Le roman d’Isoline – David Turgeon

J’avais repéré ce roman au salon du livre de l’Outaouais mais c’est l’avis de Maps et de Sylvain Démenti qui m’ont donné envie de le sortir de ma pile. Ils ont tous les deux adoré. Oui, je sais, ça fait peur. Maps et moi… disons que nous sommes rarement d’accord! Allons voir ce que j’ai pensé de ma lecture!

De quoi ça parle

Isoline est assistante éditoriale. Par un curieux hasard, elle rencontre Paula Kahn lors de son premier suicide. Kahn est une autrice populaire vieillissante, dont elle n’aime pas les écrits. Quand plus tard elle apprendra sa mort, elle se verra confier la fâche de publier ses inédits, elle va sombrer dans l’obsession et entendre une mystérieuse voix.

Mon avis

Non mais quel ovni littéraire que ce roman! Bon, ok, j’exagère peut-être un peu mais nous sommes face à une plume intelligente, à un récit bien construit malgré les digressions, les inside jokes et les apartés philosophiques.

Nous avons un personnage principal qui ne sait comment se définir et qui se transforme en fonction de sa situation actuelle. Entre mensonge et vérité, entre art, copie et inspiration, nous sommes baladés par les pensées d’Isoline, à qui il est parfois difficile de se fier. C’est qu’elle nous donne parfois une drôle d’impression sur qui elle est… ou qui elle n’est pas.

Ce n’est pas un roman qui nous donne toutes les réponses. J’ai refermé le livre en me disant : il FAUT que j’en parle. Et étrangement, ce n’est pas toujours les mêmes aspects qui nous ont fascinés. J’ai adoré le côté « méta », la critique du monde de l’édition, la narration, tandis que d’autres ont davantage été interpellés par l’obsession qui prend toute la place, jusqu’à ce que la narratrice s’oublie elle-même ainsi que son entourage. Bref, elle perd pied entre son texte, la voix qu’elle entend et ses relations qui se délitent. Et nous la regardons faire sans pouvoir intervenir, même si on a parfois le goût de la secouer.

Bref, un roman qui fait réfléchir. Sans chapitre, sans point, j’aurais cru que ce serait difficile à lire et lourd mais au contraire, pas du tout. Je l’ai dévoré en une après-midi, presque en apnée et je recommande. En plus, c’est souvent drôle. Un humour grinçant mais un humour qui me rejoint. Ne serait-ce que pour avoir davantage de gens pour en parler!

48 indices sur la disparition de ma soeur – Joyce Carol Oates

J’ai choisi ce roman pour Joyce Carol Oates. Il y avait un moment que je ne l’avais pas lu et ce titre m’a donné envie. Finalement… finalement je ne sais pas. Vous savez, cette impression quand on voit ce que l’auteur a voulu faire, qu’on trouve ça intelligent mais qu’à la lecture, on n’y prend que moyennement de plaisir? C’est ce qui m’est arrivé avec ce roman.

De quoi ça parle

Marguerite Fulmer, artiste à belle femme à qui tout réussit, va disparaître le 11 avril 1991. Des années plus tard, Georgene, le mouton noir de la famille, moins belle et moins charismatique, décide de rassembler 48 indices pour tenter de résoudre le mystère.

Mon avis

Avec Joyce Carol Oates, il ne faut pas s’attendre à charmant joli petit paquet joliment ficelé. Et moi, j’avais oublié. Il y avait trop longtemps que je ne m’étais pas plongée dans l’un de ses textes, il faut croire!

Nous sommes donc avec une narration très originale, avec les indices en italique en début de chapitre et une narratrice à qui on ne peut jamais se fier. Certes, c’est l’histoire d’une disparition, de la disparition d’une femme que tout le monde a idolâtrée, mais c’est selon moi surtout l’histoire d’un deuil, un deuil qui ne se fait pas parce que l’on manque de réponses et que qu’on est construit sur du vide. Un deuil impossible à affronter car certains des sentiments pronfonds de Georgene lui semblent parfois inavouables, même à elle-même.

