Fever (Fugitive) – The Chemical Garden 2 – Lauren DeStefano

Fever.jpgPrésentation de l’éditeur (SPOILERS SUR LE TOME 1)

« Rhine rêvait de liberté. Elle s’est enfuie de sa prison dorée.  Dans un monde impitoyable où l’espérance de vie ne dépasse pas vingt-cinq ans, la malveillance des hommes est pire que la mort. Echappée d’un enfer pour plonger dans un autre, Rhine devra faire preuve d’un courage exemplaire pour accomplir son rêve de liberté et profiter des quelques années qui lui restent à vivre. »

 

Commentaire

J’avais été assez déçue du tome 1.  En fait, vu les avis super positifs, je m’attendais à mieux de ce premier tome et certains points m’avaient passablement agacée.  J’en parle d’ailleurs dans mon billet.   Bizarrement, j’avais envie de lire le tome 2, vu que je voulais savoir où ça s’en allait.  Bien entendu, points qui m’énervaient (le fameux virus étrange, par exemple) sont toujours là. Mais j’avais fermement décidé de ne pas les laisser me gâcher la lecture, cette fois.

 

Et bizarrement, ça a fonctionné. 

J’ai beaucoup aimé.

 

Le roman débute tout de suite après la finale du tome 1.  (Et là, bon, je spoile la fin du premier tome hein… arrêtez de lire si vous ne l’avez pas lu)  Rhine et Gabriel ont enfin trouvé cette liberté qu’ils recherchaient… pour se retrouver tout de suite pris dans un autre enfer.  Pire.    C’est que le monde extérieur, c’est loin d’être du gâteau.

 

En fait, ce monde est terrible.  C’est l’un des plus sombres, des plus déprimants que j’ai eu l’occasion de rencontrer en dystopie jeunesse.  Les jeunes sont voués à une mort certaine (à 20 et 25 ans), il n’y a pas vraiment d’espoir, la criminalité règne, il y a des orphelins partout dans les rues (quand les parents meurent à cet âge, on comprendra) et la société a perdu espoir, a été blessée et ne veut plus faire confiance.  Il faut se méfier de tout le monde, rien n’est beau.  Elle fait presque peur, cette liberté.  On se sent limite dépossédé, désespéré, dans se monde. 

 

Et c’est ce que Rhine réalise alors qu’elle la voit à travers les yeux de son compagnon (que je ne cerne toujours pas bien du tout).  J’ai beaucoup aimé la remise en question, les questions éthiques.  Rhine est désemparée, elle est moins brillante et on ressent ce désespoir tout au long du roman.   Que faire quand on n’a que quelques années à vivre?  Quoi choisir quand on n’a presque rien vécu? 

 

Ce tome bouge beaucoup plus que le premier tome.  On en apprend davantage sur la prison dorée où était Rhine (ainsi que sur Vaughn qui est à sa recherche) et sur le monde où elle vit.   Je persiste à dire que certains éléments auraient dû être révélés dans le tome 1 pour que nous puissions comprendre davantage.  J’aurais aussi aimé qu’elle puisse profiter un peu de sa liberté avant de retomber dans un milieu épouvantable (non mais cette Madame…)  Mais en gros, c’est un bon 2e tome, très sombre, très angoissant.  Très différent du tome 1 par son ambiance et son rythme. 

 

Je ne suis toujours pas convaincue par le personnage masculin mais j’ai aimé que ce ne soit pas tout de suite l’amour fou et incomparable.  J’ai aimé qu’il se questionne.   Certains éléments auraient aussi pu être explicités davantage, selon moi.  Et avouons-le, on n’avance pas beaucoup. Mais bon.

 

Je lirai définitivement le tome 3.

Bruits du coeur – Jens Christian Grondahl

bruits-du-coeur.jpgPrésentation de l’éditeur

« Deux amis d’enfance, l’un à Copenhague, l’autre à New York.  Une lettre qui arrive après la mort de son expéditeur.  Une femme, soeur de l’un et maîtresse de l’autre.  Des estampes japonaises, un hôtel de passe, une grande demeure bourgeoise.

