L’homme de la Saskatchewan – Jacques Poulin

L'homme de la SaskatchewanPrésentation de l’éditeur

« L’écrivain Jack Waterman accepte d’être le « nègre » d’un joueur de hockey qui veut raconter sa vie, puis il refile le travail à Francis, son petit frère. Le hockeyeur est un métis dont les ancêtres ont été décimés par la milice anglaise en Saskatchewan; il a des idées bien arrêtées sur la place que la langue française devrait occuper dans le Grand Club.

 

Craintif au début, Francis s’affirme à mesure qu’il écrit, mais il doit se méfier des silhouettes louches qui rôdent aux alentours.  Heureusement que la Grande Sauterelle arrive de San Francisco avec un LadySmith et des jambes assez longues pour séduire n’importe qui. »

 

Commentaire

Suite à ma lecture de Volkswagen blues et à ma Promenade des écrivains sur Jacques Poulin (oui, en juin… je sais, je prends de l’avance), j’ai eu envie de relire l’auteur alors avec Jules, nous sommes entrées à la Librairie Pantoute et j’ai pris à peu près tout ce qu’il y avait de l’auteur que je n’avais pas déjà.  Marie-Eve Sevigny, qui nous balade ainsi à travers Québec, devrait avoir une cote sur les ventes.  Elle est ma foi une très très vile tentatrice!  Si j’ai choisi celui-ci en particulier, c’est que j’avais bien envie de retrouver la Grande Sauterelle, personnage que je venais à peine de quitter. 

 

Mon choix n’a pas peut-être pas été des plus judicieux parce que ce tome étant le dernier sorti et que les personnages de Poulin sont souvent récurrents, j’ai eu l’impression d’arriver en retard sur les personnages.  Par chance, ma promenade m’avait un peu située et j’ai pu repérer des lieux et des anecdotes qu’on venait tout juste de me raconter sinon j’aurais été un peu perdue. Pas que ce soit nécessaire d’avoir tout lu avant pour comprendre, loin de là.  Mais quand on connaît ses personnages, on a parfois ce petit élan de tendresse supplémentaire, ce sourire qui nous vient parce qu’on comprend l’allusion, qu’on fait partie de la gang, quoi.   Et comme à toutes les fois où j’ai lu Poulin, les mots sonnent juste.  Sous une apparente simplicité – d’intrigue et d’écriture – se cachent un voyage intérieur, des étincelles d’éternité qui changent les personnages.  Bon, ici, il se passe quand même un « vrai » quelque chose mais ce n’est que le prétexte au « voyage vertical », comme le nomme Marie-Eve Sévigny (yep, encore elle… je vous dis, tout est de sa faute!)

 

Dans ce roman, la douceur est plus diluée.  On nous parle de l’écriture, de la difficulté d’écrire que ressent le vieux Jack, de celle de Francis qui tente de passer de lecteur à écrivain.  On nous parle aussi d’histoire, de celle des canadiens français mais surtout de celle des Métis, dont l’identité est si fragile.  Métis comme l’est Isidore Dumont, gardien de but francophone originaire de la Saskatchewan ayant le Grand Club pour objectif.  Comme l’était son ancêtre Gabriel Dumont, oublié de l’histoire.  Comme l’est aussi la Grande Sauterelle, qui essayait déjà de se trouver dans Volkswagen Blues.   Mais c’est également le français, langue d’un peuple, le nôtre, qui fait entendre sa voix.  Le Grand Club, notre Sainte Flanelle, est pratiquement anglophone, c’est la norme.  Et Isidore Dumont s’insurge. 

 

Ce ne sera pas mon roman de Poulin préféré mais les mots m’ont encore une fois transportée.  Et j’ai revu en le lisant ces rues de Québec que je venais d’arpenter.  Et j’ai le goût d’en lire/relire d’autres de l’auteur.  Je vous dis, c’est une drogue!

L’odeur du café – Dany Laferrière

l-odeur-du-cafe.jpgPrésentation de l’éditeur

« Dans une prose d’une douce sensualité, Dany Laferrière fait revivre le monde grouillant d’humanité et de chaleur du village de Petit-Goâve, en Haïti, où il passe son enfance.  L’univers un peu magique du garçon de dix ans est dominé par la figure de sa grand-mère, Da, qui aime tant le café.

