Les saisons de Montréal – Raphaëlle Barbanègre

Encore une fois, une presque BD ce mercredi… mais c’est c’est La Pastèque, c’est hyper bien fait (comme souvent chez eux), c’est illustré et le texte pourrait être dans une bulle.  Voilà.  CQFD!

 

Quelle belle balade dans Montréal!  Chaque planche nous amène dans un quartier particulier, dans un coin particulier et souvent, l’auteur a réussit à saisir l’atmosphère du lieu en question.  Pour ma part, ça m’a rappelé tout plein d’excellents souvenirs de ma vie à Montréal quand j’étais étudiante, même si le tout a considérablement changé depuis.    Une copine « vraie montréalaise » m’a mentionné que la vision était assez externe mais pour moi, ça a parfaitement fonctionné.  J’ai souri aux représentations et ça m’a donné envie d’une loooongue balade dans les rues et les ruelles de Montréal.

 

L’album nous fait aussi faire le tour des saisons à Montréal, avec sa neige, ses couleurs et ce retour à la vie tellement intense au printemps, quand les jupes raccourcissent et que les terrasses réapparaissent.  Ça donne envie de vivre Montréal encore et encore.

 

J’ai eu un réel coup de coeur pour les illustrations en pastel qui regorgent de détails et d’endroits iconiques de Montréal.  Ce souci des petites choses a fait la différence pour moi.  Entre les magasins cultes ou les endroits typiques, on se promène allègrement et on s’y croirait.   J’ai aussi beaucoup apprécié que le côté multiculturel de Montréal soit mis en avant.  C’est tellement Montréal!  Le texte est certes destiné à la jeunesse mais la lectrice adulte que je suis y a aussi trouvé son compte.

 

Merci La Pastèque pour ce superbe album.

C’est chez Noukette cette semaine!

Dodo Petit père Noël – Fabrice Mosca

Encore un album de Noël, pour les petits petits cette fois!  C’est un très court livre cartonné (donc enfant-proof… ou presque) avec des trous qui amène les cocos à résoudre un grand mystère : Qui fait ce bruit qui empêche le Père Noël de dormir?  Les lutins?  Mais non, ils vont mener l’enquête!

 

Chaque double page se présente avec une petite fenêtre où les enfants doivent deviner qui peut bien faire ce bruit.  Et parfois, on voit que les enfants ont beaucoup plus d’imagination que nous!  C’est super court, la finale est drôle (les enfants étaient explosés de rire… ça leur en prend peu).  C’est aussi très amusant de leur faire trouver des solutions alternatives (et parfois complètement out of it… limite gore!)

 

Avec les plus petits qui ne parlent presque pas, je l’utilise en schéma récurrent en changeant tout le texte (C’est qui?  Un verre de terre?  Non!  Des souris!, etc etc etc) et c’est mignon comme tout de leur voir reprendre les phrases.  Ça permet aussi d’apprendre quelques mots principaux dans le vocabulaire de Noël.

 

Je conseille!  Merci aux éditions La langue aux chats!

Comment devenir un monstre – Jean Barbe

Ce roman date de 2004.  Je l’avais vu souvent à sa sortie et même qu’au début du blog, il était noté dans ma liste-de-listes-à-acheter-de-façon-prioritaire.  On a la définition de « prioraire » qu’on peut hein.  Ça a aura pris 14 ans!  Bizarreent, je ne savais pas du tout de quoi ça parlait et sérieusement, ça a été une excellente surprise.  J’ai a-do-ré ce roman.

 

Jean Barbe est parti d’un événement survenu pendant une guerre fraticide.  Un milicien a tué un bébé.  Comment une personne en apparence normale peut devenir un tel monstre en contexte de guerre?  Est-elle responsable de tout? D’où vient le mal, la violence?   Encore une fois, on cherche une réponse simple à une question compliquée, comme le dirait le narrateur.

 

François est avocat et lassé de sa vie.  Il a donc appliqué, sans trop consulter son épouse, de devenir avocat sans frontière.   Il atterrit donc dans un pays en guerre, une guerre entre le gouvernement et la milice.  Une guerre sale, pas belle, comme toutes les guerres.  Il doit défendre Viktor Rosh, dit Le Monstre.   Il ne sait pas trop dans quoi il est tombé, ne connaît pas les codes et son client reste désespérément muet.  Pas un mot.  Il va donc partir sur ses traces, pour tenter de comprendre.

