Présentation de l’éditeur
« À New York, dans les années quarante, un enfant regarde, à travers les barreaux du soupirail où il est enfermé, les chaussures des passants. Pauvre, sans autre protection que celle d’une mère excentrique, Claude Rawlings semble destiné à demeurer spectateur d’un monde inaccessible. Mais dans la chambre du fond, enseveli sous une montagne de vieux papiers, se trouve un petit piano désaccordé. En déchiffrant les secrets de son clavier, Claude va se découvrir lui-même : il est musicien.
Ce livre est l’histoire d’un homme dont la vie est transfigurée par un don. Son voyage, à l’extrémité d’une route jalonnée de mille rencontres, amitiés, amours romantiques, le conduira dans les salons des riches et des puissants, jusqu’à Carnegie Hall…
La musique, évidemment, est au centre du livre – musique classique, grave et morale, mais aussi le jazz, dont le rythme très contemporain fait entendre sa pulsation irrésistible d’un bout à l’autre du roman. Autour d’elle, en une vaste fresque foisonnante, Frank Conroy brosse le tableau fascinant, drôle, pittoresque et parfois cruel d’un New York en pleine mutation. »
Commentaire
C’est ma copine Yueyin qui m’a offert ce roman, sachant que j’aime énormément lire des livres qui parlent musique. En plus, elle connaît mes goûts ce qui aide énormément. Encore une fois, elle a très bien choisi pour moi parce que j’ai énormément aimé ce roman, véritable bouillon de sensations sonores sur fond de New York de l’après-guerre. Un New York grouillant qui évoluera, changera au fil des pages.
Il y a un côté Dickensien à ce roman. Un genre de mélange entre David Copperfield et Oliver Twist. Un foisonnement de personnages, certains un peu loufoques, d’autres déchirants, des coïncidences qui changent une vie, des rencontres un peu fortuites, des hasards incroyables. Ça aurait pu me déranger mais j’étais tellement happée par cet univers, par cette découverte de la musique, qui est véritablement l’héroïne de ce roman, que j’ai gentiment gobé le tout et que j’ai plongé dans ces pages avec délices.
Nous rencontrons donc Claude, jeune garçon de 6 ans qui s’élève un peu seul, avec une mère absente et dépressive, chauffeur de taxi 12 heures par jour, au sous-sol d’un appartement New-Yorkais. Dans sa solitude, il y a un petit piano blanc, un piano de Music Hall. Et plus tard, il osera entrer dans le magasin de musique de Monsieur Weisfeld et sa vie va changer. La porte s’ouvrira peu à peu sur un monde, celui de la musique, qui deviendra le centre de sa vie et qui le sortira des bas fonds New Yorkais pour le propulser sur les plus grandes scènes.
L’auteur parle de musique de façon magnifique. On sent une réelle passion, un enthousiasme qui sonne vrai, un émerveillement de tous les instants devant l’inventivité de certaines oeuvres, l’élégance de certains motifs. Il réussit aussi à faire ressentir les sentiments qu’éprouve le jeune Claude, sa façon d’être transporté par les notes et les mélodies. J’ai relu ces passages plusieurs fois, je trouvais ça juste magique.
Si le personnage de Claude est un peu lisse, un peu trop parfait (le ton de la narration nous tient peut-être un peu à distance aussi), les personnages secondaires me sont apparus très intéressants, que ce soit Emma, la mère de Claude, Monsieur Weisfeld avec qui il développera une relation limite filiale ou Catherine, son amour d’enfance. Ils sont vrais et attachants malgré un extérieur qui fait parfois peur. J’ai aimé que tout ne soit pas parfait, que ce soit une vie, tout simplement. Une vie brillante, un talent extraordinaire, soit, mais juste une vie, tout de même.
Un très bon roman, donc. Qui donne le goût de réécouter tout ce qu’on connaît de classique ou de jazz avec des oreilles différentes, qui m’a fait écouter des tonnes de musique dodécaphonique (sans pour autant aimer hein… même en essayant). C’est parfois un peu technique mais les mélomanes y prendront un réel plaisir. Et les moins mélomanes aussi, je pense! J’ai aussi envie de retourner à New York aussi, pour imaginer ce que la ville a été, de voir le New York de Claude à travers la vielle actuelle.
Merci Yue!