Paul à Montréal – Michel Rabagliati

Il y a un nouveau Paul.  Comment est-ce possible de ne pas l’avoir dans ma bibliothèque?  Oui oui, avec Paul, il ne me suffit pas de le lire.. il me le FAUT! Surtout quand le livre en question est un album collector pour le 375e de Montréal et qu’il est ma-gni-fi-que.  Je vous en parle donc un peu.

 

Il faut savoir que ce n’est pas un tome supplémentaire de Paul.  Le personnage y est, bien entendu, mais pas comme d’habitude.  Mais je m’explique.  On a demandé à Rabagliati de créer des planches géantes sur l’histoire de Montréal.  C’est d’ailleurs un parcours sur le Plateau, parcours que je compte bien faire lors du salon du livre.   Cet album regroupe donc ces grandes planches mais aussi plusieurs petites anecdotes sur Montréal, ses institutions ainsi que ses personnages marquants.  Imaginez, revisiter l’histoire de Montréal avec le sens du détail de Rabagilati.   Revoir d’anciens symboles de la ville ou voir ceux dont on a entendu parler (je n’ai compris qu’en lisant cette BD d’où venait le nom de Place Dupuis… tsssss).  J’ai adoré tous les clins d’oeil et tout le travail derrière ce très bel album.  Bref, je suis ravie de mon achat.

 

Est-ce que ça plaira autant aux gens qui ne connaissent pas Montréal?  Ça dépend.  Je pense que vous pourriez en profiter davantage si vous avez quelqu’un d’ici pour vous expliquer le comment du pourquoi… ou si vous avez déjà visité le coin.  Mais peu importe… c’est Paul… et je me suis régalée!

 

C’était ma BD de la semaine

Daniil et Vanya – Marie-Hélène Larochelle

En ouvrant ce roman, je ne m’attendais pas du tout à ça.  Une adoption internationale, une mère ayant vécu un drame personnel… je m’attendais à une histoire de lien filial… mais pas vraiment, en fait.  On a plutôt droit à un roman où la tension psychologique monte graduellement, où nous sommes entraînés dans une spirale étouffante.  Et si je l’ai lu en apnée, sans lever les yeux de mon livre, j’en ressors avec un sentiment de trop peu… il me manque trop de réponses.  Et si je ne déteste pas les choses plus ou moins expliquées, j’avoue que j’en aurais voulu davantage.  Juste un petit peu plus de certitudes.

 

L’histoire est celle d’Emma, jeune femme bourgeoise.  Elle et son mari, Gregory, ont une boîte de design qui fonctionne bien et nous les rencontrons en pleines démarches pour l’adoption internationale.  Ils vont aboutir en Russie plus rapidement que prévu et reviendront avec Daniil et Vanya, des jumeaux de 15 mois qui semblent avoir vécu beaucoup de choses.   Et, comme souvent, rien ne va se dérouler comme prévu.

 

Disons-le d’emblée, je ne me suis attachée à aucun des personnages.  Si j’ai été triste pour Emma au départ, elle m’a rapidement agacée, avec son obsession des apparences, ses jugements, son aveuglement, son égoïsme et son attutide suffisante par rapport au reste du monde.  Tout pareil pour Greg, qui se voile la face et qui est capable de justifier n’importe quoi.  Leur absence de réaction est souvent rageante, en fait.   Les jumeaux sont inquiétants, sans émotion, retranchés sur eux-mêmes et fusionnels et il est évident dès le départ que ça va mal tourner.   La tension monte, on voudrait empêcher les choses de se passer et on est impuissants devant tout ce qui arrive.

 

La fin est glaçante.  Toutefois, j’aurais quand même aimé en savoir davantage.  Pourquoi cette précipitation au départ?  Que va-t-il arriver ensuite?  Que s’est-il vraiment passé?

 

Bref, un roman à l’atmosphère fort réussie, qui se dévore tout seul… mais disons que j’ai quelques questions à poser à l’auteur!

Chronique d’une LCA… québécoise

Il semblerait que certains s’ennuient de mes gaffes.  J’avoue que maintenant, je raconte davantage mes conneries sur FB ou Insta, on the spot.  Bon, je ne sais pas si celle-ci vaut le coup mais bon pourquoi pas.

