Les oiseaux ne se retournent pas – Nadia Nakhlé

Le comment du pourquoi

J’ai repéré cette BD lors d’une précédente édition de la BD de la semaine. Et comment on résiste à une telle couverture hein? Comment?

De quoi ça parle

Dans le pays d’Amel, c’est la guerre. Elle deviendra donc une autre pour fuir, sans se retourner. Vers Paris où elle croit que le monde sera meilleur.

Mon avis

Cette BD est merveilleuse. Fantabuleuse. Magnifiquissime. Autant l’histoire que le graphisme. Bref, vous comprendrez que ça a été un group coup de coeur!

Nous suivons donc cette fillette de 12 ans dont les parents sont morts. Ses grands-parents veulent le mieux pour elle et lui permettent de partir avec une autre famille. Elle va donc devenir Nina et tenter de passer la frontière. L’ambiance est pesante, avec juste cette touche d’espoir qui rend la lecture encore plus belle. Je trouve que l’autrice a réussi de façon magistrale à nous faire ressentir l’immense solitude que la fillette ressent, l’impact des pertes mais aussi des rencontres fortuites, celles qui font réapparaître la lumière. Les illustrations sont hyper belles, sombres avec des touches de couleur. Le détail des dessins orientaux est superbe.

Une histoire très touchante, qui met un visage sur ces enfants de nulle part. Il y a les gens, il y a la musique, il y a Bacem, cet ancien soldat qui joue du Oud, il y a des méchants, mais aussi des gentils. C’est beau, c’est beau, c’est beau. À tel point que je l’avais emprunté à la bibli… et que je le VEUX dans ma bibliothèque. Même s’il coûte 45$ + taxes ici!

Lisez-le. Voilà. Point. Il faut.

C’était ma BD de la semaine.

Tous les billets chez Stephie cette semaine.

Le banquet annuel de la Confréfie des fossoyeurs – Mathias Enard

Le comment du pourquoi

J’ai trouvé ce livre audio à la bibliothèque et je me suis souvenue du bon moment que j’avais passé avec « Parle-leur de batailles, de roi et d’éléphants« . Du coup, je l’ai pris, sans savoir que le truc avait plus de 600 pages. Ouais, un livre audio, ça a toujours l’air court!

De quoi ça parle

David Mazon prépare une thèse d’ethnologie. Il est Parisien (et la majuscule est importante) et débarque dans un petit village des Deux-Sèvres pour étudier ses habitants, sans oublier d’emporter sa morgue et son sentiment de supériorité.

Il s’installe dans un annexe fermier, emprunte une mobylette et commence à emmerder tout le monde pour écrire son journal de bord, entre visites et petits coups au café-Pêche. Sauf que le maire a un métier un peu spécial et qu’il sera l’hôte du banquet de la confrérie annuelle des fossoyeurs, trois jours de trève avec la Faucheuse, qui joue d’ailleurs maints tours aux vivants et aux morts.

Mon avis

Entendons-nous, lire ce résumé, ça ne nous donne qu’une idée très vague de ce dans quoi on met les pieds. Si le début peut sembler assez classique, le roman prend soudain une toute autre tournure au détour d’une phrase lancée comme si de rien n’était… et qui implique un sanglier et l’ancien prêtre du village. C’est que la Roue tourne et qu’on réalise rapidement qu’une même personne peut avoir été un cheval ou encore une punaise sur le mollet de Napoléon. Et là, on réalise qu’on est dans quelque chose d’assez extraordinaire, du moins pour moi. J’ai carrément éclaté de rire en réalisant dans quoi je venais de tomber; un roman truculent, qui part dans toutes les directions et qui nous laisse un peu sur le derrière. C’est totalement le genre de texte que j’adore, rempli de références, de jeux de mots et de grand n’importe quoi. Vous savez à quel point j’aime le grand n’importe quoi, surtout quand le dit grand n’importe quoi est bien écrit.

Est-ce que je recommanderais ce roman à tout le monde? Absolument pas. Plusieurs vont trouver les digressions ennuyantes mais moi, je me suis régalée. J’adore tout ce qui est référence, autant historique que pop-culture alors vous pouvez vous imaginer que je jubilais à chacune d’entre elles. Et il y en a. Trop, diront certains, mais avec moi, il n’y en a jamais trop. Ja. Mais. C’est truculent, les histoires s’entremêlent, se construisent les unes sur les autres, et j’ai adoré découvrir les passés des personnages et de leurs ancêtres. Certaines histoires sont tragiques, d’autres touchantes, tandis que certaines sont hilarantes. Le banquet nous laisse entre faim et mal de coeur, les histoires sont fantasques… tout ce que j’aime. Et à la fin, nous ne revoyons plus tout ce petit monde de la même façon.

