Jour 67 – Antalya et liberté

C’était la grasse matinée ce matin!  Levée à 8h, vous imaginez? Je suis arrivée à l’heure, mais bonne dernière au petit déjeuner. Tout le monde était levé depuis une demi-éternité et en était à son énième café.  Bref, j’ai beau être la petite jeunesse, c’est quand même moi qui dors le plus!

Ce matin, nous visitions le musée archéologique d’Antalya. Le musée a été fondée dans les années 60 et est surtout constitué d’objets du patrimoine romain, dont plusieurs ont été trouvés dans la ville de Perge. En effet, il reste peu de chose des populations pourtant bien avancées de l’ancienne Lycie, où la démocratie a été instaurée très tôt.  De 80 à 130 après JC, d’importants tremblements de terre ont détruit pratiquement toute la ville, sauf quelques sarcophages et les vestiges datent surtout du 2e siècle, lors de l’époque romaine.

Le musée est hyper bien fait, avec une section pour enfants avec plein de maquettes qui illustrent le mode de vie en Lycie depuis la préhistoire jusqu’à – presque – nos jours. On y voit les vestiges les plus imposants, datés et expliqués. Patara, lieu de naissance de St-Nicolas, Myra, où il a vécu, les théâtres ainsi que Perge, ville très importante de la Pamphilie. Les anciennes traditions sont aussi illustrées : pain simite rond, forge, sellerie.  Bizarrement notre guide décide de commencer par là!  Ça donne une idée de notre inkulture collective

Nous pouvons voir plusieurs fossiles datant d’il y a 4-5 millions d’année ainsi que plusieurs objets provenant de la célèbre grotte de Karain.  On y voit entre autres des bouteilles de larmes, le plus beau cadeau qu’une dame pouvait donner à un homme à son retour de la guerre.  Si elle n’était pas vraiment triste, elle pouvait quand même engager une pleureuse pour le remplir!  L’honneur était sauf! Les objets sont magnifiques.  Il y a quelques petites amphores que j’aurais bien aimé voir chez moi. Mettons que ça fitterait dans mon décor!

Côté poterie, du 9e au 7e siècle avant JC, il y avait surtout des dessins géométriques. Puis, virent les époques archaïques, avec le fond nature et les dessins noirs, et l’époque classique, avec le fond noir et les dessins nature. Nous avons pu voir de très belles poteries en forme d’animaux, qui servaient à verser le vin.

Ça va un peu vite pour moi… je trottine pour réussir à suivre le guide mais j’aurais vraiment aimé plus de temps pour regarder les objets. Les musées et moi… c’est toujours la même histoire. Une autre voyageuse et moi somme TOUJOURS les dernières… mais toujours à l’heure. 

Les statues de marbre sont aussi très belles.  La plupart sont taillées dans un seul bloc mais une jolie danseuse et dans 2 tons de marbre. Elle est juste magnifique. On voit aussi plusieurs empereurs : Septime Sévère, son fils Carracala, Hadrien. On raconte que parfois, quand ils mouraient, on ne faisait que changer la tête… faut bien économiser un peu hein!

Ce musée est aussi le moment que choisit Kadir, notre guide, pour nous raconter les histoires de la mythologie grecque et romaine. Némésis, déesse de la vengeance, Tykhe, au départ déesse de la chance et de la fortune devenue protectrice des villes. Artemis et Apollon, enfants de Zeus et de Leto, dieux principaux d’Anatolie, Hermès et ses pieds ailés, qui a tué une tortue et un mouton pour se fabriquer une lyre, Hygieia, fills d’Asclépios, aussi douée que son père (de son nom vient le mot « hygiène », Kastor et Kioskur, fils jumeaux de pères différents, symboles de l’amitié… Bref, c’est génial de se faire à nouveau raconter toutes ces histoires. On raconte aussi qu’à l’époque, l’hôpital ne prenait que les gens qu’ils pouvaient guérir.  A un point tel que certains inscrivaient sur le fronton « aucun testament ne sera lu ici »… ça donne une idée.  Les malades refusés étaient condamnés.  On raconte qu’un jour, un malade refusé a tenté de se suicider avec du venin de serpent… mais qu’il a miraculeusement guéri. Depuis, le serpent est le symbole de la médecine. Chaque dieu a ses attributs… mais j’avoue que j’ai besoin d’étudier un peu pour les reconnaître!

Les statues sont magnifiques. Comme de coutume, je trippe sur les drapés, surtout ceux qui semblent presque transparents et collés sur le corps.  Non mais comment ils faisaient!!

La section théâtre est aussi superbe.  On y voit des objets retrouvés dans un théâtre, les bas reliefs, les statues qui étaient dans les niches et sur les colonnes… ça donne une bonne idée de comment était vraiment le théâtre d’Aspendos, même si les objets d’ici viennent d’ailleurs. Les sarcophages et les icônes sont aussi super beaux.  J’aurais aimé avoir un peu plus de temps.

On mange du poisson dans un resto un peu hors de la ville et par la suite, avec quatre personnes, nous décidons de revenir à l’hôtel à pieds en longeant la côte. Le guide nous avait dit que ça prendrait 45 minutes… on a mis 2h30!  C’est que c’était beau!  On a fait des pauses photos, on a mangé une super bonne crème glacée turque (celle qu’ils sortent du pot et mélangent sans cesse) et on a décrété à l’unanimité que le citron, c’était le top.  Les familles sont à la plage, les falaises sont très belles et on en profite pour magasiner un peu dans les ruelles d’Antalya, remplies de marchands et d’objets en tous genres… souvent des imitations. Ça fait du bien, parfois, d’être un plus petit groupe et nous avons passé un très très bel après-midi, en poussant la chansonnette, avec des harmonies, en plus.

Petite saucette à la piscine et nous retournons pour la visite guidée de la vieille ville d’Antalya, toute en pente, avec le port en bas. Auparavant, la ville était entourée de murailles où a creusées 3 portes.  La porte principale, près de la tour de l’horloge (qui n’avait, bien entendu, pas d’horloge à ce moment-là), la porte d’Hadrien et a porte de Hirdilik (orthographe aléatoire, d’une époque inconnue et qui servait, entre autres, de phare. La porte d’Hadrien est clairement la plus belle, toute sculptée avec ses trois arches. Le sol en dessous est complètement usé.  My god qu’il y  dû en avoir, des pieds qui ont foulé ses pierres devenues glissantes à force! Cette porte est super bien conservée car elle a été à une époque à l’intérieur de la muraille : on l’avait recouverte.  Elle est donc hyper belle maintenant. Kadir nous explique que les pierres bombées datent de l’époque héllenistique, les pierres plates de l’époque romaine et les petites briques sont des restaurations ottomanes, plus tardives.

À l’entrée de la vielle ville, une statue d’Attalos, roi de Pergame, qui a fondé Antalya, au 4e avant JC. Ils n’y ont été présent que pendant 2 siècles, toutefois, les romains prenant ensuite leur place.

Le minaret cannelé et la tour de l’horloge sont des symboles d’Antalya. Le premier date du 13e et faisait partie d’un grand ensemble.  L’horloge est plus récente (début du 20e, mais a été bâtie directement sur les murailles du 4e. Nous voyons aussi le minaret torsadé, en réparation. Il a brûlé mais sur ce site a déjà été un temple romain, une église chrétienne, et finalement, la mosquée de Korkut. Vive la récupération. Les petites rues sont super mignonnes en plein jour aussi. Il y a plein de cours verdoyantes, des cafés partout, des boutiques et plein de petites rues mystérieuses.  C’est très animé.  Je me fais même attaquer à coup de perche à selfie par une mamie asiatique qui semble se croire seule au monde! Mais c’est une autre histoire! La bonne nouvelle du jour, c’est que je reste raisonnable question achats. Je me suis trouvé un très beau foulard pour me couvrir les cheveux à Istambul mais j’ai résisté à tous les autres magnifiques foulards. Je sais, je sais, je n’en porte jamais… mais ils étaient BEAUX!!!! On verra si je suis toujours aussi économe au grand bazar!

Après le souper (le buffet est énorme et excellent), nous retournons nous promener dans la ville éclairée et aussi pleine de vie.  Je voulais me trouver des amis pour aller prendre un verre dans un bar de l’endroit mais ça n’a pas été une réussite!  Je voulais danser, moi!  On a fini par se partager une bouteille sur la terrasse de l’hôtel, et c’était aussi très agréable.  Le groupe est vraiment sympathique. J’ai de la chance!

Jour 66- Piscine et questions pour un champion

Ouf, le réveil a été pas facile ce matin. Me semble que j’aurais dormi un peu plus! Mais j’ai bien dormi.  Nous quittons Konya ce matin, pour une journée de bus, où Kadircan, notre guide, va répondre aux questions que nous avions écrites un peu plus tôt.  Ce sera donc une session de questions-réponses (que je placerai plus bas dans le billet). Nous , rapidement devant les bâtiments de Konya : marie toute neuve, immense hôpital neuf, station de train, où il y a les TGV vers Ankara et Istanbul. On est en plein à l’heure du trafic alors il faut un peu s’accrocher.