 

« J’ai écrit ce livre surtout pour cette seule scène qui m,a poursuivi si longtemps: un petit garçon assis aux pieds de sa grand-mère sur la galerie ensoleillée dune petite ville de province.  Bonne nuit, Da! »

 

Commentaire

Bizarrement, je n’avais jamais rien lu de Dany Laferrière.  Je me rappelle avoir parcouru « Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer » quand j’étais ado mais je ne sais même pas si je l’ai lu au complet.  Bref, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre et j’ai été d’abord un peu surprise par ces courts chapitres, eux-mêmes constitués de courts paragraphes portant chacun un titre.  Je l’avoue, j’ai mis un bn moment avant de m’habituer à ces instantannés puis, tout d’un coup, j’ai trouvé une fluidité de lecture et j’ai vraiment apprécié.

 

Ce sont des souvenirs d’enfance que nous relate Dany Laferrière.  Une enfance en Haïti, auprès d’une grand-mère aimante, qui prend une énorme place dans le petit monde de cet enfant de dix ans.  Elle semble veiller sur tout le roman et on ressent énormément d’amour, énormément de respect pour cette femme.   Tout de suite, on est transporté ailleurs.  Dans un monde coloré, vivant, un peu magique.  On est dans un tout petit village.  Tout le monde se connaît, tout le monde a sa version et son opinion sur à peu près tout, c’est rempli de mauvaise foi et de bonne humeur.  Et ce malgré certains aspects pas toujours faciles de la vie, aspects que l’on ne fait que deviner derrière les souvenirs d’un enfant.

 

Dany Laferrière a réellement su nous faire partager cette vision d’enfant, cette façon particulière de voir le monde.   Certaines scènes m’ont beaucoup fait rire, on sourit généreusement devant certains coups pendables et surtout, on a l’impression d’y être, dans ce petit village.  Comme dans tout bon village, il y a une sorcière, des commères, des grands mystères, des légendes.  Et cette odeur de café, on la sent vraiment. 

 

Une lecture que je conseille, donc, si vous aimez le registre des souvenirs d’enfance.  Même si j’ai eu au début peur d’un truc un peu décousu en raison de sa structure, j’en garderai un très bon souvenir.

Intimité et autres objets fragiles – Marie-Eve Sévigny

intimite-et-autres.jpgPrésentation de l’éditeur

« Intimité et autres objets fragiles explore la frontière entre la vie privée et la vie publique des êtres que nous côtoyons avec indifférence ou indiscrétion.  Dans l’approche de l’autre, l’oeil s’attarde au corps, aux objets, à l’environnement, qui portent tous notre empreinte, qui nous trahissent… Dix histoire où le matériel, par son silence équivoque, influence les personnages dans leur rapport à autrui, à eux-mêmes. »

 

Commentaire

Si vous me lisez depuis un moment, vous devez savoir que je ne suis pas très « nouvelles ».  Par contre, après avoir participé à une promenade des écrivains, j’ai été très curieuse de découvrir celles de l’animatrice, Marie-Ève Sévigny. Et j’ai ma foi bien fait parce qu’elles m’ont beaucoup plu, ces nouvelles.

 

Ce court recueil d’une centaine de pages compte 10 nouvelles.  Certaines sont tragiques, d’autres presque drôles.  Mais toutes sont profondément humaines.  Marie-Ève Sévigny réussit à nous plonger en un ou deux paragraphes dans l’atmosphère voulue (j’aime énormément ses premiers paragraphes d’ailleurs) à l’aide de mots choisis et évocateurs.  Sa plume est à la fois belle, poétique et vivante et j’ai noté plusieurs phrases qui m’ont particulièrement parlé.    J’ai beaucoup aimé les ouvertures, la possibilité pour le lecteur d’interpréter à sa manière. 

 

J’ai une grosse préférence pour la dernière nouvelle « Le chien Jivago », qui m’a énormément touchée.  Toutefois, entre l’homme qui se cherche une nouvelle femme (j’ai bien ri à celle-là), le médecin pris dans sa chaise roulante à regarder passer le temps, la femme qui loue des chalets pour être tranquille ou les deux enfants qui jouent au pied du Grand Manitou, on entre dans autant d’univers, on passe pour un court moment derrière le décor, derrière les apparences, et on rencontre la personne qui s’y cache.  Et pour une fois, je trouve que le format s’y prête parfaitement.

 

Une belle découverte et une auteure que je relirai certainement!

 

Mon Québec en septembre

La promenade des écrivains à Québec

logo-promenade.jpg(Les photos sont toutes de la ville de Québec.  Certaines prises lors des promenades, d’autres non!  Mais ce n’est pas loin!)

 

Oui, oui, un autre billet aujourd’hui!  Mais bon, il n’est pas assez long, ce « Québec en septembre »!  Je vous dis, je recommence l’an prochain! 