Le personnage principal est arrogant et détestable… mais tellement drôle et pathétique en même temps. Il baptise son gite « La pensée sauvage » en se prenant pour Levy-Strauss, juge tout le monde et espère tracer un portrait digne du Nobel de la néo-ruralité. Il va donc se faire saoulet la gueule, mais aussi rencontrer Marthe qui va lui raconter le village, chasser avec Gary, rencontrer l’art de Max et surtout connaître Lucie, son cousin et son grand-père ainsi que leurs ancêtres. Pas de façon linéaire sinon ce serait trop simple hein!

Bref, un roman qui s’en va un peu partout mais qui se tient étrangement malgré tout. Un condensé de culture et d’humour noir (ouais.. un condensé pas si condensé que ça), assaisonné d’une pincée de fantastique… et un très bon moment de lecture.

Les Possibles – Virgine Grimaldi

Le comment du pourquoi

J’ai entendu dire que dans ce roman, il y avait un enfant présentait un trouble développemental de langage. Du coup, j’ai été intriguée étant donné que je suis orthophoniste et que c’est en plein le programme que je coordonne. Surtout quand un parent m’a dit qu’il avait lu dans un roman (ce roman) que reformuler les énoncés mal produits de son enfant sans demander de répéter (counseling de base) n’était pas recommandé et qu’elle avait lu ça dans ce roman. Je vous rassure tout de suite, ce n’est pas ÇA qui est écrit! Il y avait un peu de premier degré dans l’interprétation, mettons. Mais je l’ai lu, tout de même.

De quoi ça parle

Juliane a une vie rangée, avec son mari et son fils Charlie. L’histoire commence quand la maison de son père Jean brûle et qu’elle le recueille chez elle, le temps que la maison soit reconstruite. Jean a été un père fantasque, quoique absent et avec qui elle a peu de contacts depuis les derniers mois. Il a toujours été hors du cadre, éternel ado et il emmerde la plupart des conventions sociales.

Sauf que rapidement, Juliane réalise que la maison n’a peut-être pas brûlé pour rien. De plus en plus, les bizarreries de son père ne peuvent plus être uniquement attribuées à son côté excentrique.

Mon avis

Je suis assez critique face aux romans feel good mais allez savoir pourquoi, Virginie Grimaldi, ça passe presque tout le temps. Mon préféré reste « Tu comprendras quand tu seras plus grande » mais je sais toujours dans quoi je m’embarque et ça me plait bien. L’autrice a une plume hyper simple, des thèmes touchants et ses personnages ne sont pas parfaits. De plus, les personnages évoluent mais n’ont pas de « méga-révélation-qui-va-changer-toutes-leurs-valeurs » et ce n’est pas non plus du développement personnel déguisé. Bref, j’aime bien.

Ici, l’autrice nous fait partager avec son personnage principal son cheminement vers l’acceptation de la maladie de son père. Ce thème me touche toujours beaucoup car c’est l’une des choses qui me fait le plus peur dans la vie. Ce moment où les rôles basculent entre parents et enfants, ce pas de côté à faire, pour entrer dans l’univers des personnes ayant des troubles cognitifs. Bien entendu, ce sera une occasion pour réfléchir à plusieurs choses qu’elle n’avait jamais remises en question… et voilà. Ça parle de famille, de différence et d’acceptation et même si je suis hyper différente du personnage principal, certaines de ses préoccupations et fragilités me rejoignent. Certes il y a certains défonçages de portes ouvertes mais comme je m’y attendais, ça ne m’a pas réellement dérangée.

J’ai bien aimé le portrait du petit garçon ayant des difficultés langagières, pas trop appuyé. Bon. Et je n’ai même pas buggé sur le portrait du père, dont le langage est épargné par les difficultés cognitives, vu qu’il est mentionné plusieurs fois que le portrait est atypique et que visiblement, ça aurait rendu la lecture plus difficile. Je suis fan de l’humour de l’autrice, ce qui ne nuit pas. Certes, il y a un peu de facilité mais ici, pas d’histoire d’amour qui sort de nulle part.