Par la suite, nous traversons les montagnes de Taurus (suite des Alpes), avec des routes qui serpentent et des paysages très très beaux. La chaîne de montagne traverse l’anatolie et la sépare en deux. Le climat est fort différent d’un côté et de l’autre et nous passons dans un coin beaucoup plus humide.  On va recommencer à parler d’humidex bientôt… et on en a besoin parce que j’ai rarement eu aussi chaud à 23h… on dégoulinait carrément. C’était impressionnant.

En chemin, nous nous arrêtons dans l’ancienne ville d’Aspendos pour visiter son théâtre gréco-romain du 2e, à l’époque de Marc-Aurèle, qui pouvait contenir 15000 personnes et dont la façade est très bien conservée.  Le théâtre grec était ouvert et était adossé à une montagne. IL était ouvert car il s’ouvrait avec la fête de Dyonisos, qui duraient une semaine. À l’époque romaine, c’était beaucoup plus court… une heure ou deux.  Du coup, les romains voulaient que les gens payent alors ils ont fermé le théâtre par une skena toute en marbre, souvent richement décorée à l’intérieur.  Séparée en trois étages, il y avait des bas reliefs relatant l’histoire de Dyonisos, tout en bas, et dans les niches étaient les statues des dieux et des déesses.  Sur les colonnes se trouvaient des statues des empereurs. Ça devait être magistral. À l’entrée, la tête de méduse, dont le regard transformait les ennemis en pierre, pour protéger le bâtiment.

Les entrées du peuple et des nobles étéaient séparées. Les bancs des spectateurs (cavea) étaient concaves pour améliorer l’acoustique et les acteurs, tous des hommes, portaient des masques à bouche ronde, avec du métal dedans pour servir de micro artisanal.  Et c’est vrai que l’acoustique est super.  Marie-Claire et moi (enfin, surtout Marie-Claire) avons chanté la chanson des choristes (moi en faisant des hmhmhmhm relativement justes… relativement étant En le mot clé) pour tester et sérieux, on nous entendait d’en haut!

Nous avons aussi pu voir l’aqueduc romain, qui avait deux étages et 8 km de longueur. Il descendait de 4 cm par km pour pouvoir amener l’eau à destination. On raconte que Zénon, un architecte, était tombé amoureux de la fille du roi, mais que son frère jumeau voulait aussi l’épouser. Du coup, le roi a fait un concours. Celui qui fait la construction la plus extraordinaire va pouvoir épouser sa fille.  Zénon construit le théâtre et son frère, l’aqueduc.  Au départ, le roi a donné la palme à l’aqueduc mais un jour, pendant que Zénon bougonnait à voix basse dans son théâtre, le roi l’a entendu de loin… et a changé de gagnant.  Bien entendu…  c’est OFFICIEL que ça s’est passé comme ça hein!  Ya aucune légende là-dessous!

Petit arrêt à un ancien pont romain (avec 12 angles au minimum… dont un de 90 degrés en plein pont) où une mariée (avec corset et robe meringue… elle devait 8 avoir chaud) se fait prendre en photo et c’est direction Antalya, où nous aurons un peu de temps libre avant de manger. À Antalya, la population de 1350000 habitants triple pendant la période estivale. On se croirait à Miami et il y règne une atmosphère de vacances.  On est au bord de mer et les gens sont beaucoup moins couverts.

Nous, on se garroche à la piscine.  Rien de moins.  Bon, l’eau est à 30 degrés mais avec la brise et la bière fraîche, ça le fait. J’ai vu « en vrai » mon premier burkini. Ce soir, je suis épuisée. On dirait que le bus m’a vidée. J’étais submergée de bruit. En plus, je me mourais de faim. Les gens n’étaient même pas tous arrivés que j’avais déjà enfilé ma première assiette, avec la ferme intention d’aller me coucher à 8h 15.  

Bien entendu, ça ne s’est pas passé comme ça et quand les gens ont proposé une balade « by night », je n’ai pas résisté, et j’ai fort bien fait parce que c’était vraiment beau et animé.  Les rues sont toutes petites, remplis de cafés avec des musiciens… on a même dansé un petit peu.  Un tout petit peu. J’ai spotté un endroit où j’aimerais bien revenir demain… on verra si je réussis à convaincre des gens. Nous sommes descendus jusqu’au port, et sérieusement, j’ai rarement été aussi trempée de ma vie. Tout le monde dégoulinait et avait l’air de sortir de la piscine! Rien de moins!

Allez, au dodo… et voici la séance de questions-réponses du matin!

Question : Qu’est-ce que l’œil bleu qu’on voit partout

C’est pour éloigner le mauvais sort et il y en a partout.  Les hommes ont aussi presque toujours un chapelet à la main pour occuper la main.

Question : Comment sont perçus les turcs qui habitent à l’étranger?

Ils sont bien perçus en Turquie car ils ramènent de l’argent au pays et vivent plus librement.  Dans leur nouveau pays, ils ont tendance à se regrouper entre eux mais les nouvelles générations amènent des nouvelles cultures.  Il est difficile pour les gens qui le vivent car ils sont étrangers dans leur nouveau pays… et ont quand même de la difficulté à se réhabituer à la vie en Turquie. Bien entendu, c’est variable d’une personne à l’autre.  La famille est très importante pour les turcs et quand on s’expatrie, c’est quand même difficile car la famille peut mettre de la pression (mode de vie, chrétienté de plusieurs pays d’Europe) et dire que c’est mal. À partir de la 3e génération, ça va beaucoup mieux.

Question : Quelles sont les relations actuelles entre la Turquie et la Grèce?

Maintenant, ça va mieux mais avec Chypre, c’est plus difficile, en raison des prospections pétrolières dans la méditerranée.  Du coup, ça chauffe un peu.  Chypre a une partie turque a une partie grecque. Le territoire a changé de mains plusieurs fois et la population s’est battue pas mal jusqu’en 1963. Chypre est coupée en deux entre le sud et le nord et les deux pays doivent résoudre les problèmes, même si les peuples sont séparés. Ça complique un peu les choses, disons. C’est plus calme depuis une dizaine d’années, mais il y a tout un historique.  Maintenant, les Turcs et les Grecs s’entendent beaucoup mieux. Heureusement. Plusieurs îles grecques sont très très proches de la Turquie et parfois, ça cause des jeux de drapeaux assez comiques sur quelques petits rochers près de la côte!

Question : Que s’est-il passé dans les années 2013-2014 pour que la Turquie soit considérée comme un pays dangereux pour les touristes.

En fait, la frontière était très mal contrôlée à ce moment C’était une passoire, en fait pour les terroristes islamistes, qui étaient davantage présents et qui venaient de Syrie et d’Irak. Certains attentats avaient eu lieu et les touristes avaient peur.

Question : Comment la Turquie réagit-elle face à l’intégrisme religieux des pays autour.

Selon notre guide, c’est un très grand danger pour le monde musulman. 80% des Turcs pensent que tuer quelqu’un pour les dieux, c’est du terrorisme. Selon le Coran, si tu veux aimer Dieu, il faut aimer tout le monde. Malheureusement, il y a une grande influence qui commence à s’étendre au monde islamique. Toutefois, quand les gens se disent « les musulmans sont des terroristes », ça augmente les réactions du côté des musulmans. En Turquie, 90% des gens ne croient pas à un régime islamiste, sont trop habitués à leur liberté et c’est contraire à leur admiration d’Attaturk. Bref, c’est compliqué… et pour les musulmans, ce n’est vraiment pas facile à vivre.

Question : Quelle est la vie artistique et artisanale en Turquie?

Avant, il y avait beaucoup de maréchals ferrants, mais c’est abandonné. Les cultures se sont industrialisées. La main d’œuvre coûte plus cher… et on fait faire vers la Chine! Par contre, les tapis sont encore tissés et la coutume ne se perd pas. La broderie est également très répandue, sur les vêtements, pour les trousseaux. Ça se modernise de plus en plus par contre. Dans le sud-est de la Turquie, une association de femmes travaillent le tissage de fils d’argent ainsi que beaucoup de savons. Ils tentent ainsi d’augmenter le niveau de vie des femmes du sud-est de la Turquie. À cet endroit, la condition des femmes est très difficile et elles sont presque considérées comme des esclaves. Des subventions sont donc données pour leur créer du travail et leur permettre de faire des études.

Question :  Parlez-nous de la littérature turque?

Oran Pahmuk a reçu le prix Nobel de littérature mais il est peu apprécié en Turquie. En effet, il affirme qu’il y a eu, dans l’est de la Turquie, un génocide arménien! Mettons que les Turcs ne sont pas d’accord.  Naz Mikmet est aussi un poète fort connu. Depuis les 20 dernières années, plusieurs écrivains émergent.  Toutefois, s’ils ne veulent pas être emprisonnés, ils doivent éviter la politique actuelle comme sujet!

Question : Et la peinture? Et la musique?

La tradition musicale varie beaucoup dépendant de la région de la Turquie.  Chaque région a ses rythmes et ses musiques pour danser.  Une pianiste et un violoniste sont aussi très connus. Il ya par contre peu de peintres célèbres internationalement.

Question : Comment ça se passe, pour les mariages et les divorces?

