Mémoires d’Hadrien – Marguerite Yourcenar

De temps en temps, il me prend l’envie de lire un classique. J’ai loin de les avoir tous lus, surtout les classiques du 20e siècle. Je suis donc tombée sur les Mémoires d’Hadrien, et j’ai tenté le coup. Je suis une fille comme ça!

De quoi ça parle

Nous sommes en l’an 138 et l’empereur romain Hadrien, sentant sa fin venir, relate ses mémoires au futur Marc-Aurèle, son petit-fils adoptif, qui sera un jour empereur. Il y raconte certaines épisodes de sa vie militaire et amoureuse.

Mon avis

Présenté comme ça, ça semble plate hein… mais en fait, c’est passionnant. « Je me sentais responsable de la beauté du monde », nous dit Hadrien dans ces pages. Nous faisons donc connaissance avec un homme né en Espagne, dans le grand empire romain. Il est philosophe, cultivé, pacifiste et amateur de culture grecque. Contrairement à plusieurs, il n’avait pas de politique expansionniste et il porte un regard lucide sur sa vie, sa carrière et sa mort qui approche. L’autrice a réussi à s’effacer derrière l’empereur et si elle se base sur les sources historiques, nous sommes davantage sur une exploration de la psyché de l’homme, sur ses croyances et sa vision des événements qui ont marqué son existence.

Si les diverses parties traitent principalement d’une période particulière de sa vie, nous sommes vraiment dans des mémoires et non dans une pure « autobiographie fictive ». Nous avons vraiment l’impression de lire les mots d’un homme qui se sent partir et qui jette un regard sur le passé avec ses yeux de l’homme mur, à la fois bienveillant pour le jeune homme qu’il a été mais il est également assez lucide sur les conséquences de certaines de ses actions passées. Le « je » est ancré dans cette époque, avec les valeurs et les croyances de l’antiquité. La chrétienté était alors une secte et il avait une vision assez biaisée du judaïsme (et de pas mal toutes les religions monothéistes d’ailleurs). Ses propos, malgré sa sagesse, sont biaisés et ne sont pas non plus édulcorés. Le massacre du peuple juif suite à la révolte de Bar-Kokhba est évoquée et s’il est persuadé d’avoir fait la bonne chose pour protéger son empire, le lecteur d’aujourd’hui réalise la vision des choses et la façon de faire de l’époque, ainsi que ce qui était considéré comme « le bien ». Tout le pouvoir qu’avait cet homme, c’est incroyable. Il pouvait faire naître des villes limite en claquant des doigts et sa passion pour un jeune homme, Antinoüs, a changé la destinée de milliers de personnes.

Les parties sur la guerre et les déplacements militaires n’étaient pas nécessairement mes préférées et j’ai préféré les parties plus philosophiques sur la guerre, la paix et l’art et les relations humaines. C’est aussi un récit profondément intime car face à la mort, l’homme est et demeure profondément seul. Cet être intelligent et cultivé nous apparaît très humain, malgré sa grandeur.

Un propos brillant et toujours actuel, une magnifique plume et un roman que je relirai certainement un jour.

Une pincée de magie – Michelle Harrison

Lors du dernier salon du livre de Québec, j’ai pris le tome 2 de cette série, sans savoir que c’était un tome 2. La faute à la couverture, qui est vraiment super belle. Non, mais on résiste comment à une telle couverture? Voilà, CQFD.

De quoi ça parle

Betty a l’âme d’une exploratrice. Elle habite sur une île avec sa grand-mère qui tient un pub, sa grande soeur magnifiquement belle Fliss et sa petite soeur Charlie, l’espiègle. Son grand rêve? Voir le monde. Sauf que malheureusement, elle va apprendre que les femmes de sa famille sont victimes d’une malédiction qui pourait bien l’empêcher de partir à l’aventure.

