Le serpent majuscule – Pierre Lemaître

Le comment du pourquoi

C’est ma boss qui m’a dit que, à son avis, j’avais besoin de rire et que ce roman, selon elle, pourrait me faire rire. Comme je suis une employée obéissante (elle lira pas ça… sinon elle s’étoufferait avec son café), je l’ai lu. 

De quoi ça parle

Mathilde n’a l’air de rien. La soixantaine en surpoids, l’air innocent d’une vieille dame un peu bornée. Sauf que Mathilde, ancienne résistante, est tueuse à gages. Efficace en plus de ça. Sauf que là, elle en oublie des bouts. Certains plus gros que d’autres. Quand Henri, son ami de longue date, lui propose une mission, elle va y aller avec plaisir. C’est qu’elle a toujours eu un faible pour son Henri, la Mathilde. Et vous pouvez deviner que ça un peu dérailler. 

Mon avis

Entendons-nous, nous ne sommes pas du tout ici dans de la « grande » littérature. Nous avons une mamie flingueuse, à la gachette – très – facile qui perd un peu la tête. Disons que ses fonctions exécutives ne sont pas ce qu’elles étaient et que pour la mémoire et l’auto-inhibition, ce n’est pas tout à fait ça. Le passé revient en force aussi. Ça donne un tout assez déjanté, avec un inspecteur un peu mou qui tente d’attraper le meurtrier qui fait des trous gros comme des melons d’eau dans ses victimes, tout en rendant visite à Monsieur, qui perd petit à petit contact avec la réalité. 

Ai-je trippé?  Moyen. J’ai aimé le côté complètement cinglé mais ça devient un peu répétitif à la longue et on sent que, petit à petit, ça se transforme petit à petit vers une réflexion sur la vieillesse, le sentiment d’incompétence et de solitude. Le tout en shootant des gens, of course. Certaines scènes sont hilarantes, d’autres sont plus sombres, mais j’ai eu tout de même du mal à m’intéresser à l’histoire. Je n’avais pas nécessairement le goût d’y retourner et je sens que je l’oublierai assez vite. Par contre, les chiens, les chiens!  Faut laisser les chiens tranquilles!

On me dit que la trilogie que tout le monde a lue de Lemaître est plus profonde. J’essaierai. C’est que ce roman est le premier que Lemaître a écrit et qu’il n’a été publié que maintenant. À vous de voir, donc!

The Mime Order – Bone Season 2 – Samantha Shannon

Le comment du pourquoi

Allez savoir pourquoi, je m’étais mise en tête de lire tous les tomes de la série qui sont sortis en février. Drôle d’idée, hein. Je n’ai pas de mal à lire les séries d’un bout mais comme je deviens – un peu – vieille, rester longtemps dans des univers YA, je pense qu’après deux, je vais prendre une pause. Pas que je n’ai pas aimé hein, parce que cette série vaut le coup. 

De quoi ça parle

Ce roman commence tout de suite après la fin du premier tome. Bien entendu, si vous ne l’avez pas lu, à partir de maintenant, ça va spoiler le dit premier tome. Donc, à vos risques! Si le premier tome nous emmenait à Scion1, nous sommes de retour à Londres et Paige ne sait plus où iront ses loyautés au début du roman. Doit-elle retourner à Seven Dials retrouver Jaxon, son Mime-lord ou se débrouiller toute seule pour exposer tout ce qu’elle a vu au camp?

Mon avis

J’ai eu besoin d’un moment pour me remettre dans l’histoire, étant donné le contexte très, très différent du premier tome. Nous sommes totalement ailleurs. Plus de captivité, nous sommes loin de tous ceux que nous avions rencontrés dans le tome 1 et Paige se retrouve presque aussi dépourvue qu’à Scion1. Elle est recherchée, Jax s’attend à ce qu’elle lui obéisse au doigt et à l’oeil et il la tient sous sa coupe. Elle n’a pas de sous et son aura la vend de toute façon. Bref, elle est mal prise. 