 

Alors pourquoi un autre billet?  Parce que j’ai fait hier ma troisième « Promenade des écrivains » de l’été et que je tenais absolument à vous en parler.  Oui, je sais, j’en ai parlé maintes fois sur ma page Facebook mais je trouvais que ça méritait un vrai billet! 

 

Mes-images-13-4122.JPG

 

Ces promenades existent dans la ville de Québec depuis 2000.   Depuis 2008, elles sont animées par Marie-Eve Sévigny (qui est aussi auteur.  D’ailleurs, je vous parle de ses nouvelles demain!), lectrice passionnée et communicatrice hors-pair, qui nous promène dans différents quartiers du Vieux-Québec (ou tout près) sur les ailes des mots de différents auteurs principalement d’ici, mais parfois d’ailleurs. 

 

Mes-images-13-4160.JPG

 

Ceux qui me connaissent (et que j’ai eu l’occasion de traîner derrière moi dans mes interminbles balades) savent que j’aime marcher les villes.  Un peu, beaucoup, à la folie.   Ces visites à pieds dans les rues sont souvent pour moi des points marquants de mes divers voyages.  Et en marchant dans Québec, même si c’est à peine à 2h de chez moi, je me sens toujours en visite.  Du coup, quand mes parents m’ont parlé de ces promenades (ils les ont TOUTES faites.  Si vous me trouvez parfois excessive, c’est que vous ne connaissez pas ma mère!), il m’était impossible d’y résister. 

 

Mes-images-13-4206.JPG

 

Donc, cet été, j’ai marché sur les pas de Jacques Poulin avec Jules, j’ai arpenté le quartier St-Sauveur sur les traces des Plouffe et finalement, hier, c’est dans le quartier St-Roch que j’ai suivi les pas des meurtriers et désaxés de la littérature policière québécoise.

 

Mes-images-13-4219.JPG

Non seulement c’est une façon originale et agréable de découvrir les quartiers mais nous voyageons aussi dans le temps pour découvrir des pans de l’histoire de la ville qui sont parfois peu connus.  Du moins, de moi.  Des bâtiments en passant par les parcs sans oublier les noms de rues et les légendes locales, Marie-Eve Sévigny nous raconte Québec (qu’elle aime d’amour) avec ses mots mais aussi ceux d’écrivains qui ont choisi cette ville comme décor pour leurs romans.  La promenade est ponctuée d’extraits qui se réfèrent à ce que nous voyons et de références littéraires dont on nous parle avec un enthousiasme tellement communicatif qu’après la promenade, on a envie d’acheter tous les romans dont on nous a parlé.   C’est une occasion rêvée pour découvrir de nouveaux auteurs, voire même de nouveaux genres.

 

Mes-images-13-4235.JPG

 

À la question que l’on m’a déjà posée: « Est-ce nécessaire d’avoir lu les auteurs pour apprécier la promenade? », je répondrais que non, pas vraiment.  Si on a lu les romans, on va les revivre dans notre imaginaire mais sinon, ça nous donnera envie de les lire… et quand on le fait, on revit la promenade et on revoit les paysages! 

 

Mes-images-13-4163.JPG

 

Cette année, il y avait 9 parcours proposés: le petit monde de Roger Lemelin, Romans-fleuves, Jacques Poulin, le premier jardin d’Anne Hébert, Québec, ville réelle et fictive, le polar à Québec, les dimanches à la rivière St-Charles, Chrystine Brouillet et Nouvelle-France.  La bonne nouvelle, c’est qu’il y en aura possiblement des nouveaux l’an prochain.  Et que de toute façon… il m’en reste 6 à faire!

Mes-images-13-4120.JPG

C’est la faute à Bono – Pierre Gagnon

c-est-la-faute-a-Bono.jpgPrésentation de l’éditeur

« Après 5-FU, où est relaté le récit de son combat contre le cancer, Pierre Gagnon récidive avec la suite logique de son expérience : celle de sa rémission. Son héros, Daniel Lebrun, se réadapte de son mieux au métier de vivant, auquel le cancer l’avait fort mal préparé. Plus rien n’a pour lui la même importance qu’avant (exit la maison, bonjour la location ; adieu l’auto, bienvenue vélo) et il doit s’ajuster aux nouvelles perceptions des autres autant qu’au nouveau regard qu’il porte sur le monde.


Incapable de supporter l’oisiveté dans laquelle le confine son patron, il quitte son travail pour se lancer, avec son ami Max, dans le démarrage d’une petite entreprise : Michou, le premier café mobile de Montréal, théâtre de situations savoureuses avec les indigènes de la métropole.


