Ici n’est plus ici (There, there) – Tommy Orange

Le comment du pourquoi

J’ai lu beaucoup de littéature autochtone québécoise ou canadienne, mais très peu de littérature autochtone américaine. Du coup, j’avais lu de bons avis et Michel Jean l’avait proposé… et j’ai osé m’aventurer dans ce roman choral qui s’articule autour du grand Pow Wow d’Oakland.

De quoi ça parle

Ici n’est plus ici nous raconte l’histoire des autochtones urbains, des Indiens, comme ils se nomment eux-mêmes. Nous rencontrons une quinzaine de personnages, tous issus des premières nations. Chacun a son histoire, son passé, son bagage, et chacun s’interroge sur son identité. Mais surtout, chacun tente de survivre, souvent en se noyant dans l’alcool. Leurs destins vont se croiser pendant le grand Pow Wow d’Oakland, qui se veut une occasion de célébrer leur héritage.

Mon avis

Quand j’ai refermé ce roman, j’ai eu besoin d’en parler. Là, maintenant, tout de suite. J’ai eu besoin d’en parler parce que j’étais à bout de souffle, complètement prise au trippes mais aussi profondément découragée quant à l’avenir. Je sais bien que ce n’est pas à moi en tant que Blanche de vouloir trouver des solutions pour améliorer les choses et que la solution ne peut pas venir de moi, mais la blessure de ces peuples est tellement profonde quant au territoire, à ce qui a été enlevé, que je vois difficilement comment le processus de guérison peut s’amorcer. J’en suis sortie abasourdie, écrasée par le poids de ce passé, et avec l’impression que la seule chose que les blancs pourraient faire ce serait de retourner dans le temps ou alors de ficher le camp. Bref…

Je sais que ça n’a pas fonctionné pour tout le monde, mais j’ai trouvé virtuose la façon qu’à l’auteur de faire vivre devant nos yeux, à travers quelques facettes d’une quinzaine de personnages, toute une communauté urbaine, très variée, très diverses. Il y a beaucoup d’abus d’alcool, certes, beaucoup de détresse aussi. Mais chacun a son histoire et une voix qui lui est propre. Certains sont nés de familles dysfonctionnelles, d’autres de parents ou de gardiens aimants. Certains sont éduqués, d’autres n’ont pas pu. Certains embrassent leur identité « indienne » (c’est le terme utilisé en anglais alors j’ai eu mal à changer pour la chronique) tandis que d’autres se cherchent davantage. Certaines parties font froid dans le dos et malgré le côté décousu, le portrait dressé a été pour moi un véritable coup de poing.

Certaines histoires m’ont plus touchée que d’autres. Celle de Jackie et d’Opale, ou encore ce jeune danseur qui veut voir son premier powwow ou Blue, élevée dans une famille blanche mais retournée vers ses racines. Il y a beaucoup de colère, de désespoir, mais on sent venir la résilience aussi. J’ai aimé découvrir les liens entre les histoires, été choquée par le racisme et la violence, eu la coeur brisé une fois ou deux.

Un roman qui s’éloigne des clichés, profondément urbain, parce qu’être autochtone, ça ne veut pas juste dire « grands espaces » et réserves. Une chose est certaine, c’est officiel que je relirai Tommy Orange, avec sa couleur en guise de nom de famille.

Ma participation au mois américain 2020

Le garçon sorcière – Molly Knox Ostertag

Le comment du pourquoi

J’ai ce roman dans ma pile depuis… un bon moment (merci Scholastic) mais il traînait dans ma pile… comme souvent. Et si je l’ai sorti cette fin de semaine en particulier, c’est qu’avec le week end sans signet, il y avait un thème « un roman avec un blurb »… et celui-ci en avait un. Et j’ai drôlement bien fait de le sortir de là!

De quoi ça parle

Dans cette BD jeunesse, nous rencontrons Aster, un adolescent qui vient d’une famille assez particulière. Chez lui, toutes les femmes sont des sorcières et les hommes sont des métamorphes. Il vit dans la forêt avec sa famille élargie, protégé par des frontières pour repousser les démons que les hommes chassent. Sauf que Aster, lui, ce qui l’intéresse, ce sont les enchantements et les incantations des sorcières…

Mon avis

Cette bande dessinée, qui parle d’acceptation de soi et de différence, est hy-per bien faite. C’est hyper inclusif, et à travers cette fable s’ouvre une vraie fenêre pour discuter des différences quelles qu’elles soient. En effet, avec certains jeunes, aborder les sujets sensibles peuvent les faire se refermer assez rapidement tandis qu’ici, on parle de magie, de métamorphose… ça peut passer plus facilement.