Mon avis

Non mais quel chouette roman jeunesse! La couverture reflète tout à fait ce qu’il y a à l’intérieur : une île, une tour, une prison, des corbeaux, trois soeurs, des décisions pas vraiment réfléchies, beaucoup d’amour et une pincée de magie!

Nous sommes donc dans un monde imaginaire dont nous verrons presque seulement un petit archipel, celui où habitent nos trois soeurs. Il y a là un petit village, une île-cimetière et une île-prison et les fillettes aident leur grand-mère à la taverne. L’atmosphère isolée et un peu oppressante est bien rendue et on entre tout de suite dans l’histoire qui prend peu de pause et qui est bien rythmée. Il se passe toujours quelque chose, chacune des filles reste fidèle à elle-même et même si elles sont prises dans une aventure qui les dépasse, elles prennent souvent des décisions d’enfant, avec tout ce que ça implique. Et ça, c’est cool.

De plus, il y a une histoire dans l’histoire, très bien amenée, qui m’a beaucoup plu. Tout n’est pas rose, il y aura des mésaventures, des vrais méchants et des trahisons, mais ça reste middle grade et j’ai trouvé certains aspects fort originaux. Certes, certaines choses sont prévisibles, il y a quelques facilités et la fin pourrait sembler un peu trop bien attachée pour des lecteurs adultes mais pour le public cible, c’est parfait.

Une très agréable lecture avec des grandes aventures, une grand-mère qui en a dedans, de la vraie affection entre soeurs, des légendes anciennes et de la magie. J’espère vraiment que ma nièce va accepter de la lire (cette petite bestiole a parfois l’esprit de contradiction) car je pense vraiment que ça pourrait lui plaire… et elle est presque aussi chipie que la petite Charlie de l’histoire!

Diamants – Vincent Tassy

C’est dans une récap de Corn8lius sur Youtube que j’ai repéré ce roman. Ils ne l’avaient pas à ma biblio alors je l’ai fait acheter (ouais, je suis une fille comme ça) et j’avais en tête de vloguer ma lecture. Toutefois, vous me pardonnerez mais je ne suis pas à mon meilleur… et je n’ai rien vlogué du tout. Oups.

De quoi ça parle

À Œtrange, le mancien Dolbreuse a eu une vision. L’Or Ailé descendra bientôt du ciel et apportera la prospérité en Vaivre, royaume où la magie est presque disparue. Sauf que son arrivée attise la convoitise des peuples voisins et la paix est bientôt menacée.

Mon avis

Entrer dans l’univers de Diamants, c’est accepter de se laisser porter dans un univers onirique et gothique, que nous découvrons petit à petit. C’est aussi accepter d’être flottant, de ne pas tout comprendre et de se laisser aller à la langueur ambiante. Tout au long de ma lecture, j’ai « vu » cette histoire se dérouler tout doucement devant mes yeux et ça a donné un moment de lecture assez délectable.

Nous rencontrons plusieurs personnages du royaume de Vaivre. Nous avons une reine triste, dont le mari est parti pour le royaume de Ronce il y a plusieurs années; deux princesses fort différentes dont l’une semble entrer peu à peu en elle-même; un grand mancien qui semble perdre son pouvoir; un jeune homme du commun possédant un pouvoir relié aux fleurs et qui est destiné à devenir le Laquais de l’Or Ailé, cet être évanescent et distant qui apparaît un jour dans le royaume. Chacun a son caractère, ses particularités et ses défauts et ils sonnent vrai, même si nous ne faisons que les entrevoir. Vous savez, cette impression de voir se dérouler l’histoire à travers un filtre? C’est tout à fait ce que j’ai ressenti en lisant ce roman.