 

Comment comprendre la vie d’Adrian, terrassé par une crise cardiaque à 40 ans à peine, a partir de ces quelques éléments, comment renouer les fils épars de l’histoire de leur amitié.  C’est à ces questions que le narrateur, dont nous saurons jamais le nom, essaie de répondre, en remontant le cours de ces deux vies étroitement liées.  Il revient sur leur enfance, leurs choix professionnels, cette envie d’être à la place de l’autre.  Mais avant tout, il cherche à comprendre les mouvements du coeur et du désir qui ont donné à la vie d’Adrian – et à la sienne – ces contours parfois chaotiques. »

 

Commentaire

J’ai beaucoup aimé ce roman.  Et pourtant, je sens que je vais avoir du mal à en parler. Peut-être est-ce parce que ma lecture a été interrompue par tout plein de projets et d’aventures… bref, je ne sais pas par où commencer. 

 

C’est un roman empreint de nostalgie auquel nous avons droit.  On s’attendrait à l’histoire d’Adrian mais c’est autant celle du narrateur qui nous est contée.  C’est aussi l’histoire de cette amitié d’enfance, cette amitié teintée de non-dits, cette amitié lointaine, en fait.  Mais qui compte.

 

Quand le narrateur reçoit une lettre d’Adrian après sa mort, une lettre qui dit que lui seul pourrait comprendre ce qu’il vit, il ne s’imagine pas que cette recherche d’Adrian va aussi le faire se rencontrer lui-même.  C’est par petites touches que nous allons entrevoir ce qu’ont été ces deux hommes, ce qu’ils sont devenus.  On nous parle aussi de l’amitié, des drôles de chemins qu’elle prend.  Chemins qui nous éloignent parfois pour nous rapprocher à nouveau.  On réalise ce qui est, ce qui semble être.   Et à quel point parfois, on ne connaît pas ceux qui nous entourent. 

 

Ce n’est pas une histoire compliquée, ni même une histoire extraordinaire.  Ce ne sont pas des grands hommes.  Juste des gens normaux.  On a parfois des instantannés de leur vie.  Des souvenirs épars, subjectifs.  Dépendant de quelle séquence on a choisi de cristalliser.  Et la figure d’Ariane la soeur d’Adrian, qui revient avec ses bouffées de passé. 

 

Un retour en arrière qui permet d’aller de l’avant, somme toute. 

Et une écriture et des images qui m’ont beaucoup plu.  J’ai été particulièrement touchée quand il nous parle des estampes japonaises, ces scènes fugitives prise sur le vif mais empreintes de sérénité.

 

Une belle lecture.

 

Prenez soin du chien – J. M. Erre

Prenez-soin-du-chien.jpgPrésentation de l’éditeur

« Rue de la Doulce-Belette, Max Corneloup, auteur de romans-feuilletons, et Eugène Fluche, peintre sur coquilles d’oeufs, habitent en vis-à-vis.  Chacun suspecte l’autre de l’épier.  La méfiance règne, d’autant plus que le voisinage n’est pas spécialement sain d’esprit.  Sans compter les commérages de Mme Ladoux, la gardienne…  Quand un cadavre est découvert, c’est une véritable psychose qui s’installe.  Seraient-ils allés trop loin? »

 

Commentaire

Je voulais lire ce roman depuis tout plein d’années.  On m’avait dit que c’était complètement fou.  Et en effet, ce l’est.  Comme j’aime le grand n’importe quoi, c’était tout à fait pour moi. 

 

On se retrouve donc à Paris, plus particulièrement dans deux immeubles face à face.  Max Corneloup et Eugène Fluche, deux spécimens un peu particuliers, il faut bien le dire, emménagent le même jour.   Mais voilà que les deux semblent passer un peu trop de temps à leur fenêtre.  Il n’en fallait pas plus pour qu’ils se soupçonnent de s’espionner l’un et l’autre.  La guerre est déclarée. 