J’ai beaucoup aimé cette BD, cette famille aimante qui EST différente mais qui est tout de même emprisonnée dans ses carcans et ses traditions. De plus, il y a un secret de famille, un ancien – un homme – qui a tenté de faire de la magie et qui a fort mal tourné. Du coup, quand Aster présente les même signes, on a peur. Très peur. Et on voudrait VRAIMENT qu’il s’intéresse à la métamorphose et à la chasse aux démons.

Aster va tenter tout de même de suivre ses rêves, va briser certaines règles, devenir ami avec une humaine « normale », et utiliser ses forces. Son cousin, métamorphe a disparu et toute la tribu est mobilisée pour le retrouver, sans succès. Comment va-t-il pouvoir aider?

Le graphisme n’est pas ce que je préfère de prime abord mais il est simple, coloré, très attrayant et adapté au public cible. Je conseille donc, pour tous les gens qui ont besoin d’un petit rappel pour suivre leur voie à eux. Vous auriez deviné, n’est-ce pas!

C’était ma BD de la semaine!

Chez Moka cette semaine!

Le problème à trois corps – Liu Cixin

Le comment du pourquoi

J’avais une folle envie de SF. Genre de la SF avec ben de la science dedans et j’avais entendu parler de cette série de roman je ne sais plus où mais l’idéede science fiction ayant pour point de départ la révolution culturelle et la Chine communiste, allez savoir pourquoi, ça me parlait.

De quoi ça parle

Chine, révolution culturelle. Ye Wenjie est témoin du jugement de son père. Et comme elle est éduquée, elle sera envoyée en rééducation. C’est là qu’elle sera amenée à Côte Rouge, une base secrète.

Plus tard, Wang Miao, physicien en physique appliquée et travaillant sur les nanomatériaux est soudain témoin de phénomènes qui semblent paranormaux, en même temps qu’une vague de suicides semble prendre d’assaut le monde de la science. Entre messages et apparitions étranges, la rationnalité semble en prendre un coup.

Mon avis

Premier avertissement: si vous avez la même édition que moi NE LISEZ PAS LA 4e DE COUVERTURE! C’est tellement bien d’entrer dans ce roman sans savoir de quoi il est question et de le découvrir petit à petit, avec les personnages. Et croyez-moi, c’est tout un périple.

Deuxième avertissement: C’est de la science-fiction adulte. Genre, Hard Sci-Fi avec l’accent sur le mot « Science ». Je ne suis pas certaine d’avoir tout compris les implications scientifiques (et je ne pourrais pas dire non plus si c’est réaliste) mais j’ai choisi de me laisser porter. Il n’y a rien de léger là-dedans.

Bon, une fois tous ces avertissements passés, sachez que j’ai a-do-ré. Ce truc est malade. Mindblowing. Entre les allers-retours passé-présent, les manifestations complètement inexplicables et un mystérieux jeu vidéo qui fascine les scientifiques, nous pouvons nous permettre de spéculer à souhaits. Et non, je ne vous donnerai pas les thèmes principaux. Vous verrez.

Ce n’est pas une intrigue rapide, certes. Pour ma part, j’ai été captivée. J’en ai rêvé. C’était angoissant, prenant et même si les personnages ne sont pas hyper étoffés, vu que nous les connaissons surtout en rapport avec l’histoire et que leur backstory est assez peu développée, j’ai ressenti leur désarroi. À quoi tient la science? L’humanité? Bref, c’était génialissime, et avec des personnages principaux chinois, qui ont vécu pendant ou après cette révolution culturelle où l’individualité était brimée et où les libertés individuelles n’existaient plus, à moins qu’elles cadrent avec l’idéologie de la dite révolution. Ceux-ci restent insaisissables et modelés dans une culture dont je n’ai eu qu’un bref aperçu il y a quelques années. Et croyez-moi, la façon de penser est différente.