Impossible de ne pas mentionner la plume poétique de Vincent Tassy. Le vocabulaire est riche, il y a une grande place laissée à la couleur, à la lumière, le ton mélancolique, c’est rempli d’images et de réflexions sur l’histoire, la mémoire et l’humanité en général. C’est beau, un véritable plaisir de lecture. Limite que nous avons envie d’en lire des parties à voix haute. Le résultat est un univers éthéré, un peu conte de fées, avec des légendes qui lui sont propres. Il faut cependant accepter que les aspirations des personnages soient différentes des nôtres et qu’ils soient dant un tout autre schéma de pensée.

J’aurais peut-être aimé que certains éléments révélés à la toute fin soient davantage disséminés dans le roman, même si cette structure donne aussi un petit quelque chose au récit. J’ai aussi eu de la difficulté avec les prénoms-inventés-en-A. Il y en a plusieurs et je devais toujours regarder deux fois pour être certaine de qui/quoi on parlait! C’est ça quand on ne prononce pas les mots pour vrai dans notre tête! Et bon… bougonnage de québécoise. Un personnage s’appelle Mauront. En bon québécois, un « moron », c’est un tapon, un taouin, un imbécile. Comme en anglais quoi. Ça m’a… perturbée! Surtout que j’aime le personnage.

Une très belle découverte, une histoire intrigante, avec plein de personnages queer, que je recommande à ceux qui aiment les récits lents et presque contemplatifs, même dans les moments d’action. Il faut également accepter le flou. Après tout, il ne faut pas trop en savoir sur les Anges…

Daisy Jones and The Six – Taylor Jenkins Reid

J’ai ce roman depuis un bon moment chez moi. En fait, j’achète les romans de l’autrice depuis que j’ai lu (et beaucoup aimé) « The seven husbands of Evelyn Hugo » il y a quelques années. Je les achète, mais je ne les lis pas, of course. Sinon ce ne serait pas drôle. Mais « Sous le ciel » en a reparlé récemment… et ça m’a donné envie.

De quoi ça parle

Daisy Jones and The Six ont été légendaires dans les années 70. Ce groupe rock, puis pop-rock, a fait vibrer les foules et a rempli les salles avec des chansons mythiques et des personnalités marquantes. Puis, un jour, après un concert, ils se sont séparés. Comme ça. Bien des années plus tard, dans une entrevue, ils retraceront pour nous leur histoire et tenteront d’en expliquer le dénouement.

Mon avis

Non mais quelle façon prenante et originale de raconter une histoire! Nous avons ici une longue entrevue, du moins les réponses à celle-ci. Les membres du groupe sont-ils ensemble? Quand ces entretiens ont-ils eu lieu? Nous le comprenons petit à petit et l’histoire est très cohérente malgré un « he said-she-said » à quoi… 10 personnes! Ceci donne une multitude de points de vue est il est passionnant de voir la diversité des regards portés sur une même situation. Le plus étonnant dans tout ça est que chacune de ces façons de voir les choses est crédible étant donné le caractère et la position du personnage qui la raconte. Pour ma part, j’ai été passionnée par le récit.

Ce roman nous plonge dans l’atmosphère du Sex and drugs and rock and roll des années 70. Daisy Jones, au départ, est une groupie professionnelle. Elle est belle, elle est glamour, elle attire le regard, elle couche avec des vedettes et elle n’a pas été à jeun depuis des années. Le groupe The Six, mené par Billy Dunne, chanteur/auteur/compositeur au charisme de folie, est sur la pente ascendante. Ils se sont presque tous connus à l’école et veulent être THE thing. Quand leur chemin va rencontrer celui de Daisy Jones, ils vont monter en flèche.

Ces gens vivent dans un monde qui n’est pas du tout le nôtre mais l’autrice réussit à nous faire nous attacher à eux, malgré leurs conneries, leurs excès et leurs défauts. On a le goût de le secouer, on voit venir à 100 km ce qui leur pend au bout du nez mais on y croit. Ce groupe, ces chansons, ça devient réel. On est immergé dans le processus de création et on réalise ce qui se cache derrière ce que le groupe laisse transparaître.