 

Le tout est complètement hilarant.  On a droit aux journaux de Max et d’Eugène, tous deux aussi capotés et empreints de mauvaise foi, aux lettres de Mme Ladoux, la concierge du 5, à sa mère et à cette qu’écrit Mme Brichon, une drôle de folledingue un peu paranoïaque (mais pas tant que ça), au propriétaire.   Ce drôle de collage fonctionne parfaitement et malgré le nombre important de personnages, jamais je n’ai été mélangée.  C’est qu’ils sont tous tellement étranges, ces locataires!

 

En effet, entre le gamin complètement hors-contrôle (autant dans la vie que dans sa maîtrise de la langue française), la concierge du 6 dont le but semble être de donner un spectacle « agréable » à ses locataires masculins, le réalisateur de films recyclés, l’auteur de romans érotiques et le locataire limite amoureux de ses gerbilles, il y en a, de l’action.  C’est drôlatique, complètement fou et super léger, même s’il y a une intrigue policière qui pointe le bout de son nez.   L’auteur décrit parfois le macabre avec un humour certain et on ouvre de grands yeux étonnés à ces réflexions plus décalées les unes que les autres. 

 

Bien entendu, j’avais bien vu venir la fin mais je pense que ce n’est pas l’intérêt du roman.  Une bonne dose de rire et surtout, de grand n’importe quoi.  Et, comme je l’ai mentionné dans mon premier paragraphe… j’aime le grand n’importe quoi!

 

De l’auteur, j’ai aussi lu « Le mystère Sherlock », que j’ai tout autant aimé.  L’auteur a un don pour créer des personnages complètement farfelus et sonnés!

My frigo and I

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J’ai toujours accumulé des trucs.  (Et bon, pour avoir vidé ces derniers temps ma « pièce de rangement », qu’on aurait pu confondre avec un entrepôt ou encore un jeu de construction pour bébé géant fait de boîtes en carton (pleines), j’en ai eu la preuve flagrante.  Y placer quelque chose, c’était l’équivalent de le placer dans le cimetière des livres oubliés.  Mais pour les gadgets… bref, passons.)

 

Mon frigo, c’est donc comme tout le reste.  Complètement envahi.  Cette fois, par les magnets ou encore les petites pinces aimantées pour accrocher des trucs.  Souvenirs de Barcelone, de Londres, de NY, effigies de David-chou, de Charlie, de Jane, repoductions de Van Gogh et de Kandinsky en passant par les personnages de Doctor Who ou Hello Kitty, tout y passe.   Et avant de prendre la photo j’ai quand même fait le ménage et enlevé la liste d’épicerie ainsi qu’une partition pour piano (un truc tiré de Miss Saigon… ne cherchez pas le lien, il n’y en a aucun).   Voire même qu’habituellement, il y a plus de trucs SUR le frigo que dedans.  Cette intro c’est juste pour vous faire comprendre que oui, c’est le bordel, mais quand même. 

 

Toujours est-il qu’un soir cette semaine, j’ai invité un copain à manger et que pour une raison que je ne comprends pas encore tout à fait, j’ai décidé de faire une paella.  Faut s’entendre hein… pour moi, une paella, c’est du riz espagnol en boîte, des pois verts et des fruits de mer congelés/décongelés.  C’est quand même dans le top de mes capacités culinaires. 

 

Je suis donc en train de préparer tout ça, plus particulièrement de fouiller dans le congél, entre mes 7 pots de crème glacée, pour trouver les crevettes.  Je les mets à décongeler quand le téléphone sonne.  Quand même, comme, pendant quoi… une demi-seconde… je me prends pour une bonne petite cuisinière, je prends le temps de prendre une pince aimantée sur les frigo (l’une de celles que vous pouvez voir en haut à gauche) et de bien fermer le sac.  Il ne faudrait quand même pas que les trois crevettes qui restent goûtent le congélateur, quand même!

 

Je réponds donc (Hello mother!), placote un bon moment, tout en finissant de mélanger mes affaires.   Ensuite, je range bien comme il faut la cuisine et m’installe avec un livre. 

 

Quelques heures plus tard, nous sommes en train de prendre un drink dans la cuisine quand mon ami me regarde d’un drôle d’air. 