Georgene est une narratrice hautement antipathique. Mes sentiments pour elles ont tourné autour de l’agacement et de la pitié. Elle n’a aucune estime d’elle-même et s’est construit une carapace étonnament épaisse car elle n’est ni jolie ni talentueuse. Elle n’a aucun talent pour lire le non-dit et certaines situations sont drôles et tristes à la fois. Disons qu’en terme de théorie de l’esprit, ya du progrès à faire. Et elle agace tout en nous donnant envie de secouer certains personnages masculins. Non mais le « collègue »… grrrrr…

Les réactions des gens face à Marguerite (dite M. ) qui restera toujours évanescente, sont également assez particulières et en disent beaucoup sur les apparences et le côté artificiel des relations.

Ceci dit, en sachant tout ça, en voyant les abîmes dans lesquelles nous plonge Oates, je n’ai pas pour autant passé un très bon moment de lecture. Difficile à expliquer. C’était bien fait fait mais pas… divertissant? J’aurais aimé quelques réponses de plus, quelques personnages auxquels m’attacher. Bref, je ne crois pas en garder un souvenir impérissable.

Anne Hébert, si tu veillais sur ma tristesse – Anne Peyrouse

Anne Hébert est née le même jour que ma grand-mère. Je pense que ce détail fait partie de ceux qui font qu’elle a une place spéciale dans mon coeur. Maman a beaucoup aimé ce roman/récit, elle me l’a mis dans les mains en mentionnant qu’elle devait le rendre à la biblio dans 3 jours. Donc, je l’ai lu. Je suis une fille fort obéissante.

De quoi ça parle

En 2020, la mère d’Anne est morte. Elle l’a trouvée sur le sol, sans connaissance et elle ne s’est jamais réveillée. Dans sa douleur, c’est vers l’univers d’Anne Hébert, sa mère littéraire, qu’elle va se tourner.

Mon avis

Ce thème en particulier, le deuil d’une mère, est un sujet qui me fait peur. Genre, je refuse d’y penser. C’est donc un court récit entrecoupé de poèmes que j’ai mis plusieurs jours à lire. Pourtant, j’ai aimé. Vraiment aimé. La plume m’a plu, le sujet m’a touchée – peut-être trop – et l’exploration du deuil à travers le prisme de l’écriture, notamment celle d’Anne Hébert est très réussie. C’est poétique, ça fait réfléchir et on sent la douleur dans la plume de l’autrice. Douleur d’être une fille sans mère, douleur de ne pas lui avoir tenu la main, douleur de cette fin fulgurante, sans réel au revoir.

Ce n’est pas un récit avec un début et une fin. C’est une exploration du deuil, avec deux anges gardiens en toile de fond. Anne et Nicole. C’est l’histoire de la peine qui étouffe, qui est difficilement exprimée, entrecoupée de petits moments où le bonheur ose surgir malgré l’absence.

Un livre que vous aimerez si vous appréciez savourer les mots, si vous aimez devoir refermer le roman pour réfléchir. Si vous aimez Anne Hébert ou encore si vous aimez votre maman par dessus tout!

Une reine – Judith Elmaleh

Je n’ai réalisé qu’après avoir lu ce roman – chaudement recommandé par Sab et les livres – que Judith Elmaleh était « la soeur de ». Je suis bien contente de ne l’avoir réalisé qu’après ma lecture car – snobinette que je suis – je serais probablement partie avec un apriori négatif alors que finalement, j’ai passé un fort bon moment de lecture.

De quoi ça parle

Casablanca, milieu du 20e siècle. Simha, née dans une famille pauvre, est un jour parée de beaux atours et célébrée. Ravie d’être choyée, elle ne le sait pas, mais ce jour est celui de son mariage. Elle a 14 ans.

Des années plus tard, Anna, sa petite fille, vit difficilement son 2e divorce. Sur un coup de tête, elle part pour Casablanca pour voir sa grand-mère et ce sera l’occasion pour elle de lever le voile de silence qui a fait qu’elle est devenue ce qu’elle est.

Mon avis

Ce roman, c’est une histoire de secrets de famille mais surtout une histoire de femmes. Si le roman commence avec Simha, c’est surtout d’Anna dont il est question. Anna qui a toujours considéré sa famille paternelle comme SA famille, ce qui lui est d’ailleurs reproché par son ex-mari. Quand tout s’effondre, c’est là qu’elle se réfugie, chez sa grand-mère, femme fière, qu’elle aime mais ne connaît pas vraiment.

