(C’est fort à propos, le billet commence par une jolie épinglette du drapeau du Québec. J’ai mis un bon deux semaines à comprendre que vous, vous appeliez ça des « pins ». Toujours avec un « s ». Même au singulier)
Ok, grande nouvelle, je suis Québécoise. J’habite au Québec. Pas à Québec, mais au Québec. Évident quand on me lit un peu. Quoique bon, le type qui m’a contactée par le formulaire de contact pour m’inviter à un causerie sur la véracité des informations médicales véhiculées par la série Docteur House quelque part en France… demain midi ne l’avait certes pas compris… Mais passons…
Depuis le temps que je fréquente blogs et blogueuses, je commence à avoir un pas pire répertoire d’anecdotes et de drôleries relatives à nos différences de vocabulaire. Suite à une conversation sur G+, voilà que je me décide à vous en raconter quelques unes. Je ne nommerai personne mais certains se reconnaîtront peut-être dans les dites conversations. Et je dois avouer que c’est 10 fois pire quand on jase en personne hein… sans doute à cause de mon charmant accent (impossible à manquer, en fait… et pour certains, impossible à comprendre… Non, je ne balance pas…) et à mon débit de parole. Mais chuuuut, ne le disons pas trop fort, je soupçonne certains des protagonistes de ces histoires de faire un peu exprès pour me faire stresser un peu ;))
Les conversations sont approximatives hein… j’ai une bonne mémoire des événements mais pas tant que ça!
Donc première anecdote, qui date de ma première visite chez les copines blogueuses « de l’autre côté de l’océan », à l’été 2008. Une gentille et généreuse blogueuse, qui ne m’a jamais vue de sa vie, se propose spontanément pour m’accueillir 10 jours. On se connaît par blogs interposés mais avouez que quand même, ça pouvait être un rien inquiétant, n’est-ce pas. Une illustre inconnue qui débarque. Et comme elle est bonne hôtesse, elle me demande si j’ai des particularités alimentaires et ce que je veux pour le petit déjeuner. Je lui professe ma profonde haine du céleri et je lui précise que je ne bois pas d’eau (oui une autre bizarrerie. Je ne bois pas d’eau à l’étranger. les copines pourront confirmer… Call me crazy.) Et pour le petit déjeuner, je lui déclare, tout de go:
– Ah oui, il ne faut pas que tu sois surprise, en me levant, je prends généralement un verre de liqueur.
Elle ne dit rien. Mais je sens l’hésitation.
– De la liqueur?
– Ben oui… je sais, c’est bizarre, mais bon, c’est pas pire que du café, selon moi.
Maintenant que je connais la signification de ce mot pour les Français, j’imagine trop bien ce qui a pu lui passer par la tête à ce moment-là. Elle a dû avoir des visions d’horreur à l’idée d’accueillir une totale alcoolo qui boit au lever pendant 10 jours. Probablement qu’elle cherchait un moyen gentil de tourner tout ça et de révoquer son invitation…
– Heu… quel genre de liqueur?
– N’importe quoi, ce que tu as…
Malaise et silence. Je commence à me douter qu’il y a un bug en quelque part. Je précise…
– Ben… du pepsi diet, genre.
Et là, j’ai senti un soulagement intense de l’autre côté… Vraiment. Après ça, je pense que ma bizarre d’habitude de boire du pepsi le matin (qui fait tiquer les neuf dixièmes de la population) a passé comme dans du beurre! Son « Aaaaah, du coca light » était très parlant! ;))
Souvenir d’une soirée arrosée au champagne. Je ne sais pas pourquoi mais on avait entrepris de parler sport. Pourtant, c’était avant qu’une certaine copine soit tombée en amour avec la lutte et les lutteurs à moitié nus. Oui, je sais, le catch. Moi aussi des fois, j’ai du mal ;)) Bref, j’ai bu, je suis complètement jet-laggée (je suis arrivée le matin même, on avait prévu ne pas sortir pour me permettre de me remettre un peu et bon. On a croisé une bouteille de champagne. D’où la dérape…)
Donc, je ne sais plus trop pourquoi mais, un peu out of the blue, je m’exclame, avec l’enthousiasme et l’exubérance qui me sont coutumiers.
– Pis là, drette de même, il a snappé la rondelle de toutes ses forces avec son bâton!