Je lirai bientôt le tome 2, avec Miss Léo et j’ai déjà hâte de voir quelle direction va prendre ce récit. J’ai adoré la fin, j’adore le policier qui semble toujours surgir de nulle part… bref, découverte génialissime.

Pumpkin Autumn Challenge – 2020

J’ai décidé de participer encore cette année au Pumpkin Autumn Challenge parce que, je l’avoue, j’ai envie de faire des piles à lire. Des fois, il m’en faut peu, je sais!  Dans ce challenge, trois menus avec chacun quatre sous-catégories. Du coup, j’ai choisi un livre par catégorie. La plupart du temps. Vu que bon, je n’ai que deux mois parce qu’en novembre, c’est Québec en novembre!  Vous n’alliez pas y échapper cette année!!

Si vous voulez me voir faire la danse de St-Guy devant la caméra, vous pouvez regarder la vidéo… sinon, je vais tout écrire quand même! Mais des fois, les liens ne seront pas nécessairement faciles à faire!

Voilà voilà!  Vous participez? Vous allez lire quoi? Il y a des trucs trop bien dans cette pile que je dois lire absolument?

Désolée pour ma grosse face… les nouveaux réglages de Word press me font royalement s… et j’ai pas trouvé moyen de diminuer la grosseur du machin…

Menu 1 – Automne Frissonnant

Je suis Médée, vieux crocodile – polar, thriller, trahison

  • Le problème à trois corps – Liu Cixin
  • Le livre de M – Peng Shepherd

Les chimères de la Sylve rouge – gothique, vampire, créature de la nuit

  • Mexican Gothic – Sara Moreno Garcia
  • Vera – Elizabeth Von Arnim

Les supplices de la Belladone – livre à la couverture noire

  • The Custom of the Country – Edith Wharton

Esprit, es-tu là – fantômes, classique, historique, histoire et secrets de famille

  • Cette maison – David Mitchell

Automne douceur de vivre

Il fait un temps épouvantail – automne, Halloween, Samhain

  • Lucy in the sky – Pete From

Siroter un chocolat chaud à la cannelle sous les saules – enfance, feel good, cooconing

  • Les roses fauves – Carole Martinez 

Fafnir ton assiette, sinon pas de piécette – créatures fantastiques, féérie, mythe, petit peuple

  • Des oeillets pour Antigone – Charlotte Bousquet

A window to the past – sorcellerie, SFFF, nostalgie

  • Vita Nostra – Marina Diachenko

Automne des enchanteresses

Les rêves d’Aurore – militantisme, LGBTQIA+

  • Nickel Boys – Colson Whitehead

Sarah Bernhard, monstre sacré – dramaturgie, théâtre, arts

  • Ténèbres – Paul Kawczak

Les écailles de mélusine – féminisme, transformation, métamorphose

  • Le lièvre d’Amérique – Mireille Gagné

Nausicaa, vallée du vent – nature writing, écologie, post-apocalyptique, nature

  • L’avenir – Catherine Leroux

Les gratitudes – Delphine de Vigan

Le comment du pourquoi

Non mais imaginez, un roman avec un orthophoniste dedans. Et non seulement un orthophoniste, mais un orthophoniste dans son rôle d’orthophoniste. Et oui, j’ai réussi à placer quatre fois le nom de mon métier dans un demi-paragraphe. Call it talent.

De quoi ça parle

Michka vieillit et elle perd les mots. Elle vient d’être admise en maison de retraite car elle ne peut plus vivre seule, même avec le support de Marie, jeune femme très importante pour elle. Elle a peur et est très consciente qu’il n’y aura pas de retour en arrière. Les mots ne reviendront pas, malgré l’aide de Jérôme, orthophoniste bienveillant qui tente de l’aider.

Mon avis

J’ai eu peur au début. Peur parce que l’orthophoniste a commencé à traiter sans avoir évalué, lors de la première rencontre (ouais, je suis psychorigide des fois) et ensuite parce que le type de difficultés de Michka (des paraphasies formelles nombreuses sans paraphasies sémantiques, dyssyntaxie ou difficultés de compréhension) ressemble plutôt à une aphasie de conduction et que celle-ci n’est la plupart du temps évolutive. Mais je n’ai pas travaillé avec des adultes aphasiques depuis mes études alors mes connaissances sont plus théoriques que pratiques. Mais savez-vous quoi? Delphine de Vigan a réussi à me faire mettre les détails et les choix thérapeutiques de l’orthophoniste aux oubliettes et à m’immerger dans cette histoire, jusqu’à finir en larmes.