 

Bon.  Qu’est-ce que j’ai fait, encore. 

 

J’ai bien pensé à ne pas recevoir en pyjama.  Je semble encore avoir mes deux yeux et mes deux oreilles.  Et techniquement, il n’y a pas de fumée noire qui sort de quoi que ce soit.    Puis, il regarde en direction du frigo.  Et puis vers moi. Me fait un drôle de sourire.

 

– Ka, il y a une raison particulière pourquoi tu as accroché un sac de crevettes sur le devant de ton frigo?

 

Je ferme les yeux une seconde et  me refais le film dans ma tête.  Puis je tourne lentement la tête vers l’objet en question. 

 

Il était là, bien en vue.  Certes bien fermé mais joliment accroché entre Spike et le Docteur.  En plein milieu du frigo. Rempli de crevettes maintenant décongelées, of course.  Bien normal, il trônait – et dégoulinait joyeusement –  là depuis quoi… 4 heures.  Dehors, au lieu de dedans. 

 

Des fois, on se demande comment un cerveau peut être si efficace pour certaines choses et si… inutile pour d’autres, n’est-ce pas!

Easy – Tammara Webber

Easy.jpgPrésentation de l’éditeur

Une fille qui croit que la confiance est souvent mal placée, que les promesses sont faites pour être brisées et que la loyauté est une illusion.   Un garçon qui croit que la vérité est toujours relative, que les mensonges peuvent cacher une douleur terrible et que la culpabilité est éternelle.  Est-ce que leur rencontre va valider leurs conclusions ou prouver qu’ils ont tort?

 

Commentaire

Les copines m’avaient dit énormément de bien au sujet de cette romance Young Adult.  Du coup, j’ai remué ciel et terre pour trouver ce roman (ok, ça signifie que j’ai dû commander sur Bookdepository parce que introuvable sur mes deux sites habituels.  J’ai le superlatif facile.) et je l’ai lu presque sur le moment.  Et mon verdict?  J’ai bien aimé.  Sans sauter dans les airs, mais j’ai bien aimé.  Ça m’a plu.  Même si j’ai quelques réserves.

 

C’est donc l’histoire de Jacqueline, étudiante en musique à l’université.  Son petit copain de longue date vient de la laisser tomber et à la sortie d’une fête, un ami de son ex s’attaque à elle.  Et bon, ça arrive dans le premier chapitre alors je ne spoile pas grand chose.  Nous verrons donc ce personnage évoluer à l’université (et surtout dans ses cours d’économie… ça change de la bio, n’est-ce pas) et tenter de se reconstruire après que sa vie ait changé. 

 

J’ai beaucoup aimé la façon dont le thème principal est traité.  La rupture, l’agression sexuelle, l’évolution de Jacqueline par rapport à cet élément m’a bien plu.  Mon problème principal, c’est que je n’ai pas eu l’impression de connaître vraiment le personnage principal.  On la connaît par rapport à sa vision de l’amour mais c’est à peu près tout.  Elle m’a semblée floue, je n’ai pas eu l’impression qu’elle existait à l’extérieur de ses relations amoureuse.  Par exemple, elle est sensée être étudiante en musique.  C’est d’ailleurs l’un des points qui m’attiraient dans le roman.  Mais à part quelques allusions, on ne sait pas que la contrebasse fait réellement partie de sa vie.  Pour avoir joué du piano des années, je sais à quel point un instrument est omniprésent dans notre vie et là, je n’ai pas eu cette impression.  Ca semble un tout petit point, mais je ne sais pas pourquoi, j’ai été agacée.  Pareil pour l’absence de relation avec les parents.  Et la façon dont cette absence n’est pas traitée, en fait.  Weird, je sais.

 

Toutefois, j’ai beaucoup aimé les personnages secondaires.  Kennedy, l’ex-copain, n’est pas tout d’une pièce et j’ai adoré Erin, la meilleure copine, un peu folle mais totalement solidaire, pas nécessairement ce à quoi on pourrait s’attendre au départ.  Quant à Lucas, le potentiel masculin, même s’il n’échappe pas à quelques clichés, il est totalement sweet, limite désarmant.   Et la relation entre les deux est mignonne comme tout. 