Et le silence fut. Ce qui, en tenant compte de la gang de personnes autour de la table, tenait du petit miracle. (Non, je ne traite personne de bavarde, ici. Je n’oserais pas). Puis là, grand éclat de rire. Vraiment. Et ça commence à y aller de commentaires salés et moi, je ne comprends rien, mais alors là, rien du tout. Les filles sont mortes de rire. Jusqu’à ce que je comprenne ce que « rondelle » veut dire en France. En effet, si on snappe (frappe) la rondelle de toutes ses forces avec quelque bâton que ce soit (et je me force pour ne pas avoir l’esprit mal tourné), j’imagine que ce n’est pas agréable, n’est-ce pas. Quoique… mais passons.
Ceci dit, votre vocabulaire de hockey n’est guère mieux. Si vous parlez d’une « crosse dans le palet », oralement, juste pour qu’on puisse confondre « palet » et « palais » – genre le palais qu’on a dans la bouche – ici, vous risquez de vous faire regarder drôle. Cherchez la définition québécoise de « crosser » et vous comprendrez.
Dernière anecdote plus longue… après, je fais court, promis!
Je suis donc en voiture avec une blogueuse que je ne nommerai point et je lui fais allègrement la conversation. Nous sommes en route pour Versailles, il fait 44 degrés à l’ombre et la charmante demoiselle a une discussion enflammée – et à sens unique – avec son GPS qui persiste pour ne pas lui indiquer le chemin qu’elle veut prendre. Bon, quand même, je pense qu’à la fin, le GPS était sur le bord de lui dire qu’il était un peu tanné de répéter hein… après quelques « faites demi-tour immédiatement. Immédiatement », il a fini par se taire, en fait. Ou peut-être qu’elle l’a fermé, je ne sais plus…
Bref, je m’égare. As usual.
Je disais donc que je placotais joyeusement et que la demoiselle semblait vraiment acquiescer à tout ce que je disais. Au début, je me dis qu’elle me trouve vraiment incollable sur tous les sujets de la terre. Par contre quand je lui pose une question ouverte (je ne me rappelle plus la question hein… mais de quoi comme « Où c’est qu’on va parker le char mais qu’on soit rendues? »…) et qu’elle me répond par un enthousiaste « Ah oui », il y a comme un petit doute qui a germé dans mon esprit…
– En fait, tu comprends pas pantoute c’que j’dis hein?
Et elle de répondre, avec le plus charmant sourire de la terre… devinez…
– Ah oui!
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On en rit encore, en fait ;)) Toute une journée à m’entendre parler (et God knows que je peux parler quand je m’y mets… surtout quand je suis un mini-peu mal à l’aise) et à devoir tendre l’oreille ainsi, je suis certaine qu’à la fin, elle devait être épuisée! Et depuis, je fais beaucoup plus attention et je laisse le langage familier à l’aéroport 😉
Que pourrais-je vous raconter?
La fois où j’ai vu Fash… oups, une certaine blogueuse, presque perdre son cool légendaire quand je lui ai dit que j’étais sortie à l’épicerie avec un vieux t-shirt et des vieilles culottes? Je vois encore son expression quand elle a ajouté « Et rien d’autre? »
La fois où j’ai eu droit à un moment de silence embarrassé quand je lui ai dit que j’étais allée chez un gars et que j’avais failli m’évanouir parce que j’y avais vu la plus grosse bibitte de toute ma vie? Ou encore la drunken réplique de la copine : « c’est bien, non, les grosses b*tes »??
(Ben voyons… on n’était pas du tout vulgaires hein… cette conversation a dérivé sur une très littéraire et très sérieuse conversation sur les caractéristiques des personnages de la confrérie de la dague noire. On a même parlé de buches et de rondins, même. Ben quoi… en bonne québécoise, je suis fan des feux de camps… 😉 )
Je pourrais aussi parler de la fois où j’étais muette d’horreur à l’idée de faire transporter un classeur à un pauvre enfant de 6 ans. Il faut dire que chez moi, un classeur, c’est un gros meuble en métal qui contient des tiroirs et où on peut ranger des dossier. Donc, impossible à soulever. Et ce que vous appelez un classeur, pour moi, c’est un cartable, ou un cahier anneau. Et ce que vous appelez un cartable, moi, j’appelle ça un sac d’école. Comme j’ai plusieurs copines profs, imaginez le nombre de confusions avant que j’y comprenne quelque chose. Quand elles me shootaient indignées « untel a encore laissé son classeur à la maison »… je ne comprenais vraiment pas comment il aurait pu faire autrement!