Après un début de mise en place, on continue à découvrir l’univers et l’histoire de Scion et des Rephaims. On va se balader de Camden aux catacombes, en passant par divers quartiers de Londres et par le Black Market. Le sort de l’Assemblée est en jeu, personne ne veut aider Paige à dire la vérité sur Scion et ses machinations. Elle va donc devoir ruser et se débrouiller toute seule, ou presque. C’est que Nick est quand même là.  J’ai bien aimé rencontrer les divers membres du groupe de Paige et après la mise en place, on ne s’ennuie pas une minute, même si l’action est par bouts. Comme dans le premier tome, notre miss est complètement reckless, mais d’un autre côté, ce n’est pas non plus comme si elle avait le choix.  Elle doit choisir son camp. L’univers est riche, complexe, mais c’est quand même facile à comprendre et ça se lit tout seul. Et vous savez quoi, il y a des cartes. J’aime les cartes. Et je veux TELLEMENT retourner à Londres!

L’histoire est addictive, certains personnages sont dé-tes-ta-bles (Jax… dès le départ, je voulais le secouer… et Nadine n’est pas mieux) et la finale est encore une fois très cool. J’avais quand même vu certaines choses mais on s’en fiche un peu, c’était hautement divertissant. Il y a une vraie profondeur dans plusieurs des personnages, l’univers du crime organisé de Londres n’est pas reposant et pas glorifié et j’ai adoré découvrir les bas fonds petit à petit. 

Bref, je vais continuer. Ça me plait. Beaucoup. 

Coming in – Elodie Font / Carole Maurel

C’est Stephie qui a parlé de ce roman graphique lors d’un RV des BDs de la semaine. C’est un thème au sujet duquel j’ai souvent lu mais la découverte de soi et l’acceptation de soi m’intéresseront toujours. Du coup… j’ai lu!

De quoi ça parle

Dans sa tête, Elodie est hétéro. Elle a plein d’amis queer, mais pas elle, bien sûr que non! Le coming out est une chose… mais s’avouer son identité à soi-même n est une autre.

Mon avis

Ce roman, c’est tout à fait ce que j’aime. Avais-je déjà lu ce genre de récit? Oui. Une femme qui doit s’accepter telle qu’elle est, c’est un thème qu’on rencontre souvent en littérature. J’ai aussi souvent lu au sujet de femmes qui doivent accepter leur queerness. Et c’est clairement l’un des meilleurs récit que j’ai lus à ce sujet.

Bon, je vous entends penser. Qui es-tu pour donner ton opinion à sujet alors que tu es clairement intéressée par les hommes? C’est que le récit est très universel, en fait. L’acceptation de qui on est, peu importe ce qui est plus difficile à accepter, je crois sincèrement que ça peut parler à tous. L’autrice nous raconte son histoire, son évolution, et le trait de Carole Maurel complémente parfaitement le récit. C’est vivant, sensible, rythmé, la couleur est parfaitement maîtrisée… bref, je suis fan de cette artiste.

Tout ce roman parle du deuil de l’idée qu’on se faisait de soi-même, même quand la réalité est positive. Dans ce cas précis, l’autrice a peur de décevoir, peur de ce que ceux qu’elle aime vont penser, peur aussi de devoir faire face au fait que certaines situations – notamment la maternité – risque d’être plus compliquées. La voir se battre contre elle-même, accepter l’anxiété, la douleur reliées aux relations avec un homme, est extrêmement touchant et cette souffrance peut rejoindre de nombreuses personnes. Bref, c’est hyper réussi et ça fait réfléchir.

Une excellente BD, très sensible… bref, je conseille!

Tous les billets chez … cette semaine.

Les eaux acides – Les cités des anciens – Robin Hobb

Le comment du pourquoi

Entendons-nous, j’ai la tête dure. Et dans ma tête dure, j’ai le projet de lire tout ce qui se passe dans cet univers de Robin Hobb. Dans l’ordre. Et je VEUX me rendre à la 3e trilogie de Fitz (je suis encore fru de la fin). Donc, je lis celle-ci, qui vient avant. Mais j’aime pas vraiment. Bref, bienvenue dans ma vie. 

De quoi ça parle

Nous sommes donc dans la suite directe du premier tome, dont je vous ai parlé il n’y a pas si longtemps. Je sens que le prochain billet sera quand j’aurai fini la série. Ou au moins l’équivalent d’un tome en anglais. Parce que sérieux, il ne se passe pas grand chose! En gros, on est avec des gardiens et des dragons. Et c’est ça. 