Bien entendu, certains idéalisent cette période, cette intensité. Ils se voient eux-mêmes plus grands que nature et adorent parler de chaque petite motivation derrière chaque parole ou chaque accord mais moi, j’adore. Je me souviendrai de la soif de vivre de Daisy Jones, de la fougue de Billy, de l’indépendance de Karen, du côté râleur d’Eddie, de la distance de Pete et du romantisme de Graham. Sans oublier la confiance de Camilla et de la loyauté de Simone. Et croyez-moi, si je me souviens des noms, c’est que les personnages m’ont marquée!

Bref, une excellente lecture.

Les mémoires d’un chat – Hiro Arikawa

C’est Eva de Purrfect books, qui m’a parlé avec enthousiasme de ce roman japonais. La bibliothèque l’avait, je l’ai lu et j’ai bien fait! Même que j’ai eu les petits yeux humides.

De quoi ça parle

Nana était un chat de gouttière qui n’a pas eu le choix de se laisser secourir par Satoru et depuis, ils habitent ensemble. L’originalité de ce roman est le narrateur qui n’est nul autre que le dit chat, avec ses manières de chat et sa façon bien féline de juger les humains.

Quand 5 ans plus tard Satoru doit faire adopter son chat, ils traverseront ensemble le Japon pour revisiter le passé du jeune homme.

Mon avis

Voici donc un roman qui fait véritablement voyager à travers le Japon, ses coutumes et ses paysages, le tout à travers les yeux d’un chat au regard sans pitié et hilarant à la fois. J’ai adoré cette voix sans concession et l’humour de la petite bestiole, sans compter sa façon particulière de démontrer son attachement à son maître. C’est que Nana le chat n’a pas l’intention de se faire adopter par n’importe qui!

Ceux qui me connaissent savent que j’aime bien les animaux mais que je n’en ai pas et que je m’émeus rarement pour ce genre d’histoire. Toutefois, ici, c’était très bien fait, très émouvant sans être tire-larme et la construction par flashbacks fonctionne parfaitement. Nous rencontrons Satoru enfant, et nous le voyons à travers les yeux de ses nombreux amis. À travers leurs yeux (et les commentaires sarcastiques et jouissifs de Nana), nous découvrirons qui était Satoru et ferons avec lui ses bêtises d’enfants et vivrons aussi ses premiers émois d’adolescent et ça fait chaud au coeur. Pour l’occidentale que je suis, c’était également l’occasion de connaître plusieurs aspects de la culture japonaise et c’est hyper intéressant.

Bien entendu, c’est aussi une histoire émouvante d’affection entre un animal et son maître, qui touchera encore davantage ceux qui ont une bête-à-poils-ou-à-plumes dans leur coeur, mais qui peut fonctionner avec tout le monde. J’en suis la preuve!

Au 5e – MP Boisverts

J’ai lu ce roman dans le cadre d’une vidéo qui ne verra probablement jamais le jour, même si plein de clips sont filmés. C’était dans les coups de coeur 2021 de MAPS Booktube et comme elle et moi avons des goûts hyper différents… j’avais hâte de voir!

De quoi ça parle

Eloi n’est plus avec sa blonde. Il va donc emménager au 5e, avec son ex-du-secondaire Alice et ses 3 colocs. Alice, Gaëlle et Camille ont une relation toutes les trois. Alice a aussi une relation avec Simon, l’autre coloc. Où se situera Eloi dans tout ça?

Mon avis

J’ai passé un bon moment de lecture avec ce court roman choral. La narration se partage entre les 5 personnages, avec quelques scripts, ça se lit tout seul et comme toute l’action se situe dans le fameux appartements, c’est un peu comme si nous y étions. C’est résolument moderne, autant sur le fonds que sur la forme, c’est très queer et très rafraîchissant comme histoire. Disons que ça nous sort de notre quotidien et que ça remet en question plusieurs concepts tels que le couple, le désir et la fidélité.