 

Il faut s’attendre à ce que c’est, soit de la romance young adult.  Avec l’accent sur la romance.  Toutefois, l’auteure ne se contente pas de quelques bisous et on a l’impression d’avoir affaire à de réels universitaires, pas à des jeunes de 14 ans.  Et ça c’est un point positif.  Même si les scènes hot ne sont pas non plus steamy hein. Mais ça m’a rappelé mes jeunes années.  Qui sont loin derrière moi.

 

Une jolie romance jeunesse, avec un couple intéressant et une façon abordable et sans patho de traiter d’un sujet par ailleurs très lourd.  Et en plus, ça se lit tout seul. Je vous invite à voir les billets de Sandy, Bladelor et Cess, qui sont plus enthousiastes que moi.

 

Gemma Bovery – Posy Simmonds

Gemma-Bovery.jpgPrésentation de l’éditeur

Sur mon roman graphique, il n’y a que des citations de journaux… je vous épargne ça!

 

Commentaire

De l’auteure, j’avais adoré Tamara Drewe (d’ailleurs, je ne sais plus du tout où j’ai bien pu mettre ma copie de ce dernier… va falloir appeler Sherlock).  Du coup, il était évident que j’avais envie de lire Gemma Bovery, comme lui inspiré d’un roman classique.  Pas difficile de deviner lequel.  Pourtant, ma copine Pimpi n’avait pas vraiment aimé alors j’ai retardé l’affaire et j’avais limite peur.

 

Et j’avais peur pour rien. J’ai vraiment beaucoup aimé.

 

J’ai finalement beaucoup aimé ce roman graphique peu conventionnel dont la structure m’a également beaucoup plu.  Le roman s’ouvre donc sur le boulanger d’un petit village français et qui semble avoir de la difficulté à composer avec la mort de Gemma Bovery.  Pas de spoiler ici hein.  Je pense que c’est la première phrase.  C’est en grande partie à travers ses yeux à lui que nous sera racontée l’histoire, mais pas que.  Nous aurons aussi accès au journal de Gemma et à des scènes de BDs plus classiques. 

 

Après un chagrin d’amour, Gemma épouse Charlie, divorcé un peu nonchalent et père de deux enfants.  Se sentant prise en otage par Judi, l’ex de Charlie, elle décide de tout plaquer pour aller vivre outre-manche, au beau milieu de nulle part.   Après un début idyllique, elle commence à sérieusement s’ennuyer et sa vie semble suivre le cours de celle de sa célèbre presque homonyme, ce que remarque tout de suite Raymond Joubert, le boulanger. 

 

Ici, tout le monde en prend pour son rhume. Le ton est ironique, le portrait de la vie dans le petit village de Normandie est mordant, les anglais en visite sont très drôles et un peu pathétiques à la fois.  Parce qu’ici, nul n’est super sympathique.  Joubert énerve incroyablement (on aurait le goût de lui dire de se mêler de ses oignons), On regarde aller Gemma, avec ses lubies, ses gros trips, ses hauts et ses bas et on se dit que ça ne peut pas bien virer.   On aurait le goût de secouer Charlie et le ton manipulateur et exigent de Judi me rappelle certaines personnes.  Le tout est voué au drame, ça ne PEUT pas bien finir, malgré l’aspect bucolique et quotidien du décor.  J’aime toujours ces petits et grands drames qui se passent derrière des volets clos.

 

Les dessins sont en noir et blanc, parfois dans des bulles, parfois non mais ils apportent toujours au texte et ajoutent quelque chose au récit.  Bref, un roman graphique que j’ai beaucoup aimé et je lirai sans doute autre chose de l’auteur.  Si je trouve.