Mon avis

Je pense que si vous en êtes rendus là, vous avec compris : je suis méga, MÉGA mitigée par rapport à cette série à date. Je m’ennuie de façon assez impressionnante et les dragons m’énervent les 9/10 du temps. Certes, c’est une bonne idée de les dépeindre comme des êtres supérieurs, qui considèrent les humains limite comme du bétail, ça change. Mais de façon générale, être avec eux qui ne pensent qu’à manger… c’est long. Et plate. Mais comme je veux lire dans l’ordre, je m’acharne. Et le terme n’est pas trop fort. 

Dans ce tome, les gardiens font connaissance avec « leurs » dragons (les dragons diraient plutôt leurs humains) et sont contents quand ceux-ci les laissent s’occuper d’eux. Ils chassent, Sédric essaie de convaincre Alise de rentrer à Terrilville, Thymara grandit – mais lentement… pis c’est à peu près ça. 

Et savez-vous quoi?  Je suis pas plus convaincue par le tome 3!

Mrs. March – Virginia Feito

On va être honnête, j’ai lu ce roman car on me l’avait chaudement conseillé et que les gants verts de la couverture m’ont limite apelée. Non mais je veux des gants verts menthe, maintenant! Ceci dit, c’est à un roman assez étrange que nous avons là!

De quoi ça parle

Mrs. March est l’épouse de George March, le célèbre écrivain. Dans le monde de l’Upper East Side où elle évolue, elle se doit d’être toujours adéquate et surtour, d’être à la hauteur de son vénéré époux.

Sa vie va basculer quand sa pâtissière préférée va lui mentionner que le personnage principal de son dernier roman pourrait être basé sur elle, sa femme. Le problème c’est que le dit personnage principal est une prostituée, laide, sans manière et détestable. Elle va donc tenter, encore et toujours, d’être à la hauteur.

Mon avis

Voici donc un roman bien particulier. À la fois un magnifique portrait de femme et une exploration de la santé mentale d’une personne qui part en vrille quand elle perd le contrôle. Pendant le début du roman, j’ai beaucoup pensé à Mrs. Dalloway, même si nous nous éloignons assez rapidement de la journée unique et du stream of consciousness… quoique…

Nous rencontrons dont une femme presque sans visage, sans époque et sans nom. Elle n’est que Mrs March, même dans les flashbacks. Quand elle va réaliser que son mari a peut-être des secrets, la spirale va s’amorcer et elle va glisser lentement mais sûrement vers la paranoïa. Et nous, lecteur, nous serons les témoins impuissants de sa chute et de ses décisions de plus en plus mauvaises, tout en découvrant petit à petit certains éléments de son passé qui nous donnent quelques clés afin de comprendre sa détresse et son mal-être.

Il va sans dire que j’ai adoré la plume et je suis fan de ces romans où il ne se passe « pas grand chose ». J’ai par contre été un peu déçue par la fin, que j’ai trouvée trop prévisible. Le récit est par contre intelligent, parfois drôle, clairement dérangeant et a un côté irréel qui m’a énormément plu. C’est une autrice que je suivrai et un roman au sujet duquel je serais curieuse d’avoir votre avis!

Mille secrets mille dangers – Alain Farah

Je poursuis ma lecture des romans sélectionnés pour le Prix de libraires du Québec avec ce roman d’Alain Farah, que j’avais hyper hâte de lire. Du même auteur, j’ai adoré Pourquoi Bologne, un roman hyper particulier, mélange d’autofiction et de SF… et de beaucoup d’autres choses. Ici, on est ailleurs. Mais n’empêche que ça m’a beaucoup plu. 

De quoi ça parle

Alain Farah va se marier. Aujourd’hui. Avec Virginie, qu’il aime et qui l’aime. Ses parents, tous deux immigrés d’Egypte – qui ne se parlent qu’en criant – vont être là. Son cousin Edouard, son presque frère, aussi, ainsi que Myriam, la meilleure amie de Virginie de qui il est devenu très proche. Dire qu’Alain est anxieux est un euphémisme. C’est entre passé et présent que nous allons mieux comprendre ce qui a mené à ce jour qui va mettre en lumière de nombreux aspects de ce qui a construit Alain comme personne. 