Tout en se réinsérant tant bien que mal à l’univers des vivants, Lebrun continue à fréquenter ses compagnons d’infortune : Monsieur Ouellet, Bob et surtout Lucette, huit ans, dont quatre de cancer. Lucette dont le rêve ultime est de voir U2 en spectacle et, bien sûr, de rencontrer Bono lui-même !


Écrit dans une langue orale, spontanée et touchante, corrosive et mordante, ce roman nous fait passer par tous les états : de la tendresse à la colère, de l’humour au cynisme, en passant par quelques angoisses enrichissantes… »

 

Commentaire

Je l’avoue tout de suite, j’ai acheté ce roman pour le titre.  Bono, U2 et moi, c’est une grande histoire d’amour.  Depuis maintenant environ 25 ans.  Du coup, je n’ai pas hésité et je l’ai pris.  Sans lire la 4e de couverture, of course, parce que je ne les lis jamais.  Du coup, je me suis retrouvée dans un roman qui parle de rémission et de cancer.  Moi.  Déjà, ça partait mal.  Quand l’hypocondriaque que je suis voit ce mot, je me barricade le coeur et l’esprit pour ne pas trop paniquer et ne pas trop m’en faire.  Pas gagné d’avance, quoi. 

 

En plus, le lien avec Bono, bien que présent, est ma foi bien mince.  Trop mince pour moi qui voulait voir un truc suivi, signifiant.  La même chose mais avec des indices plus tôt, genre… Bref, je suis en manque de Bono et c’est en écoutant « The Joshua Tree » que j’écris ces mots.

 

Ok.  Je n’ai pas vraiment apprécié ce roman.  Le personnage principal est en rémission et tente de réintégrer le monde des vivants, ce qui ne se fait pas sans heurts.  Il trouve les gens superficiels, en a marre de la maladresse des gens et de son patron qui ne lui donne pas de boulot pour le ménager.  Ça aurait pu me toucher, vraiment.  Mais j’ai eu l’impression qu’on ne faisait qu’effleurer tous les sujets sans vraiment les approfondir.  Mais surtout, surtout, le personnage m’a paru tellement antipathique, il m’a tellement énervée, que j’ai parfois pensé à abandonner le roman. 

 

C’est que c’est un cynique, notre homme.  Il fait souvent dans l’autodérision mais, le plus souvent, il porte des jugements sur les autres, les ridiculisant joyeusement pour nous.  Et cette fois, ça n’a pas fonctionné.  Tout est négatif, tout est « bougon ».  On sent qu’il a un bon fond mais disons qu’il est barricadé jusqu’aux yeux dans son attitude et je ne me suis pas du tout attachée à lui. 

 

Le style se veut oral, on trouve parfois quelques petites allusions crues (non mais je m’en fiche un peu de savoir qu’il s’est lavé la queue… oui, ce n’est qu’une mini-phrase, il n’y en a que 3-4 dans le roman… mais bon, pourquoi?), on sent un humour souvent grinçant qui pointe à l’horizon.  De plus, certaines phrases, lancées comme ça, font réellement mouche et m’ont poussée à m’arrêter un peu pour y réfléchir.  Et ça, j’aime. J’aime être secouée.  

 

Ce que j’ai préféré dans ce roman, ce sont les personnages secondaires.  Lucette, Anne, Bob, Monsieur Ouellet.  J’aurais aimé qu’on les « connaisse » un peu mieux, qu’on puisse s’y attacher davantage.  La petite fille m’a beaucoup touchée, surtout que par mon boulot, j’en connais quand même plusieurs, des petites Lucette.  Bon, après recherches, je réalise que ces personnages, on les a déjà rencontrés dans un essai 5-FU, qui parlait de son traitement de chimio.  Ceci explique sans doute cela.

 

Bref, un livre qui m’a passé carrément par-dessus la tête, malgré des réflexions parfois d’une grande justesse et d’un grand réalisme.  Dommage.  Peut-être est-ce est parce que je ne suis pas passée par là.  Je n’ai pas trouvé de billets au sujet de ce roman sinon j’aurais mis des liens pour vous donner d’autres opinions… qui l’a lu?


Volte-face et malaises – Rafaële Germain

volte-face-et-malaises.jpgPrésentation de l’éditeur

« Comment survit-on à une peine d’amour?