 

La narration nous balade allègrement entre la recherche de François et le récit du Monstre.  Le montre a été un enfant, il a été chef, amateur de bonne chère.   Qu’est-il arrivé?  Réflexion sur la part sombre qui existe en chacun de nous, récit glaçant, qui remet le lecteur en question.  Nous arrivons presque, par moment, à nous identifier à Viktor et ça, ça fait peur.  J’ai adoré le sarcasme sous-jacent, les bassesses et les imperfections de tous les personnages.  Nous les découvrons petit à petit, la manipulation politique est omniprésente et même si j’aurais préféré une fin un peu plus nuancée mais tout de même… un grand roman.  Rien de moins.

Au fil de l’eau – Daniel Miyares

J’avais beaucoup aimé Excusez-moi du même auteur et j’ai donc été ravie de le retrouver ici, mais dans un registre fort différent.  En effet, nous le retrouvons ici avec un album sans texte, très poétique, qui nous raconte l’histoire d’un petit garçon qui a amoureusement fabriqué un petit bateau en papier et qui le fait voguer un jour de pluie.   C’est juste hyper joli et hyper simple à la fois.  Et avec les enfants, ça fonctionne!

 

Ma nièce a adoré devenir « la vraie raconteuse » en me narrant, avec beaucoup de sparages et de loooongues phrases syntaxiquement originales une histoire devenue tragique (ouais, ma nièce est lé-gè-re-ment drama queen) impliquant pluie diluvienne et naufrage catastrophique.   Quant à moi, j’ai beaucoup aimé la grisaille sympathiques, les reflets dans l’eau et les courses folles qui me rappelaient les jours de pluie quand j’étais petite.  Quel plaisir de sauter dans les flaques et de revenir le plus mouillée possible!  La fin est aussi très chouette.

 

Et, le mieux du mieux?  Il y a les plans pour faire soi-mêmem le petit bateau en papier!  J’avais limite oublié!

 

Ajoutons à ça un récit très linéaire et donc très simple à deviner et à raconter pour les enfants.  Pas besoin de connaître l’histoire davance pour comprendre.  Pour ma part, je l’ai utilisé pour amorcer le récit ainsi que pour leur apprendre à utiliser le référent « il » au lieu de toujours répéter  le sujet.  Et ça peut aussi fonctionner avec les plus grands qui commencent à écrire, utilisé de cette façon.  Il n’y a en effet pas de texte antérieur pour parasiter les créations de jeunes!

 

Un fort bel album!  Merci Scholastic!

Affectueusement, Père Noël – Martha Brockenbrough/Lee White

Décembre et les albums de Noël, c’est une longue histoire d’amour.  Cette année, j’en ai assez peu alors je profite de mon vendredi de congé pour faire du cocooning dans mon lit.  Avec du thé et des pâtisseries de Noël (c’est pas moi qui les ai faites… tout le monde me donne des gâteaux à Noël (je fais pitié, avec mon inaptitude culinaire) et je ne vais pas m’en plaindre…

 

Mais revenons à l’album!  Attention.  À ne pas lire aux enfants qui croient au Père Noël dur comme fer. Au contraire, ce livre est GÉNIAL pour les enfants qui posent la question « est-ce qu’il existe le père Noël? »  Il offre une réponse juste parfaite.

 

C’est l’histoire de Lucie qui écrit chaque année une lettre au Père Noël et qui reçoit une réponse.  Puis, elle grandit.  Et forcément, elle a davantage de questions à poser dans sa lettre.  L’objet-livre est hyper beau, avec des enveloppes et des vraies lettres que nous pouvons sortir.  Les images sont cute comme tout, colorées et douces à la fois, tout à fait dans le feeling de Noël et de la doudouitude qui me prend à cette période de l’année.

 

C’est donc un album mignon, certes, mais qui peut être très utile aux parents (ou aux matantes) qui ont des explications à donner!

 

Prophéties – Isabelle Larouche

Ces temps-ci, j’ai envie de littérature jeunesse.  Mais jeunesse-jeunesse, là… pas du YA.  J’ai ouvert avec plaisir ce roman qui correspond parfaitement à cette catégorie de lecture.   C’est d’ailleurs un livre que je vais recommander à mon amie Michèle pour ses élèves.  Je suis certaine qu’elle saura l’exploiter avec eux.

 

Cette histoire se dérouleà Montréal, à quatre époques différentes.  Quatre chapitres où nous croisons toujours cette mystérieuse vieille dame, elle est itinérante et hante les rues de Montréal avec un étrange jeu de tarot.  Elle cache sa bosse sous un manteau sale et croûté, beau temps mauvais temps.     Nous la croisons d’abord en 1929, en plein crash boursier, puis à notre époque, puis au 22e siècle… et enfin beaucoup plus tard dans le futur.   On ne sait pas trop qui elle est ni d’où elle vient mais sa rencontre va définitivement changer la vie de ceux qui vont prendre le temps de la voir vraiment.

