Tranche de vie – mes bibliothèques et moi

Avant… le « après » n’est pas encore arrivé!

Ceux qui me suivent sur Instagram ces derniers jours savent que l’épisode en cours est « je range mes bibliothèques ». Et ceux qui sont déjà venus chez moi – et qui, accessoirement, ont déjà été attaqués par une pile de livres traitresse – savent que ce n’est pas du luxe. Bref, la maison est un joyeux bordel, je suis engloutie par la poussière et je me demande vraiment si mon dos va survivre à cet épreuve. 

Pour la petite histoire, je blogue depuis 13 ans maintenant. Bon, ça va faire 13 ans dans 2 semaines. Comme presque tout le monde au début, je me suis laissée entraîner dans une folie acheteuse. Je faisais des Book Hauls aux 2 semaines, je ne savais pas refuser un SP, et même si je lis environ 200-250 livres par an, ma pile à lire est devenue exponentielle. J’avais d’ailleurs développé un système de comptage… plutôt déculpabilisant. Du coup, dans ma pièce bibliothèque, ya du monde à’ messe!

Aussi, parce que je suis un peu psychorigide, j’avais décidé de classer par ordre alphabétique. Pour une raison que je ne saisis pas encore aujourd’hui, je séparais adulte et jeunesse mais autrement… ordre alphabétique. Anglais, français, poches et grands formats mêlés. Visuellement? De la totale schnoutte. Sauf que pour se retrouver, c’était very facile. Bon, dans mon cerveau bizarre, je tentais de faire fitter l’organisation avec la position (très fixe) des lettres de l’alphabet dans mon cerveau (qui correspond à un casse-tête que j’avais à 2 ans… faut pas se poser de question), ce qui fait que PERSONNE D’AUTRE QUE MOI ne savait où étaient les livres. Malgré l’ordre alphabétique. Bref, je n’ai jamais dit que j’étais une fille simple.

J’imagine que vous voyez aussi venir le problème. Après un moment, placer un livre devient… compliqué. Imaginez que vous ayiez un livre en « M » à classer. Et qu’il n’y a pas de place sur l’étagère « M » (story of my life). Ni sur celle d’avant. Ou d’après. Juste imaginer un déplacement de 25 bouquins ou encore un exercice de force pour squeezer un livre dans une étagère où il n’y a – visiblement – pas la place me déprimait. Du coup, je finissais par les empiler sur une étagère au hasard. Ou mieux, sur le plancher. Sinon c’est pas drôle. 

Donc, je réorganise. Job titanesque. J’ai 17 bibliothèques. À date, j’ai fait la jeunesse te la pile à lire. Défense de rire. 

Tout ça pour dire que ça occupe mon cerveau (bizarre, le cerveau, comme je vous l’ai déjà dit). Cette nuit, j’ai donc rêvé que je faisais des châteaux de cartes, mais avec des livres. Et que je finissais enterrée par les dits livres qui m’attaquaient avec leurs petites pages et qui déléguaient les hardbacks pour me taper sur le crâne parce qu’ils n’étaient pas contents de leurs nouveaux voisins. Ils voulaient aussi alerter la DPJ pour « abandon » vu que je me débarrasse de plusieurs de leurs copinous. Voyez-vous, je suis certaine que les livres jasent et se font des partys entre eux dès qu’on a le dos tourné. Après Toy Story, Bookshelf Story?

Je me suis donc réveillée un peu paniquée à 4h50 du matin. De là ce billet « comme dans le bon vieux temps »!

Et vous, vous classez comment? Vous le faites souvent?

 

 

 

La princesse qui n’aimait pas les princes charmants – Roland / de la Croix

J’aime bien les gens et les choses qui sortent de l’ordinaire. Vous me direz que ce n’est pas original, mais dans ce cas précis, une princesse qui ne veut absolument rien savoir de ce que l’on veut lu imposer, vous pouvez vous imaginer que ça me parle. Je comprends parfaitement les gens qui veulent avoir la sainte paix!

Albertine-la-princesse va à l’école des princes et des princesses. En plus, elle y est hyper douée. Le seul problème, c’est qu’à cette école, il y a les princes. Et les princes, avec leur sourire niais et leurs habitudes désagréables (non, mais un cheval en classe, ça pue, non?), ils lui tapent plutôt sur le gros nerf. Et le PIRE? Son roi de père s’est mis en tête de la marier… et je vais laisser découvrir comment il compte trouver le bon prince!