Par contre, ici, au Québec, lire « Indiens » pour parler d’autochtones me fait un peu friser les oreilles! Mais c’est clairement une question culturo-linguistique. Ceci dit, si vous aimez l’autrice, je suis pas mal certaine que celui-ci va vous plaire aussi!

La remplaçante – Adriansen / Mathou

Le comment du pourquoi

Je ne suis pas mère et je n’ai jamais eu envie de le devenir. Ça a déjà été un enjeu majeur dans ma vie, mais c’est une autre histoire! En effet, pour reprendre les paroles d’une collègue, « mon utérus n’a jamais crié ». Du coup, ce choix de BD peut sembler étrange dans mon cas, et je suis assez d’accord. Mais j’ai été tentée car elle semblait présenter une autre facette de la maternité.

De quoi ça parle

Marketa rencontre Clovis. Vient l’amour, puis le bébé. Sauf qu’à l’arrivée de Zoé, ce n’est pas le conte de fées rêvé. Elle ne se sent pas à la hauteur, l’instinct maternel tarde à venir et elle a l’impression qu’une autre, une remplaçante, ferait mieux.

Mon avis

Entendons-nous tout d’abord parce que je SAIS qu’on va me faire le commentaire : je pense que même si je n’ai pas d’enfant, je peux quand même vous donner mon avis sur cette BD. Bien entendu, mon avis vaut ce qu’il vaut. Je n’ai pu être touchée au fond de mon fond comme celles qui sont mères, tout probablement. Donc, je l’ai lu à distance et je SAIS au fond de moi que j’aurais été exactement dans cette position. Probabalement avec l’envie d’embarquer dans le Tardis pour retourner en arrière. Bref, I felt that girl!

C’est selon moi une BD nécessaire. De plus en plus, il est possible de lire un peu partout que l’instinct maternel, l’amour inconditionnel, n’étaient pas toujours au rendez-vous et que, des fois, ça arrive que ça ne se passe pas comme on aurait pensé. Le malaise de la mère qui ne se sent pas mère est palpable et on sent que malgré le support de son conjoint et les efforts de son entourage, c’est en elle que ça doit se passer. Son homme a d’autres enfants, il est moins stressé face aux pleurs de sa fille, ne la culpabilise jamais, mais malgré tout, ce n’est pas simple pour autant. De plus, il est parfois surprenant de voir ce qui la valide, ce qui la rend à l’aise dans son rôle de mère.

J’aime bien l’idée de la remplaçante, de cette mère parfaite, telle qu’on la voit sur plusieurs réseaux sociaux, celle qui ferait tellement mieux qu’elle. J’aime bien aussi le graphisme et la vision « pas parfaite » de la maternité. C’est bien fait et j’ai bien aimé, même si je ne suis clairement pas la cible.

Et j’avoue, ça ne m’a pas fait regretter de ne pas avoir eu d’enfants!

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Birthday – Meredith Russo

Le comment du pourquoi

J’ai vu ce roman passer un peu partout sur Instagram mais ce n’est que quand j’ai vu cette couverture que j’ai craqué. Je n’aimais pas l’autre. Ouais, je sais, je suis une fille futile et sensible aux apparences. Mais j’aime bien cette bougie arc-en-ciel. Alors je l’ai lu. Il m’en faut peu, des fois.

De quoi ça parle

Morgan et Eric sont amis depuis toujours. Nés le même jour, une tempête a coincé leurs famille pourtant fort différentes dans un hôpital pendant trois jours et ils sont restés depuis les meilleurs amis du monde. Mais plus arrive d’adolescence, plus Morgan est mal dans son corps et ne se reconnait pas dans cette identité de garçon, dans ce corps qui lui a été assigné.

Nous les suivrons donc pendant toute leur adolescence, un jour par année, celui de leur anniversaire, et nous les verrons évoluer dans leur ville et l’un par rapport à l’autre.

(Note : j’utilise le masculin ou j’essaie de ne pas genrer car c’est ce qui est fait dans une grand partie du roman.. mais Morgan est clairement une héroïne dans ma tête!)