C’est un roman qui parle des secrets de familles et de l’effet sur les générations suivantes. On réalise à quel point tout le monde a été influencé par les non-dits ainsi que toutes les formes que les mécanismes de défense peuvent prendre. J’ai beaucoup aimé le côté sensuel du retour à Casablanca, les odeurs et les sons qui ont bercé l’enfance d’Anna ainsi que les images fugaces qui prennent tout leur sens à la lumière de ce qu’elle va apprendre lors de cette visite.

Nous avons donc une reconstruction qui passe par la compréhension de ses racines et une héroïne qui va comprendre le mur derrière lequel elle se cache en le remarquant chez une autre. Une ode au présent. La plume est simple et agréable, évocatrice, parfois légère mais aussi remplie de peine et de colère.

Si j’aurais peut-être aimé en savoir davantage sur l’histoire de Simha, de l’entendre raconter avec ses mots à elle, j’ai compris le parti pris par l’autrice car, avouons-le, un épanchement aurait été assez « out of character » pour cette grand-mère qui a appris à garder la tête haute malgré tout. Un peu plus de passé m’aurait davantage plu mais la façon dont l’histoire nous est présentée ici est probablement plus réaliste.

Une bonne lecture, donc!

Catch-22 – Joseph Heller

Catch-22 était le roman préféré de mes amis fils-de-militaires quand j’étais ado. Ils étaient un peu anarchistes sur les bords et ne juraient que par ce roman, eux qui ne lisaient pas. Et, of course, comme moi, je lisais, ils TENAIENT à ce que je le lise. Ce que je n’ai pas fait, of course. Esprit de contradiction, moi? Trente ans plus tard, je me suis décidée… et je l’ai traîné UN AN ET DEUX MOIS avant de le finir. Des fois, je me désespère moi-même!

De quoi ça parle

Catch-22 raconte le quotidien d’un bataillon américain pendant la toute fin de la deuxième guerre mondiale. Ils sont stationnés sur une île italienne et sont à la merci de leurs supérieurs… et il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Yossarian, le personnage principal, est prêt à tout pour sauver sa peau. Mais il y a la Catch-22 : un homme est considéré comme étant fou s’il veut continuer à voler dans de dangereuses missions de combat, mais s’il fait la requête formelle nécessaire pour en être dispensé, le seul acte de faire cette requête prouve qu’il ne veut pas voler et qu’il a donc toute sa tête. Donc, il ne peut pas être relevé de ses fonctions.

Logique non?

Mon avis

Ce roman est considéré comme l’un des incontournables du 20e siècle. Publié au début des années 60, avec l’ombre de la guerre du Viet Nam, il a fait fureur dans tous les cercles antimilitaristes. En effet, tout cet ouvrage a pour but de dénoncer l’absurdité de la guerre et de l’armée. Et pour être ridicule, ce l’est. Et le pire, c’est que souvent, en lisant, on se dit que certains événements du roman ont peut-être un fond de vérité. Peut-être.

Pendant les trois quarts du roman, il n’y a pas d’histoire à proprement dit. On passe d’un personnage à l’autre… et ils sont nombreux. J’ai donc mis BEAUCOUP de pages pour bien comprendre qui était qui et quels liens ils avaient les uns par rapport aux autres. Nous avons donc droit à plusieurs scènes, dans un ordre variable, et on se demande sérieusement dans quoi on s’est embarqué. C’est absurde. Vraiment. Il n’y a souvent pas de lien entre la réponse et la question posée, les réactions des gens sont kafkaïennes et le temps que l’on réalise que le récit n’est pas raconté dans l’ordre, on trouve que ces gens ont un talent très particulier pour ressuciter. Disons que malgré le côté « roman humoristique », ce n’est pas une histoire qui peut se lire rapidement et il faut avoir toute notre concentration.

J’ai ri à voix haute à certains moments et plus ça allait, plus j’appréciais ma lecture. Suis-je contente de l’avoir terminé? Certes. Est-ce que je comprends sa popularité? Yep. Ai-je vraiment pris du plaisir pendant ma lecture? Let me think about it a bit more.