Entendons-nous, ce qui m’a le plus intéressée, c’est de découvrir les relations entre les personnages. Plus que les personnages eux-mêmes d’ailleurs. J’ai eu l’impression de les connaître uniquement à travers leurs liens entre eux et à leur relation à l’amour et au désir. C’est très décomplexé et ça fait du bien mais j’aurais aimé qu’on explore davantage leurs personnalités hors de ça.

Côté écriture, l’autrice a réussi à me faire sentir clairement vieille. Je me bats avec moi-même pour parler selon mon époque mais si je n’ai aucun mal à ne pas conjuguer au futur proche (« je vais chill/I’m gonna chill ») quand j’utilise des verbes en anglais, au passé, je n’y arrive pas vu qu’en anglais, justement, on conjugue (« on a chill/we chilled »). Ceci dit, ils en utilisent beaucoup plus que moi, des verbes en anglais! « J’ai manage de parler de relations amoureuses, de job et d’avenir en à peu près dix minutes »… j’ai de la misère. Call me ancêtre! L’utilisation de l’écriture inclusive passe super bien, même si je préfère « Iels/ielles » à « illes » au pluriel. Question de préférences personnelles.

Malgré ces bémols, j’étais bien dans cet appart. La fin m’a beaucoup plu et j’ai aimé les passages du quotidien, réalistes et attendrissants. Tout le monde est queer, ouvert, mais conscient qu’hors de leur petit univers, ce ne sera peut-être pas si simple. Ils sont eux mais ils sont aussi « nous »… bref, un ouvrage différent, qui élargit les esprits. À découvrir.

La carte postale – Anne Berest

C’est une copine qui m’a convaincue de lire ce roman. Il l’avait énormément touchée et elle disait avoir compris beaucoup de choses à sa lecture. Du coup, je l’ai lu. Je ne suis pas difficile à convaincre hein!

De quoi ça parle

2003. La mère de l’autrice a reçu une carte postale étrange et anonyme. D’un côté, une vieille photo de l’opéra Garnier et de l’autre, quatre noms : Ephraïm, Emma, Noémie et Jacques. Ce sont les arrières grands-parents, le grand-oncle et la grand-tante de l’autrice.

Ce n’est que 20 ans plus tard qu’Anne Berest décide de mener l’enquête et de découvrir qui a pu envoyer cette carte et surtout, pourquoi. Elle va donc découvrir l’histoire familiale, celle de la famille Rabinovitch partie de Russie et dispersée par la suite d’Israël à la France, en passant par la Lettonie.

Mon avis

Je comprends parfaitement les avis dithyrambiques au sujet de ce roman. Comment ne pas être touché par l’histoire d’une famille juive à travers le 20e siècle, tout en sachant que plusieurs personnes sont décédées à Auschwitz. C’est prenant, poignant et il est impossible de ne pas être encore une fois complètement dépassé par ce qui s’est passé, à quel point l’impensable était devenu la norme. Les dénonciations, les meurtres pour remplir des cotas et tout ça pour une raison complètement arbitraire.

Toutefois, ce n’est pas ce qui m’a le plus interpelée dans cette histoire, aussi terrible que le passé soit. Là où ce roman s’est démarqué pour moi, c’est dans la partie « présent ». L’autrice y explore son héritage et elle réalise petit à petit à quel point tous ces événements ont un impact encore aujourd’hui sur elle, sa mère et leurs relations. Elle n’est pas pratiquante. Que que signifie pour elle le fait d’être juive, aujourd’hui? Cette quête des origines va-t-elle influencer sa perception d’elle-même? Cet aspect m’a réellement plu.