Absolution par le meurtre – Peter Tremayne

Absolution-par-le-meurtre.gifPrésentation de l’éditeur

« En l’an de grâce 664, tandis que les membres du haut clergé débattent en l’abbaye de Streoneshalh des mérites opposés des Eglises romaine et celtique, les esprits s’échauffent. C’est dans ce climat menaçant qu’une abbesse irlandaise est retrouvée assassinée. Amie de la victime, sœur Fidelma de Kildare va mettre tout sur talent et son obstination à débusquer le coupable. Jeune femme libre et volontaire, Fidelma n’est pas une religieuse tout à fait comme les autres… Avocate irlandaise célèbre dans tous les royaumes saxons, elle sillonne l’Europe pour résoudre les énigmes les plus obscures en compagnie du moine Eadulf. Dans cette première enquête, leur collaboration sera mise à rude épreuve tandis que les meurtres se multiplient à l’abbaye. »

 

Commentaire

C’est ma copine Yueyin qui m’a offert ce roman lors de mon avant-dernier passage en France.  C’est toutefois une discussion sur une terrasse avec Michel le Serial Lecteur et sa Souris (ponctuée par l’attaque improptue d’un parasol) qui m’a décidée à sortir le roman de ma pile et j’ai drôlement bien fait parce que je viens de découvrir une nouvelle série à suivre.

 

Cette série de polars est située dans la période du Haut Moyen-Âge, période que je ne connais que très peu.  En fait, je vous le dis d’emblée, on pourrait me passer n’importe quoi.   N’empêche que j’ai été passionnée par ce morceau d’histoire.  En effet, c’est le contexte plus que l’intrigue qui m’a fait aimer ce roman.  Ne vous inquiétez pas, l’intrigue se tient aussi (bon, j’avais tout vu hein… mais vous direz que c’est normal).  En fait, l’histoire se déroule en plein synodos, où le roi Oswy de Northumbrie devra décider si son royaume suivra les enseignements de l’Église de Rome ou de celle de Colomba.  De nombreux religieux et religieuses sont réunis dans l’abbaye de Streoneshalh et tout le monde veut faire valoir son point.  Quand un meurtre survient, c’est Soeur Fidelma, disciple de Colomba qui en sera chargée.  Toutefois, pour sauvegarder les apparences étant donné le contexte, on lui adjoint le moine Eadulf, partisan de la doctrine de Rome. 

 

Plusieurs se diront: mais qu’est-ce qui peut bien la passionner dans tout ça?  Ben… tout!  J’aime ces querelles d’Eglise et ces débats interminables sur la moindre petite interprétation.  Mais surtout,  j’ai aimé voir les coutumes de l’époque, avec ses monastères doubles (ou mixte) et ses religieux parfois mariés.  J’ai aimé voir à quel point certaines coutunes étaient modernes.  Je ne savais absolument rien de tout ça.  Rien de cette bataille qui avait opposé ces deux façons d’interpréter les évangiles (l’une qui soutient Saint Jean et l’autre Saint Pierre).  Et maintenant, j’ai envie de lire davantage sur l’histoire des religions.  C’est fou hein!  L’intrigue n’est pas si simple qu’elle en a l’air car elle aborde de près ou de loin plusieurs thèmes dont les intrigues politiques, leurs liens avec la religion, les lois,  l’esclavage et la condition de la femme à l’époque. 

 

J’ai beaucoup aimé Soeur Fidelma ainsi que l’évolution de sa relation avec son associé.  Les personnages sont intéressants et même si j’ai eu un peu de mal à me retrouver à travers tous ces noms imprononçables, j’y suis finalemenet arrivée asse rapidement.   Notre héroïne n’est pas parfaite, elle est impulsive, très sûre d’elle, parfois arrogante.  Mais elle m’a beaucoup plu.  Je la suivrai avec plaisir dans ses prochaines aventures!

En censurant un roman d’amour iranien – Shahriar Mandanipour

en-censurant-un-roman-d-amour-iranien.jpgPrésentation de l’éditeur

« Téhéran, de nos jours. Comment un garçon et une fille peuvent-ils se rencontrer et vivre une histoire d’amour alors que la République islamique a instauré une rigoureuse séparation des sexes ? Comment publier un roman d’amour, alors que l’impitoyable censeur pourchasse la moindre allusion érotique ? Sara et Dara s’aiment par messages codés inscrits dans des livres empruntés à la bibliothèque, par téléphone ou ordinateur interposé et au cours de promenades dans les rues en jouant à cache-cache avec les opresseurs.