Mon avis

J’avais déjà lu « If I was your girl« , de la même autrice. J’avais beaucoup aimé le personnage, une jeune fille trans, ainsi que le traitement de la transidentité. L’autrice est elle-même une femme trans. Toutefois, l’histoire en tant que telle était banale et sa construction m’avait plus ou moins convaincue. J’étais toutefois très curieuse de voir ce que le deuxième roman donnerait et il est pour moi nettement meilleur que le premier. Plus cohérent, mieux construit, plus original aussi. Une belle évolution d’autrice.

L’histoire du roman est très différente de celle du précédent. Ici, nous suivrons deux amis qui ont chacun leurs rêves, leurs particularités et leurs défis. Certes, ceux de Morgan sont plus clairs, son désespoir plus criant. Elle vit seule en tant que garçon avec son père dans un trailer park, sa mère étant décédée d’une longue maladie, alors qu’Eric vit avec ses parents riches mais pas toujours supportants. Dans leur petite ville au milieu de nulle part, il n’y en a que pour le football et si Morgan a quitté sans que personne ne comprenne pourquoi, Eric tente de répondre aux attentes de son père et suivre son frère dans une carrière de joueur élite. Morgan se fait harceler alors qu’Eric est célébré. Toutefois, leur amitié est solide et intense et ils seront là l’un pour l’autre malgré les silences, les non-dits et la souffrance.

Une fois par an, nous découvrirons ce qui s’est passé pendant l’année qui s’est écoulée. Les pensées de Morgan sont empreintes de désespoir et de souffrance mais malgré tout, la relation est saine et belle, avec ses hauts et ses bas. Elle évolue en dents de scie et ça fait mal au coeur de voir le repli sur soi de Morgan qui n’ose pas parler, même à ceux qui sont au centre de sa vie. Son parcours ne se fera pas sans heurts, le coming out n’est pas aisé, certains passages font mal, mais j’ai aimé le dénouement, l’espoir qui en découle et les possibilités que ça ouvre.

Une belle représentation, des personnages touchant, des sujets durs (il y a beaucoup, beaucoup de trigger warnings, mettons) mais une lecture qui m’a beaucoup plu. Et j’ai dit que j’aimais ce type de construction hein? Ouais, j’ai dit. Mais j’aime radoter, faut vous y faire!

Le tourbillon de la vie – Aurélie Valognes

Le comment du pourquoi

Pour la chanson. Sérieux, je l’ai pris pour ça. Et j’ai chanté la toune de Jules et Jim pendant une demi-journée. Sauf que comme je l’aime bien, ça ne me dérange pas. Mes collègues n’en diraient peut-être pas autant. Et ils font dire que si un jour quelqu’un écrivait un roman appelé « Les moulins de mon coeur » (celle que je chante le plus souvent en temps normal), ils songeraient à l’option du tueur à gages. Mais je m’égare.

De quoi ça parle

Arthur va passe un été avec son petit fils. Entre cet ancien acteur et sa fille, ce n’est pas simple et il souhaite passe du temps avec le petit Louis avant d’oublier. Car il sent bien que dans sa tête, ce n’est plus comme avant et que, de plus en plus, mots et souvenirs lui échappent.

Mon avis

De l’autrice, j’avais lu « Au petit bonheur la chance », que j’avais trouvé pas mal, sans être non plus pâmée. Mais bon, comment on résiste à ce titre? Toutefois, j’ai vraiment eu du mal avec toute la première partie et je suis restée complètement extérieure, malgré le sujet qui me parle et qui m’intéresse beaucoup.

Je crois que j’ai du mal avec les voix d’enfants. Ici, j’ai eu du mal à faire la différence entre la voix de Louis et celui de l’autre roman lu par l’autrice. Le jeune de 8 ans a parfois des réflexions vraiment… étranges. Parfois hyper immatures et parfois hyper profondes… comme s’il passait de 2 ans et demi à 12 ans en une page. Bref, je n’y ai pas cru. Donc, le début, ça passait mal et j’ai pensé abandonner. J’avais l’impression de relire la même chose que dans « Au petit bonheur la chance ».

Ceci dit, le thème de la mémoire, de l’oubli, du vieillissement et des relations familiales aurait pu m’intéresser. Malheureusement, ce n’est qu’effleuré. Pourtant, la partie où Arthur est face à lui-même et où nous comprenons la détresse de cet homme qui est encore là, mais qui sent son esprit s’effilocher est vraiment bien et nous oblige à réfléchir et à remettre certaines croyances en question, surtout en cette période où on a bien vu comment vivaient plusieurs de nos aînés. Mais ça dure assez peu et c’est un choix conscient de l’auteur de rester du côté de la vie et de la lumière. Du coup, j’ai moins accroché et j’avoue avoir oublié assez rapidement beaucoup de détails.