Je ne sais trop, en fait. J’avais du mal à lire le roman longtemps et même si j’appréciais ma lecture, je n’avais pas non plus une envie folle d’y retourner pour savoir ce qui allait se passer. La narration est hyper intelligente et on sent qu’il y a une vraie réflexion derrière tout ça. Toutefois, ce n’est pas toujours… agréable? C’est long par moments (beaucoup de moments, en fait) et il faut ne s’attendre à rien et accepter n’importe quoi. C’est que dans toute cette galerie de personnages… il n’y en a pas un pour rattraper l’autre!

Entre Yossarian qui semble croire que la guerre est un plan machiavélique destinée à le tuer LUI, celui qui trouve le moyen de s’écraser à chaque vol, celui qui hurle toute la nuit dans son sommeil dès qu’il a fini ses missions réglementaires et le chef qui veut dorer son propre prestige en augmentant sans cesse des missions obligatoires à ses hommes, il faut chercher longtemps pour trouver quelqu’un le moindrement sain d’esprit. Il y a des magouilles, des jeux de pouvoir, des injustices incroyables (et absurdes) et toute action est maquillée pour faire briller l’un ou l’autre des dirigeants. C’est tellement courageux, n’est-ce pas, d’envoyer d’autres personnes à la boucherie pour se faire dire qu’on est un bon commandant?

En fait, on a affaire à une armée complète en choc post traumatique à une époque où ce n’était pas reconnu, et on se demande pourquoi rien ne va dans ces missions qui n’ont jamais de fin.

Un point de plus pour ma culture générale donc.

Mais un plaisir de lecture mitigé.

Le livre bleu de Nemo – Manon Steffan Ros

J’ai lu ce roman en anglais mais j’ai choisi de placer ici la traduction française vu que, ne nous le cachons pas, il y a quand même pas mal plus de francophones que d’anglophones ici! Je n’avais jamais entendu parler de ce livre avant la semaine dernière et – ô miracle – je suis justement tombée dessus. C’était un signe non?

De quoi ça parle

Nous sommes quelques années après « Y Terfyn ». La Fin. Nous sommes au Pays de Galles et il y a eu une catastrophe nucléaire. Du jour au lendemain, les communications ont été coupées et la survie est menacée.

Rowenna et ses enfants, Dylan et Mona. vivent seuls dans une petite maison isolée. Tour à tour, mère et fils écrivent dans un cahier bleu retrouvé dans une maison. Entre leur quotidien et les souvenirs, nous allons petit à petit apprendre à comprendre leur nouvelle vie.

Mon avis

Je ne m’attendais pas à aimer autant ce livre. Vous pourrez me dire qu’il n’a rien de révolutionnaire en terme de post-apo et qu’il se lit davantage comme un retour à la terre… mais j’ai adoré. Adoré au point de le dévorer en une soirée DE TRAVAIL, ce qui n’arrive jamais, au grand jamais.

Les deux narrateurs ont une voix bien distincte, ils sont extrêmement touchants tous les deux et j’ai pleuré à gros sanglots. Moi. Trois fois. Alors que c’est un récit lent, plutôt calme, qui nous raconte deux personnes tentant de survivre. Dylan avait 6 ans lors de la fin. Il a très peu de souvenirs de la vie d’avant, très peu de deuils à faire. Morwenna, sa mère, se souvient de tout mais a laissé beaucoup de choses derrière elle. Et ces deux visions nous plongent vraiment dans les petites incompréhensions et les tourments de ces deux êtres qui s’aiment plus que tout et qui forment une équipe indissociable. Et Dylan grandit.

Ce récit a été pour moi très émouvant. Mère et fils sont seuls et ne savent pas ce qui s’est produit. Il ne reste plus personne. Plus de radio, de communcation, plus de réseaux sociaux. Nous ne saurons pas plus qu’eux ce qui est arrivé. C’est une histoire de survie, d’adaptation. Et si la dichotomie « superficialité du monde moderne » vs. « pureté de la simplicité » peut sembler un peu trop « in your face », je n’ai pour ma part jamais été dérangée. J’ai aimé voir les yeux de Rowenna s’ouvrir à la beauté, aux émotions, quand il ne reste plus rien d’autre. Ça parle de fragilité, de perte et de mémoire et c’est tout en retenue, tout en pudeur malgré tout. Pas de descriptions horribles, pas de violence à foison. Juste eux, à ce moment précis.

Et la fin… j’ai adoré.