Officiellement, les turcs ne peuvent avoir qu’une femme.  Mais bon, si la dame accepte… ça arrive! Le concubinage n’est pas interdit, mais souvent, ils sont mal vus et les gens autour peuvent les emmerder correctement. On appelle la police pour bruit, pour maison close, bref, pour tout et n’importe quoi! Du coup, avant de vivre ensemble, on se marie, avec la robe blanche et les coutumes européennes! Pour le divorce, ils augmentent de plus en plus, en raison de l’amélioration de la condition des femmes. Avant, non seulement les femmes divorcées étaient mal vues, mais en plus, elles n’avaient rien pour survivre.  Actuellement, c’est plus facile. Si la femme demande le divorce, une audience et c’est fait. Si c’est l’homme, c’est plus compliqué!  Le mariage de même sexe n’existe pas et l’homosexualité est davantage vue comme une maladie, qu’il faut soigner.  Pour eux, c’est anormal, donc pas vraiment accepté, mais pas persécuté.

Question : Y a-t-il des programmes sociaux en Turquie?

Il y a une assurance chômage pendant 6 mois, parfois un an, si la personne a travaillé 2 ans sans arrêt dans la même entre prise pour pouvoir toucher. 12% de chômage en été et en hiver, ça monte vers 14-15%. Toutefois, l’argent destiné au chômage n’est pas perçu en totalité par les employés… disons que c’est un peu compliqué à comprendre et que comme partout ailleurs, ce n’est pas toujours clean clean!

Au plan de la santé, au chômage, c’est gratuit pendant 1 an. Ensuite, il faut payer. L’urgence est gratuite partout dans le pays. Pour les médecins, si c’est un hôpital de l’état, c’est gratuit et les médicaments en pharmacie coûtent 10-20% du prix si on a une assurance. Le taux d’imposition est d’environ 50% et il y a prélèvement à la source. Pour pouvoir vivre, il faut à une famille de 4 personnes environ 4500-5000 lyras par mois dans une grande ville. C’est le seuil de la pauvreté. Par contre, le salaire minimale est 2000 lyras… mettons qu’il y a un petit problème!

Question : Parlez-nous des droits des femmes en Turquie

Notre guide mentionne que les femmes sont les boss! J’en doute un peu, mais bon! Légalement, les droits des femmes et les droits de l’homme sont égaux. Les femmes ont le droit de vote depuis longtemps. Toutefois, pratiquement, c’est autre chose dans plusieurs familles, selon l’interprétation du Coran, les coutumes et les mœurs. S’il y a divorce, c’est moitié-moitié. Pour l’héritage, c’est la même chose. Égalité pour les garçons et les filles. À l’extérieur, l’homme semble souvent le chef et le montre… mais à la maison, paraît-il que l’homme rentre la queue entre les deux jambes! Dans la famille où nous avons mangé, devant les gens, l’homme ne fait aucun travail. Il demande à sa femme. Par contre, seul, c’est tout autre chose!! Il est aux petits soins pour son épouse.

Question : La Turquie est-elle laïque?

Yep, elle l’est toujours. Mais les imams sont payés par l’état et sont fonctionnaires. Attaturk a établi ceci pour pouvoir contrôler un peu les pensées et les actes de ceux-ci.  Mettons que des fois ça marche et des fois non!

Les priorités du gouvernement actuel?

  1. L’armée
  2. La religion
  3. La santé
  4. L’éducation
  5. Le tourisme

Question : Quelles sont les conditions de vie des Kurdes en Turquie?

Théoriquement, les Kurdes ont les mêmes droits que les Turcs. Ils peuvent être présidents, artistes… n’importe quoi! La première fois qu’on entend le mot Kurde, c’est 1200 avant JC.  C’est un peuple du moyen-orient.  Les Turcs sont venus après. Depuis toute cette période, il n’y a jamais eu de désir de former un pays Kurde dans cette région du monde.  C’est davantage venu dans les années 80. C’est le 3e parti politique du sénat de la Turquie et ils souhaitent un gouvernement plus régional (langue, coutumes). Ils veulent rester dans la Turquie, par contre, mais avec un système plus adapté. La Turquie n’accepte pas pour l’instant et ne veut rien céder, même s’ils acceptent tout le monde, avec les mêmes droits. Certains font ça avec la politique… et d’autres avec des armes, qui sont considérés comme terroristes par le peuple turc. La perception des choses est donc complexe.  Il y a des kurdes en Iran, en Syrie et en Turquie… et ils obtiennent les armes d’un peu partout. Selon notre guide, il y a un désir de prendre le contrôle de cette région pétrolière et les grandes puissances du monde aident différentes ethnies dépendant du moment.  Du coup, c’est compliqué et c’est davantage qu’une guerre d’ethnies.

Question : Quelle est la signification du drapeau Turc?

Le rouge : le sang. Le croissant : L’Islam. L’étoile :  les 5 principales règles de l’Islam.  Il y a aussi des légendes qui mentionnent que le croissant représente la lune, où Mahomet est allé à cheval pour parler à Dieu.  Les cinq principales règles de l’Islam, jurer qu’il n’y a qu’un seul dieu et que Mohamed est son prophète.  Le deuxième, donner 10% de son salaire aux pauvres ou 1/40 en Turquie. Le troisième… que j’ai oublié.  Le quatrième, le jeune du ramadan. Et le dernier, le pèlerinage à la Mecque pour ceux qui peuvent. On peut le faire pour nous-mêmes ou pour les autres, idéalement pendant la bonne période. Si on y va à une autre période, il faut y aller trois fois pour que ça compte. Ceux qui partent en pèlerinage ont pour habitude de colorer leur porte en vert, signe du paradis.  Il y a 5 prières par jour et l’appel se fait avec des vers très simples du Coran. Les prières peuvent être reportées si c’est impossible par contre! Celle du vendredi midi est la plus importante.

Question : Qu’est-ce que représente le minaret?

Le premier minaret est apparu au 9e siècle, une très grande tour pour envoyer la voix de l’appel le plus loin possible. Avant, on montait sur les murs. Le nombre de minarets dépend de la richesse du quartier ou l’importance de celui qui a fait construire la dite mosquée. Religieusement, ça n’a pas de signification. C’est une question d’apparence. Maintenant, c’est devenu partie prenante de l’architecture des mosquées, avec le croissant au-dessus. Par contre, maintenant, les mehdis ne montent plus dans la mosquée… le tout est fait au micro!

Jour 65 – Montgolfières et ville sous-terraine

Ce matin, ça aurait été l’anniversaire de Grand-mère.  Du coup, elle qui aurait tant aimé voir le monde, elle m’accompagne toute la journée ce qui me met les larmes aux yeux dans ces moments exceptionnels.  Parce que quel réveil! Quelle expérience!

Ce matin, c’étaient les montgolfières. Je n’ai juste pas de mots. On s’est levés à 4h du matin, mais ça valait la peine.  C’est beau, c’est beau!  J’avais les larmes aux yeux au décollage tellement l’expérience était intense.  En ballon, c’est calme, c’est doux et tout autour, la beauté.  Plus de 100 montgolfières à différentes hauteurs, les paysages majestueux et le lever de soleil.  Je ne savais plus où poser les yeux tellement c’était génial.  Je laisse les photos parler pour moi!

Le pilote, c’est tout qu’un pilote. Après le vol, ils a redécollé… pour nous déposer sur le trailer!

Nous retournons ensuite à l’hôtel, des ballons plein les yeux et fort animés malgré le réveil matinal. J’en profite pour écrire un peu, en prenant mon café et mon petit déjeuner.  Cet hôtel est vraiment propice aux rassemblements et c’est chouette.

Nous quittons donc la Cappadoce vers le sud pour atteindre Derinkuyu, ville d’environ 15 000 habitants. Ce qu’il y a d’intéressant, c’est que dessous, il y a une énorme ville sous-terraine. C’était jusqu’à tout récemment la plus grande de Turquie mais en creusant sous la ville de Nevsehir, ils en ont découvert une autre encore plus immense.  Il ne faut pas être claustrophobe, par contre, car on descend à 36m sous terre et la ville a environ 3 km de superficie.  Il y a plusieurs sorties, plusieurs puits d’aération, mais quand même!

On appelle l’endroit ville sous-terraine, mais en fait, les gens n’y habitaient pas.  Elle a été creusée entre le 1e et le 4e après JC, par les chrétiens, et elle servait à abriter le village quand il y avait des attaques romaines ou arabes.  La dernière occupation connue a été au 7-8e siècle et elle pouvait accueillir jusqu’à 10 000 personnes pendant 3 mois.  Toutefois, elle n’aurait jamais été habitée aussi longtemps.  Le premier étage (école, étable) était utilisé à l’année tandis que les niveaux inférieurs, reliés par des passages étroits, étaient faciles à défendre.  Dans l’ordre : l’étable, la défense, les cuisines, le dépôt, les chambres. Pour creuser une chambre, trois hommes prenaient 3 semaines avec les outils de l’époque. Ça donne une idée du temps nécessaire pour bâtir cette énorme ville! Sous elle, la nappe phréatique pour fournir les étages inférieurs.  Les étages supérieurs étaient eux desservis en eau par des aqueducs.

La visite est impressionnante, on travaille fort nos quadrideps parce qu’il faut marcher presque à 4 pattes dans d’étroits escaliers… mais on rit beaucoup!  Imaginez, il  y a des CHEVAUX qui se glissaient là-dedans.  Je me demande encore comment ils faisaient.  On est vraiment une gang le fun et certaines photos, que je ne pourrai pas mettre ici, sont hilarantes!