 

Avec un humour irrésistible, seule arme efficace face à la censure, et un recours immodéré à l’autodérision, Shahriar Mandanipour rédige sous nos yeux un poignant roman d’amour  à la fois réaliste et fantastique, placé sous l’égide des grands poètes persans, des écrivains et des cinéastes occidentaux. 

 

Loufoque et bouleversant, En censurant un roman d’amour iranien réconcilie Le Procès de Kafka et de Welles, La Ferme des animaux d’Orwell, le Journal des Faux-monnayeurs de Gide et les Contes des Mille et Une Nuits »

 

Commentaire

Quel roman étrange que celui-ci!  Étrange mais réellement à découvrir si vous aimez les histoires qui jouent avec la métanarration et les mises en abyme particulières. Parce que cette histoire, c’est celle d’un roman.  Un roman d’amour que tente d’écrire un auteur iranien contemporain, ce qui n’est pas chose facile.  En effet, la menace de Mr. Petrovich (non, le nom n’est pas choisi au hasard) plane et ce censeur tout puissant du ministrère de la Culture est le champion toutes catégories pour trouver les intentions cachées des auteurs.  Tout érotisme, tout comportement qui n’est pas approuvé par le régime, toute allusion anti-révotionnaire (même celles que l’auteur n’avais même pas osé imaginer) sont strictement interdits.  Du coup, écrire une histoire d’amour qui pourra éventuellement être publiée relève de la gymnastique olympique.  Et encore.

 

L’auteur tente donc de nous raconter l’histoire de Sara et Dara, deux jeunes iraniens.  Nous trouvons donc son texte en gras (souvent grassement biffé par la censure) et, en caractères normaux, l’auteur-personnage qui nous raconte ses tourments et ses tentatives pour finalement finir par raconter quelque chose.  Avec beaucoup d’humour, énormément d’autodérision et sans donner de leçons, il fait ressortir les hauts et les bas de la vie en Iran, avec toutes ses contradictions et ses petites hypocrisies.  J’ai lu plusieurs auteurs iraniens, ces dernières semaines et plus ça va, plus je vois qu’ils vont tous dans le même sens en ce qui concerne la vie là-bas et la politique.  Je commence à y croire un peu.

 

Il y a également dans ce roman beaucoup de références (j’aime les références), autant aux auteurs contemporains qu’aux classiques perses et iraniens (que j’ai envie de lire maintenant) ainsi qu’une critique des auteurs contemporains pris parfois dans un cadre dont il est ma foi presque impossible de se sortir.  Et c’est en même temps un bel hommage aux pirouettes que doivent faire certains pour faire passer leur messages.  Pirouettes qui donnent parfois de bien belles phrases. 

 

J’avoue qu’au milieu du roman, le procédé m’a parfois semblé un peu lourd.  J’ai mis un moment à m’attacher aux personnages et a bien comprendre de quoi ça retournait, vu qu’il y a énormément de digressions qui, si elles sont intéressantes, demandent au lecteur d’être bien attentif.  Reste qu’il s’agit d’un roman qui vaut la peine d’être découvert.  Ne serait-ce que pour les divagations sur les procédés littéraires, les clins d’oeil à Orwell ou à Kafka ainsi que le regard sur l’Iran contemporain. 

 

 

The comedy of errors (La comédie des erreurs) – Shakespeare

The-comedy-of-errors.jpgCommentaire

Shakespeare reste toujours Shakespeare.  Si cette pièce n’est pas ma préférée de l’auteur, j’ai quand même passé un très bon moment à m’imaginer les scènes et quiproquos.  Cette comédie s’inscrit dans la lignées de celles qui reposent principalement sur des malentendus dus à la présence de 2 paires de jumeaux identiques qui ne s’attendent pas à se trouver dans la même ville et qui, d’ailleurs, ne se connaissent pas, ayant été séparés à la naissance. La pièce se déroule en une seule journée, à Éphèse.  