 

Imaginez-vous que la semaine dernière, il a neigé.  Mais genre, une espèce de température de m…  De la neige mêlée de grêle, avec de la pluie par dessus le marché.  Et du vent, du vent!  Ceux qui ont vu mon Instagram ont pu constater la balançoire du voisin qui se baladait dans le rond point et mon gros sapin qui menaçait de s’envoler.   Bref, toute la nuit, j’avais rêvé que j’allais me ramasser au Kansas et devoir dealer avec une méchante sorcière et un épouvantail au réveil.   Mais allez donc savoir pourquoi, j’avais oublié le ABC de l’hiver québécois.

 

LÈVE-TOI QUINZE MINUTES PLUS DE BONNE HEURE POUR GRATTER LE CHAR.

 

Bon, je l’ai pas fait. Parce que si on est brillante dans la vie, c’est moins drôle hein.  Mais bon  Encore là, ça va.  Sauf que récemment, j’ai changé de voiture.  Je vous ai pas raconté??  C’est la suite du bilet, don’t worry.   Mais changer de voiture veut dire « pas de gratteux » dans la voiture.   Commence à chercher.  Je vérifie dans toutes les places « logiques ».  Genre les deux pièces de rangement.  Les garde-robes.  Le dessus de la laveuse.  Le dessous du four.

Rien.

Pas de balai/gratteux.

Rappelez-vous que je suis en retard.

Je sors donc mon porte-clés.  Mais bizarrement, faire des p’tits dessins pour casser la glace et le verglas, ça marche pas.  Je fesse un peu dans le dash à coups de poings (sur mon auto neuve, je le rappelle)…  no effect.  Pis là, le voisin sort en robe de chambre avec son chien.  Je soupire.  Ils me prennent déjà pour une semi-cinglée…  Mais genre, l’idée de leur demander un balai, nope.  Ça me traverse pas l’esprit.  Trop simple pour mon esprit torturé.

 

Mais j’ai une idée de génie.  Genre une illumination.  Et là, j’suis fière de moi dans ma tête.  Mais VRAIMENT.  Je rentre dans la maison, je ressors, toute fière…

… avec ma pelle à tarte.

 

Ouais, moi qui n’a pas fait de tarde depuis deux éternités, ça, je l’ai trouvé.  En deux secondes.   Faut pas chercher à comprendre.

 

Je retourne donc dehors (rappelez-vous, c’est une température de m…), je combats le vent et je m’y mets avec enthousiasme.  Et ça semble fonctionner . J’y mets encore plus d’enthousiasme…

… et CRAC.

 

Je regarde ma pelle et je réalise qu’elle n’a pas tout à fait la même forme qu’avant.  Genre qu’on dirait qu’elle a passé par la guillotine.  Et là, je suis toujours un peu sonne à regarder ma superbe pelle à tarte (presque neuve, avouons-le) que je sens un truc qui me frappe avec force à hauteur fessière.  Je hurle (mais bon, avec le vent, personne a entendu.  On espère).

 

Pis là je vois le chien du voisin.  Qui m’a ramené le bout de ma pelle à tarte.  Et son maître.  En robe de chambre.  Qui me dit, un peu étonné

  • En fait… ce n’est pas fait pour déglacer les voitures, je sais pas si tu sais…

 

Soupir.  J’avais même pas le goût d’essayer d’expliquer… et je me suis contenter de mettre le chauffage au boutte et de pitcher ben du lave-glace… mais après m’être déplacée au bout de la rue… question de m’éloigner de mes voisins.  Pis là, je vois le chien… qui me ramène encore la pelle que j’avais laissée là!  J’ai fini par la relancer… et repartir.  Vite!

 

Welcome to my life

Ah oui, pour info, j’ai retrouvé les trois balais à neige.  Le soir.  Derrière la télé.

(Et je vous raconte le coup de la voiture plus tard.  C’est ben assez long!)

Tu aimeras ce que tu as tué – Kevin Lambert

C’est ma collègue Émilie qui m’a parlé de ce roman.  Elle m’avait bien avertie : c’est spécial!  Et oui, ce l’est.  Un roman qui parle de l’enfance mais sans la voix de l’enfant.  La prophétie de la fin annoncée de Chicoutimi, des enfants qui meurent atrocement… et qui reviennent se venger.  On navigue entre réalisme et détours un peu fantasmagoriques, on se demande où on est rendus, on reçoit une bonne claque… et on referme le livre un peu essouflé.