Nous reprenons donc la route vers Konya et nous nous arrêtons en chemin dans un énorme caravansérail en train d’être restauré. À l’époque, vers les 11e et 12e siècle, voyager entre les villes pour faire du commerce ou autre était fort long et aussi très dangereux. Les gens voyageaient donc en caravane pour se protéger ainsi que pour protéger les marchandises.  Il y avait de tout dans les caravanes.  Quelqu’un qui partait en voyage faisait une annonce et si les gens voulaient s’y joindre, ils pouvaient le faire.  Il y avait des chameaux, et un âne devant.  On calcule qu’une telle caravane pouvait faire 20 km par jour.  Il y avait donc des caravansérails à tous les 20 km.  La porte ouvrait au matin quand les comptes étaient bons et fermait le soir.

Celui que nous visitons date du 13e siècle. Une grande partie était ouverte et servait au commerce et l’autre, fermée, était pour les animaux. Il y avait un hamman, une cuisine et un dortoir, ainsi qu’une petite mosquée pour prier au centre (Mescit). La porte d’entrée est monumentale, toute sculptée et magnifique. Elle est ornée de versets coraniques, d’étoiles représentant le sultanat ainsi que plusieurs autres éléments de décor.

En route, petit stop dans une halte routière où les jeunes filles nous font danser puis c’est l’arrivée à Konya (dont le nom vient d’icône), ancienne capitale au 12-13e siècle, importante pour les chrétiens et les musulmans. La ville a 1 300 000 habitants et a 3 universités. La ville est restée très croyante, très religieuse et vit de l’industrie de l’automobile (pièces de voiture). À titre d’exemple, il y a autant de mosquées à Konya qu’à Istanbul… pour 16 millions d’habitants. Les gens sont aussi beaucoup plus couverts… et je me balade en chandail et en pantalon long. Notre guide nous racontait que quand il a commencé à boire et cessé de pratiquer autant (ex : manger au ramadan), certains l’attendaient à la sortie du resto pour le battre! Il y a aussi beaucoup d’agriculture aux alentours et c’est à 50 km d’ici qu’a été découvert le plus ancien village néolithique.

Nous allons donc visiter le mausolée de Mev Lana, le chef et le créateur de la secte des derviches tourneurs. Avant le musée était payant mais son fils mentionnait que c’était contraire aux croyances de son père que de faire payer.  Mev Lana venait d’une famille érudite et son père était connu comme le plus grand savant de tous les savants. Ils sont venus à Konya suite aux attaques mongoles en Perse. Le sultan Alaeddin 1e voulait des érudits à Konya. Mev Lana avait 25 ans et quand son père est décédé, il a refusé car pour lui, il n’y a pas plus grand mausolée que l’univers.  Par contre, le fils de Mev Lana, qui a fait connaître la pensée de son père, lui a fait construire un énorme mausolée. Il y a eu plusieurs offrandes de la part, entre autres, du fils de Soliman le magnifique, et il y a eu construction d’un couvent et d’une mosquée tout près.

Les derviches ne faisaient pas que danser (ou faire la sema, la transe ou le tournement… ils n’aime pas que nous disions danse). Ils ont plusieurs fonctions et ont dans leur philosophie de faire tous les métiers. En effet, comment aimer tout le monde si on ne connait pas bien   vie. Aucune secte ne peut ouvrir d’école, mais ils peuvent donner des cours de Coran.  Toutefois, Ataturk a aboli toutes les sectes en 1923 dans un souci d’égalité. 

Si quelqu’un voulait entrer dans la secte, il devait se présenter et premièrement, rester agenouillé 24h dans la cuisine pour voir comment ça se passait. S’ils voulaient rester, ils pouvaient et devaient passer des examens. Sinon, ils devaient sortir par une porte spéciale. Après les examens, pour savoir s’ils avaient réussi, les souliers étaient dirigés soit vers l’intérieur, soit vers l’extérieur. Il y avait plusieurs niveaux à monter dans la secte et la cuisine était un lieu d’apprentissage pour les derviches, surtout au niveau des règles sociales.  Nous pouvons donc visiter la cuisine et les cellules des derviches, maintenant devenues musée. Il y a de magnifiques considéré objets d’exposés, notamment des livres sacrés, des encensoirs, des chandeliers finement travaillés… bref, c’est super super beau et nous sommes trois à vouloir tout tout voir! Les autres ont un peu attendu… mais on était 7 minutes avant la fin du temps alloué.  Donc, on était pas dans l’illégalité!

La visite du mausolée est aussi très intéressante et il est richement décoré. Autant le rococo et moi, c’est pas l’amour fou, autant je trouve que les dorures, ici, c’est magnifique. On entre par une salle de lecture où on peut voir le vase sacré qui recueillait les premières pluies et ensuite, on se dirige vers la salle principale, où sont enterrés Mev Lana et son fils. Le tombeau de ce dernier est incliné car il se lève pour accueillir son père. Le sarcophage est symbolique parce que les musulmans sont enterrés dans la terre. Sa chambre funéraire a été fermée et n’a jamais été rouverte depuis l’enterrement, un empêchement survenant toujours. Le jour de sa mort, le 17 décembre, est comme le jour de sa naissance et est célébré.  On trouve aussi le coffre contenant la barbe de Mahomet (qui sentirait, encore aujourd’hui, la rose, ainsi que des livres superbement enluminés.

Après une petite balade à pieds dans la vieille ville et dans les marchés (où nous avons goûté le café turc aux pistaches… délicieux), nous nous rendons dans un grand marché (je ne sais pas si je vais encore manger du fromage après ça), où on veut tout nous faire goûter et où nous finissons par acheter des bananes et des figues.

Ensuite, direction hôtel pour le souper rapide avant de faire un Konya by night.  La fille de notre guide est étudiante en médecine dans cette ville et elle nous accompagne dans cette visite. Nous nous baladons dans des quartiers vivants et animés, pleins de magasins et de restaurants.  Nous passons près de la colline d’Alaeddin, où était autrefois le palais de ce sultan dont il ne reste aujourd’hui plus grand-chose et où se trouve un par cet une mosquée. On y a trouvé des vestiges d’une société datant de 5000 avant JC. Il y a aussi une très belle porte de Médersa, une école coranique, où ils enseignaient un peu tout à l’époque. La porte est gravée de versets du coran et, juste à côté le minaret mince, qui a déjà été beaucoup, beaucoup plus grand que ça.

Agréable balade… et hop, au lit!

La bâtarde d’Istanbul – Elif Shafak

Le pourquoi du comment

Parce que j’étais en Turquie et que j’avais envie de littérature turque. Du coup, j’ai lu Elif Shafak.

De quoi ça parle

Cette histoire de famille se déroule entre la Turquie et l’Arizona, avec le thème des relations entre les Turcs et les Arméniens en avant-scène. Elif Shafak a d’ailleurs été poursuivie en justice (et acquittée) pour ses propos qui, selon certains, dénigraient le peuple turc.

Nous suivons donc Asya, la fameuse bâtarde d’Istanbul, et sa famille, dont certains membres ont émigré. C’est une famille de femmes, dont tous les hommes sont morts jeunes. De l’autre côté de l’océan, Armanoush, dite Amy, qui se sent déchirée entre son père et sa mère. En parallèle, l’histoire du génocide arménien de 1915, qui a touché de nombreuses familles et qui ont laissé des traces. C’est donc une fresque familiale en terrain beaucoup moins connu que ce à quoi on est d’habitude confronté!

Mon avis

J’ai adoré. Nous avons droit ici à un merveilleux roman tout en sensibilité et en passion, qui réussit à rendre chaque personnage réaliste et attachant malgré ses failles, parfois immenses. On a ici affaire à des humains qui ont souffert du dit et du non dit, à des chocs générationnels et culturels et à une quête d’identité qui fera se rencontrer la famille turque et la famille arménienne.

Les mots choisis sont forts, chaque chapitre fleure bon les épices de Turquie et les références, tant culinaires que culturelles, parlent énormément à la voyageuse-qui-visite-la-Turquie que je suis. L’auteur réussit à nous transporter ailleurs avec ses mots, ses expressions ainsi que par les façons de penser et les réactions des personnages. Ici, personne n’est parfait, plusieurs sont convaincus de faire la bonne chose tandis que d’autres sont aux prises avec des conflits éthiques et sont en désaccord avec eux-mêmes. Certains fuient, d’autres cherchent, ça donne un ensemble très bien tressé, avec plusieurs points de vue différents.

C’est aussi un roman qui nous apprend beaucoup sur l’histoire de ces peuples, sur les diverses réactions que les événements ont suscités ainsi que sur les bouleversements politiques qui l’ont secoué. Il me manque quelques explications sur ce qui a amené cette diaspora au début du 20e, mais pour ça, je devrai faire des recherches. J’ai trouvé tout le côté romanesque que je voulais avec l’histoire… et je relirai l’auteure!

Jour 64 – Kama Sutra et Derviches tourneurs

Grosse journée aujourd’hui! Plusieurs activités, plusieurs occasions de dépense, mais j’ai été OVER raisonnable.  Une fois n’est pas coutume.  Et ce matin, j’avais fort bien dormi suite à mon changement de chambre.  Frais, agréable… j’étais une autre femme! Assez pour me lever à l’aube pour voir décoller les montgolfières!