Toutefois, le roman a un côté un peu didactique qui m’a agacée par moments. J’ai parfois eu l’impression d’avoir un cours sur l’histoire des juifs et ayant beaucoup lu sur le sujet, je ne peux pas dire, comme mon amie, avoir appris beaucoup. Ceci dit, il ne faut pas oublier, surtout maintenant. Et comme j’ai grandi dans une bulle, j’avoue n’avoir jamais entendu d’insulte antisémite « en vrai » de toute mon enfance/adolescence. Du coup, piqûre de rappel : ça existe toujours.

Est-ce que je recommanderais ce roman? Clairement, même si je n’ai pas été aussi enthousiaste que la plupart. C’est une histoire qui marque les esprits, les personnages sont tous attachants et chacun nous brise le coeur à un certain moment. C’est bien écrit, ça le lit tout seul on veut connaître la finalité… une bonne lecture!

Les dames de Kimoto – Cyril Bonin (d’après le roman de Sawako Ariyoshi)

Quand Yueyin est venue au Québec en avril, elle m’a apporté cette BD, adapté d’un roman qu’elle avait adoré. J’ai donc profité de Lisons l’Asie pour le lire presque tout de suite.

De quoi ça parle

Dans cette BD, nous allons rencontrer trois générations de femmes japonaises, à partir de la fin du 19e siècle. Le roman commence alors qu’Hana, magnifique jeune fille, doit quitter sa famille pour rejoindre celle de son futur mari, en descendant la rivière pour suivre l’ordre des choses. Et c’est cette famille que nous allons suivre de génération en génération.

Mon avis

Vous savez quoi? J’aurais dû lire le roman avant de lire l’adaptation BD. Les illustrations sont toutes douces, magistrales et nous amènent au Japon, avec ses coutumes et ses croyances. Les paysages sont fabuleux et cette histoire nous permet de voir l’évolution de la condition de la femme au cours des générations, sachant que le roman original a été écrit en 1959 (ce que j’ai su après ma lecture).

J’ai surtout aimé la première partie, alors que Hana, fille obéissante et respectueuse des traditions, doit quitter sa grand-mère Toyono, avec bien ancrées les idées qui font ce qu’est une épouse distinguée au Japon. Il y aura forcément un clash avec sa fille, Fumio, qui a des idées tout autres et qui ne croit pas que l’art du thé et la danse traditionnelle soient des choses primordiales à apprendre pour une femme.

Le sujet est hyper intéressant, on fait un vrai voyage dans le temps toutefois, en BD, on reste en surface et j’ai manqué de temps pour réellement m’imprégner de l’ambiance et m’attacher aux personnages. Je suis donc restée assez extérieure à l’histoire, à mon plus grand regret. On dirait que quand je reçois un cadeau, je voudrais tellement avoir un coup de coeur!

Toutefois, comme objet-livre, aucun doute, c’est magnifique!

C’était ma BD de la semaine. Tous les billets chez Stephie.

On Earth We’re Briefly Gorgeous (Un bref instant de splendeur) – Ocean Vuong

J’ai entendu beaucoup de bien sur ce roman et presque tout mon entourage a aimé (sauf une, que je ne nommerai pas). Du coup, il m’a semblé logique de le choisir pour l’item Viet-Nam du Lisons l’Asie. Et bon, ce titre est tellement poétique!

De quoi ça parle

Little Dog est né à Saigon et est venu aux États-Unis alors qu’il avait deux ans. Sa mère et sa grand-mère ont vécu la guerre du Viet Nam et en portent les cicatrices. Ce récit prend la forme d’une longue lettre à sa mère, lettre qu’elle ne lira jamais car elle ne sait pas lire. Il va visiter différentes époques de sa vie, de son enfance comme enfant issu de l’immigration à sa vie de jeune adulte, en passant par son adolescence et son premier amour, Trevor, dans un quartier où la drogue font des ravages.

Mon avis

Non mais j’ai donc ben aimé ce roman! J’ai commencé en ne m’attendant à rien et dès les premières lignes, j’ai été happée. Ce roman, c’est tout ce que j’aime. Une écriture poétique, déstructurée, qui vient du coeur, qui semble parfois s’éparpiller entre les époques mais qui sonne juste et qui touche le lecteur. Du moins, ces mots ont clairement frappée la lectrice que je suis.