Et je me demande vraiment ce qui va leur arriver.

Perspective(s) – Laurent Binet

J’aime beaucoup Laurent Binet. En fait, j’ai ADORÉ La septième fonction du langage et j’aime sa manière de jouer avec l’écriture et l’histoire pour faire vivre ses récits. J’ai donc été ravie de voir arriver un nouvel opus sur nos tablettes. 

De quoi ça parle

Florence, 1557. Le peintre Pontorno est retrouvé mort au pied des fresques qu’il peignait depuis 11 ans dans la chapelle San Lorenzo. Fresques fort contestées d’ailleurs.  Les autorités tentent de découvrir le coupable mais dans la Florence de l’époque, les intrigues de cour et politiques sont nombreuses. Entre Vasari, Michel Ange et les Médicis, qui résoudra le mystère?

Mon avis

Encore une fois, nous avons ici un habile mélange entre une intrigue intéressante et une période historique à découvrir. Bien qu’ayant visité Florence, je ne connaissais rien de cette chapelle dont les fresques ont presque toutes disparu aujourd’hui.  L’auteur réussit, avec ce roman épistolaire, à nous plonger dans cette atmosphère de complots et de faux semblants parfois machiavéliques, avec quelques inspirations littéraires en prime. 

Certes, le mystère n’est pas bien mystérieux mais ce n’est pas ce qui m’a plu dans cette histoire. J’ai aimé les réflexions sur l’art, sur l’époque, j’ai aimé voir les divers personnages en manipuler d’autres pour arriver à leurs fins. La relation entre Catherine de Médicis et sa nièce, directement inspirée des Liaisons dangereuses, est particulièrement réjouissante. Littérairement parlant, on s’entend. 

Ce qui me plaît dans les romans épistolaires, c’est que tous les personnages peuvent être des narrateurs non fiables. Qui croire? Qui manipule qui?   La lecture est rapide et le tout se dévore, tout en nous faisant découvrir des personnages historiques. L’auteur joue ici avec la réalité et la fiction (Pontorno n’a pas été assassiné, du moins, pas à ce que je sache) mais j’ai passé un bon moment de lecture. 

Inoubliable?  Bon, peut-être pas. Mais agréable. Pour que ce soit vraiment génial, j’aurais aimé que les différentes voix littéraires soient plus distinctes, plus variées. Ici, c’est tout de même un peu semblable, sauf pour Catherine de Médicis et sa nièce. 

J’attendrai le prochain Laurent Binet avec  plaisir. 

Psychopompe – Amélie Nothomb

Amélie, c’est Amélie.

Je ne sais jamais où elle va me mener mais comme j’aime bien sa plume, je suis souvent prête à tenter le coup. Et ici, ce qu’on nous dit en 4e de couverture, c’est « Écrire, c’est voler ».

Mon avis

Si le roman commence avec un conte, celui d’une jeune épouse qui tisse les plus magnifiques étoffes pour son mari, nous tombons rapidement dans tout autre chose. En effet, Amélie va nous raconter son obsession pour les oiseaux, pour leur vol et leur liberté.

Nous la suivrons donc à travers sa vie d’enfant et d’adolescente baladée d’ambassade en ambassade, de pays en pays. Elle va laisser échapper des bribes d’elle-même alors qu’elle tente de trouver sa voie à elle, à travers le chemin libérateur de l’écriture. Libérateur mais difficile car l’écriture est une maîtresse exigente, qui pousse à se remettre en question.

Le deuxième tiers du roman est plus proche de l’essai. Amélie écrit un essai sur Amélie. Par contre, la fin, sa vision de la mort, du passage, et notamment de la mort de son père pendant la pandémie, est très touchante et émouvante. J’aime sa plume, sa lucidité par rapport à elle-même et sa façon de dire les choses.

Un récit un peu déroutant car le thème n’est pas clair, il change au gré du vol des pensées d’Amélie. Toutefois, j’ai passé un bon moment. Et je lirai le prochain.

Tu aurais dû t’en aller – Daniel Kehlmann

J’ai lu ce court roman en raison des recommandations de Cornelius, qui a adoré et qui aime autant que moi les histoires de maisons qui semblent avoir une âme et une présence maléfique. 90 pages. Pourquoi pas tenter le coup!