Avec ses airs de Cendrillon joyeusement détourné, ce conte faisant partie de la collection « qui n’aimait pas faire comme tout le monde » a d’abord été choisi pour intéresser ma Charlou-Nièce pour qui être une princesse, idéalement habillée en rose et mauve, c’est LE but de la vie.  Elle a beaucoup ri des maladresses des princes (qui lui ont – bizarrement – fait penser à ses frères), bien aimé les expressions catastrophées d’Albertine et ses fausses bonnes idées. J’ai pour ma part trouvé ça hyper drôle (oui, j’ai un humour d’enfant de 5 ans et je le revendique), accessible, en plus d’ouvrir une discussion intéressante. Est-on obligé de vouloir faire comme les autres? 

L’orthophoniste en moi vous dira aussi qu’il y a un vrai schéma narratif, avec un problème clairs, des idées qui ne fonctionnent pas et une vraie fin. Un peu difficile à déterrer sous les flots d’humour et de blagues, mais c’est quand même intéressant à exploiter avec les enfants. En plus, si on pousse un peu et que l’on demande, les idées que les jeunes trouvent pour éviter les princes sont ma foi hilarantes, au grand plaisir de l’intervenante qui doit se cacher derrière son masque (pandémie oblige) pour ne pas trop rire.

Je vais certainement tenter d’autres albums de cette collection. Le doudou, le hat, le pou… et même la maîtresse, je pense bien que je passerais un bon moment!  Chez Splash!

Fairyland – Alysia Abbott

Le comment du pourquoi

Je pense que c’est la photo qui m’a attirée au départ. Je ne suis pas au départ hyper attirée par les « memoirs » mais je suis nez seulement quelques années de moins que Alysia Abbott et cette période me touche particulièrement. Ado, j’avais une peur bleue du sida, surtout pour mes amis gay. J’étais outrée de voir que toute une communauté mourait et que personne ne semblait vouloir lever le petit doigt et en même temps, je freakais. Mais vraiment. Bref, encore aujourd’hui, je ressens le besoin de lire à propos de ces gens, pour qu’on n’oublie pas.

De quoi ça parle

Alysia Abbott a été élevée à San Francisco dans les années 70, par son père, un poète gay, après la mort accidentelle de sa mère. Vingt ans plus tard, elle écrit son histoire, leur histoire à tous les deux, de son enfance dans ce monde à part qu’ils ont construit à la mort de celui-ci du sida. Et c’est bien.

Mon avis

Si vous êtes rendus là dans mon billet, vous savez que ça m’a plu. L’autrice nous parle surtout de son père, certes, qu’elle a redécouvert par le biais de ses journaux après sa mort, mais avec qui elle a toujours eu une relation particulière, autant pendant son enfance qu’après son départ, par le biais de lettres à coeur ouvert, parfois assez différentes de ce à quoi on s’attendrait entre un père et une fille. (Cette phrase est interminable. Sorry.) Leur relation entière est atypique, en fait. Alysia vit dans un univers adulte, un univers de poètes, un univers queer, où les règles sont mouvantes, quant elle existent. Ils sont bohêmes, souvent fauchés Alysia est trimballée d’une lecture à l’autre, ou alors est gardée par l’un et l’autre quand son père participe à des manifestations. Elle fait partie de cette communauté gay de San Francisco, elle va la voir s’épanouir, briller et s’éteindre… et le tout est très émouvant.

Alysia Abbott ose se mettre en danger avec ce témoignage. Elle ne se dépeint pas comme une fille parfaite et ne dépeint pas non plus son père comme un père parfait. Il a une petite fille, il ne sait pas trop comment faire, est souvent égoïste, plus souvent encore immature, pris dans son travail et parfois peu réceptif aux besoins de sa fille, qu’elle soit enfant ou adulte. Leur relation est étrange mais ô combien poignante, surtout que nous savons très bien, dès le début, comment ça va se terminer.

Mais surtout, elle peint un portrait vibrant de cette génération d’hommes qui ont été sacrifiés dans le silence odieux. On a dit qu’ils l’avaient bien cherché, qu’ils étaient punis et qu’Il fallait surtout qu’ils évitent de contanimer les « innocents ». On a tardé pour la recherche, pour publiciser, pour donner accès au traitement. Sous la plume d’Alysia Abbott, ce monde reprend vie, cet univers d’écrivains et de militants, le tout vu à travers les yeux d’une enfant qui doit, malgré tout, vivre avec les secrets et les préjugés et qui s’est longtemps sentie inadéquate sans comprendre pourquoi.