 

Pour Geneviève Creighan, la réponse est simple: boire beaucoup trop et se moucher compulsivement dans le poil de ses chats en attendant que ses deux meilleurs amis organisent une opération de sauvetage. Entre les mauvais conseils de son père, les encouragements de ses proches, les leçons d’une psy à l’allure de starlette et les bras réconfortants d’un autre homme, Geneviève cherchera, plus ou moins adroitement, à panser ses blessures. Et elle découvrira que si l’on est responsable de son propre bonheur, celui-ci se trouve rarement où on l’attend. »

 

Commentaire

Ce roman, je l’ai acheté et lu dès sa sortie.  Bon, je sais, c’est un peu étrange de dire ça vu que la dite sortie date d’il y a quelques mois mais ce que vous ne savez pas nécessairement, c’est que nous sommes mi-mars au moment où j’écris ces lignes.  Oui, j’ai trop de billets d’avance.   Et si je l’ai lu dès sa sortie, c’est que j’ai adoré « Soutien-gorge rose et veston noir » de la même auteure.   J’avais un peu moins aimé « Gin tonic et concombre » et je vais l’avouer tout de suite, j’ai encore moins accroché avec « Volte-face et malaises ». 

 

On retrouve pourtant dans ce roman plusieurs des éléments qui ont fait que j’avais  apprécié les romans précédents.   Des personnages un peu artistiques et hauts en couleurs, une narration remplie d’auto-dérision et de détails comiques, des dialogues parfois assez réalistes merci ainsi que des amitiés remplies d’inside jokes et de petites habitudes.  Oui, il y a tout ça dans « Volte-face et malaises ».   Pourtant, j’avoue avoir eu quand même hâte que ça finisse…

 

Ce roman, c’est l’histoire de Geneviève qui se fait domper par son chum.  J’ai arrêté de compter le nombre de fois où le mot « domper » apparaît dans le roman à 14.  Parce que je m’énervais moi-même.  Geneviève est donc complètement démolie, elle ensevelit ses deux meilleurs amis sous des torrents de larmes et de discussions incessantes sur le comment, le pourquoi et le comment du pourquoi.  C’est donc complètement normal que cette fille tout à fait égocentrée (à ce moment précis) nous livre sans cesse de répétitives variations sur un même thème.  Mais je dois avouer que moi, un moment donné, j’en avais plus qu’assez de ses éternels questionnements et requestionnements.    J’ai trouvé ça long, long, long!  526 pages à ne parler que de son ancienne relation, de l’amour et de son importance, du peut-être nouveau gars qui est entré dans sa vie…  Bref, j’étais lassée. 

 

De plus, pour la première fois dans un roman de l’auteure, le niveau de langage et l’occasionnelle vulgarité m’a tout de même un peu agacée.  Vous me direz que ce n’est pas nécessairement différent des romans précédents.  En effet.  Mais allez donc savoir pourquoi, cette fois-là, l’utilisation fréquente de certains termes m’ont fait tiquer.    Et les répétitions!  Chaque réflexion est faite au moins deux fois (une fille en peine d’amour majeure, ça radote, vous direz.  Et vous aurez raison hein!).  Chaque blague aussi.   La vodka-mûre-crevettes, la première fois, c’est comique.  Même chose pour les chats-mouchoirs.  Au deuxième rappel, ça va encore.  Au quatrième (ou au cinquième, je n’ai pas compté), bon, c’est quand même moins drôle, non?

 

Les personnages secondaires sont présents, importants et souvent un peu fous (le portrait de l’ado est ce qui m’a fait le plus rire), j’ai tout de même trouvé que le roman était tellement centré sur Geneviève que les autres avaient relativement peu d’épaisseur et n’échappaient pas vraiment à la caricature.  Dommage car leurs aventures auraient pu apporter à l’histoire. 

 

Une déception pour moi donc.  Si le portrait d’une fille en peine d’amour est quand même réussi, si les situations sont encore loufoque et si certaines répliques m’ont bien fait sourire, j’ai eu du mal sur la longueur.   Et j’ai résisté tant bien que mal à lire certains passages en diagonale… 

 

Mon Québec en septembre

Un ange cornu avec des ailes de tôle – Michel Tremblay

Ange-cornu.jpg coup-de-coeur.gif Présentation de l’éditeur

« Dans le Montréal populaire des années cinquante, Michel Tremblay, par la magie des mots et le jeu des signes, découvrait qu’au fond des livres bat le coeur du monde.  Dans la compagnie de Saint-Exupéry, Eschyle, Jules Verne, Victor Hugo, Gabrielle roy ou Hergé, il entrait en littérature – avec la complicité de sa mère, cette Rhéauna aux reparties si savoureuses qui allait devenir la grosse femme des Chroniques du Plateau-Mont-Royal.