On est partis de bon matin, direction la bijouterie.  Ici, les pierres qu’on retrouve le plus sont la turquoise (turquie, turquoise… j’avais jamais fait le lien) et la zultanite, qui change de couleur en fonction de la lumière.  Certains bijoux sont superbes… mais comme j’ai la vilaine habitude de perdre mes boucles d’oreilles, j’ai évité ce genre d’investissement. Je vais me contenter d’une imitation!  Certaines ont acheté de magnifiques objets par contre!

Ensuite, nous nous sommes dirigés vers la vallée blanche pour une autre randonnée. On s’était fait dire que c’était un peu rough au départ mais sérieusement, ça allait.  Ça n’allait peut-être pas pour tout le monde, par contre!  On en a vu certains sur les fesses… je ne nommerai personne, mais on peut se souvenir des pingouins!

La vallée est magnifique.  Officiellement, c’est la vallée blanche.  Pour notre part, on hésite entre vallée du Kama Sutras, ou vallée des Dieux.  Ou des Gods.  Ou Godes.  On a le choix!  Entre deux petites chansons (pas paillardes… je ne connais pas assez les gens pour sortir mon répertoire ici), on en a pris plein les yeux de formations rocheuses, de cheminées des fées et de tunnels creusés pour amener l’eau un peu partout dans la vallée.  Il faisait chaud, mais c’était une magnifique randonnée!

Nous nous sommes ensuite dirigés vers Uchisar pour un dîner chez l’habitant.  La famille qui nous reçoit sont des amis de notre guide Kadir et nous sommes installés dans la courette, sur des bancs, pour manger des délicieuses aubergines farcies et un gâteau au citron.  J’aime beaucoup la nourriture ici. On va se croiser les doigts pour qu’elle m’aime aussi!! Pour le thé, les hommes étaient installés sur les coussins comme des pachas, c’était de toute beauté!  On s’est fait servir le thé par des membres du groupe habillées en costume d’ici… charmant fou rire.  Ils étaient hyper sympathiques, toute la famille participait, c’était chouette. J’ai plein de photos… mais je ne les mettrai pas ici, on voit trop bien les gens!

Autre occasion de dépense, les tapis.  Là, je me suis retenue. Mais c’était beauuuuuuu!!  Les tapis turques sont en laine, en coton, en soie ou en bambou et faits main.  Il y a une trame, des fils pour les nœuds et un autre fil pour barrer la rangée de nœuds. Dépendant de la matière, il y a plus ou moins de nœuds et le motif est plus ou moins délicat. Les tapis de soie sont tellement beaux, c’est fou!  Les motifs sont anatoliens, variés en raison des différentes civilisations qui ont vécu en Anatolie. Ici, le nœud utilisé est le double nœud turc, ou nœud gordien.

Les femmes travaillent généralement à la maison aux tapis pendant l’hiver, pour ajouter un revenu à la famille.  En Cappadoce, on vit de l’artisanat, de l’agriculture et du tourisme.  L’hiver, les hommes font de la céramique et les femmes des tapis.  La plupart d’entre elles ont une base en tissage de tapis. Elles peuvent travailler 3-4h dans la journée, mais la plupart du temps 30 minutes d’affilée pour éviter les erreurs, même si elles surviennent et font l’unicité des tapis. La tradition se transmet de mère en fille et on croit que plus de 4 millions de dames en font en Turquie, surtout dans le centre et l’est, l’ouest étant plus développé économiquement.

Les tapis en Soie sont chers en raison du prix de la matière première.  C’est qu’il y a énormément de chute dans la fabrication de tapis.  On nous a réexpliqué la route de la soie et la façon de récupérer les fils de soie.  La fabrication était fort secrète en Chine jusqu’au 5e siècle alors qu’elle était connue depuis 2000 avant Jésus Christ.  Les moines ont été les premiers espions industriels et ils ont réussi à ramener quelques cocons! Et ça en prend, des cocons! Le vendeur était THE vendeur.  Sympathique, j’avais limite envie d’acheter un tapis pour lui (et me) faire plaisir.  Notre accompagnatrice a craqué et a acheté un MAGNIFIQUE petit tapis de soie… il est trop beau!  Je vous jure qu’il y avait une équipe de vendeurs pour nous, un petit verre de vin, et certains ont même testé les tapis… en se couchant dessus! Encore une fois, je garde la photo pour moi!

Petit arrêt à l’ancien village de Uchisar pour une pause photo et le guide nous a conseillé de goûter le yaourt avec du sirop de raisin et des noix.  C’était tellement bon!  Après avoir goûté au mien, il y a eu plusieurs adeptes, mettons!

Le dernier stop de la journée a été les derviches tourneurs.  Je pense avoir été la seule à vraiment aimer ça, la moitié des gens dormait! Bon, je passais mon temps à comparer la position des danseurs et à observer les instruments.  C’est fou, les quarts de ton dans la musique orientale…  les chants, la flûte… j’ai beaucoup aimé. 

Les Derviches sont nés à Konya, la ville sainte de Turquie. Ils sont très humanistes et naïfs et la danse est une façon de se rapprocher de leur dieu et de purifier leurs pensées. Un jour, un homme de Konya a entendu un marteau et a commencé à tourner. C’est par contre son fils qui a réglé la danse, les habits, et la façon de tourner.  La cérémonie signifie la vie d’une personne. Au début, ils ont un manteau noir, qui représente la terre.  Ils l’enlèvent pour représenter leur naissance. La robe blanche représente le linceul et le chapeau, la pierre tombale, pour ne pas oublier qu’ils vont mourir un jour et que leur mort sera le commencement de leur vraie vie. Cette vie est une préparation et sert à apprendre le don de dieu et à le partager aux autres.  Il y a 12 étapes de la vie, puis ils remettent leur manteau pour symboliser leur mort.  Ils tournent une main vers le ciel (prière, pour recevoir le don) et une vers le sol pour redonner l’offrande reçue.  On tourne pour le distribuer au plus de gens possible. La tête est penchée pour signifier la petitesse de l’homme devant son dieu.

Je pense que les asiatiques devant moi ont moins apprécié… l’une a joué à Candy Crush tout le long, avec la mautadite lumière de son téléphone allumé.  Je l’aurais assommée! Au moins, personne n’a ronflé (opéra de Pékin… souvenirs!)

Nous n’avons pas veillé tard ce soir… on doit se lever à 4h du matin, notre valise doit être faite.. bref, tout le monde a juste le goût de relaxer!  Demain, ce sera l’heure magique!!

Et nous baptisons la journée : le jour du Kama Sutra!

Jour 63 – Villes troglodytiques et églises rupestres

Oh que le réveil a été difficile ce matin!  D’abord, la chambre était super mignonne MAIS sans une goutte de vent, c’était une fournaise. J’étais flambant nue, étalée sur mon lit, à espérer un peu d’air… sans succès! Mais bon, c’est la vie, ce n’est pas la première fois depuis que je suis arrivée en Europe, mettons.  Sauf qu’en plus, il y avait une odeur.  Je suis zéro sensible aux odeurs mais là, l’odeur d’égoût… j’ai fini par devoir sortir de la chambre à 5h du matin pour avoir un peu moins mal au cœur.  Et c’est pas comme si on avait dormi hein… entre le coq qui s’y met (et qui n’a visiblement pas de piton « pause », les chiens qui jappent, la bataille de chats et l’appel à la prière en stéréo (ça, on le savait… mais j’ai quand même volé hors de mon lit à 4h30 du matin!), j’ai dû dormir en tout et pour tout 3h. Et je suis généreuse.  Du coup, j’avais un peu les deux yeux dans le même trou à mon arrivée au déjeuner. Ça fait partie du voyage, comme on dit… et on se crée des souvenirs. J’avoue avoir eu un méga fou rire toute seule dans mon lit quand les animaux se donnaient la réplique!

C’était donc la journée « animaux ». Après la nuit agrémentée des bruits de la faune locale, on a vu arriver un des membres du groupe blanc comme un drap pour cause de scorpion.  La veille, on avait jasé de nos hypocondries respectives et ce matin, imaginez-vous qu’il se fait piquer par un scorpion! Rien de moins.  Il a été à l’hôpital à la vitesse de l’éclair et pendant ce temps-là, on a checké ben comme il faut nos valises et notre stock et que no way que je me promène nu pieds à partir de maintenant!

La première balade du jour (par 38 degrés) était dans une jolie vallée dans le « pays des beaux chevaux » qu’est la Cappadoce. Le paysage est extraordinaire, complètement sorti d’un conte de fées.  Entre les couches de rochers aux coloris variés se dressent les fameuses « cheminées des fées » et nombre d’habitations troglodydiques. Comme la pierre résulte de plusieurs éruptions volcaniques, elle est parfois constituée de cendre  concentrée, ce qui la rend facile à creuser pour faire des habitations ou des pigeonniers. Une légende turque raconte qu’en Cappadoce vivait une population terrorisée par des géants et des animaux cracheurs de feu.  Les fées sont donc venues pour les aider et cohabiter avec eux, en apportant la glace et la neige. Les fées ont donc vécu dans les fameuses cheminées alors que la population était autour. Finalement, elles se seraient transformées en pigeons.  En fait, la présence d’une pierre solide au-dessus de la cheminée a permis de protéger de l’érosion et du vent la terre qui était dessous.  De là les formations en question.