Dès le départ, nous savons que Michka est morte. Elle était une figure clé dans la vie de Marie, qui va nous raconter ses derniers mois, alors que les mots lui échappent. Si au début les mots sonnent un peu comme la cible et révèlent parfois davantage que le mot qu’elle cherche, peu à peu, elle cherche davantage, le sait, et tient à garder ses choix, son intimité, et autant d’autonomie qu’elle peut. Le roman est un mélange de monologues et de dialogues et c’est incroyable à quel point ce court texte réussit à nous faire connaître ces trois personnages, même si nous ne les côtoyons qu’à travers les liens qu’ils ont ou tissent avec Michka. Toute leur humanité nous saute à la figure, on sent leurs blessures, tout le respect qu’ils ont pour Michka, femme profondément touchante.

J’ai adoré la façon dont Jérôme, l’orthophoniste, aborde les personnes âgées et l’importance des mots, du langage et de la communication en général. Son combat pour que les mots restent plus longtemps, pour raviver la mémoire et pour les voir comme des personnes à part entière, ayant vécu, fait plaisir à voir. Mais il touche surtout par sa capacité, justement, à se laisser toucher.

Ça parle de la vieillesse, de la peur de se voir disparaître, mais aussi de tous ces mercis qu’on n’a pas nécessairement dits et qui nous pèsent. Ça parle des liens, de ce que les gens sont l’un pour l’autre et de ces relations qui sont réciproques, où chacun ressent, justement, une profonde gratitude, l’un envers l’autre. Ça nous parle de vivre et d’aimer et c’est juste beau.

Bref, je veux lire « Les loyautés » de la même autrice.

Ada – Barbara Baldi

Le comment du pourquoi

Parce que j’aimais la couverture. Oui, il m’en faut peu.

De quoi ça parle

Ada habite dans la forêt, avec son père qui la fait travailler du matin au soir. Elle, sa passion secrète, c’est la peinture et un jour, un voyage à Vienne va tout changer.

Mon avis

Difficile de parler de ce roman graphique. En fait, si je devais donner une note aux images, ce serait 6 étoiles sur 5. Chacune des planches est une oeuvre d’art à l’aquarellle, tout en sensibilité et en douceur. Très peu de dialogues, tout passe par le dessin, assez subtil pour nous faire comprendre tous les sentiments de l’héroïne. Sérieusement. le graphisme est fabuleux, rien de moins.

Par contre, j’ai été moins interpellée par l’histoire. Tant de violence chez ce père qui reporte sur sa fille sa colère sur la mère qui, un jour, est partie. J’aurais eu besoin de plus de temps pour voir le temps passer et le personnage évoluer. Peut-être un peu plus de temps à Vienne… En fait, vous connaissez ce sentiment qui fait qu’on referme le roman un peu déçu, mais qu’on réalise qu’en fait, on ne sait trop ce que l’auteur aurait pu faire de plus? Ben c’est un peu ça.

J’ai beaucoup aimé les échanges avec E. et la rencontre à Vienne. E, c’est Egon Schiele. On le reconnaît à ses tableaux, à son physique… et je crois bien que j’ai aussi reconnu Klimt. J’aurais voulu plus de ça. Plus d’échanges, plus d’art.

Mais quand même, ces images… ces images.

Juste pour ça, ça vaut le coup de le découvrir.

Chez Stephie cette semaine

La vie rêvée des chaussettes orphelines – Marie Vareille

Le comment du pourquoi

Vous voulez savoir combien j’ai de paire de bas dépareillées? Genre, que ça devient surprenant quand j’ai des bas qui fittent. Du coup, le titre m’a parlé. Et j’avais bien aimé le roman de Marie Vareille que j’ai lu, du coup, quand j’ai eu la surprise de le voir arriver chez moi, j’ai décidé de le lire. Ce qui n’est pas toujours le cas, croyez-moi!