De quoi ça parle

Un scénariste en mal d’ispiration choisit de s’isoler dans un magnifique chalet dans la montagne avec sa femme et sa fille. Une aubaine. Sauf qu’il se passe des choses étranges dans cette demeure. La famille s’en sortira-t-elle indemne?

Mon avis

Que cache cette mystérieuse demeure perchée seule sur les collines? Notre personnage principal est un homme qui a connu le succès avec une sitcom drôlatique dont il doit écrire la suite. Sauf qu’il n’y arrive pas, étant constamment dérangé par sa vraie vie. Ben oui, imaginez-vous qu’une femme et une fille de 4 ans que vous avez emmenés en vacances, ils croient que vous allez leur donner un peu d’attention. La retraite est donc faite de dialogues insipides et superficiel pour savoir qui va s’occuper de « l’enfant » alors que le couple semble vraiment vivre chacun dans son univers.

Puis, des petites choses. Le temps d’un battement de paupière. Des ombres, des impressions. Et que dire de ces mots étranges qui apparaissent dans son cahier. Et pourquoi semble-t-on se perdre si souvent dans cette maison ultra-moderne?

Bref, une atmosphère réussie, de plus en plus oppressante. C’est certe une histoire de maison étrange mais c’est surtout un homme qui s’effondre. C’est rempli de métaphores, la narration est également très habile.

Bref, un très bon moment de lecture.

ll parait que c’est devenu un film… très curieuse de voir comment la frénésie et l’étrangeté sont mises en images!

A Dowry of Blood – S.T Gibson

Mon amie Sous le Ciel m’avait dit que ce roman, c’était pour moi because gothique. Comme c’est une histoire de vampires, je n’aurais pas du tout été tentée sans elle, même si j’avais reçu le roman dans une box. Oui, un autre. Ça a au moins eu comme effet de me faire lire l’un de ces livres qui s’entassent – mais s’entassent joliment – chez moi!

De quoi ça parle

Constanta nous offre ici sa confession. Elle a été sauvée par un être fabuleux mais aussi sombre et dangeureux. Éveillée à la vie éternelle, au cours des siècles s’ajoutent à leur couple une belle femme aristocrate ainsi qu’un jeune artiste… et dès le départ, nous savons que le créateur est mort. Tué par elle.

Mon avis

Cette autrice a une plus, mais une plume! C’est poétique, riche, imagé et j’ai eu l’impression de voir se peindre devant mes yeux des images somptueuses et sirupeuses, toutes en rouge et or. Un peu comme le film de Coppola mais avec un peu de Van Helsing. L’atmosphère est hyper réussie et je voyais vraiment les personnages évoluer en marge du monde qui change autour d’eux. La mythologie vampire a aussi un petit quelque chose d’Anne Rice.

Entendons-nous, pour moi, ce roman est une allégorie de la violence conjugale avec un petit côté queer et polyamoureux. Tout y est, c’est même un peu « in your face ». La jeune femme au bord de la mort sauvée par un homme trop beau pour être vrai, à qui elle doit tout. Rapidement, elle est sous son emprise, perdant le contrôle de sa vie. J’ai adoré la première partie, même si j’aurais aimé que la lune de miel soit plus longue un peu, pour que bous comprenions mieux la fascination que tous éprouvent pour ce personnage dont elle a choisi de voler le nom.

Certes, ça va un peu vite. Plusieurs siècles sur 300 pages, c’est rapide. J’aurais peut-être aimé un peu plus de profondeur dans les personnages et j’aurais aussi aimé voir les relations entre eux se développer mais le choix de l’auteur est logique également. En effet, le vampire originel les dépouille rapidement d’une partie de leur individualité, ce qui les rend plus difficile à connaître réellement. Nous comprendrons donc petit à petit ce qui a pu arriver et comment les relations ont pu évoluer jusqu’au point de non-retour. Avouez que les romances queer entre les fiancés de Dracula… c’est fascinant, non?

Le récit prend la forme d’une longue lettre écrit par Constanta à son créateur. Elle s’adresse à lui à la 2e personne et comme je le m’entionnais en ouverture, l’écriture est juste magnifique. Une autrice que je le relirai définitivement. Lucky me, j’ai 2 autres livres de l’autrice dans ma pile… merci les boxes!