 

Bien entendu, ce sont quatre histoires différentes, mais avec un lien entre elles, of course.  Autre constante?  De minuscules clés finement ciselées.  Ce roman parle certes de réalisation personnelle, d’oser utiliser la clé et de trouver la porte, mais aussi de magie, de solidarité et d’amitié.  Il y a également un aspect écologique un peu prophétique, des aventures hors du commun pour ceux qui savent exploiter leurs dons et leurs possibilités.   Beaucoup de thèmes à exploiter, voyez-vous!

 

Comme je le disais, nous sommes ici dans un roman clairement jeunesse (me semble que l’avoir lu entre 10-12 ans, j’aurais embarqué à fond).   S’il y a des thèmes plus sérieux sous l’histoire, celle-ci est facile à comprendre, les phrases sont accessibles, l’action est rapide et continue et l’auteur prend malgré tout le temps d’insérer des faits historiques intéressants pour les jeunes (la dépression, l’immigration, etc).  C’est très explicite (tout est dit… il ne reste pas beaucoup de déductions à faire), les résolutions sont assez rapides et en tant qu’adulte, on en aurait voulu un peu plus pour être pleinement satisfait et pour entretenir le mystère.  Pourtant, pour les jeunes, ça maintient l’intérêt et c’est accessible.  En plus, ça donne envie de croire à la magie!

L’Esprit du camp – Falardeau/Cab

C’est Aline, de la boîte de diffusion, qui m’a proposé cette BD vu que j’avais beaucoup aimé « Les nombrils ».   C’est le premier tome d’une série (et j’ai très hâte de lire la suite, vu la finale) qui nous présente Élodie, adolescente un peu gothique, que sa mère force un peu (ok… beaucoup) à devenir monitrice dans un camp de vacances.  Elle n’a aucune idée de l’aventure dans laquelle elle s’est embarquée et se voit surtout obligée de passer l’été avec un gros douchebag, un amoureux éconduit, une petite peste et la trop parfaite Catherine, avec qui elle n’aurait jamais pensé bien s’entendre.

 

Vous savez quoi?  J’aurais aimé tout lire d’un bout.  J’ai fermé cette BD en espérant réussir à trouver la suite rapidement pour bien rester dans l’histoire, juste pour découvrir qu’elle n’est pas encore sortie.  J’ai bien aimé mais j’en aurais voulu plus pour vraiment plonger dans l’histoire.  C’est qu’il y a tout plein d’éléments intéressants, surtout pour ceux qui connaissent les ambiances « camp de vacances » (mon seul bémol… ils sont OÙ les noms de camp hein?  Où??).

 

Je me suis tout de suite attachée à Élodie, aux prises avec un groupe de petites rousses toutes aussi drôles les unes que les autres et qui m’ont fait mourir de rire.  C’est TELLEMENT ça une gang de poulettes de cet âge!  Le directeur de camp, qui parle de Satan et qui chante des tounes de Black Sabbath en français, est tout un personnage, qui fait un peu peur d’ailleurs.  Et quelle est cette lumière bleue?  Est-ce dans la tête d’Élodie qui se conte des peurs ou y a-t-il du surnatuel là-dedans?  Bref, plein de questions.

 

C’est frais, les dessins sont plus vrais que vrais, colorés et les personnages sont expressifs.  Le ton est un peu irrévérencieux, ça se moque un peu des trucs bien pensants… mais juste assez, pas trop.  Et pas tout le temps.  Un bon rythme, une bonne histoire, quelques personnages bien développés (bon… pas tous… mais quelques uns), que demande le peuple!

Chez Moka cette semaine.

Chronique d’une LCA québécoise… en cuisine

Ceux qui me suivent depuis un moment savent que Karine + cuisine = catastrophe.  Je venais donc, la semaine dernière, de finir d’écrire le billet sur la tempête de verglas, et je placotais avec Angéla Morelli en lui disant qu’en fait, j’étais beaucoup plus sage qu’avant et que je n’avais en fait plus grand chose à raconter.   En mode « fière d’être une grande fille ».

 

Bon, la grande fille avait quand même décidé de se faire réchauffer des pâtes pour souper.  Parce que j’ai beau adorer la bonne bouffe, tripper sur le tourisme culinaire et goûter à tout (sauf au céleri), chez moi, je peux bouffer des pâtes (ou n’importe quoi d’autre) pendant une semaine complète.  J’avais donc prévu ma semaine, fait cuire un CHAUDRON de pâtes (tout le monde se demande pourquoi j’ai un chaudron de sorcière chez moi alors que je cuisine pour moi toute seule la plupart du temps… ben vous avez la réponse), acheté un méga bocal de sauce (pré-faite, of course), un beau avec un couvercle bien métallisé, là et un méga sac de fromage Saint-Laurent.  Parée pour la semaine.   Je mets donc le tout dans un bol, je mélange ça pour faire un mix à peu près potable, je le fous au micro-onde et remets les restes au frigo.

