pourquoi du comment

Parce que mai est le mois de la fantasy et que j’avais celui-ci depuis un moment. Et bon, la guerre sino-japonaise, ça me parle. Et c’était bien! Très bien!

C’est quoi, cette histoire?

Rin est orpheline de guerre. Elle a été élevée par un couple de fournisseurs d’opium violents et qui veulent la marier à un homme de plusieurs fois son âge. Pour elle, une seule solution, passer le Keju, le test qui lui permettra d’intégrer l’école supérieure.

Difficile de parler de vous donner envie (parce que j’ai envie de vous donner envie) (je sais, ça fait beaucoup de « envie ») sans en dire un peu plus. Je vous dirai donc que ça va fonctionner et que Rin va entrer dans l’école la plus prestigieuse. Et oui, elle sera un peu spéciale. Oui, je sais, je sais, on a déjà vu ça. Mais il y a autre chose. Le roman se divise en deux parties bien distinctes: l’école et la guerre. Loin de nous l’idée de voir un remake de Harry Potter. On n’est pas dans ça. On va explorer l’évolution de Rin dans l’académie, ses ratés, les petites mesquineries du quotidien, mais ça va rapidement évoluer vers autre chose car la guerre va être déclarée. Et ça va tout changer. Vraiment tout.

Mon avis

On ne va pas se le cacher, ça m’a énormément plu. C’est l’un des rares romans qui m’a vraiment accrochée depuis la mi-avril, moment où mon bébé-frère a été très malade… et qui mis toute la famille dans un genre d’état second. Donc, ne serait-ce que pour ça, pour avoir réussi à me sortir de mon quotidien et pour m’avoir amenée à réussir à m’intéresser à quelque chose d’autre, ça mérite quelques étoiles!

Le roman commence de façon assez classique: une jeune fille, orpheline, sortie de nulle part, acceptée dans une grande école et qui se révèle particulière et l’univers clos d’une école (militaire, cette fois) dans un monde fantasy basé sur la mythologie asiatique (oui, je reste vague par exprès… je ne connais tellement rien là-dedans… mais l’auteure est spécialiste en histoire moderne de la Chine). Si plusieurs ont vécu difficilement le changement drastique de ton au milieu du roman, moi, j’ai encore mieux aimé la seconde partie, beaucoup plus trash, beaucoup plus violente… et qui rappelle plusieurs éléments horribles de l’histoire de la Chine (genre ça). L’écriture n’est pas particulièrement poétique, ni particulièrement belle, mais elle est over-efficace, C’est plein d’action, souvent très dur, les personnages sont tout pleins de zones de gris. Aucun n’est réellement ce qu’il semble être à la base et l’évolution du personnage principal fait vraiment peur. Et quand on sait sur qui l’auteure s’est basée pour le créer… ça fait encore plus peur.

Bref, non seulement l’histoire est intéressante mais l’idée de suivre l’évolution d’un personnage qui part de rien et qui risque de tomber du mauvais côté de la force me fascine. Ça parle de choix, de décision, de colère et de vengeance. Ça parle aussi de l’horreur de la guerre, de ce qui arrive vraiment quand on sort des livres et des théories et ça, personne ou presque n’était préparé à ça. Certes, certains éléments sont très tirés par les cheveux (indice… ça commence par « s »), rien n’est réellement imprévisible, et on sent clairement que ce n’était d’ailleurs pas le but du récit.

Bref, un excellent moment et un roman auquel j’ai pardonné quelques incohérences en raison de son côté addictif. Et j’ai très très hâte de lire la suite!

L’héritage impossible (Neshov #3) – Anne B. Ragde

Le pourquoi du comment

Parce que je voulais connaître la suite, après le fin de folie du tome 2…

C’est quoi, cette histoire?