 

Un ange cornu avec des ailes de tôle prolonge et amplifie, à travers la mémoire, un véritable chant d’amour à l’unique passion d’une vie: les livres. »

 

Commentaire

OMG, quelle expérience de lecture que ce roman.  Comme plusieurs, je suis une grande amoureuse des livres.  Ils m’ont toujours bercée depuis que j’ai décidé – à l’âge vénérable de 3 ans – d’apprendre à lire avec mes histoires favorites.  Allez savoir pourquoi, ça a fonctionné, et je n’ai jamais cessé d’aimer lire depuis.  Bon, je sais, elle n’est pas originale, mon histoire.  Mais j’aime toujours entendre les histoires d’amour des autres avec la lecture.  Du coup, un livre COMPLET sur l’éveil à la littérature, c’était fait pour moi.  Complètement et totalement.

 

Ce sont des récits, de la non fiction.  Et à travers ses récits, chacun titré d’un auteur et d’un livre, on découvre un enfant qui grandit, qui se découvre avec tout ce que ça implique de doutes et d’incertitudes, le tout dans le Montréal ouvrier des années 50-60.  Entre les interdits, la sempiternelle culpabilité causée par la morale judéo-chrétienne, les règlements et les découvertes, on assiste émerveillés à l’ouverture de tout un univers pour Tremblay à chaque fois qu’il ouvre un livre.  Avec sa plume à la fois simple, fluide et bien de chez nous, il nous fait ressentir ses grandes émotions dans les récits d’aventure de son enfance, ses émerveillements devant une plume.  Et surtout, surtout, il me fait revivre à nouveau nos émois à nous, lecteurs, quand nous sommes tombés dans la marmite de la lecture. 

 

Car j’ai moi aussi ressenti une joie irrépressible à l’ouverture d’un nouveau livre.  J’ai eu envie de mordre des romans parce que je les aimais trop.  J’ai été ébahie devant des phrases magnifiques, des mots qui m’ont laissée sans voix.  J’ai été muette d’émotion devant certains romans qui étaient juste « trop ».  J’ai fouiné des heures durant dans un dictionnaire, juste pour le plaisir des mots.   Je me suis créé un petit monde à moi dans la fiction, malgré les « tu lis trop » et les « vis donc au lieu de lire » de certains de mes amis.  Avec les livres, j’ai grandi.  J’ai vu que « ça », les momts plus beaux que tout, c’était possible.   Et j’ai revécu ces moments magiques avec l’enfant qu’a été Tremblay. 

 

Bien entendu, on retrouve dans ces récits les fondements des Chroniques, les personnages, la vie que nous connaissons dans cette série.  Et ça ajoute encore un petit piquant de plus.  Mais en gros, j’ai adoré.  Coup de coeur pour moi.  Qui m’a donné envie de lire et lire encore, envie de retrouver mon âme d’enfant devant les livres et les histoires.  À mettre dans les mains de tous les LCA!

 

Pour le mois québécois et le projet non-fiction de Flo!

 

Québec en septembre 3

Et au pire, on se mariera – Sophie Bienvenu

Et-au-pire--on-se-mariera.jpegPrésentation de l’éditeur

« Avant de rencontrer Baz, Aïcha était tout le temps enragée.  Elle traînait son enfance brisée en essayant d’éviter sa mère, les vieux puants et les seringues usées du parc. 

 

Maintenant qu’elle est amoureuse, elle voit les étoiles dans le ciel de Centre-Sud.  Voilà pourquoi, pour Baz, Aïcha ferait tout, même le pire.  Tout, c’est ce qu’elle doit raconter à cette femme qui la regarde comme une page de faits divers.  Mais suivre le récit d’Aïcha, c’est entrer ans un labyrinthe pour s’y perdre autant qu’elle. »

 

Commentaire

C’est un commentaire de Kikine dans le groupe Facebook du challenge Québec en septembre qui m’a donné envie de lire ce roman.  Comme d’habitude, je ne savais pas trop à quoi m’attendre quand je l’ai ouvert et que j’ai rencontré Aïcha.  Au début, j’étais perplexe.  Mais qui était donc cette adolescente? 

 

Dans le roman, Aïcha se raconte parce qu’elle n’a pas vraiment le choix.  Elle est perpétuellement en colère, en crisse, comme elle le dit si bien.  Son apparent monologue est entrecoupé et soudain, on réalise qu’on lui pose des questions, qu’elle parle à quelqu’un.  On ne sait pas trop à qui au départ et je ne vous le dirai pas non plus.  Je préfère vous le laisser découvrir par vous-mêmes. 

 

Pour Aïcha, son histoire, c’est une histoire d’amour.  Une histoire d’amour interdite mais n’empêche qu’elle est follement amoureuse de Baz, qui lui a, selon elle, sauvé la vie.  On sent bien qu’il est impliqué dans tout ça.  Aïcha nous livre donc son histoire, de façon très crue, dans ses mots à elle.  Toujours à la frontière de la réalité, on ne sait jamais si elle dit la vérité.  Ses versions changent, oscillent entre fantasme et réalité. 