Mon avis

Je l’ai dit en partant, ce roman m’a beaucoup plu. Je me suis tout de suite attachée aux personnages, avec leurs failles mais aussi leur réelle affection les uns pour les autres. Chaque personnage a souffert, que ce soit physiquement ou psychologiquement, et le roman explore non seulement les effets de cette souffrance sur eux-mêmes, mais aussi sur ceux qu’ils aiment. Sans être « in your face ». C’est très bien fait et c’est un roman dans lequel on est bien, qu’on ne veut pas refermer, clairement plus « grand public » que Pourquoi Bologne, qui est clairement plus bizarre!

Ce roman explore plusieurs thèmes de façon très intelligente. Qui est-on quand on est fils d’immigrés libanais-qui-vivaient-en-Egypte? Quand on a grandi entre la culture de ses parents et celle – encore floue – du pays où l’on vit? Comment se voit-on soi-même? Et que se passe-t-il quand on est malade? Une maladie qui implique des douleurs, une adaptation du quotidien. Comment est-ce que ça affecte la construction de soi?  J’ai été touchée par le personnage auto-fictionnel parce qu’il est profondément humain, qu’il fait des erreurs, apprend, mais « guérit » pas complètement non plus. Il reste lui-même malgré tout. 

La relation avec Myriam, l’amie à qui le roman est dédiée, est magnifique et ce personnage est lumineux au possible. Quant à Edouard, il nous fait rager, on a le goût de le secouer, mais on se doute qu’il y a une raison à tous ces comportements qui semblent complètement déconnectés. La relation entre ces deux cousins tellement différents, mais reliés par leur enfance et par une profonde affection, fait réfléchir et on a parfois l’impression que c’est le deuxième couple de l’histoire. Les deux hommes tentent de faire le mieux l’un pour l’autre… sauf que le mieux de l’un n’est pas nécessairement le mieux de l’autre. 

Ça parle de relations parents-enfants, de modèles et d’héritages familiaux… bref, de nombreux thèmes sont explorés, l’écriture est hyper accessible mais très belles, avec une narration très bien construite. J’aime Farah, est-ce que ça paraît?  

Une excellente lecture!

Le grimoire d’Elfie – 1 – L’île Presque

Je suis toujours preneuse de ce genre de bande dessinée avec une atmophère magique et des illustrations choupinettes. Je me dis toujours que je les lis pour les conseiller à ma nièce mais naaaaah… qu’est-ce que je raconte! Je les lis parce que j’aime bien!

De quoi ça parle

Elfie et Magda vivent avec leur tante pas gentille du tout depuis la mort de leur mère. Mais tout va changer quand leur grande soeur débarque avec un minibus anglais transformé en bibliothèque et les emmener dans une presque île (faute volontaire) de Bretagne où la population est déchirée par une vieille histoire de timbres volés.

Mon avis

On ne va pas faire semblant, j’ai passé un très bon moment avec cet album BD. Quel plaisir de se retrouver en Bretagne, avec ses paysages un peu magiques, ses petites rues et la mer tout autour! Les illustrations sont toutes douces, souvent dans les pastels, un vrai plaisir pour les yeux. Bref, tout à fait dans mes cordes. Et dans celles de ma nièce qui est dans le « c’est trop mignon » à fond!

Mais il y a derrière toute cette mignonitude, il y a une vraie histoire de chicane de village en raison d’une mauvaise blague qui a mal tourné et d’un timbre de grande valeur qui a disparu. Elfie va donc s’allier avec un jeune garçon dont la famille est déchirée par cette histoire et tenter de retrouver le fameux timbre disparu, avec l’aide de son grimoire magique dont elle vient tout juste d’apprendre le fonctionnement. C’est qu’elle a hérité des pouvoirs de sa mère et qu’elle commence à réaliser en quoi ils consistent.