Un témoignage à lire, et je le revisiterai probablement, mais en anglais. La traduction est certainement parfaite pour un européen mais pour une québécoise, c’était parfois étrange de devoir chercher les références… alors que ce sont en fait les miennes!

Du bon!

Songe à la douceur – Clémentine Beauvais

Le comment du pourquoi

Ceux qui me suivent depuis longtemps savent que je voue un amour fou à Eugène Onéguine, de Pouchkine. Mais, vraiment. Je me rappelle le regard éberlué du copain que j’avais à l’époque quand je m’étais levée de mon bain pour déclamer très théâtralement – et accessoirement, complètemente à poils – certains vers particulièrement magnifiques. Bref, une réécriture de ce long poème, pour moi, c’était une évidence.

De quoi ça parle

La première fois que Tatiana a rencontré Eugène, elle avait 14 ans et lui 17. Il était ami avec Lansky, qui était l’amoureux de sa soeur Olga. Elle vivait à travers les personnage de ses romans et il vivait à plein son spleen, son détachement et son profond ennui. À 17 ans, il avait tout vu, était blasé de tout. Elle va tomber en amour, of course, avec toute la candeur et la naïveté de l’adolescence. Mais, clairement, ça ne va pas bien se finir.

La deuxième fois que Tatiana a rencontré Eugène, elle a dix ans de plus, et lui aussi. Elle est chercheuse en histoire de l’art, il est consultant. Ils ont tous deux bien changé. Est-ce que ça va finir différemment?

Mon avis

Qu’est-ce que j’ai pu aimer! Je m’attendais à bougonner un peu, parce que bon, c’est quand même un peu sacrilège de s’attaquer à Eugène Onéguine (je connais davantage la version Pouchkine que la version Tchaikovsky). Mais que nenni! Cette réinterprétation est intelligente, très sensible, mais elle contient aussi beaucoup d’humour. Clémentine Beauvais a même réussi à nous offrir une version réussie de la fameuse voix de l’Auteur de Pouchkine. Je me suis régalée.

Nous sommes ici à Paris. La campagne est devenue banlieue (ouais, pour plusieurs parisiens, la banlieue, c’est la campagne), les personnages ont changé d’âge, ne sont pas tout à fait si éloignés socialement. Sérieusement, la façon dont certains événements sont transposés à l’époque actuelle est hyper ingénieuse. Je ne peux pas vous dire de quoi je parle exactement, mais disons que je me demandais comment certains fait importants allaient être traités. Et c’est top.

Il y a un vrai effort de mise en page, nous sommes aussi dans un roman en vers (libres, cette fois), et il y a un je-ne-sais-quoi dans la façon de présenter le texte qui fait écho à ce qui est ressenti par les personnages ou le lecteur. On saute du passé au présent, l’Auteur s’amuse un peu avec le lecteur et c’est bourré de références littéraires. Ce que j’adore, of course.

Bref, je suis conquise. Ici, le côté critique sociale de la pièce d’origine est beaucoup moins présente, mais il y a des moments déchirants, une réelle évolution des personnages… et j’ai fini avec un sourire idiot sur le visage.

Un plaisir à déguster!

Paris Méconnu – Éditions Jongle

Si vous me suivez ou – espèce de chanceux – vous me connaissez en vrai, vous savez que je connais assez bien Paris, et que c’est ma résidence secondaire. Sans être parisienne, je commence à être un pas pire guide pour les gens qui visitent pour la première fois et quand j’ai une journée toute seule, j’adore me balader sans but précis, et découvrir des anecdotes et des coins de rue mignons.

Donc, l’an dernier, quand j’ai squatté mon amie Delphine (qui ne blogue plus… vilaine) pendant quelques mois, ce guide a été celui qui m’a accompagnée pendant mes pérégrinations parisiennes, quand je décidais de débarquer dans un quartier.