 

Aïcha ne se laisse pas facilement aimer, au départ.  Elle déteste sa mère, qu’elle traite de vieille salope à qui mieux mieux et socialement, disons que ce n’est pas tout à fait ça.  Son monde est étrange, sa réalité déformée.  Puis, plus ça allait, je me suis surprise à avoir une énorme compassion pour le personnage.  Aïcha, on a le goût de la prendre dans nos bras, de la consoler, même si elle nous repousserait probablement.  Elle est écorchée vive, elle vit à plein les passions de son adolescence qui font qu’elle ressent tout très très intensément.  Trop.  On sent bien qu’elle traîne un lourd passé. 

 

Un roman coup de poing.  J’ai dû m’arrêter à quelques reprises pour reprendre mon souffle parce que ce qu’Aïcha nous lance, de sous sa carapace, ça fait mal.  Ça m’a fait mal, en tout cas.  Et j’en suis sortie bouleversée et un peu perplexe.  Parce que l’auteure ne nous les donne pas, ces fameuses réponses.  On reste dans les teintes de gris et c’est à nous de voir.  J’aime quand un auteur fait assez confiance à son lecteur pour faire ça. 

 

Un roman très court, mais qui frappe!

 

Mon Québec en septembre

Sophie Bienvenu est née en France mais habite le Québec depuis 10 ans.  Elle a donc sa place dans ce mois québécois!

La traduction est une histoire d’amour – Jacques Poulin

traduction-est-une-histoire-d-amour.jpgPrésentation de l’éditeur

« Un vieil écrivain, monsieur Waterman, vit à Québec dans une tour.  Sa traductrice, la jeune Marine, est une Irlandaise aux cheveux roux et aux yeux verts;  elle habite un chalet à l’île d’Orléans, parmi les chats, les ratons laveurs, les hérons bleus et les chevaux de course à la retraite.  Entre ces deux personnages se tisse une relation peu ordinaire : elle nait sur la piste de l’Oregon, grandit avec leur passion commune pour la musique des mots et atteint sa maturité dans une enquête sur une mystérieuse adolescente qui leur met le coeur à l’envers. »

 

Commentaire

Oui, un autre Jacques Poulin.  J’ai bien envie de lire toute sa bibliographie, en fait… mais bon, pendant ce mois québécois, je vais me limiter à trois.  C’est quand même pas mal!

 

Parmi les romans de Jacques Poulin que j’ai lu, je pense qu’à date, c’est mon préféré.  Cette histoire raconte une bizarre d’histoire, celle de Jack Waterman (l’alter ego de l’auteur), écrivain vieillissant « le plus lent du Québec », et de Marine, qui veut le traduire en anglais.   Ils se rencontrent dans le cimetière St-Matthews et c’est un petit papier trouvé sous le collier d’un chat abandonné qui les mènera vers une curieuse aventure à la recherche de l’auteur des mots inscrits sur le dit papier.

 

Comme dans les autres romans de Poulin que j’ai lus, ce n’est pas une histoire remplie d’action.  Pas non plus bourrée de rebondissements incroyables et de révélations folles, même s’il y a bien une enquête qui est menée par les deux personnages.  L’histoire est bel et bien plantée dans son décor, soit le Vieux-Québec et l’île d’Orléans d’aujourd’hui, mais qui nous semblent un peu hors du temps, un peu brumeux à travers les mots de Jacques Poulin. 

 

Ce roman, c’est une ode aux mots, à l’écriture, à la traduction aussi, à cette presque symbiose qui s’effectue entre un traducteur et l’auteur qu’il traduit.  C’est un univers un peu cotonneux, doux, où les amours sont au pluriel, avec une nature présente, tout plein de chats et énormément d’humanité.  La relation que nouent les deux personnages est intense, particulière et on sent qu’ils vivent tous deux un peu hors du monde réel.  Marine, éprise de liberté, tellement qu’elle a du mal à s’intéresser aux gens qui l’entoure, va faire aussi un curieux voyage en elle-même. Quant à Jack, pour lui, la création est intense et difficile.  On le sent à chaque page.

 

Je pourrais encore parler de l’écriture de Jacques Poulin, qui me séduit à chaque fois.  C’est beau, c’est poétique.  On sent dans chaque phrase cet amour des mots et de la musicalité dont il parle dans le roman.   Bien entendu, on fait des entorses au réalisme pour certaines procédures et la vision de la traduction est très romantique.  Mais parce que les mots m’ont rejointe, j’ai joyeusement passé par dessus tout ça pour pénétrer dans le petit monde de Poulin.