Je vais essayer de ne pas trop spoiler, même si le titre parle quand même de lui-même… Rappelons donc que c’est maintenant une pentalogie et que ça parle d’une famille norvégienne qui était totalement éclatée et qui s’est récemment retrouvée à la mort de la mère. Il y a des secrets, des non-dits… et au début du tome, rien ne va plus à Neshov. Torunn, qui a récemment reconnecté avec son père et son élevage de porcs à la ferme, se retrouve au pied du mur. Elle doit faire des choix, ce qui la met dans une situation réellement impossible.

Et mon avis…

Vous savez, une fois que je suis attachée à des personnages, je perd souvent toute objectivité face à un roman. Et ici, cette famille, elle existe dans ma tête. Ils sont réels. Alors je veux savoir ce qui va leur arriver. Et j’adore lire à leur propos ainsi que sur cette ferme délabrée dans le froid. Dans ce troisième tome, nous les suivons suite aux éléments tragiques de la fin du volume 2. Ils montrent de plus en plus leur vrai visage et réagissent chacun à leur façon.

Ce tome est encore une fois très sombre, beaucoup plus sombre que les deux autres, si possible. En tant que lectrice, on assiste impuissants à la descente aux enfers de Torunn, sous le regard volontairement détourné des autres membres de la famille, occupés à regarder leur petit nombril. On a envie de les secouer, tous, de ne pas voir la jeune femme sombrer dans la dépression et s’isoler dans cette ferme au bout du monde où elle se sent prisonnière. Elle se voit responsable de beaucoup trop, elle qui n’avait rien demandé.

En parallèle, Erlend se révèle encore plus égoïste qu’avant, et bizarrement, son côté extravagant ne rattrape plus vraiment. La mère de Torunn est à frapper en manipulatrice hors-pair et ce sont Margido et le vieux qui, bizarrement, sont les plus humains. Pourtant, j’ai beaucoup aimé. Le portrait des personnage est parfaitement réussi dans toute leur humanité et leurs nombreuses failles. L’atmosphère est ici encore plus oppressante. Je voulais arrêter ici la série, vu qu’à l’origine, c’était une trilogie mais maintenant que je sais qu’il y a une suite, je ne vais pas résister. Ils sont quand même dans de bizarres de situations et ça reste assez ouvert. Bref ouais… je vais lire le tome 4. Silly me.

Journal – Hélène Berr

Le pourquoi du comment

Parce que j’ai décidé de piocher dans ma pile et que je suis tombée sur celui-là. Qui y était depuis quoi… 9 ans peut-être. Oui, je sais, je sais!

C’est quoi, ce livre

De 1942 à 1944, Hélène Berr a tenu un journal. Elle habitait Paris, était en licence d’anglais à la Sorbonne, venait de rencontrer un jeune homme et était juive. C’est à travers ses mots que nous allons vivre ces deux ans et nous verrons son regard changer alors que les choses empirent quotidiennement, sans que les gens semblent réaliser ce qui se passe.

Mon avis

Comment est-il possible de donner un « avis », une « appréciation » sur ce journal? Impossible. Une vraie vie brisée, une vraie personne interrompue, des vraies souffrances, qui semblent presque universelles pour les juifs de l’époque… Comment « aimer » tout ça? Ceci dit n’empêche que c’est pour moi un texte essentiel. Pour ne pas oublier.

Hélène est une jeune fille qui ressemble beaucoup à ce que j’étais à 20 ans. Elle est passionnée de littérature, de musique, aime la philosophie, se questionne au sujet des garçons et s’inquiète pour des broutilles. Au début, elle est vivante et pétillante et jusqu’à la fin, elle reste capable de s’émouvoir de la beauté des choses, même si elle se sent coupable de le faire. C’est extrêmement émouvant et il sera facile pour plusieurs de s’identifier à elle. Ça aurait pu être nous, ça aurait pu être moi. Sauf qu’elle est beaucoup plus courageuse, généreuse et altruiste que j’aurais pu l’être.