Dans ce guide, on ne vous parlera pas du Sacré-Coeur ou de Notre-Dame. Une première visite? C’est pas le bon guide pour vous! On va plutôt attirer votre attention sur des petits détails ou des endroits moins connus. C’est classé par arrondissement, on a droit à des anecdotes, à quelques explications, et j’ai adoré cherché les détails de façade et les adresses. Bon, on ne peut pas accéder à tout, mais j’ai ça m’a vraiment plu de m’imaginer ce qui se passe derrière les façades ou les barrières closes. Pour une fille dont le sport préféré est de tenter de s’incruster dans les cours intérieures quand les portes cochères sont ouvertes, vous pouvez imaginer à quel point ça me plait.

On attire donc notre attention sur des façades extraordinaires, des sculptures, des jardins ou des détails de vitraux. J’ai joué à cherche et trouve sur les façades du Louvre et de bâtiments divers et variés, je me suis imaginé le passé lointain de certaines adresses et j’ai recherché les signes révélateurs et tenté de décrypter des symboles et vestiges d’un temps révolu. Un escalier extraordinaire, une sculpture de demoiselle du téléphone, ou vu de magnifiques verrières dans des endroits où je n’aurais jamais osé entrer autrement.

Bref, un guide un peu différent, qui peut accompagner les pérégrinations des parisiens ou de ceux qui connaissent bien!

Le chant du Troll – Pierre Bottero / Gilles Francescano

Le comment du pourquoi

Sérieux… je n’en ai aucune idée. J’ai emprunté ce roman tout imagé à la bibliothèque… mais j’avais dû le voir quelque part, non? Sinon POURQUOI je serais trombée là-dessus sur le site de la biblio pendant le confinement? Bref, je ne sais pas du tout!

De quoi ça parle

Lena est une fillette qui se sent invisible. À la maison, son père est collé à son ordinateur du matin au soir et sa mère n’en peut plus. À l’école, elle fait partie de ceux que l’on ne remarque pas. Un matin, elle se lève sous un ciel fantabuleux, la végétation s’emporte et la de curieux personnages commencent à apparaître autour d’elle. Le bouleversement est amorcé…

Mon avis

C’est avec ce roman posthume que je découvre Pierre Bottero, décédé d’un accident de moto en 2009. Je ne connais donc pas Ewilan, Ellana ou les Marchombres (d’ailleurs… est-ce la même affaire? Bref!). Il paraît d’ailleurs que j’aurais encore apprécié davantage cet ouvrage car il regorgerait de références à ses mondes antérieurs. Ça ne m’a vraiment pas manqué par contre car il s’agit d’une lecture que j’ai beaucoup appréciée. Je l’ai lu pendant le zoom sans signet et je me retenais pour ne pas pleurer comme une madeleine devant la caméra. C’est que j’ai une réputation de coeur de pierre à préserver!

Les mots de Bottero et les dessins de Francescane s’accordent parfaitement pour nous faire entrer petit à petit dans cet univers où les créatures du Jour combattent celles la Nuit, qui sont dirigées par une étrange « Elle » qui corrompt l’Imaginaire. Lena est une petite fille attachante, courageuse, pleine d’amour, qui comprend peu à peu quel est le combat qu’ils devront mener. Elle va rencontrer Elfes, Troll et Sprites et faire face à ses pires peurs.

L’écriture de Pierre Bottero est très évocatrice, toute en poésie, avec un vocabulaire recherché par moments. Le texte reste très accessible mais aussi très très triste, surtout que pour le lecteur adulte, il est assez simple de comprendre à quoi fait référence cette fable. Tous les personnages sont venus me chercher et l’ensemble est tellement beau, le mélange texte et images est tellement harmonieux que je veux le livre chez moi. Je sens que l’emprunt biblio ne va pas suffire.

Touchant et émouvant

La vérité sur l’affaire Harry Quebert – Joël Dicker

Le comment du pourquoi

Mon amie Yueyin a détesté ce roman. Du coup, j’avais décidé de ne pas le lire. Mais au bureau, tout le monde le lisait… et je VOULAIS participer à la discussion, vu que bon, pour une fois, on ne parle pas si souvent littérature au boulot!

De quoi ça parle

Markus Goldman a écrit un énorme succès littéraire mais depuis, il est en panne d’écriture. Une ÉNORME panne d’écriture. Du coup, il se réfugie chez son maître à penser, Harry Québert, écrivain chéri de l’Amérique et son prof à l’université. Quand, quelques mois plus tard, Harry est accusé du meurtre de Nola Kellerman survenu 33 ans auparant, Markus est persuadé qu’il doit trouver la vérité et réhabiliter Harry Quebert. Du coup, il débarque à Aurora, petit village de carte postale américain, pour mener l’enquête.