En plus, on commence à connaître la fratrie, on réalise qu’elles ont chacune leurs blessures et j’ai très hâte de connaître davantage le personnage de Magda, qui semble très désagréable au premier abord mais qui a aussi son histoire. Et bon, qui ne voudrait pas d’un bus-bibliothèque à deux étages? Je veux ça pour Noël!

Tous les billets chez … cette semaine

Beneath the Sugar Sky – Wayward Children – 3 – Seanan McGuire

Le comment du pourquoi

Quand je commence une série j’ai l’habitude d’en lire plusieurs tomes d’affilée… et d’oublier ensuite. Je suis donc en plein trip Seanan McGuire alors je binge. Ouais, je suis comme ça. En plus, j’aime beaucoup. Ça aide.

De quoi ça parle

Les pensionnaires de Miss Eleanor West en ont déjà vu d’autres mais, tout de même, quand une fille habillée d’un énorme gâteau tombe du ciel dans l’étang, ils sont quand même surpris. Encore plus quand la fille – Rini – révèle être la fille de Sumi… décédée avant sa conception. Elle doit donc la récupérer et la ramener dans son monde avant de disparaître complètement.

Mon avis

Ok, dans les trois livres de la série, c’est tout de même celui que j’ai le moins aimé à date… tout en l’aimant beaucoup. Nous suivons donc 5 jeunes à Confection, le monde de Rini, qui ressemble franchement à Candyland. J’ai eu envie de manger des gâteaux tout le long. Même que j’ai cuisiné. Et ça, croyez-moi, c’est PAS normal!

Cora est arrivée depuis peu. Elle est grosse, en forme et vient d’un monde de sirènes. Nadya est née avec un seul bras et vient d’un drowned world. Nous retrouvons aussi Christopher et Kade (mon pref), que nous avions rencontrés dans le premier tome. Ensemble, ils vont donc tenter de faire revivre la même de Rini et de détrôner la Queen of Cakes, qui est mystérieusement revenue. J’ai bien aimé me balader dans ce nouveau monde et d’en découvrir les rouages.

Ce qui m’a moins plu, c’est quand dans les premiers tomes, il y a un côté doux-amer et aussi des pertes. Ici, le fait de voyager entre les mondes est limite trop facile, ce qui enlève presque quelque chose à la quête des autres jeunes. Ceci dit, il y a toujours beaucoup de diversité (quoique j’ai un petit bémol avec la jeune fille à qui il manque un bras qui le retrouve dans son monde…), c’est super queer, très ouvert, weird… j’aime. Et la carte des mondes… j’aimerais trop la voir. Genre que je VEUX cette carte. Et je continuerai la série. Bientôt.

Apeirogon – Colum McCann

J’avais sélectionné ce roman dans les favoris de Lisa Giraud Taylor et j’avais prévu vloguer ma lecture pour un futur concept vidéo. Heu… comment dire. J’ai rien vlogué du tout. J’ai subitement perdu l’intérêt pour la vidéo. Donc on s’entend, je ne suis pas dans ce mood pantoute. Mais j’avais quand même envie de le lire genre là, maintenant.

De quoi ça parle

Bassam est Palestinien. Rami et Israélien. Bassam est le père d’Amir. Rami est le père de Smadar. Les deux fillettes ont été tuées par le « camp adverse » dans la situation inextricable où se retrouve la population de cette région du monde, déchirée entre passé, présent, croyances et propagande. Et malgré tout, ils sont amis. Vraiment.

Ce deux hommes existent. L’histoire qui l’entoure a été romancée par l’auteur qui s’est bien entendu beaucoup renseigné sur la situation. C’est à travers ces pacifistes convaincus que nous pourront entrevoir la situation inextricable dans laquelle se retrouvent ces personnes.

Mon avis

Je connais assez peu la situation géopotilique en Israël et en Palestine J’avais pu entrevoir le tout avec les Chroniques de Jérusalem de Guy Delisle (en 2012) mais ici, on s’en va clairement ailleurs. Ce n’est pas un regard de touriste mais un regard de l’intérieur, du quotidien. De deux quotidiens, en fait. De celui d’Israël et de celui de la Palestine, si proches mais si loin à la fois. On entrevoit les check points, les patrouilles, l’occupation (qui n’existe pas selon certains), les peurs, les différences incroyables entre les deux modes de vie. Et je dis « entrevois » très consciemment car l’auteur réussit de manière incroyable à nous dresser un tableau complet et cohérent à travers des fragments, des extraits répétitifs et de très courts chapitres souvent coup de poing.