 

Dans mon cas, la deuxième partie de la claque, c’est qu’à environ la moitié du livre, j’ai eu un souvenir.  Des amis, le Mont-Édouard, une copine à moi qui faisait du snow avec une perruque verte pour motiver un peu le fils de son chum de l’époque, qui ne trippait pas pantoute sur les pentes ce jour-là.  Et je me suis souvenue de son nom.  Kevin Lambert.  Le quartier décrit, les noms… tout fitte.  Je l’ai donc connu alors qu’il avait 6-7 ans.  Bon pas beaucoup, mais quand même.  Disons que ça ne me rajeunit pas!

 

Mais revenons au roman.  Le narrateur, Faldistoire, a des comptes à régler avec Chicoutimi (yep, l’endroit où j’habite… du moins, juste à côté).  Il a en horreur la morale bourgeoise étriquée, l’homophobie et la xénophonie des quartiers ainsi que la bien-pensance ambiante.  C’est la fin de ce monde-là qui est prophétisée ici.  C’est aussi la fin de l’enfance, de sa naïveté, de ses illusions.  La voix est dure, haineuse, souvent cynique.  À Chicoutimi, les enfants meurent de morts atroces (et bon… originales, avouons-le).  Sauf qu’ils ne restent pas morts.  Le narrateur veut voir mourir cette ville, symbole de ses souffrances.

 

C’est profondément original et ça laisse sur le c…   Entendons-nous.  Moi, j’aime mon coin.  J’y ai toujours été heureuse.  Maid ça ne m’a pas empêchée d’apprécier cette claque dans la face des valeurs étriquées, appliquée avec un juste mélange de vécu et de fantastique.

 

À tenter… en s’attendant à tout!

À sa rencontre – Chloé Duval

Aujourd’hui, c’est le jour « romance et chick litt » pour Québec en novembre.  Je me suis dit que c’était l’occasion idéale pour découvrir un roman de Chloé Duval, auteure montréalaise.  Ce qu’il faut savoir, c’est que Chloé Duval et moi nous sommes pas mal côtoyées à une époque.  Même qu’à un moment, je l’aurais qualifiée d’amie.  Bon, la vie nous a fait prendre des chemins différents mais toute celle belle intro pour vous dire que je connais pas mal les goûts littéraires de Chloé et qu’en ce qui concerne la romance ils sont super différents des miens.   C’est que mademoiselle est une grande romantique.   Du coup, j’ai plongé dans ce roman dans un moment où j’avais besoin d’un truc sweet, en sachant très bien à quoi m’attendre.  Et malgré ma panne de lecture, je l’ai lu dans une soirée et demie.  Je pense qu’il a bien fait sa job, non?

 

En fait, ce roman de Chloé Duval, c’est pile poil ce qu’elle aime lire.   Ça m’a un peu rappelé les histoires de famille un peu nostalgiques, un peu secrètes de Kate Morton… mais avec plus d’amour dedans.   Nous rencontrons donc Alexandra, jeune américaine travaillant dans le vin en Californie. Elle est fiancée à Spencer, son meilleur ami, grand avocat très occupé.  Un voyage de travail en France lui donne l’opportunité de partir sur les traces de son ancêtre, Gabrielle, de qui elle a trouvé une vieille photo et qui l’intrigue terriblement.  Elle va donc débarquer dans un petit village français où se trouve le château où la photo a été prise… et se laisser entraîner par le destin.

 

Nous avons donc deux histoires en parallèle.  Celle d’Alex et celle de Gabrielle.  Deux histoires d’amour passionnées, intenses, qui entraîne irrésistiblement les personnages.  Deux histoires d’amour que nous voyons graduellement se développer, dans deux époques différentes, avec des codes différents.  Certes, il y a beaucoup de bienveillance, de personnages très très sympathiques et de doudouitude (mes mots se sauvent ce soir) mais ça a très bien passé pour moi.  Je trouvais que ça collait tellement à la personnalité de l’auteur!  J’ai aussi beaucoup aimé les nombreuses références, que je reconnaissais et qui m’ont fait sourire.    Et sincèrement, les pages se tournent toutes seules.