Mon avis

Quebert, ça me fait penser à Q-Bert. J’ai eu ce petit bonhomme unipode avec une trompe en tête tout le long du roman. C’était la parenthèse pas rapport du jour!

Voyez-vous, j’étais tellement convaincue que je n’allais pas aimer que je suis partie avec des attentes à zéro… et que finalement, j’ai passé tout de même un bon moment. Incredible, n’est-ce pas! Entendons-nous, c’est un roman qui se lit tout seul, c’est très addictif et avec toutes les révélations du roman, difficile de le lâcher. En fait, je dois avouer que j’avais promis à ma collègue (coucou Véro) que je la rattraperais et qu’ensuite, je le lirais en même temps qu’elle. Trois jours plus tard, j’avais fini. Comment dire… Oups?

Les histoires d’écrivains, ça me plaît. On n’a qu’à penser à Bolano, Roth ou Bukowski. Du coup, on part avec un apriori positif. Markus « le Magnifique » est un être qui a eu une renaissance au contact de Harry Quebert, son professeur. Il était dans le paraître, quitte à tricher, et a appris à accepter son côté faillible. Et à devenir un écrivain du coup. Aimable? Pas vraiment. Mais bon, il voue un culte à Harry, qu’il considère comme son seul ami.

Harry, Harry, Harry… Comment dire. Il est… heu… bref, j’ai du mal avec Harry. Il ne me fascine pas, Harry. Quinze ans, bordel! Il paraît que c’est Patrick Dempsey qui le joue à la télé… peut-être que ça aurait pu m’aider à l’apprécier, mais tout son discours sur l’amouuuuuûr me dérange profondément. Quand ton grand amour (et égérie adolescente) a 15 ans et que tu en as 34, qu’elle te vénère et tout… tu te gardes une petite gène. Mais c’est moi et mon coeur de pierre. Je ne spoile rien, c’est connu depuis le début.

On m’avait mise au défi de deviner. Savais-je? Pas tout. Je savais qui depuis un bon moment (du moins, forts doutes). Je me doutais de ce qui s’était passé. J’avais compris plusieurs petites intrigues secondaires. Mais certains rebondissements m’ont prise au dépourvu et ça j’aime. Aurais-je pu deviner? Non. Mais c’est expliqué et ça passe. Mais ça ne m’aide pas à aimer Harry par contre! Les fils se nouent tous à la fin et j’ai trouvé cette construction pas mal du tout et qui se tient. Bref, l’intrigue m’a plu et je pense que je vais m’en souvenir.

Là où le bât blesse? L’écriture, qui est ma foi… basique. Et les dialogues ne m’ont pas du tout plu. J’ai eu l’impression que le roman se prenait parfois au sérieux (genre le grand roman américain, mais écrit par un Français- Oups… on me chuchote à l’oreille qu’il est Suisse… my bad) et on est loin de Philip Roth question plume. Selon moi. Of course. De plus, les personnages féminins ne sont pas top (cliché de mère juive, de tenancière de café hystérique, ado enamourée) et souvent assez unidimensionnels. Des longueurs, certes, mais presque tous les personnages ont leur raison d’être et ça c’est bien.

Mais bon… POURQUOI les policiers laissent-ils des nonames gérer leurs enquêtes? Je ne comprendrai jamais!

En résumé, une lecture très prenante, qui va en accrocher plus d’un et qui peut vraiment plaire, si on le prend comme un bon divertissement qui va nous accrocher à une histoire et nous intriguer. De plus, il y a une critique assez jubilatoire du monde de l’édition. Et bon, je serais bien curieuse de voir ce que VOUS, vous aviez deviné!

Queenie – Candice Carty-Williams

Le comment du pourquoi

Les tresses. Elles sont trop top ces tresses! Ça m’a tout de suite attirée. En plus, je veux vraiment diversifier mes lectures.

De quoi ça parle

Queenie est dans la vingtaine, elle vit à Londres et elle est Noire. Elle a grandi à Brixton, dans le sud de Londres, sa famille vient de Jamaïque et elle est folle amoureuse de Tom, son conjoint des dernières années. Sauf que Tom lui a demandé une pause, qu’elle semble être en train de scrapper sa carrière… et que toutee sa vie part complètement en vrille.