 

Les situations sont un peu répétitives.  Un servant rencontre un maître, qui lui donne un ordre, il revient mais pas au bon maître, qui n’est pas du tout content, ce qui résulte souvent en une bonne taloche pour le pauvre serviteur.  Les situations sont rocambolesques, complètement too much et malgré tout, j’ai beaucoup aimé.  Il y a comme d’habitude des jeux de mots et tout plein de doubles-sens, surtout de la part des serviteurs qui sont sarcastiques et witty à souhaits.  Quand Dromio de Syracuse décrit Nell, la femme de l’autre Dromio, ce n’est pas très classy… mais quand même très drôle.   De plus, lorsque tout le monde se croit complètement cinglé, ça vaut son pesant de cacahuètes.

 

Bien entendu, la violence peut déranger.  Antipholus d’Ephèse profère des menaces pas très gentilles à l’égard de sa femme, il y a pas mal de violence envers les deux Dromio également et j’ai pu voir que ça avait rendu plusieurs lecteurs mal à l’aise.  Et je ne peux m’empêcher de savourer la plume en lisant les pièces à voix haute.  C’est un plaisir que je ne me refuse jamais!  Et maintenant, je vais aller écouter la version audio, où un certain David T joue un rôle.  On ne se refait pas!

Persepolis – Marjane Satrapi

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C’est après avoir lu « Lire Lolita à Téhéran » que j’ai eu envie de sortir cette BD que mon frère m’a offerte il y a genre… longtemps.  Dans le temps où les gens m’offraient encore des livres, genre.  Quand ma bibliothèque ne leur faisait pas peur et qu’ils ne me croyaient pas complètement folle.  Disons que c’est « avant » que j’ai déballé mes boîtes de livres à lire.  Ceci explique cela!

 

Mais revenons à cette BD que j’ai adorée, je vous le dis tout de suite.  Il s’agit de l’autobiographie de l’auteure, née en Iran en 1969, au sein d’une famille aisée ayant par ailleurs des idées communistes.  C’est donc encore une enfant lors de la révolution culturelle islamique.  Une enfant qui verra sa vie bouleversée, les idéaux pour lesquels ses parents se sont battus bafoués, qui vivra la guerre Iran-Irak de l’intérieur. 

 

J’ai adoré parce que ça sent le vécu et que c’est tout sauf geignard.  On sent parfaitement l’évolution de la jeune fille qui voulait être prophète (et qui ne comprend pas tout) quand elle était jeune à l’adolescente rebelle, jusqu’à l’adulte en pleine crise identitaire.  Ses idées seront mises à mal, confrontées.  Et la désillusion de la jeune fille qui se voulait révolutionnaire, dont les parents se sont battus pour la révolution, n’est que plus amère quand le régime islamiste prend le pouvoir avec les conséquences que l’on sait.  

 

La BD aborde également l’un de mes thèmes préférés, le passage à l’âge adulte qui, dans ce cas, ne se fait pas facilement.  Marji vit une crise identitaire profonde.  Expatriée, loin des siens, déracinée, elle a du mal à se définir, autant par rapport à elle-même qu’à son pays qu’elle aime profondément malgré ses déceptions.   Poignant de réalisme et dédramatisé à la fois.   

 

Pour l’occidentale que je suis, il est difficile de ne pas frissonner devant certaines scènes, devant la façon dont sont traitées les femmes.  Pourtant, ici, bien que ce soit présent tout au long du roman, il n’y a pas d’apitoiement, seulement un vécu au quotidien et de la colère.  Colère que je ne peux m’empêcher de ressentir en lisant le récit. Pourtant, le propos garde une certaine distance, remet les choses à leur place. 

 

Le dessin est simple, tout en noir et blanc et sert bien le propos.  Rien pour s’extasier sur la beauté des images, mais étrangement, ça passe parfaitement. 

 

Je ne sais quoi dire de plus pour vous convaincre de la lire… mais sachez que c’est un gros coup de coeur pour moi.   Vraiment. Ça permet de mieux connaître – une partie de – ce peuple, de voir derrière les apparences, en raison de ce regard « de l’intérieur ».