 

Bon, parce que je suis moi, j’ai moins adhéré aux grandes déclarations d’amour éternel (ouais, je suis pas romantique pour 2 cennes), j’ai vu quelques répétitions (ces vilaines bêtes me sautent dessus… c’est bien connu) et il y a un peu trop d’adjectifs à mon goût, surtout dans certains passages, mais j’ai trouvé ça bien construit, prenant,  j’ai apprécié l’alternance entre les deux époques et j’ai aussi aimé les remises en question du personnage d’Alex.  Il y a de l’amour (beaucoup d’amour) mais ce n’est pas que ça.

 

Si vous aimez les histoires d’amour très sweet, avec des secrets de famille, des références et une atmosphère bien réussie (le château… des fois, on a l’impression de s’y balader), je pense que ça peut vous vraiment plaire.  Il y a vraiment un souffle épique dans le truc. Quant à moi, je lirai certainement Le temps volé, autre roman de l’auteur.  Mais pas tout de suite.  J’aime la romance, mais à petite dose!

La bête et sa cage – David Goudreault

L’an dernier, je vous parlais de « La bête à sa mère« , l’histoire d’un jeune homme terriblement naïf, terriblement décalé de la réalité à la recherche de sa mère, qu’il est persuadé d’avoir trouvée.   Dans ce deuxième tome, notre gangster en herbe en bave un peu plus.  C’est qu’il est en prison et que c’est un peu moins facile de s’en sortir avec une pirouette!

 

Dès les premières lignes, impossible de ne pas reconnaître la voix de ce personnage et le ton de David Goudreault.  Il est inimitable.  C’est documenté.  De plus, vu que j’ai écouté le premier tome en audio, lu par l’auteur, je ne pouvais m’empêcher de l’entendre me raconter l’histoire, ce qui n’était pas désagréable.  Et si dans le premier tome il est parfois agaçant… et un peu trop réaliste à mon goût (je croyais entendre quelqu’un que j’ai connu en contexte professionnel), le trait est un peu plus poussé dans ce deuxième tome, ce qui rend le tout un peu plus drôle… et un peu plus pathétique.   C’est que le narrateur comprend tout tout croche, interprète tout et n’importe quoi pour que ça concorde avec sa vision des choses et se met dans des situations impossibles à chaque minute.  Même les « coucous » de son unité psychiatrique sont déconcertés!

 

Et comme lecteur, on a parfois un peu pitié (mais pas longtemps), on rit de ses étonnantes interprétations et des liens improbables qu’il tisse entre tout et n’importe quoi.  Entre les citations tout croches, les références déformées et les Grandes Vérités assénées à tort et à travers, impossible de ne pas sourire.  Les pauvres mafieux qui peuplent l’unité n’ont jamais vu ça de leur vie.  On est amusé jusqu’à la fin où l’on est quand même secoués.  Du moins, moi, je l’ai été.

 

Et je lirai la suite!

Une autre lecture pour Québec en novembre!

Ukraine à Fragmentation – Frédérick Lavoie

Je ne comprends pas les guerres.  Et elles sont d’autant plus difficiles à appréhender qu’il y a toujours 22 versions pour une même histoire.  Et que la version finale est celle du vainqueur.   Petit récapitulatif.  En 2014, je suis allée en Russie, en plein pendant le conflit en Ukraine.  Tout le monde ici pensait que j’allais à ma mort (ouais, nos notions de géographie sont parfois approximatives).  Là-bas, j’ai entendu une version.  Ici, j’en entendais une autre.  Et à Paris, où je suis arrêtée quelques jours en revenant, encore une autre.  Du coup, quand j’ai rencontré Frédérick Lavoie en 2016, au salon du livre et qu’il m’a expliqué le concept de son livre, il m’a rapidement convaincue.  Ne serait-ce que pour avoir davantage d’éléments pour comprendre.

 

L’auteur vient de ma région.  Il est journaliste indépendant et est allé en Ukraine pendant la crise.  Il a assisté à l’enterrement d’un jeune garçon de 4 ans, Artyom.  Un tout petit garçon, un tout petit cercueil, une victime collatérale d’un grand, très grand conflit.   Et dans ce livre, Frédérick Lavoie essaie de lui expliquer, sans prendre parti, pourquoi il est mort.