De quoi ça parle

Alice Smith va mal. Pas « pas bien », mal. Américaine d’origine, elle a fui sa vie pour débarquer à Paris toute seule, sans savoir où elle va travailler ou encore où elle va habiter. Elle ne connaît personne et ça fait son affaire. Le seul job qu’elle trouve est dans une start up qui a pour projet fou de réunir les chaussettes orphelines, celles qui se retrouvent toutes seule dans la sécheuse.

Mon avis

Entendons-nous tout de suite, j’ai aimé. Je l’ai dévoré en un après-midi et j’ai passé un très bon moment. J’avais besoin de ce ton particulier, enlevé et parsemé d’humour et de ces personnages hauts en couleurs. Pourtant, il ne faut pas s’attendre à un feel good sirupeux. L’histoire, qui alterne le journal d’Alice en 2011-2012, alors qu’elle cherche à tout prix à avoir un enfant, et la vie actuelle d’Alice à Paris, est plutôt sombre, il y a beaucoup de tristesse, de secrets et de détresse.

Alice en 2018 est pleine de barrières. De barbelés. Elle ne veut plus parler de son passé, fait de l’anxiété et des crises de panique. Certaines chansons, certaines conversations les déclenchent et elle a découvert qu’il était beaucoup plus facile de garder ses secrets quand elle érigeait de solides barrières autour d’elle. Elle dort mal, a besoin que tout soit rangé, classé, idéalement de façon parallèle et symétrique.

Bien entendu, notre Alice un peu cynique voit d’un oeil assez critique l’idée complètement barrée de Chris, jeune PDG fantasque, amateur de pensée positive… mais qui semble maîtriser l’art de faire planter ses start up à répétition à la perfetion. Pourtant, petit à petit, elle va les laisser s’approcher, ses barrières vont tomber peu à peu, jusqu’à ce que les secrets commencent à pointer le bout de leur nez, bien malgré elle.

J’ai beaucoup aimé la construction de ce roman, habile sans être lourde. On s’attache aux personnages, on a de la peine pour eux, la mère est juste… (arghhh… ça existe, des gens comme ça?) et on réalise rapidement que chacun a une façade et qu’il vaut souvent la peine d’aller voir derrière. Le tout sans dégouliner de bons sentiments, ce qui est quand même assez rare pour être noté.

Seul bémol notable (à l’exception de la « conversation en VO »… mais ça, c’est mon pet peeve personnel. VO n’est pas synonyme d’anglais!), pour le traitement de l’anxiété et de la médication à cet effet. Non, l’amour ne guérit pas l’anxiété et le fait de ne pas avoir « besoin de ses antidépresseurs » quand on est avec quelqu’un n’est pas THE top. Avoir une médication, ce n’est pas « mal » et pour plusieurs, l’abandonner n’est pas une option. Ceci dit, c’est la vision de plusieurs personnes alors qu’on le retrouve chez des personnages d’un roman, en non-dit, est assez normal. De plus, nous sommes dans un roman adulte, donc nous nous sommes pas dans une perspective d’éducation. Du coup, ça a tout de même passé car le personnage a un vrai cheminement à travers tout ça, mais je suis consciente que ce point en particulier a tendance à m’énerver!

Un roman divertissant mais sombre, qui va plaire à un large public, même si je sens que les choix finaux vont diviser. Je sens que je vais le conseiller à pas mal de copines, celui-là!

Tranche de vie – mes bibliothèques et moi

Avant… le « après » n’est pas encore arrivé!

Ceux qui me suivent sur Instagram ces derniers jours savent que l’épisode en cours est « je range mes bibliothèques ». Et ceux qui sont déjà venus chez moi – et qui, accessoirement, ont déjà été attaqués par une pile de livres traitresse – savent que ce n’est pas du luxe. Bref, la maison est un joyeux bordel, je suis engloutie par la poussière et je me demande vraiment si mon dos va survivre à cet épreuve. 