Mon avis

Je m’attendais à une chick litt lamda, avec une héroïne Noire. Mais que nenni! Si, au départ, le roman peut ressembler à un remake de Bridget Jones, version 2020, avec apps de rencontres et téléphones cellulaires, on réalise rapidement que l’histoire s’éloigne rapidement de ce schéma. Queenie, c’est plutôt une histoire de découverte de soi, de ses racines, dans une période où l’héroïne n’est vraiment pas à son meilleur.

Ses mésaventures et son désespoir criants nous amènent vers une vraie discussion sur ce qu’est être une femme, d’être noire à l’heure actuelle et d’être confronté à une normalité qui n’est pas la sienne. Et ça, c’est un discours qui peut parler à tous, mais qui nous fait vraiment comprendre le côté quotidien du racisme et des micro-agressions. Et pour moi, il FAUT lire ce genre de récit en tant que blanc, ne serait-ce que pour s’ouvrir les yeux au côté « normal » et « ordinaire » du racisme que plusieurs ne considèrent même pas comme tel. Queenie est loin d’être parfaite, et ça m’a plu. Elle se plante, l’admet, évolue. Au début, elle est au fond du fond et, sérieusement, elle fait une connerie après l’autre. C’est parfois drôle (mention spéciale aux Corgis… j’ai recraché mon vin par le nez en lisant ça), parfois pathétique. souvent révélateur. Queenie n’est pas une sainte victime. Queenie a son rôle à jouer dans ce qui lui arrive et le personnage évolue réellement, sans être sauvée par l’amouuuuuuûr. Elle se sauve elle-même, et ça c’est cool.

Le roman parle aussi de santé mentale, de traumatismes et de façon d’y réagir selon les cultures et les personnalités. Queenie a souvent des relations très discutables avec les épais (oups… les hommes) qu’elle rencontre sur les sites et sa faible estime d’elle fait qu’elle les laisse la traiter comme ça. Et je pense que ce qui m’a le plus frappée a été de réaliser à quel point la « norme blanche » avait pris de l’ampleur dans sa vision de ce que devrait être la vie, la famille. On sent réellement que c’est toujours là, en arrière plan, même quand ce n’est pas le sujet principal et ça ne peut que faire réfléchir sur la représentation dans le culture populaire.

Bref, une fort agréable surprise et j’espère VRAIMENT qu’il sera traduit. Dans ma tête, Queenie existe, elle se balade à Londres avec ses copines et continue son petit bonhomme de chemin. Peut-être même qu’elle réussit à freiner la gentrification de Brixton, sait-on jamais!

La voie des pierres (Les pierres et les roses #1) – Elisabeth Vonarburg

Le comment du pourquoi

Parce que c’est Elisabeth Vonarburg. Ça me suffit.

De quoi ça parle

C’est toujours très compliqué d’expliquer de quoi parlent les romans et les séries d’Elisabeth Vonarburg. Et encore une fois, ici, je sens que ça va être… folklorique de tenter d’expliquer celui-ci. Surtout que c’est le premier tome d’une trilogie.

Nous sommes donc dans le même univers que Reine de mémoire, série que j’ai beaucoup aimée, mais à une autre époque. Ici, l’histoire principale se déroule vers le 12e siècles, dans la Bretagne christienne, alors que Carolus d’Angresay est sur son lit de mort. Des années auparavant, son fils aîné Briann est parti rejoindre les croisés suite à la mort en couches de son épouse, alors que son père avait refusé que les sage-femmes d’Angresay interviennent, par peur de la sorcellerie. Il demande donc à son cadet, Cédric, de le ramener à Angresay. Bien entendu, ça ne va pas être simple et Cédric va se retrouver pris dans une toile dont il ne soupçonnait pas l’existence, impliquant guerres de religion, complots et jeux de pouvoirs.

Une autre trame se dessine, 1000 ans plus tôt, alors que la Déesse, la Morrigane, livre bataille à sa monture humaine, Arwen, alors que de nouvelles croyances émergent.

Mon avis

J’a-do-re. Of course j’adore. Je suis toujours super fan des atmosphères et des histoires lentes et enveloppantes d’Elisabeth Vonarburg et cette fois-ci ne fait pas exception à la règle. Après ces 700 quelques pages, ces personnages existent pour moi. Tous. Et j’ai tous appris à les apprécier, d’une manière ou d’une autre. Vous pouvez donc vous imaginer que j’ai tout de suite enchaîné sur le tome 2!