C’est aussi un récit très poignant car les deux pères sont souffrants mais ils ont transcendé cette douleur en combattant pour la paix. Tant de personnes ont perdu des gens, le quotidien est tellement rempli de petites injustices et de frustrations, c’est impossible de ne pas être touché par ce que vivent les personnages.

L’apeirogon est une figure géométrique comportant un nombre infini et dénombrable de côtés. Chaque chapitre représente l’un de ces côtés, l’une des facettes de ce conflit, de cette situation. C’est d’une finesse incroyable, d’une virtuosité extrême. Nous n’en ressortons pas avec des réponses, ni même avec beaucoup d’espoir, mais un élément de solution… et si la réponse se situait dans l’autre?

Un roman que je recommande fortement à tous ceux que le thème intéresse.

Le Chat, le Général et la Corneille – Hiro Haratischwili

Ça ne paraît pas avec mon ordre de publication étrange, mais j’ai lu ce roman en mars, dans le cadre du mois de l’Europe de l’Est. Celui-ci était dans ma pile, je l’ai donc pris sans trop savoir de quoi il s’agissait, après une discussion fort intéressante dans le chat d’un live de Séverine.

De quoi ça parle

Le roman commence avec Nura, une fille tchétchène, alors que la guerre plane. Elle a toujours vécu dans son village mais a depuis peu rencontré une dame russe qui lui fait réaliser qu’il y a peut-être plus « out there ».

Puis, flash forward plusieurs années plus tard. Nous sommes à Berlin, avec une jeune actrice (le Chat) qui sera engagée par un mystérieux Général pour jouer le rôle d’une jeune femme morte des années plus tôt. La Corneille, un journaliste, sera quant à lui le messager… Que s’est-il réellement passé en Tchétchénie toutes ces années plus tôt?

Mon avis

Voilà un roman bien dense et bien touffu comme je les aime, avec un fond historique, des personnages tout sauf parfaits et une opportunité pour moi d’apprendre. Car avouons-le d’emblée, je connais très peu les guerres tchéchènes, leurs tenants et aboutissants et ma lecture a été un peu (ok, beaucoup) ralentie par les lectures parallèles que j’ai faites pour mieux comprendre. Certains détestent ça mais moi, j’adore. J’ai donc beaucoup aimé ce gros roman.

C’est un roman qui demande du temps. On nous présente les pièces du puzzle dans tous les sens et nous comprenons petit à petit comment les assembler. Sesili (ou le Chat), qui a fui la Georgie avec sa famille, est une jeune femme déboussolée, qui tente de trouver sa place dans un monde qu’elle ne comprend pas vraiment. Elle va se retrouver prise dans cette histoire qui la dépasse et, tout comme le lecteur, être bousculée par les demandes de l’oligarche russe Orlov, à la fois mystérieux et effrayant. Quant à la Corneille, il est rongé par la culpabilité, ayant bien connu la fille d’Orlov, mais a aussi ce réel besoin de savoir ce qui s’est passé en Tchétchénie. Ces trois personnages n’étaient certes pas faits pour se rencontrer mais le voyage va être mémorable.

Ici, par contre, nous nous sommes pas dans un concept de « found family ». C’est un roman dur, qui frappe et qui fait mal. Certaines scènes sont terriblement difficiles à lire. C’est violent, on est bousculé sans toujours tout comprendre car les révélations arrivent goutte à goutte. Chaque personnage est complexe et a ses parts d’ombre. Ils sont parfois impossibles à comprendre, même quand on essaie fort, mais ils n’en sont pas moins passionnants. La guerre, les horreurs perpétrées au nom de celles-ci sur les civils, les méthodes utilisées, ceci prend une dimension très particulière quand ces citoyens des alentours sont encore aujourd’hui soumis à des traitements très peu humains.

Un roman complexe, magnifiquement écrit (ou traduit), qui demande toute l’attention du lecteur, mais que je recommande chaudement. Et cette fin! Bref, une réussite pour moi.