J’ai trouvé le tout moins abouti et si l’importance des petits moments et de la famille est intéressante, j’aurais aimé plus de profondeur, autant dans l’écriture que dans les backstories. Et je suis déçue car vraiment, ce sujet est important, avec notre population vieillissante qu’on a tendance à tabletter assez rapidement. Quand le petit Louis dit à une vilaine infirmière  » mais vous pouvez pas lui parler comme ça, c’est mon PAPI », j’ai trouvé ça hyper émouvent. On oublie rapidement que toutes ces personnes âgées ont vécu et qu’ils sont les parents, les enfants et les frères de quelqu’un. J’aurais juste aimé un traitement plus approfondi.

Demi-teinte, donc…

L’âge d’or – tome 2 – Pedrosa / Moreil

Le comment du pourquoi

J’ai lu le premier tome il y a un bon deux ans et j’avais été complètement sous le charme des dessins et de cette fable politico-médiévale. Du coup, j’ai bien entendu sauté sur l’occasion de lire la fin de ce dyptique.

De quoi ça parle

Rappelons d’abord la prémisse. Nous sommes dans un royaume médiéval et le roi est mort. Sa fille, la princesse Tilda, est l’héritière présumée, sauf qu’une rébellion et un complot se préparent dans l’ombre. Et qu’est-ce que ce livre qui parle d’un Âge d’or, où tous étaient égaux?

Ce tome 2 nous curille après une ellipse de plusieurs années et nous verrons la conclusion de cette fable onirico-communiste!

Mon avis

Ce deuxième tome est aussi magnifique visuellement que le premier mais selon moi, cette finale est un peu en-dessous de ce qui nous avait été proposé dans le premier tome. J’ai eu l’impression qu’on aurait facilement pu faire trois tomes et que pour entrer dans deux, on avait passé très vite sur plusieurs éléments qu’il aurait été essentiel d’explorer davantage. Ici, nous sommes davantage en mode « bataille finale ». C’est bien fait, mais j’ai eu une impression de survol, ce qui n’était pas le cas dans le premier opus.

J’ai beaucoup aimé la finale, le message, mais il reste que c’est plus manichéen que le premier tome. Les personnages restent intéressants, surtout la princesse et son entourage, avec une vraie réflexion mais les antagonistes sont des vrais de vrais pas fins. J’aurais aimé un peu plus de finesse.

Je sais, j’ai l’air à chiâler mais sincèrement, graphiquement, c’est une oeuvre d’art. Les couleurs flashy, le côté onirique, le temps qui passe dans une même case et le rythme créé par la disposition des cases me plait toujours autant. Entrer dans cette BD, c’est se laisser porter par cet univers. Sincèrement, c’est de toute beauté et je suis ravie d’avoir l’oeuvre dans ma bibliothèque. Va juste falloir que je retrouve mon tome 1, que j’ai prêté à je ne sais pas qui… et qui ne me l’a of course pas rendu.

C’était ma BD de la semaine

The Maidens – Alex Michaelides

Le comment du pourquoi

La personne qui m’a suggéré ce roman connaît mon amour pour « The secret history » de Donna Tartt. Elle m’a dit qu’il fallait vraiment que je lise ce livre car l’atmosphère était semblable. Donc, of course que je l’ai pris. Et que je l’ai lu.

De quoi ça parle

Edward Fosca est un tueur. Mariana Andros en est persuadée. Toutefois, il est enseignant dans un prestigieux collège de Cambridge et est apprécié unanimement par le personnel et les étudiants.

Mariana est thérapeute de groupe. Elle a presque élevé sa nièce Zoe, qui va maintenant au même collège de Cambridge qu’elle a fréquenté et où elle a rencontré Sebastian, l’homme de sa vie, décédé l’année précédente. Un jour, elle reçoit un coup de fil de Zoe. Un corps a été retrouvé et c’est celui de sa meilleure amie, jeune fille troublée et élève de Fosca. Mariana va donc retourner à Cambridge pour tenter de résoudre le mystère… et faire arrêter le professeur.