Comme d’habitude, Vonarburg tisse un univers complexe, avec une histoire dont les fils se tissent et se dénouent graduellement pour laisser apparaître la tableau global. Ici, le monde tel que nous le connaissons n’existe pas, mais l’univers est suffisamment proche pour que nous ne soyons aucunement perdus. Entre les noms des pays et régions qui font très 21e siècle et les figures historiques que nous pouvons reconnaître… mais qui ne sont pas tout à fait les mêmes. Il y a plusieurs religions, plusieurs façons de penser, rien n’est simple, tout est en zones de gris. Chacun est persuadé d’avoir trouvé la vraie foi, la vraie façon de vivre sa religion et dépendant des régions, la magie n’est pas vue de la même façon, mais pas du tout.

C’est profondément humain, on sent aussi le côté féministe de Vonarburg pointer à travers, entre autres, le personnage de Rébecca, jeune juive d’une lignée de guérisseuse qui voudrait plus pour sa vie que ce que lui offre le fait d’être juive en royaume christien. Ça parle de peur de l’inconnu, de magie, de légendes aussi. Et, entrelacé, 1000 ans plus tôt, on fait connaissance d’une déesse vorace et de son vaisseau humain qui a tenu à garder sa conscience, à ses risques et périls. C’est fort mystérieux… et c’est presque le seul fil qui reste vraiment plus éloigné du récit principal, même si on comprend petit à petit où ça s’en va.

Un premier tome très Vonarburgien, loin du tome d’exposition. Il se passe beaucoup de choses, les univers clashent, on trahit, on aime, on sacrifie et on tente de se sauver soi-même et ceux qu’on aime. Totalement mon type de fantasy!

Les roches rouges – Olivier Adam

Le comment du pourquoi

Parce que je l’avais vu un peu partout et qu’un jour, quelqu’un a eu la gentille idée de me l’envoyer en cadeau. Encore une fois, un gros merci!! Vraiment, c’était pas obligé!

De quoi ça parle

Antoine a 18 ans et sa vie est sur la pente descendante. Il a abandonné l’école, se balade toute la journée en buvant et en fumant de la mari, tout en traînant de temps en temps à Pôle emploi. Et c’est là qu’il rencontre Leila. Magnifique Leila. Sauf qu’elle a un mari pas commode et un petit garçon de 3 ans.

Mon avis

Ne vous fiez pas à la couverture, ce roman n’a rien d’une mignonne histoire de vacances. J’ai été un peu surprise que ce soit classé en jeunesse car selon moi, ça s’adresse aussi bien aux jeunes qu’aux adultes. Ça n’a rien de doux, rien de sweet, même si l’histoire d’amour est très belle malgré le contexte pas facile. Les deux personnages ont un énorme passif, c’est le cas de le dire.

Ce roman offre un portrait touchant d’une jeunesse française qui n’a pas souvent voix au chapitre. Ils habitent en zone 4, dans une petite ville où il n’y a presque rien mais où se côtoient maisons avec cour et cités. Antoine est perdu, noyé dans la culpabilité et son désarroi fait peine à voir. Leila vient d’un autre univers. Tombée enceinte très tôt, elle est aux prises avec un mari violent est isolée de sa famille qui, de toute façon, n’est pas d’un grand secours, au contraire. Et quand on ne vient pas de ce milieu, ça frappe. Assez pour que j’aie du mal à m’attacher à eux au départ tellement c’était loin de ma réalité. Le départ a été moyen. Le conjoint de Leila est juste… terrible. J’ai eu des réactions épidermiques. Bizarrement, j’ai toujours de la difficulté à m’imprégner de l’atmosphère des cités françaises.

Par contre, quand l’histoire prend une autre tournure, j’ai commencé à m’attacher à eux et à souffrir avec eux, même en sachant que ça pourrait difficilement bien finir. On lit l’histoire la boule au ventre car même les beaux moments sont doux-amers, fugitifs. Dans leur fuite, les deux jeunes adultes seront confrontés à leurs démons, leurs passés. Les relations fraternelles brisent le coeur et on n’ose imaginer le désarroi des parents d’Antoine face à tout ça.

Une belle plume, des personnages au tournant et un roman qui s’adresse, selon moi, à un très large public.