Présentation de l’éditeur
« Écrit en viel anglais aux environs de l’an mil, Beowulf est le plus ancien long poème héroïque qui nous soit parvenu intégralement dans une langue européenne autre que le latin.
Prince modèle, Beowulf affronte des forces mauvaises, ogres et dragons. La société décrite, et vérifiée par l’archéologie, est païenne, mais le poème est chrétien. La célébration en anglais d’un héros scandinave, l’éloge d’un prince païen par un poète chrétien, le mélange de fabuleux et d’historique, le style délibérément tradionnel expliquent la fascination exercée par ce chef d’oeuvre, dont la valeur a été reconnue au XIXe siècle et la leçon de courage réaffirmée en 1936 par Tolkien. »
Commentaire
Je réalise en écrivant ce billet que si j’avais pris la peine de lire la présentation de mon édition (en français), j’aurais ainsi évité de déranger les copines avec maintes questions Beowulfo-existentielles ces derniers jours. En effet, j’étais un peu perplexe quand j’ai vu apparaître soudainement Dieu dans les aventures de païens scandinaves (la conversion est ma foi fort spontanée… et étonnante)… et je me suis longuement questionnée sur l’oralité du truc. Ça, c’est après avoir réalisé que non, Beowulf n’était pas le dragon – qui n’a pas de nom – et que non, il n’avait pas une tête de loup et qu’encore non, ça ne se passait pas dans une forêt profonde. Je sais, mon inculture fait parfois peur. Par contre, si je n’avais pas posé ces questions, nous n’aurions pas dévié sur la description de membres divers et variés tels que décrits en train de brûler et sur les errements de la monarchie pendant certains bals… et j’aurais manqué quelques fous rires.
Mais revenons à ce poème, que j’ai finalement fini par lire 3 fois, dans trois traductions et deux langues différentes. Parce que non, je ne lis pas le vieil anglais, je me suis contentée de reconnaître quelques mots au passage (et j’en étais d’ailleurs très fière, on ne se refait pas). Ce poème, bien qu’ayant été écrit en anglais, raconte la légende de Beowulf (le guerrier, pour ceux qui comme moi n’auraient pas suivi), un héros nordique, un Gaut, plus précisément. Le poème s’inscrit dans la tradition héroïque et chaque personnage est le « fils de » quelqu’un. On sent l’importance du clan, de la lignée, et on porte aux nues l’héroïsme de Beowulf, qui commence l’histoire en tant que jeune guerrier sans peur et qui la termine en roi sage mais toujours aussi courageux. J’ai adoré l’atmosphère intemporelle, où se mêlent l’histoire, les trésors fabuleux et les bestioles mythologiques. Bien entendu, que ce soit contre les ogres ou les dragons, les combats sont ma foi assez improbables et par le fait même assez réjouissants.
C’est une lecture très abordable, qui m’a tout de même forcée à m’y arrêter et à choisir mes moments de lecture. En effet, même en traduction, je voulais tenter de profiter de l’aspect « poésie » du texte et pour ce faire, je dois le « lire fort » dans ma tête (je sais, je suis d’une clarté effarante). Car ici, la forme importe autant que l’histoire, qui pourrait être résumée en quelques lignes, en fait. Et ceci a eu pour effet de m’imaginer dans une grande salle où un guerrier, barde ou autre homme de l’époque me contait ces histoires de héros. Le style reste simple, même s’il est rempli d’images et de métaphores et on va à l’essentiel, de là la sensation d’oralité du récit. Bon, j’ai lu par la suite qu’il n’y avait pas concensus à ce sujet (un poème d’un seul poète ou tradition orale?) mais dans mon petit coeur de profane littéraire, je préfère penser que j’ai pu lire ce que les guerriers de l’époque entendaient lors des banquets. C’est beau, l’imagination, hein.
Bien entendu, impossible de ne pas remarquer l’influence du poème sur l’oeuvre de Tolkien. Comme je suis moins connaissante que certaines (que je ne nommerai pas, mais qui se reconnaîtront) à ce sujet, je n’avais pas tout vu mais la scène d’ouverture, et la scène du dragon… impossible de ne pas y voir de ressemblances.
Je dirais également que si la version française est beaucoup plus facile d’accès, il y a un rythme et une poésie dans la traduction anglaise que je n’ai pas retrouvée en français. J’aime. Je me sens toujours privilégiée quand je peux lire ces récits tellement anciens qu’ils semblent faire partie de l’histoire du monde.
J’aime tellement que j’ai commandé une réécriture du point de vue de Grendel, écrite il y a un bon moment, déjà. Quelqu’un l’a lue?