Dans la vallée Uchisar il y a des pigeonniers, la vue est spectaculaire.  Peu importe où on regarde, c’est beau et on ne sait plus où donner des yeux.  Le sentier est un peu abrupt occasionnellement, ce qui nous fait faire quelques acrobaties et donne lieu à des conversations un peu hallucinantes!

Voyageur 1 : On est tout écartés, on a l’air d’un groupe de pingouins!

Voyageuse 2 : Un groupe de pingouins?  Où? Où?

Rappelons que nous sommes en Turquie. Et que la dite voyageuse – que je ne nommerai pas – a quelques post-doctorats à son actif!

Partout, on y voit la croix de Malte, symbole qui était associé aux premiers chrétiens. Le guide nous a expliqué quelque chose en rapport avec ce symbole et le mot poisson en grec (ictos), la superposition des caractères et le trèfle à quatre feuilles mais je devais être trop déshydratée pour m’en souvenir parce que c’est ma foi très flou dans ma tête!

Après avoir mangé un excellent repas dans un restaurant troglodytique, nous avons fait une petite balade dans la vieille ville de « chawuchin », maintenant désertée et occupée en partie par des boutiques.  Un peu partout nous voyons ces anciennes villes dans les rochers, avec la ville nouvelle juste en bas.  C’est magnifique, comme si le passé nous regardait.

En après-midi, nous avons visité le musée en plein air, où se trouve la citadelle du milieu ainsi que plus de 400 églises chrétiennes. Les chrétiens sont arrivés en Cappadoce vers le premier siècle après JC car il semblerait que le passage de St-Paul a été efficace question conversion. Toutefois, ils devaient se cacher et leur religion fut illégale jusqu’à l’installation de Constantin à Istambul, où leur religion fut permise.  De grands centres furent alors créés en Cappadoce, à Éphèse et à Istambul pour évangéliser les peuples. En Cappadoce, trois grands centres.  Celui que nous visitons, Ilhara et Gulsh.  Des monastères ont été creusés dans des rochers et nous pouvons d’ailleurs voir des réfectoires avec des tables creusées dans la pierre, la cuisine, avec le four au milieu, et les réserves. Ici sont passés St-Basile, St-Grégoire de Nicée et St-Grégoire de « nation ».  L’église a choisi l’orthodoxie au 10e siècle. Auparavant, il y a eu une période iconoclaste et toutes les représentations humaines ont été enlevées pour être remplacées par des symboles.  Ils furent refaits par la suite, soit en peintures murales, soit en fresques. Les chrétiens se sont ensuite dirigés vers les grandes villes jusqu’en 1923 où ils sont, pour la plupart, partis en Grèce en abandonnant leur ville.

Nous ne pouvons pas photographier les églises, et comme je suis arrivée trop tard pour passer à la boutique, j’ai pris des photos du livre qu’a acheté une autre dame du voyage.  Ouais, je suis glamour de même.  Mais certaines représentations de St-George et St-Théodore sont magnfiques (et très fréquentes car ils auraient été très présents en Cappacoce) et les peintures sont hyper émouvantes. Certaines images sont majestueuses.  Les églises sont de plusieurs styles, allant de la nef simple et du plafond plat des 6-7e siècle jusqu’aux colonnes et aux voûtes, en passant par les églises à trois nefs avec des dômes. C’est beau sans bon sens.  On se dépêche de jogger dans le site pour pouvoir tout voir et entrer dans tous les trous possibles (tssssss… ne pas mal penser… jamais je n’oserais, MOI!). Nous trouvons donc une église dédiée à St-Basile, une autre à Ste- Barbe (la fameuse sainte au châtiment barbare) et finalement, une à St-Onuphirus, ce saint souvent représenté avec une barbe, des seins de femme et un cache-sexe. En fait, c’est un homme, mais en voulant représenter la musculature de sa poitrine… ça a donné un drôle de résultat, mettons!

Fialement, juste avant de repartir, nous nous arrêtons dans une dernière église, avec des peintures et des fresques de deux époques différentes. Des pastels, plus anciennes et des bleues indigo, plus récentes et très bien conservées.  Il y a une belle nativité, une adoration des mages la pêche miraculeuse… c’est très impressionnant et très… bleu! C’est la seule fois que nous avons vu ce bleu dans ces églises.

Un petit arrêt dans la vallée des moines (vallée de St-Siméon, vallée des Schtroumpfs pour certains, vallée des phallus pour d’autres… on ne dira pas qui a dit quoi) pour visiter cet endroit venu d’ailleurs où des moines habitaient il y a plusieurs centaines d’années.  On a pu y voir plusieurs mariées et fiancées suantes qui prenaient leurs photos de mariage et nous nous sommes glissés tant bien que mal à l’intérieur des maisons creusées dans la pierre. C’était génial.

Dernier stop, l’atelier de poterie de Selim où nous avons eu droit à une démonstration… et où j’ai fait des dépenses.  C’était écrit dans le ciel, hein! Mais elle était TROP belle, l’assiette! Et c’est tout artisanal. Du coup, j’ai un peu craqué. Ceci dit, la personne du groupe qui a fait la démonstration nous a fait rire, c’était incroyable.  Elle a d’abord fait un gros phallus sans trop savoir comment elle en était arrivée là et tentait tant bien que mal de suivre les indications de l’artisan : fait un petit trou avec ton doigt… ok, deux doigts.. quatre!  Mets y le poing!  On en pleurait, c’était pas mêlant.  Pour faire l’anse du panier (parce qu’en fait, le pénis était un panier), elle semblait soit traire une vache, soit faire totalement autre chose… et on a eu vraiment mal quand elle a enlevé sans hésiter le bout du truc. Circoncision subito-presto!  Bref, on a vraiment, vraiment ri.

En arrivant, j’ai changé de chambre (elle ne sent rien) et j’ai fait ma tournée habituelle « punaises de lit », avant d’ajouter le plug in « recherche de potentiels scorpions » à ma petite routine.  Super souper, avec de délicieux baklavas…  et dodo!  On va espérer que les chiens aient pris leur pilule pour dormir ce soir!

Et nous baptisons la journée : Le jour du scorpion!

Jour 62 – Lac Salé et cheminées de fées

Journée de route aujourd’hui, alors que nous quittons Ankara pour la Cappadoce, région située au sud-est de notre point de départ. Nous avons plusieurs heures de route à faire et le guide en profite pour continuer l’histoire de la Turquie et pour répondre à nos questions.  Je vous avertis d’avance, tous les noms sont approximatifs parce que ce soir, le réseau est assez… aléatoire, disons. Je ne peux pas aller vérifier!

La Turquie, ce n’est pas un pays simple à appréhender.  IL y a eu tellement de populations différentes sur tellement longtemps qu’il est difficile de parler d’un « type » turc.  L’actuelle Turquie est surtout constituée de l’Anatolie, endroit où nous sommes.  Suite à toutes l’occupation du territoire à la préhistoire (voir le billet d’hier, je ne vais pas me répéter), la première population dont le nom est connu sont les Hatti, où chaque ville était souveraine et avait son roi.  De nouveaux peuples sont arrivés et au lieu de tout détruire, ils ont fait alliance avec les Hatti pour devenir les Hittites, empire qui a duré 600-700 ans. Bon, le guide a nommé leur capitale… et je ne devais pas avoir bien compris parce que dans mes notes, j’ai écrit « Hatti-machin ».  Je suis parfois d’une précision mirobolante!

L’empire s’est étendu pour se rapprocher des égyptiens, avec qui ils ont fait la guerre qui s’est terminée avec le premier traité écrit de l’histoire.  Bon, le problème, c’est que le gagnant varie selon le pays qui raconte l’histoire, mais c’est un détail, hein!

Par la suite, les Phrygiens ont chassé les Hittites vers le sud et ont étendu leur empire.  Suite à celui-ci est survenue la période noire de la Turquie. En fait, personne ne sait trop ce qui s’est passé pendant cette période de 150 à 200 ans, même si on s’imagine bien qu’il a dû se passer quelque chose.  Les Persans sont ensuite arrivés sur le territoire et ont tout détruit parce que bon… pourquoi pas, n’est-ce pas. Une première victoire contre les perses (en 350 avant JC) a été commémorée par la fonte de toutes les armes pour en faire un vase orné de trois serpents (et non pas un trône, comme dans d’autres contrées bien connues des geeks et geekettes) dont les vestiges sont aujourd’hui au  musée à Istambul.

Vint ensuite Alexandre le Grand, le lion de Macédoine, qui a repoussé les persans en Iran.  La légende raconte qu’il a tenté de contourner le problème du nœud gordien (le fameux nœud fait par les phrygiens à Gordia, leur capitale) en coupant la corde sans la dénouer. Une solution simple et rapide… pour une vite courte. Le territoire est ensuite passé aux mains de ses commandants qui n’ont pas fait long feu… et le territoire est passé aux mains es romans jusqu’au 11e siècle. Au 4e siècle après JC, Constantin, qui vivait à Istambul (Constantinople), a choisi de déménager la capitale de Rome à cet endroit, ce qui a amené la division et le début de la chute de l’empire roman, selon certains historiens, qui appellent cette partie de l’empire « Byzance ».