 

C’est une lecture difficile car il nous renvoie en pleine face l’horreur de la guerre et aussi avec les façons diverses et variées qu’ont les gens de justifier la dite guerre.  C’est avec des mots simples que Frédérick Lavoie nous fait remonter le temps jusqu’à la fragmentation de l’URSS en plusieurs pays, tout en faisant un mini-détour par les guerres mondiales.  Puis, retour aux événements du Maïdan, au renversement du gouvernement en place et finalement, à la guerre.   C’est hyper bien vulgarisé sans être simpliste.  On fait ressortir la complexité du conflit, avec des intérêts divers et variés en jeu, personne n’est tout blanc ni tout noir et on donne la parole aux gens, des deux côtés de la ligne de démarcation.

 

L’angle choisi, le récit à un jeune garçon mort, rend le récit poignant et personnel.  Le désarroi de l’auteur est palpable, il reste neutre mais on le sent profondément touché, sensible à ce qui se passe dans ce pays.  Encore une fois, les principales victimes sont les gens, ceux qui n’avaient rien demandé.

 

Une lecture prenante, intéressante, vraiment bien fait… bref, nécessaire.  À lire.

 

Julie (qui lit au lit) ne comprends pas plus la guerre que moi… et a tout autant aimé.

Étincelle – Michèle Plomer

C’est avec ce roman que je fais la rencontre de Michèle Plomer.   Cette auteure québécoise a vécu 4 ans en Chine, pays qu’elle avait longtemps rêvé.  Pendant ces années, elle a enseigné l’anglais à l’université de Shenzhen et elle y a connu Song, une jeune enseignante lumineuse avec qui elle a lié une amitié sincère.   Pour l’anniversaire de Michèle, Song devait cuisiner un repas dans son tout nouvel appartement de fonction, fourni par l’université.  Mais Michèle choisit de passer une nuit d’amour avec Feng, l’homme de qui elle est amoureuse et quand Song ouvre le gaz, tout explose.   La jeune femme est gravement brûlée.   Dans la Chine actuelle, une femme n’a déjà pas beaucoup de valeur.  Imaginez une femme brûlée.

 

Je suis allée en Chine il y a quelques années. Quel voyage. La Chine, j’en rêvais et j’ai vraiment aimé ces 26 jours.  Je n’ai que survolé le pays et leurs coutumes, mais j’ai pu constater le fossé qui sépare parfois la pensée occidentale de la pensée chinoise.   Michèle, la narratrice (nous sommes dans l’auto-fiction ici), a quitté temporairement le Québec pour la Chine et prend graduellement conscience de la toute puissance du Parti et des limites des libertés.  En exil partout, l’amitié avec Song est le lieu où elle peut être elle-même, où tout est possible.  Suite à l’accident, la culpabilité, la terrible cupabiliité, qui va lui faire mettre sa vie en veilleuse pour être avec elle.  Nous suivons donc la narratrice dans cette parenthèse entre son travail et l’hôpital du Peuple où Song souffre le martyre pendant que sa famille s’est installée dans l’antichambre, avec un courage de folie.

 

Bon, là, vous vous dites que ça doit être déprimant au boutte!  Mais non, en fait.  Si la narratrice vit une période difficile, si on se demande pourquoi elle réagit ee cette façon, si intensément, Song, quant à elle, est intrinsèquement lumineuse et rayonnante.   Ce qui devrait être un drame l’est, certes, mais devient rapidement une renaissance.   Les deux femmes s’apportent mutuellement énormément et chacune d’elle va sortir différente de cette épreuve.  C’est tendre et dur à la fois et on nous peint par petites touches des moments marquants qui nous permettent de les voir évoluer toutes les deux.

 

J’ai beaucoup aimé la plume, les chapitres courts et les images de Chine, parfois magnifique et parfois très cruelle.  Il y a certes des éléments de critique sociale mais je n’y ai ressenti aucun jugement (contrairement à ma mère), juste un sentiment d’inadéquacité  et d’incompréhension face à deux mondes qui se rencontrent difficilement.

 

Un roman qui parle de culpabilité, de rédemption et de vie réinventée.  Je crois que je lirai ses autres romans qui, paraît-il, nous présente une Chine mystique et légendaire!  J’ai beaucoup aimé son écriture et sa façon de nous faire rencontrer ses personnages!

L’oiseau de Colette – Isabelle Arsenault

J’aime Isabelle Arsenault.  Ses illustrations me touchent toujours et j’ai bien entendu craqué pour cette BD jeunesse, toute simple, qui rend hommage à l’imagination des enfants et à leur capacité à voyager dans plusieurs mondes… sans quitter leur ruelle!