Le roman, clairement inspiré du vécu de l’auteur, aborde plusieurs thèmes de façon sensible et symbolique. Les choses sont parfois crues, parfois suggérées mais on y parle d’immigration et de la condition de ces personnes qui repartent à zéro, mais aussi de la guerre et de ses conséquences sur ceux qui l’ont vécu et leurs descendants. La façon d’aborder les traumatismes intergénérationnels et de la transmission est délicate et réaliste et j’ai adoré la métaphore de la migration des papillons monarques. On y parle aussi de l’adolescence et du fait d’être queer et asiatique à Hartfort, dans un monde où la drogue est reine. J’ai adoré cette évocation d’une période difficile avec une certaine nostalgie et il a réussi à recréer, dans la dernière partie, cette bulle un peu floue, remplie de souvenirs à la fois crus et magnifiés. J’aime tellement quand un roman me fait ressentir cette impression! Ceci dit, il y avait clairement du contenu pour deux ouvrages complets tant il y a de thèmes explorés.

Un hommage à toutes les vies et à leurs moments de splendeur, même dans les trailers parks, même quand la chandelle brûle trop vite, même quand elle s’éteint trop tôt, même quand elle éclaire un univers pas nécessairement très beau. À travers des images fortes, l’auteur réussit à nous montrer certains de ces instants, le tout avec la guerre en arrière-plan et une ancienne histoire digne de Miss Saigon, les clichés en moins.

À découvrir si vous aimez les structures un peu floues et les plumes poétiques et fluides!

Les cités des anciens – Tomes 5-6-7-8 – Robin Hobb

Ça y est, j’ai fini cette saga dans l’univers de Robin Hobb. J’avoue, c’était le temps parce que j’avais drôlement hâte de passer à autre chose. Vais-je vous dire ENCORE de quoi ça parle? Je vous envoie ici si ça vous intéresse. Mais en gros, je vais vous boucler ici mon avis général sur cette saga qui nous amène dans le désert des pluies et au-delà, avec gardiens et dragons. Et CLAIREMENT ce n’est pas ma série préférée de l’autrice.

Pourquoi? Ben… il ne se passe pas grand chose, du moins dans les deux premiers tiers. Ce que j’aime dans Robin Hobb, c’est l’ampleur de son univers et dans ce tome, nous étions dans une toute petite portion du dit univers. Il m’a manqué des liens et quand ils arrivent, c’était trop peu, trop tard. J’ai apprécié la côté féministe, le côté « auto-détermination » et la réflexion sur les règles et les raisons derrière celles-ci. Il y a aussi plus de diversité dans les relations que dans les premiers tomes et certains personnages ont une belle évolution. Mais c’était looooong. J’ai soupiré, levé les yeux au ciel, vous ne pouvez pas savoir combien fois j’ai failli arrêter.

L’autre raison? Les dragons. J’aime pas ces dragons. Ils souffrent d’un complexe de supériorité impressionnant, sont condescendants et leurs gardiens devraient être honorés de les servir parce que bon, quels insectes insignifiants que cette race d’imbéciles! Après 8 tomes de ça, j’en avais mon maudit voyage. Tsé, si tu veux faire de la race des dragons une espèce tellement sage et supérieure, il faudrait que ça paraisse des fois. Là, ils sont aussi cons, calculateurs et détestables que la plupart des humains. Manger. Faim. Dormir. Se plaindre. Ah oui, ce qu’ils sont bons pour se plaindre. Des dragons qui chignent 8 tomes de temps. C’est long, croyez-moi!

Faque c’est ça. Pas mon cycle préféré. Et j’espère que les dragons vont être assez loin de la troisième trilogie de Fitz qui me reste à lire!