 

Nous discutions donc tranquillement écriture performatrice (j’étais en train de lui passer commande, en fait quand j’entends un bruit bizarre.  Comme je fais 22 choses en même temps, j’étais à l’autre bout de la maison et je ne m’inquiète pas trop.  Je me dis que ça doit être encore le chien du voisin qui vient de rentrer dans le mur.   Ou dans la voiture.  Cette bête a des comportements bizarres.

 

Mais non, ça le refait… et ça sent drôle.  Je retourne dans la cuisine pour réaliser que le micro-onde s’est transformé en guirlande de Noël.  Ça allume de partout!

 

Une petite course suivie d’un dérapage (over bien) contrôlé plus tard j’arrive devant…

 

… et j’avais mis le pot de sauce plein dans le micro-onde.  Avec le couvercle-qui-va-pas-au-micro-ondes.  L’assiette prête à réchauffer était bien sagement rangée dans le frigo.

 

Bon, le micro-ondes fonctionne encore hein… mais il fait des genre de p’tites étincelles des fois.

 

J’pense que j’vais l’changer.

Juste de même.

Pourquoi les filles ont mal au ventre – Lucile de Pesloüan / Geneviève Darling

Besoin d’une idée de cadeau de Noël pour une jeune fille (ou un ado)?  Voilà, vous avez trouvé.  Et non, ce n’est pas un guide sur les menstruations avec mode d’emploi (allez savoir pourquoi je pensais ça!).  C’est plutôt un manifeste féministe qui veut faire ressortir comment le sexisme est présent dans nos vies, de quelles façons insidieuses il se manifeste et pourquoi, souvent, ça fait mal.

 

Cet album devrait être mis entre toutes les mains, masculines et féminines confondues.  Rien de moins.  Je vous entends penser : comment un manifeste féministe écrit par deux femmes blanches et privilégiées peut être représentatif?  Vous savez quoi?  Les auteures le savent et le disent.  Mais peu importe qu’on soit d’accord avec tout, je suis certaine qu’il va permettre d’ouvrir la discussion, de faire ressortir des points de vue et de rétablir certains faits.   De la taxe rose aux diktats de la société, en passant par le traitement des femmes dans le monde, plusieurs situations sont mises en avant, et ça fait réfléchir.   Sans compter que les illustrations sont simples mais qu’elles vont droit au but et qu’elles sont un parfait complément au texte.

 

Après en avoir jasé avec des ados (il faut savoir que la population adolescente à laquelle j’ai accès est assez homogène…), certaines m’ont fait remarquer que bizarrement, elles s’étaient senties jugées parce qu’elles, elles aimaient s’habiller sexy et tout.  Je me serais attendue à tout sauf à ça mais encore une fois, ça a été super parce que ça a suscité des débats, des discussions et que ça les a forcées à s’interroger sur le comment du pourquoi… et à questionner leur propre attitude envers les filles pour lesquelles ce n’était pas une priorité.    Et sur le fait que, justement, le féminisme est une question de pouvoir choisir, d’être ce qu’elles veulent, et surtout, de solidarité.  Du moins, ça devrait!

 

Je le répète, à lire!  Par tous!

Le chevalier blanc – Michaël Escoffier / Stéphanie Sénégas

Michaël Escoffier, je kiffe, comme on dirait après un verre ou deux.

Dans cet album, on nous présente un chevalier, un vrai.  Il est preux, courageux, beau, et son métier, c’est de délivrer des princesses, faibles et sans défense.   Quand il arrive devant un nouveau château et une nouvelle princesse, il est plein de certitudes… et, il n’y a pas à dire, l’écoute, ce n’est pas son fort!

 

L’album est une véritable joute verbale entre les deux personnages, que nous avons bien aimé lire à deux voix, avec un jeune lecteur de ma connaissance.   C’est aussi un pied de nez aux idées préconçues et au sexisme ordinaire.  En effet, pourquoi prendre la peine d’écouter une princesse qui n’est là que pour le faire briller, lui?  Elle, des idées?  Des désirs?  Ben voyons!

 

Les illustrations, toutes dans les tons de la couverture, sont très belles dans des tons de terre.  On se retrouve avec plaisir dans une atmosphère passée… et la chute est vraiment cool.  Bon, l’adulte voit venir… mais les enfants ont a-do-ré!  Autant les filles que les garçons!  Un très bel album pour travailler la réciprocité et l’importance d’écouter l’autre et ses réponses (parce que oui, pour plusieurs, ce n’est pas si évident que ça)… et pour rire un bon coup!

 

Blandine l’a aussi beaucoup aimé!

Merci Dimédia!