 

Colette vient donc de déménager dans un nouveau quartier, à Montréal, dans le Mile-End.   Sa mère refuse – vilaine qu’elle est – d’adopter un animal et elle bougonne un peu quand elle sort dans sa cour… et qu’elle rencontre deux enfants.  Ils partent donc à la recherche de la perruche disparue de Colette.  Le seul problème, c’est que l’oiseau est totalement fantasmé… et n’a jamais existé.

 

C’est dans le Montréal du quotidien que nous nous retrouvons.  Les ruelles, les cours et les enfants qui en font leur domaine.  J’ai adoré la représentation de la ville, le petit monde grouillant de l’enfance et leur capacité à s’émerveiller de tout et de rien.   Chaque cour nous présente un enfant occupé à ces mille petites activités passionnantes de l’enfance.  L’album est gris avec une touche de jaune, la couleur de la jeune colette.  Quelques touches de bleu (la perruche) et ça donne un effet saisissant et très esthétique.   Les enfants ont une bouille super sympathique et sont bien distincts les uns des autres.  Bref, je suis conquise par le trait, comme toujours.

 

Avec les enfants, on peut explorer la description des animaux vu que Colette doit inventer, à mesure, divers détails qui semblent, au départ, réalistes.   On peut donc utiliser leur technique pour décrire d’autres animaux, ce qui permet d’ancrer davantage le concept et de travailler le discours et la description.   De plus, il est intéressant de discuter avec les enfants du moment où ça dérape, des choses qui se peuvent ou pas, que l’on croit ou pas.   Et de plus, l’album permet une discussion sur les perceptions.  Est-ce que les enfants y croient?  Ou est-ce que c’est un jeu imaginatif?  Certains cocos avaient même oublié qu’en fait… il n’y avait jamais eu d’oiseau! Bref, plein de possibilités!

 

Une autre rencontre réussie entre l’oeuvre d’Isabelle Arsenault et moi.  C’était ma BD de la semaine (chez Noukette cette semaine) et ça entre dans Québec en novembre!  Merci La Pastèque.

L’habitude des bêtes – Lise Tremblay

Un nouveau Lise Tremblay, ça suscite toujours une petite danse se la joie chez moi.  Je ne sais pas pourquoi mais entre son écriture et moi, ça clique toujours.  Même quand ses histoires sont à des lieues de mon quotidien.  Est-ce que parce que ça se passe chez moi?  Je ne sais trop.  Mais encore une fois, malgré ma panne de lecture monumentale, je l’ai dévoré en 2 jours.  Pas que ce soit paqueté d’action ni rien.  Mais ça a passé tout seul.  Ça parle, non?

 

Le narrateur est dentiste.  Était dentiste, en fait.  Un jour, il a appris à aimer.  Dan.  Son chien.  Et il a pris le bord de son chalet sur les Monts (les habitants du Saguenay sauront de quels monts il s’agit… ils ne sont pas nommés mais on les reconnaît bien), vivant en communion avec son lac et la nature.   Un jour, on voit des loups.  Des carcasses d’orignaux sont retrouvées.  Ça va diviser le village et les chasseurs et brasser les habitants.  Il y a Rémi, celui qui aide, oncle de Patrice, garde-chasse qui n’entend pas se laisser influencer par la gang à Boileau, qui mène le village depuis des années.  Il y a Mina, isolée sur le bord de son lac, ancienne cantinière qui entend bien finir sa vie comme elle l’entend.  Il y a Odette, vétérinaire en fin de carrière.  Et il y a notre personnage principal ainsi que Carole, sa fille qui en arrache et avec qui il a très peu de contacts.   Ces loups qui arrivent vont bouleverser l’équilibre.

 

J’ai du mal à vous en parler, comme d’habitude avec les romans de l’auteur.  Ce sont des voyages intérieurs, des changements en apparence subtils qui créent des tourbillons d’émotions.  C’est le retour subtil de l’espoir, c’est la déviation toute simple d’un chemin.  Bref, ça me parle.

 

Je suis toujours aussi fan de l’écriture.  Fan de la proximité avec la nature, de cette façon d’en parler, de la rendre vivante, d’en faire un personnage à part entière.   Et elle réussit ça sans que ça fasse too much, ce qui est pour moi un gros bonus!

 

Bref, encore une réussite.  Et je recommande!