Quoi d’autre…Ah oui, ma première utilisation de « capoté » avec certaines personnes a été dans l’expression : « Tout le monde était capoté ben raide ». Les gens ont pensé que j’étais allée dans une orgie qui prônait le safe sex. No comment.
Je finirai avec la confusion momentannée de certains de mes interlocuteurs que je dis…
… Il faut que je trouve mes espadrilles, on va courir ce soir.
On a pensé que j’étais complètement cinglée et que j’allais me scrapper les pieds…
… Il m’a donné une belle petite camisole, toute cute.
Et non, on ne m’envoyait pas à l’asile…
… Attends, je mets ma jaquette et je vais me coucher.
J’ai entendu dire par les branches qu’on avait pensé que je faisais des choses étranges avec les jaquettes de mes livres…
… Je suis allée magasiner et j’ai dévalisé le rayon des brassières…
On a pensé que j’étais enceinte et on m’a offert des félicitations.
Et on a pensé que j’étais folle quand j’ai mentionné que je mettais mes mitaines pour sortir dehors à -40…
Et j’en passe, je le jure. Je passe sur les confusions sur les heures et le contenu des repas (quoique bon… quand il s’agit de moi, des céréales pour déjeuner, le vôtre ou le mien, c’est très normal, hein), sur le point d’interrogation dans le visage d’une de mes hôtesses quand je lui ai demandé une débarbouillette, ou sur le regardé insulté d’un gars quand j’ai parlé de sa copine en l’appelant « sa blonde »…
Et vous remarquerez que je ne suis même pas entrée dans les expressions 😉
Je terminerai avec la plus terrible de toutes, parce que je pense sincèrement que la personne ne niaisait un peu. Imaginez-moi dans un état de complète panique parce que j’ai trouvé la maison complètement inondée à mon retour du party du jour de l’an. Complètement.
Et je lâche, probablement sur FB ou par mail, je ne le sais plus…
« F*ck, ma laveuse a pété et là, c’est l’enfer »
Pour réaliser le lendemain que l’une de mes interlocutrices avait pensé que j’avais engagé quelqu’un pour faire du lavage et qu’elle avait disons… eu un gaz… et que c’était l’enfer dans la maison parce que ça puait. Si elle ne m’avait pas expliqué son commentaire, qui ressemblait à » Mets du parfum », je pense que je n’aurais jamais compris de ma vie.
Jamais.
Tiens, une petite dernière, à laquelle je ne pense que maintenant grâce à un commentaire d’Angie… (un petit ajout, quoi!)
Celle-là, elle date de bien avant les blogs, alors que j’étais à l’université, jeune et innocente. On parlait avec plusieurs personnes d’enfants et de leur comportement. On devait sortir d’un cours de développement du langage, je pense. Et dans le groupe, il y a l’ami d’une amie, un peu plus vieux… et Français. D’avance, le type, il est un peu bizarre. Pas parce qu’il est français mais parce qu’il sent le patchouli et qu’il aime bouger ses mains devant ses yeux et les faire tourner. Un Artiste quoi. Avec un grand A. Déjà, il m’intimide un peu, moi et mes 18 ans. Et comme ça, sans avertir, il nous shoote:
– Ce matin, mes gosses, elles étaient tellement lourdes que je m’en serais débarrassé.
Je me suis étouffée. Carrément, avec ma « liqueur » (mon pepsi, hein…).
Et je jette un regard sceptique vers son entrejambe. Puis vers lui. Puis encore vers l’emplacement où, selon moi, se trouvent ses « gosses ». Je finis par arrêter de tousser et je mentionne:
– T’en débarrasser? Il doit y avoir d’autres solutions non? Tu risques de le regretter, t’es un gars, après tout…
Fou rire général.
Et on m’a expliqué que bon, des gosses, ça pouvait être autre chose… que des testicules!
Alors voilà, c’était le billet « confusions lexicales ».
Les filles qui me connaissent un peu, si vous vous souvenez d’autres aventures du genre, ne vous gênez pas hein!
Et ceux qui ne me connaissent pas, ne vous gênez pas pour nous raconter vos pires malentendus à cause de la langue… j’ai le goût de rire un peu. D’une autre personne que de moi-même, pour faire changement!