Pour la petite histoire, je blogue depuis 13 ans maintenant. Bon, ça va faire 13 ans dans 2 semaines. Comme presque tout le monde au début, je me suis laissée entraîner dans une folie acheteuse. Je faisais des Book Hauls aux 2 semaines, je ne savais pas refuser un SP, et même si je lis environ 200-250 livres par an, ma pile à lire est devenue exponentielle. J’avais d’ailleurs développé un système de comptage… plutôt déculpabilisant. Du coup, dans ma pièce bibliothèque, ya du monde à’ messe!

Aussi, parce que je suis un peu psychorigide, j’avais décidé de classer par ordre alphabétique. Pour une raison que je ne saisis pas encore aujourd’hui, je séparais adulte et jeunesse mais autrement… ordre alphabétique. Anglais, français, poches et grands formats mêlés. Visuellement? De la totale schnoutte. Sauf que pour se retrouver, c’était very facile. Bon, dans mon cerveau bizarre, je tentais de faire fitter l’organisation avec la position (très fixe) des lettres de l’alphabet dans mon cerveau (qui correspond à un casse-tête que j’avais à 2 ans… faut pas se poser de question), ce qui fait que PERSONNE D’AUTRE QUE MOI ne savait où étaient les livres. Malgré l’ordre alphabétique. Bref, je n’ai jamais dit que j’étais une fille simple.

J’imagine que vous voyez aussi venir le problème. Après un moment, placer un livre devient… compliqué. Imaginez que vous ayiez un livre en « M » à classer. Et qu’il n’y a pas de place sur l’étagère « M » (story of my life). Ni sur celle d’avant. Ou d’après. Juste imaginer un déplacement de 25 bouquins ou encore un exercice de force pour squeezer un livre dans une étagère où il n’y a – visiblement – pas la place me déprimait. Du coup, je finissais par les empiler sur une étagère au hasard. Ou mieux, sur le plancher. Sinon c’est pas drôle. 

Donc, je réorganise. Job titanesque. J’ai 17 bibliothèques. À date, j’ai fait la jeunesse te la pile à lire. Défense de rire. 

Tout ça pour dire que ça occupe mon cerveau (bizarre, le cerveau, comme je vous l’ai déjà dit). Cette nuit, j’ai donc rêvé que je faisais des châteaux de cartes, mais avec des livres. Et que je finissais enterrée par les dits livres qui m’attaquaient avec leurs petites pages et qui déléguaient les hardbacks pour me taper sur le crâne parce qu’ils n’étaient pas contents de leurs nouveaux voisins. Ils voulaient aussi alerter la DPJ pour « abandon » vu que je me débarrasse de plusieurs de leurs copinous. Voyez-vous, je suis certaine que les livres jasent et se font des partys entre eux dès qu’on a le dos tourné. Après Toy Story, Bookshelf Story?

Je me suis donc réveillée un peu paniquée à 4h50 du matin. De là ce billet « comme dans le bon vieux temps »!

Et vous, vous classez comment? Vous le faites souvent?

 

 

 

La princesse qui n’aimait pas les princes charmants – Roland / de la Croix

J’aime bien les gens et les choses qui sortent de l’ordinaire. Vous me direz que ce n’est pas original, mais dans ce cas précis, une princesse qui ne veut absolument rien savoir de ce que l’on veut lu imposer, vous pouvez vous imaginer que ça me parle. Je comprends parfaitement les gens qui veulent avoir la sainte paix!

Albertine-la-princesse va à l’école des princes et des princesses. En plus, elle y est hyper douée. Le seul problème, c’est qu’à cette école, il y a les princes. Et les princes, avec leur sourire niais et leurs habitudes désagréables (non, mais un cheval en classe, ça pue, non?), ils lui tapent plutôt sur le gros nerf. Et le PIRE? Son roi de père s’est mis en tête de la marier… et je vais laisser découvrir comment il compte trouver le bon prince!

Avec ses airs de Cendrillon joyeusement détourné, ce conte faisant partie de la collection « qui n’aimait pas faire comme tout le monde » a d’abord été choisi pour intéresser ma Charlou-Nièce pour qui être une princesse, idéalement habillée en rose et mauve, c’est LE but de la vie.  Elle a beaucoup ri des maladresses des princes (qui lui ont – bizarrement – fait penser à ses frères), bien aimé les expressions catastrophées d’Albertine et ses fausses bonnes idées. J’ai pour ma part trouvé ça hyper drôle (oui, j’ai un humour d’enfant de 5 ans et je le revendique), accessible, en plus d’ouvrir une discussion intéressante. Est-on obligé de vouloir faire comme les autres? 