Au 11e siècle, les turcs arrivent de l’est de la Turquie et les arabes tentent des percées assez violentes pour faire avancer l’Islam. Puis, au 12e survient l’empire CELTUKIDE qui sera aussi chassé par les Mongols, qui ne laissent que ruine et désolation sur leur passage.  Vers 1300, le chef Ossman a rattaché à Bursa d’autres familles pour former l’empire Ottoman, qui durera jusqu’en 1923. L’empire s’est étendu jusqu’à Vienne, qu’ils n’ont jamais réussi à conquérir.  Pour se moquer de l’ennemi, ils mettaient les têtes des turcs et jouaiet avec… De là l’expression « tête de turc ».  On a aussi créé le croissant car le symbole était relié à l’Islam.  Eux, l’Islam ils le bouffaient.  Rien de moins.

Actuellement, Erdogan est à la tête du pays mais dans les villes, d’autres partis commencent à être élus. Les droits de l’homme sont à travailler car la Turquie est le pays européen où il y a le plus de journalistes emprisonnés… bien entendu, personne n’est emprisonné pour avoir critiqué le système… on a trouvé une autre raison. Le sénat a moins de poids et le président prend beaucoup de décisions seul.  C’est un homme avec énormément de charisme, qui parle le langage du peuple et sait citer le Coran.  Toutefois, il a privatisé beaucoup de choses avec garanties (hôpitaux, ponts) et l’agriculture et les usines se portent fort mal.  L’école est gratuite mais il existe un système privé très performant qui peut recruter d’excellents profs et offrir des bourses aux meilleurs élèves.  Il y a aussi beaucoup d’universités étrangères. Bref, il y a du travail à faire.  La population turque est aussi très divisée par rapport au sujet des réfugiés syriens… c’est tout un poème, comme dans plusieurs pays…

Après quelques heures de route, nous nous arrêtons au grand lac salé, qui est presque à sec à ce temps-ci de l’année. C’est hyper impressionnant, cette immense étendue blanche! Il produit une grande partie du sel de la Turquie encore aujourd’hui. Il a été formé il y a 50 millions d’années lorsque la chaîne de montagne au sud du pays est apparue, emprisonnant de l’eau salée dans les terres.  On se balade, on se fait un petit peeling des pieds sur le sel et des séances de pose. Au retour, petite séance lokums (que je n’arrive toujours pas à apprécier à leur juste valeur) et on se dirige vers le restaurant, dans la vallée … dont je ne me rappelle plus le nom. J’ai écrit I-machin… ça ne doit pas être ça hein! (après recherches… Ihlara!)

Le resto est vraiment beau, sur le bord de l’eau, avec des petits compartiments et des petits ponts pour traverser l’eau.  La pause est bienvenue et le cadre, le cadre.  Des fois, on a du mal à croire qu’on est vraiment dans un tel endroit.  En plus, le groupe est vraiment agréable et la chimie s’installe tranquillement. 

La suite de la journée est consacrée à une randonnée dans la vallée de l’Ilhara pour observer les cheminées des fées, formées par l’érosion. C’est spectaculaire.  Il y a des habitations troglodytiques partout, partout où l’on regarde.   Chaque village a sa « vieille ville » troglodytique, c’est fascinant.  La vallée est fascinante.  Nous pouvons voir les caves naturelles où sont conservées les aliments à température constante. Nous nous arrêtons dans une église du 9e siècle.  Il s’agit d’une église chrétienne, datant d’avant le schisme ayant divisé les chrétiens.  Elle date de la fin de la période iconoclaste (il fallait prier Dieu et personne d’autre). Pourtant pour les populations ne sachant pas lire, les images étaient une bonne façon de raconter l’histoire sainte.  Vers 830, on a pu à nouveau peindre des personnages, mais sans les yeux (ou le visage, selon les coutumes) pour ne pas emprisonner d’âme dans les images).  Les peintures sont faites au pastel et sont originales.  Elles sont très bien conservées et c’est à la foi émouvant et magnifique.  Je sens que je sur-utilise ces mots hein… vous n’avez pas fini!

Ensuite, direction l’hôtel, très typique, dans la ville de Mustafapasa, autrefois grecque mais laissée au départ de ceux-ci en 1923. Chaque chambre est différente, certaines sont voûtées, c’est hyper joli.  Nos chambres, les « single » sont un peu moins « typiques » mais grandes.  Je sens qu’il va faire chaud.  Dans la cour intérieure, c’est génial.  On peut y socialiser le soir et il y a aussi un petit pavillon avec un poêle pour discuter.  ON se sent vraiment ailleurs!  Demain, direction découverte de la Cappadoce!

Jour 61 – Ankara et Ataturk

Première vraie journée turque aujourd’hui, avec le groupe.  Nous sommes 22 personnes et je pense que je suis le bébé du groupe. Les gens ont l’air très sympathiques, je pense que ça va être cool! Ça me fait toujours bizarre d’être dans un bus et de n’avoir à m’occuper de rien. C’est tellement inhabituel!

Nous commençons donc la journée par la visite du mausolée d’Ataturk, figure emblématique et père de la Turquie moderne. Né dans l’actuelle Grèce,  Mustafa Kemal n’accepte pas la séparation de l’empire Ottoman entre les différents alliés après la première guerre mondiale et fonde la première république. Cet homme est hautement considéré par les Turc car il a travaillé pour le pays et a fait en sorte pour que je la jeunesse puisse continuer après lui.  Il est mort à 57 ans d’une cirrhose du foie, le 10 novembre 1938 à 9h05.  Tous les Turcs font une minute de silence chaque année à ce moment. Avant Ataturk, les noms de famille d’existaient pas en Turquie.  C’était machin, fils de machin.  Il a donc eu le premier nom de famille, qui voulait dire « père des turcs ». En face de lui est enterré son général Inonu (avec des points sur les voyelles), qui lui a succédé à la tête du pays et qui a bataillé dans l’ouest de la Turquie.

Le mausolée est composé d’une énome place où ont lieu des rassemblements pouvant aller jusqu’à 15000 personnes. S’y déroulent aussi beaucoup de cérémonies officielles.  Autour, le musée et quatre tours, chacune avec un thème représenté par un bas relief.  Au-dessus des tours, une pointe de lance et des fresques, qui représentent le toit et l’ornement des tentes. Au centre de la place, des motifs de tapis turcs et sur les murs, des fresques représnetant la guerre de Sakarya ainsi que la grande attaque.  Dans le mausolée, des pierres provenant de toute la Turquie et sous le bloc de marbre, une autre salle où repose Attaturk, entouré de vases contenant la terre de toutes les régions de la Turquie.

Le monument est sur une colline qui était autrefois dédiée aux tombes phrygiennes. Un architecte turc a gagné le concours et la construction s’est étalée de 1944 à 1953. Avant, le corps momifié d’Attaturk était dans le musée ethnographique. Au bout d’une longue rangée de « lions souriants », on retrouve l’espace muséal, dédié à Attaturk. On y voit des portraits, des cadeaux ainsi que plusieurs de ses possessions. Il avait une présence incroyable.  On y parle surtout de la guerre ayant mené à la république. Trois batailles sont présentées.  La 1e guerre, où ils ont tenu tête à la marine ainsi que la guerre de Sakarya et la grande attaque, contre les alliés en attaques isolées mais surtout contre les grecs, qui avaient une petite partie de la Turquie, à l’ouest.

Très belle visite, qui met bien la table pour comprendre la Turquie moderne.

Nous allons ensuite manger et marcher un peu dans la vieille ville d’Ankara. On nous avait parlé de 6 km, mais pokémon go fait dire qu’on en a marché seulement 2,6.  La vieille ville est entourée de murailles qui sont présentes depuis la période hittite (1200 à 1400 ans avant JC), bien qu’elles aient été reconstruites plus d’une fois. C’est plein de petites rues!!  On mange hyper bien (et hyper beaucoup)… quand on a vu arriver le plat principal, on pensait que le repas était terminé depuis un moment! Ça n’arrêtait jamais d’arriver! Les baklavas turcs sont une tuerie! Dans le resto, il y a TELLEMENT d’époussetage à faire chaque semaine… c’est fou!! Je ne sais pas comment ils font pour garder tout ça impeccable.

L’après-midi est dédié au musée de l’Anatolie, qui a une MAGNIFIQUE collection d’objets de plusieurs époques, jusqu’au paléolithique. C’est vraiment impressionnant de voir ces artéfacts venant de villages de plus de 9000 ans (Catalhoyuk… orthographe aléatoire) et de temples de 11000 avant Jésus Christ (Gobekli tepe). La maison préhistorique, collée sur ses voisines avec une ouverture dans le toit pour entrer imitait les grottes qu’ils connaissaient et les gardait en sécurité. Ils avaient l’habitude d’enterrer les morts dans la maison (les enfants au centre, les vieux sous les bancs) après avoir laissé les vautours dévorer la chair.  Plusieurs peinntures murales ont aussi été trouvées.  Je trouve ça  hyper émouvant, ces peintures. 