Mon avis

J’avais lu « The Silent Patient« , du même auteur, il y a un moment, et j’avais beaucoup aimé, vu que je n’avais pas tout vu venir. Et ça, c’est assez rare pour que je le souligne. Celui-ci m’a un peu moins plu, mais je crois que ce sont mes attentes « atmophériques » qui n’étaient pas réalistes. Certes, nous sommes sur un campus, il y a du grec et des tragédies dans l’histoire, mais nous sommes loin de cette sensation d’enveloppement, de langueur que nous retrouvons dans The Secret History. Il est d’ailleurs beaucoup plus court, beaucoup plus rythmé et nous allons beaucoup moins loin dans la psychologie des personnages. C’est d’ailleurs mon reproche principal : je n’ai eu l’impression de connaître personne, à part peut-être la protagoniste principale.

Bon, j’ai l’air à bougonner, comme ça, mais j’ai somme toute bien aimé. C’est prenant, c’est hyper facile à lire, et la description de Cambridge m’a fait revivre ma visite d’il y a plusieurs années. C’est aussi distrayant et même si j’ai un peu levé les yeux au ciel à cause de certaines incohérences, j’ai passé un bon moment de lecture. En ce moment, j’ai besoin de lectures « simples » (et je ne dis pas ça de façon péjorative) et ce roman a répondu à ce besoin en particulier.

La structure à deux narrateurs est intéressante et j’ai SURTOUT aimé le clin d’oeil à son roman précédent (qui aurait certes pu être un peu moins appuyé). Toutefois, les réactions des personnages (les fameuses Maidens, qu’on ne connaît pas vraiment) sont vraiment weird, sans parler de l’université qui accepte des choses… particulières. Quant à la police pleine de préjugés, je suis dubitative, quoique le chef de police a tout de même raison de tenter d’empêcher Mariana de se mêler de l’enquête! Imaginez si tout le monde faisait ça? De plus, il y a tout plein de pistes plus ou moins résolues.

Bon, je me relis et pour résumer, ce serait « il y a tout plein de trucs qui ne se tiennent pas mais j’ai quand même aimé ». Ouais, je suis d’une logique à toute épreuve! Il y a un petit côté whodonit à la Agatha Christie, je trouve… ouais, voilà, plus Agatha Christie que Donna Tartt!

L’assassin Royal – Deuxième époque – Tomes 11-13

Le comment du pourquoi

Je l’ai dit, je suis à fond dans cette série. J’ai donc enchaîné la deuxième trilogie. Qui a été séparée en deux intégrales en VF. Ou en 7 tomes. Bref, il ne faut pas chercher à comprendre.

De quoi ça parle

Attention, ça risque de spoiler … Rendu à ce point, lire le résumé révèle des trucs du début!

Fitz a donc traversé la mer pour se rendre sur Aslevjal pour tuer Glasfeu le Dragon, à la demande la Narcheska. L’équipage est déchiré et Fitz tente de déjouer le destin du Fou en le laissant derrière. Sauf que, bien entendu, ça ne va pas se passer comme ça…

Mon avis

Entendons-nous, je n’aime pas cette fin. Tout cet avis sera un gros spoiler car je ne me vois pas vraiment tenter de donner un avis sur la fin de cette deuxième trilogie sans en révéler pas mal. Surtout que je vais bougonner et que pour bougonner, il faut quand même que je vous explique pourquoi.

Cette fin de trilogie a pour moi un problème de rythme et de répétitions. J’ai une bonne mémoire (ouais, c’est un peu mon karma, je fais même pas exprès de me rappeler de millions de détails bizarres) et me faire rappeler des événements qui se sont déroulés 100 pages avant. Le début est un peu lent, ça s’active ensuite et ça traîne en longueur vers la fin. Mais bon, je suis attachée aux personnages alors on pourrait me raconter leur matinée de ménage et je la lirais avec plaisir. Du coup, ça, ça va encore.

Mon bug? J’ai commencé à cringer dès le début de la trilogie quand on a prononcé le nom de « Molly ». Je me suis dit « nooooo way »… on ne va pas remettre ça! Moi qui était tellement contente de la fin de la première trilogie. Je me disais « enfin une autrice qui ne va pas dans cette direction » et j’étais OVER d’accord avec Cauldron/Caudron (je suis toute mélangée avec les noms en français et en anglais) à propos de cette relation… bref, à chaque fois que je lisais/entendais ce nom (parce que pour simplifier les choses, j’écoutais en VF et je lisais en VO), je bougonnais. Alors vous imaginez cette fin?