Il faut savoir, quand on ouvre un journal intime, que nous allons manquer de références. J’ai mis un bon moment avant de comprendre que Denise était sa soeur et je ne suis pas encore certaine de bien savoir qui est qui parmi ses amis. Un tel document est aussi, surtout au début, totalement ancré dans le moment présent, sans le moindre recul. On est dans l’émotion, dans le quotidien, et le tout rend Hélène très humaine, presque accessible. On passe de moments terribles, très forts, à des réflexions enjouées sur un garçon ou à des frustrations au sujet d’un certain Gérard (je n’ai d’ailleurs pas vraiment compris qui il était ni ce qui s’était passé). C’est étonnamment bien écrit et on ressent vraiment le décalage entre le vécu d’Hélène et ce qui est perçu par les non-juifs, même ceux sont ses amis et qui sont sympathique à leur cause.

Un journal qui fait mal, et qui nous fait à nouveau comprendre l’horreur du quotidien et les changements profonds que la situation a amenée chez chacun. Le changement graduel fait mal à voir et vu que nous savons comment ça va finir.

Une lecture nécessaire, donc.

Le lambeau – Philippe Lançon

Le pourquoi du comment

Pourquoi, vous pensez? Parce qu’on le voit partout et qu’il est sélectionné pour le prix des libraires du Québec. En fait, c’est surtout surprenant que je ne l’aie pas lu avant!

C’est quoi, cette histoire?

Philippe Lançon est journaliste. Le matin du 7 janvier, avant d’aller à Libération, il s’est arrêté à Charlie, pour la rencontre. Ce matin-là, tout était normal. Jusqu’à ce que ce ne soit plus normal et que l’horreur et l’extrémisme s’en mêle. Ce sera le début d’un lent processus personnel de rééducation et de retour à la vie après avoir survécu à l’attentat et s’être vu défiguré.

Mon avis…

Le lambeau est un roman qu’il est fort difficile d’oublier après l’avoir lu. D’abord parce qu’il est magnifiquement écrit et ensuite parce l’attentat de Charlie Hebdo a bouleversé. M’a bouleversée. C’est comme si cet événement m’avait ouvert les yeux sur une réalité que je refusais de voir, et qui m’a confrontée à moi-même comme je ne l’aurais pas cru possible… bref, on va passer.

La première chose qui m’a frappée et dont je me souviendrai, c’est la langue. C’est hyper, hyper bien écrit, rempli d’images et de réflexions qui frappent. Il y a aussi un rapport à l’art et à la littérature qui m’a beaucoup parlé. Ça parle beaucoup de Proust, entre autres, et à son rapport au temps, au temps présent, à la fracture entre le moi d’aujourd’hui et le mois d’avant. La façon de parler d’une fracture dans l’existence est fort juste et m’a rappelé le discours de plusieurs personnes que j’ai connues et qui ont vécu un bouleversement dans leur vie suite à un accident ou une maladie subite. Le discours est à la fois introspectif et extérieur (oui, je sais, c’est bizarre… mais c’est ça quand même), ce qui permet au lecteur de garder une certaine distance. Parce qu’il en faut.

Ceci dit, bizarrement, je ne me suis aucunement attachée au narrateur, à Lançon. Peut-être est-ce parce que ces histoires de réadaptation, de retour à la vie, je les vis quotidiennement au travail, avec des gens que je connais, dont je connais la famille. Du coup, forcément, c’est moins « nouveau » et moins prenant émotivement. Les scènes qui m’ont le plus émue sont celles de la réunion de Charlie. L’avant.

Ceci dit, il y a des moments où j’ai trouvé la lecture fastidieuse, répétitive. C’était beaucoup de détails, beaucoup d’opérations, beaucoup de détails et de fistules. Je me demande si c’était vraiment nécessaire de tous nous raconter dans le détail. Peut-être parce que pour ma part, je sais comment ça se passe. La relation avec les soignants, les réflexions étaient intéressantes, mais les parties plus cliniques m’ont moins rejointe… et je me suis lassée, surtout au milieu du livre.

Une plume remarquable. Vraiment. Et un auteur que je relirai. Toutefois, je suis quand même moins enthousiaste que la plupart des gens. Encore. Je pense que je difficile ces temps-ci alors que je suis miss bon public normalement.