Aussi, plusieurs représentations de la déesse mère, qui varient avec le temps.   À l’âge de bronze, la terre était représentée comme étant ronde, sur la tête d’un taureau. Quand le taureau bougeait la tête de mécontentement, la terre tremblait.

D’autres parties du musées rappellent l’époque où les marchands assyriens ont amené l’écriture (cunéiforme) et les tablettes sont juste super belles.  Par la suite, l’empire Hittite, de 1750 à 1200 avant JC, ont fait la guerre aux égyptiens et la paix a été confirmée par le plus grand traité écrit de l’histoire. 

Puis, les phrygiens chassent les hittites, avec le fameux roi Midas aux oreilles d’âne.  Selon la légende, Marcias (ou Pan, dépendant des versions) a trouvé une flûte et en jouait tellement bien qu’il a attiré l’attention du dieu Apollon. Celui-ci a donc lancé un défi et a érigé Midas en juge, pour savoir qui jouait le mieux.  Midas a élu Marcias et Apollon, fâché, lui a mis des oreilles d’âne, plus grandes, pour qu’il puisse mieux entendre.  De là le bonnet phrygien pour le cacher!

Dans la dernière partie du musée, située dans un bâtiment datant du moyen âge, des bas reliefs hittites, récupérés partout en Turquie. C’est intéressant d’y voir des ressemblances avec l’art égyptien.

Et ensuite, c’est pause à l’hôtel. Comme je suis la seule à ne pas être décalée, je suis la seule be ben en nerfs… mais je suis encore trop peureuse pour aller me balader toute seule dans la ville! Je sais, pas beaucoup d’anecdotes drôles… mais je me tiens tranquille… pour le moment!

Jour 60 – Turkish Airlines et Ankara

Je. Hais. L’avion.

Et tout ce qui va avec.  Mais je suis bien arrivée à Ankara, j’ai récupéré mon groupe, envers et contre tous. Cette histoire, c’était n’importe quoi.  Il faut savoir que je rejoignais le groupe ce soir, à 19h, à l’aéroport d’Ankara. J’avais booké (à prix d’or, je l’avoue), un vol direct Paris Ankara pour être certaine de ne pas avoir de problème. Il arrivait 90 minutes avant le vol du reste du groupe… tranquille quoi.

Sauf que non, en fait.

La veille, bien à l’avance, comme il faut, je tente de m’enregistrer.  Impossible.  Aucune place disponible.  Moment de panique, comme vous pouvez vous l’imaginer.  On me dit d’un côté que le vol est surbooké et de l’autre, ils vendent encore des billets sur leur site.  Essaie d’appeler le service à la clientèle : ce numéro (surtaxé à 2,99 la minute) n’existe pas. Essaie les comptoirs, fermés, et pas de répondeur.  Essaie le courriel : trop plein, veuillez réessayer plus tard.  Bref, aucun moyen de rejoindre personne et gros stress, quand même… non mais… je finis par rejoindre l’agence à Montréal, qui va faire le lien avec le groupe.  C’est toujours ça de gagné… mais je suis un peu down, mettons.

Je me suis donc levée très tôt pour tenter de régler le tout à l’aéroport.  Je vous le dis tout de suite, ça donne rien. J’aurais été mieux d’arriver à l’heure prévue parce qu’avant, ils ne pouvaient rien me dire.  Je fais la file une fois (75 minutes), on me dit que c’est trop tôt, que je dois refaire la file à 10h30. Je retourne donc à 10h… et je me retrouve en plein milieu de la file pour Ankara (attente de 90 minutes). J’aurais sacré.  Mais en arrivant au guichet, aucun souci, j’ai une place, ils ne savent pas pourquoi je ne pouvais pas m’enregistrer avant.  Tout ça pour ça.

Ensuite, il faut encore attendre pour la douane. Ensuite pour la police et la vérification… et là, on apprend que l’avion est retardé à 14h.  Puis 14h15.  Finalement, 14h45, on n’est pas encore embarqués. Je stresse parce que je vais faire attendre le groupe et je m’imagine déjà prendre un taxi jusqu’à l’hôtel (j’ai fait les recherches en patientant)… mais ouf, ils m’attendaient.  On a attendu 45 minutes sur le tarmac aussi… et on a eu droit à « y a-t-il un médecin dans l’avion ».  Bref, 13h d’aéroport et d’avion pour un vol de 3h45.  Soupir.

Ceci dit, je suis arrivée.  Encore un peu moins fatiguée que les autres qui sont sur le décalage, mais crevée quand même.  Kadir, notre guide, travaille avec Traditours depuis des années et il nous parle un peu de la ville d’Ankara dans le bus. Ville « ancienne mais moderne » de 5 millions d’habitants, elle est très peuplée en raison de l’exode des villages vers les villes.   Ankara est la capitale depuis 1920, après la révolution et la chute de l’empire Ottoman.  Le nom de la ville a plusieurs origines possibles.  Soit Ankyre (ancre de bateau) parce qu’on en fabriquait dans le coin ou encore que selon la légende, tout près, habitait le roi Midas, qui avait découvert l’ancre du bateau de l’arche de Noé.  Une autre théorie et que ça viendrait de Angora, pour les chèvres angora. La ville aurait pris le nom de la chèvre et le chat le nom de la ville!

Bref, souper à l’hôtel… et dodo!  À demain!

Jour 59 – Rodin et panne de métro

Dernier jour avant de partir… et il fait encore 40 degrés! J’avais pensé pouvoir retrouver Stéphanie mais je ne parviens pas à la joindre et en plus, je suis un peu à l’autre bout de Paris. La matinée se passe à faire quelques courses (un paréo, un portefeuille… des cossins, quoi), sur la route avant d’aller rejoindre Delphine pour manger près de son boulot. Oui, je suis allée à pieds. Marcher, c’est mon truc!

Nous mangeons donc chinois près du bureau de ma logeuse. Yep, dans ce coin, c’est le seul moyen de manger abordable. Sa collègue a bien envie d’entendre l’accent québécois alors je me suis portée volontaire. Je partage mon accent avec plaisir, comme toujours!

Imaginez-vous que Delphine travaille tout près du musée Rodin, né au milieu du 19e siècle. Moi, je dis que c’est un signe! J’en profite donc pour aller m’y balader, vu que j’ai tout mon après-midi devant moi (ouais, elle m’abandonne traitreusement pour aller travailler).  Je n’y avais pas mis les pieds depuis au moins 10 ans et je redécouvre avec joie, sous un ciel magnifique, les œuvres du sculpteur. Je n’avais jusqu’alors jamais réalisé à quel point il reprenait ses motifs dans différentes sculptures et je n’avais pas réalisé que plusieurs de ses œuvres les plus connues figuraient aussi dans la fameuse porte de l’enfer, exposée dans le jardin, grande œuvre de la vie de Rodin.

Dans les pièces, plusieurs œuvres maîtresses et beaucoup de travail préparatoire. Voir le modèle de l’Age d’airain et la statue, c’est impressionnant. Même si je ne vous dirai pas quelle est la différence principale, selon moi! J’adore voir les différentes vues des bourgeois de Calais (qui sont aussi sur le côté du Parlement à Londres… j’avais oublié) et je tombe en amour avec les petites sculptures de marbre vert de Camille Claudel, surtout Les causeuses… on a l’impression que c’est taillé dans du jade. L’âge mûr est aussi très évocateur. Certaines pièces de la maison sont meublées comme à l’époque, avec les collections de Rodin installées comme elles l’étaient, ce qui donne au tout une atmosphère très particulière. Bref, c’est chouette.

Je termine par une longue balade dans le jardin pour aller dire bonjour à Balzac et aux statues grandeur nature. C’est vraiment très beau et je réalise que la sculpture et moi, on est vraiment très copains!

Le retour se fait à pieds pendant un bout, en faisant un petit arrêt à l’église St-Germain-des-Prés, à laquelle je n’avais pas rendu visite depuis un moment. Ancienne abbaye, il y a trace d’une église à cet endroit depuis le 6e siècle et certains éléments de l’église actuelle datent du 10e. Comme il y a eu pas mal de restaurations, c’est encore une fois un mélange d’époques assez particulier. L’église est hyper grande et j’aime beaucoup le chœur, qui semble encore gothique, malgré quelques petites « améliorations » par la suite. Et maintenant, ils la repeignent… c’est hyper beau! (Et là, je viens de lire pendant 45 minutes sur l’église au lieu d’écrire le billet… et il y a tellement d’informations que j’abandonne l’idée de tout vous dire. Maman, va falloir fouiller!)

Le retour dans le 18e est totalement épouvantable par contre.  Train qui arrête pendant 20 minutes à toutes les stations… et qui nous dit, arrivés à Barbès, que finalement, le train va arrêter ici! Il y a un colis suspect quelque part. Marcher de Barbès à chez Delphine, ce n’est rien, je le fais quotidiennement. Mais marcher la même distance dans une file de personnes excédées et qui étaient coincées comme des sardines dans un métro pendant près d’une heure, c’est autre chose. Ça gueulait… et ça marchait au pas, croyez-moi!  Je n’ai jamais aussi contente d’arriver de ma sainte vie!  Ceci dit, le dîner m’attendait… j’ai vraiment une hôte hors pair!