 

J’ai beaucoup beaucoup aimé!

iPod et minijupe au 18e siècle / Culotte et redingote au 21e siècle – Louise Royer

ipod-et-minijupe.jpgculotte-et-redingote.jpgPrésentation de l’éditeur

iPod et minijupe au 18e siècle

« Un soir, Sophie revient de ses cours à l’Université, quand elle est soudainement éblouie par une lumière intense. Prise de vertige, et sans trop savoir pourquoi ni comment, elle se retrouve en plein coeur de Paris… en l’an 1767! Ne pouvant retourner chez elle, elle est recueillie par Nicolas et Élyse, qui l’aideront à s’intégrer à la vie du 18e siècle, dans un milieu dont elle ignore tout des convenances et des règles.

 

Au cours d’un bal, François, un arrogant et séduisant aristocrate, éprouve une curiosité et une fascination pour cette jeune fille au comportement et aux manières si peu convenus. Si Sophie s’amuse, au début, des efforts du beau comte pour percer son secret, de tragiques incidents lui font craindre les répercussions qu’entraînerait la révélation de sa véritable identité… »

 

Culotte et redingote au 21e siècle

« Après leur rencontre improbable à Paris en 1767, à l’aube de la Révolution française, Sophie et François, comte de Besanceau, sont téléportés au 21e siècle dans un laboratoire en Californie.  Retenus prisonniers par des scientifiques soucieux d’étudier ces deux étranges phénomènes, ils parviennent à se libérer.  S’engage alors une course-poursuite qui les ramènera à Paris, chez les descendants de François, afin d’échapper aux agents de la CIA qui les talonnent. 

 

Si Sophie retrouve avec plaisir les avantages de la vie moderne, ce voyage dans le futur causera tout un choc à François: ascenceur, automobile, téléphone cellulaire… autant d’inventions vertigineuses pour cet aristocrate parisien né au siècle des Lumières! »

 

Commentaire

Oui, je sais, Louise Royer vit en Ontario.  Mais elle est née à Montréal.  De là la publication dans le mois québécois!

 

Une fois n’est pas coutume, je vais vous parler des deux tomes de cette série en un seul billet.  Pour une raison assez simple, en fait.  Je les ai lus dans l’avion m’amenant chez Fashion, j’ai noté plein de petits trucs pour pouvoir rédiger mon billet au retour… mais je dois avouer que ces romans ne m’ont pas vraiment marquée.   Du coup, nous verrons bien ce que je vais trouver à dire. 

 

En fait, Pimpi m’avais avertie… mais n’ayant qu’un demi-cerveau disponible, j’avais oublié.  C’est de la jeunesse.  Je l’ai donc commencé avec des yeux de lectrice adulte et j’ai tout de suite trouvé l’écriture très simple, les relations un peu superficielles.  Entendons-nous, c’est un voyage dans le temps.  J’aime les voyages dans le temps.  Mais j’ai trouvé que miss Sophie l’avait un peu facile, là-bas.  Tout de même, elle prédit le futur, – ô sacrilège – agit comme la fille bien ancrée dans son époque qu’elle est, on croit quand même rapidement à son histoire.  La chance, quoi.  Après avoir tilté que bon, c’était de la jeunesse, j’ai mieux compris les choix de l’auteur mais j’ai quand même trouvé ça un peu facile.  Et j’ai fait des gros yeux quand le héros se dirige vers la place des Vosges.. en 1767. 

 

Je dois toutefois avouer ne pas avoir boudé mon plaisir à voir Sophie et François, l’aristocrate arrogant, s’obstiner et discuter.  J’ai apprécié la partie où ils flirtaient, leurs dialogues sont piquants, plein d’humour, et ça m’a plu.  Il y a tout plein de rebondissements et on ne s’ennuie pas pendant la lecture de ce premier tome… que j’ai préféré au second, tout de même. 

 

Comme le titre l’indique, là, on se retrouve au 21e siècle.  Et c’est cette partie que j’ai trouvée un peu « grosse » par moments.  Par contre, l’explication m’a plu.  C’est original et bien pensé.  Par contre, la suite… ouf!  J’avoue avoir perdu intérêt pendans la course poursuite autour du monde.  Et encore une fois, j’ai trouvé la finale vraiment facile.

 

Vous pouvez vous plaindre, je lis ce roman comme une adulte alors que c’est de la jeunesse.  Je sais.  Je crois que l’histoire plaira davantage au groupe d’âge auquel il s’adresse, de par le nombre des rebondissements, le caractère des personnages et le style d’écriture.  Quant à moi, grande et bougonne… je reste mitigée!