Non mais… ILS NE SE SONT PAS VUS DEPUIS 16 ANS!?!?!?!

Personne n’est le même 16 ans plus tard, surtout quand on parle de deux ados/jeunes adultes. Ils ne se connaissent plus. Et déjà jeunes, ils ne faisaient que se chamailler (bon, ok, j’exagère… mauvaise foi, quand tu nous tiens…). Elle est OÙ l’évolution du personnage? Tout ça pour ça? Bref, insultée je suis. Et certains éléments de l’histoire sont un peu résolus rapidement à mon goût.

Et en plus, expliquez-moi POURQUOI tout le monde décide de suivre ce qui semble un « caprice » d’enfant de 12-13 ans qui demande une tête de dragon? Je sais, il y a une raison derrière tout ça, mais personne ne la connaît. Deux peuples qui décident de tout risquer parce qu’une Narcheska a lancé un défi et qu’un Prince a accepté? À 13-14 ans? Ben voyons! Du coup, comme je ne comprends pas l’événement déclencheur, j’accroche moins. Certes, je comprends le procédé narratif. Elle nous mène exactement là où elle veut. Mais ça m’a sonné artificiel. Bref, je suis bougonne.

Mais c’est Fitz. Et surtout, c’est le Fou. Ce personnage me fascine, avec ses alias, ses incarnations, ses blessures. J’adore aussi Kettriken et je ne déteste pas la miss Narcheska. Umbre me gosse mais j’ai bien apprécié le switch qui se produit graduellement dans la relation avec Fitz et la finale d’Astérie me fait tiquer.

Bref, j’ai déjà dit que les fins et moi, c’était rarement la joie hein!

Mais je ne voudrais pas vous empêcher de découvrir cet univers parce que savez-vous quoi? Même si je bougonne en raison de la finale, je vais quand même poursuivre la série. Il y a une série de dragons et une autre série de Fitz, je pense. Mais je ne suis pas certaine. Je vais peut-être prendre une petite pause, mais je vais poursuivre. Comme quoi…

La bombe – Alcante/Bollée/Rodier

Le comment du pourquoi

J’avais pas mal entendu parler de ce titre, mais c’est quand ma mère l’a lu – et adoré – que je me suis décidée à plonger dedans et à le lire. Maman et moi, on a souvent des avis assez différents sur nos lectures mais vous allez voir, pour une fois, on s’entend!

De quoi ça parle

Ce sont des scientifiques. Ils travaillent sur l’énergie et la fission nucléaire. Et ils vont contribuer à créer la Bombe. Pour la paix.

Mon avis

Oui, vous avez bien lu. Selon le point de vue choisi dans cette BD, au départ, le fait de vouloir la bombe chez les Alliés était surtout dissuasif et le travail des scientifiques allait – en plus de la rechercher et de la gloire scientifique, of couse – permettre de conserver un certain équilibre. Comme chacun le sait, ça ne s’est pas passé comme ça, mais qu’on y croit ou pas, cette vision des choses est passionnante. De plus, les auteurs mettent en parallèle cette vision très cartésienne à celle, plus émotive et extrêmement émouvante, des gens ordinaires qui ont été les victimes innocentes de cette bombe. À cet effet, la postface qui explique la genèse de la BD est aussi très révélatrice. Cette BD a été pour moi un succès total.

C’est une longue BD, presque 500 pages. remplie de personnages divers et variés. Pourtant, il n’est nullement difficile de s’y retrouver car chacun est bien présenté, avec son background. La narration, parfois donnée à la Bombe elle-même, donne un aspect glaçant au récit. Voir personnifiées les victimes de la bombe mais aussi celles de la recherche sur les effets du plutonium fait mal au coeur. Certes, on savait. Mais là, on dirait qu’on sait encore plus. C’est érudit, déroutant et rien ne nous est épargné. Il y a plusieurs points de vue et on découvre certains personnages méconnus de l’histoire, plus ou moins sympathiques. Bref, j’ai adoré.

Ne vous laissez pas décourager par l’aspect documentaire. C’est certes dense mais ça reste accessible et hyper intéressant. Une réussite!

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