L’orthophoniste en moi vous dira aussi qu’il y a un vrai schéma narratif, avec un problème clairs, des idées qui ne fonctionnent pas et une vraie fin. Un peu difficile à déterrer sous les flots d’humour et de blagues, mais c’est quand même intéressant à exploiter avec les enfants. En plus, si on pousse un peu et que l’on demande, les idées que les jeunes trouvent pour éviter les princes sont ma foi hilarantes, au grand plaisir de l’intervenante qui doit se cacher derrière son masque (pandémie oblige) pour ne pas trop rire.

Je vais certainement tenter d’autres albums de cette collection. Le doudou, le hat, le pou… et même la maîtresse, je pense bien que je passerais un bon moment!  Chez Splash!

Fairyland – Alysia Abbott

Le comment du pourquoi

Je pense que c’est la photo qui m’a attirée au départ. Je ne suis pas au départ hyper attirée par les « memoirs » mais je suis nez seulement quelques années de moins que Alysia Abbott et cette période me touche particulièrement. Ado, j’avais une peur bleue du sida, surtout pour mes amis gay. J’étais outrée de voir que toute une communauté mourait et que personne ne semblait vouloir lever le petit doigt et en même temps, je freakais. Mais vraiment. Bref, encore aujourd’hui, je ressens le besoin de lire à propos de ces gens, pour qu’on n’oublie pas.

De quoi ça parle

Alysia Abbott a été élevée à San Francisco dans les années 70, par son père, un poète gay, après la mort accidentelle de sa mère. Vingt ans plus tard, elle écrit son histoire, leur histoire à tous les deux, de son enfance dans ce monde à part qu’ils ont construit à la mort de celui-ci du sida. Et c’est bien.

Mon avis

Si vous êtes rendus là dans mon billet, vous savez que ça m’a plu. L’autrice nous parle surtout de son père, certes, qu’elle a redécouvert par le biais de ses journaux après sa mort, mais avec qui elle a toujours eu une relation particulière, autant pendant son enfance qu’après son départ, par le biais de lettres à coeur ouvert, parfois assez différentes de ce à quoi on s’attendrait entre un père et une fille. (Cette phrase est interminable. Sorry.) Leur relation entière est atypique, en fait. Alysia vit dans un univers adulte, un univers de poètes, un univers queer, où les règles sont mouvantes, quant elle existent. Ils sont bohêmes, souvent fauchés Alysia est trimballée d’une lecture à l’autre, ou alors est gardée par l’un et l’autre quand son père participe à des manifestations. Elle fait partie de cette communauté gay de San Francisco, elle va la voir s’épanouir, briller et s’éteindre… et le tout est très émouvant.

Alysia Abbott ose se mettre en danger avec ce témoignage. Elle ne se dépeint pas comme une fille parfaite et ne dépeint pas non plus son père comme un père parfait. Il a une petite fille, il ne sait pas trop comment faire, est souvent égoïste, plus souvent encore immature, pris dans son travail et parfois peu réceptif aux besoins de sa fille, qu’elle soit enfant ou adulte. Leur relation est étrange mais ô combien poignante, surtout que nous savons très bien, dès le début, comment ça va se terminer.

Mais surtout, elle peint un portrait vibrant de cette génération d’hommes qui ont été sacrifiés dans le silence odieux. On a dit qu’ils l’avaient bien cherché, qu’ils étaient punis et qu’Il fallait surtout qu’ils évitent de contanimer les « innocents ». On a tardé pour la recherche, pour publiciser, pour donner accès au traitement. Sous la plume d’Alysia Abbott, ce monde reprend vie, cet univers d’écrivains et de militants, le tout vu à travers les yeux d’une enfant qui doit, malgré tout, vivre avec les secrets et les préjugés et qui s’est longtemps sentie inadéquate sans comprendre pourquoi.

Un témoignage à lire, et je le revisiterai probablement, mais en anglais. La traduction est certainement parfaite pour un européen mais pour une québécoise, c’était parfois étrange de devoir chercher les références… alors que ce sont en fait les miennes!

Du bon!