Résurrection – Les Maudits – 1 – Edith Kabuya

resurrection.jpgAprès quelques lecture québécoises plus sérieuses (ne cherchez pas, je classe mes billets n’importe comment… vous n’avez aucune idée de ce que j’ai pu lire quand!), j’ai eu envie de quelque chose de plus léger, et surtout de très différent.  J’ai donc jeté mon dévolu sur ce premier tome d’Edith Kabuya, qui m’avait chaudement été recommandé par ma copine Abeille. 

 

C’est un roman qui pourrait être classé en Young Adult, avec des éléments de fantastique, qui se passe au Québec, dans une petite ville des environs de Montréal.  Nous suivons donc Robin, 16 ans.  Robin a deux meilleure copines diamétralement opposées, Stéphanie et Lana.  L’une est son amie d’enfance et l’autre est une demoiselle glamour et jolie comme tout. Robin a un gros gros kik sur Zack, garçon populaire et charismatique.  Quand l’histoire commence, il y a un gros party chez le jeune homme et Robin est prête à tout pour y aller, même si son frère – et plusieurs autres – considèrent que Zack est généralement synonyme de mauvaises nouvelles. 

 

Je ne dirai rien de plus sur l’histoire, parce qu’il s’agit selon moi d’un récit qu’il est préférable de découvrir à mesure.  Bien entendu, on voit venir mais tout de même, certains détails sont intéressants et la mythologie m’a plu.  Parce qu’il y aura du fantastique dans tout ça, bien entendu. 

 

J’ai bien aimé cette histoire, ça se lit tout seul.  Les personnages sont bien campés (étrangement, celui qui m’a semblé le plus caricatural est Vince, le meilleur ami du grand frère de l’héroïne, qui manque de mystère selon moi) et, gros bonus, leurs agissement correspondent à la description qu’on en fait.  Rien ne m’énerve plus qu’une héroïne qui est décrite comme vive et intelligente et qui agit comme une nouille!  Dans ce cas, Robin agit comme une ado de 16 ans, avec une tête de cochon, des états d’âme, des changements de cap, des incertitudes et une tendance à prendre des décisions impulsives et basées sur le moment présent.  Elle est très ado, quoi.  Prendre de mauvaises décisions, ne pas se comprendre, ça fait partie de la définition de tâche!  Oui, on a parfois envie de la secouer mais pour côtoyer plusieurs ados (adorables et intelligents, soyez-en assurés), croyez-moi, c’est heu… récurrent comme sentiment.  Et je sais de source sûre que ma mère garde des souvenirs émus de cette période de ma vie!  Les deux meilleures copines sont aussi très de leur âge et m’ont semblé réalistes et cohérentes. 

 

Nous avons là une histoire qui se tient, un univers intéressant que l’on découvre petit à petit et qui ne nous est pas « garroché » comme un cours magistral.  Il y a de bonnes idées, de bonnes pistes et même s’il est clair que ce tome 1 s’ouvre sur autre chose, l’histoire principale est bien bouclée.  L’auteur ose certaines choses que je n’aurais pas soupçonnées au départ. 

 

Je reprocherais peut-être une histoire sentimentale qui va un peu trop vite.  J’aurais apprécié plus de mystère.  Mais mon principal bémol concerne l’écriture, qui manque selon moi de personnalité.  J’ai beaucoup aimé retrouver certaines expressions québécoises mais j’ai trouvé certains côtés « bon élève ».  J’ai eu du mal dans ce roman à vraiment trouver une voix particulière, un ton qui fait que je reconnaitrais ce style ou qui pourrait me permettre de le caractériser.  C’est bien, c’est propre, il n’y a pas de syntaxe à faire hurler mais il m’a manqué ce « petit plus » qui fait que j’accroche totalement à une plume.  Opinion over perso, of course.  Il faut dire que ça tombait juste après Gabrielle Roy dans mon ordre de lecture… Ceci explique peut-être cela. 

 

Ceci dit, je lirai volontiers le deuxième tome car il y a du potentiel et en plus, il s’agit d’un premier roman.  Je me plais à espérer que l’auteur continuera avec ses histoires bien menées et qu’en plus, avec l’expérience, elle trouvera une personnalité plus marquée à sa plume!

On ne rentre jamais à la maison – Stéfani Meunier

On-ne-rentre-jamais-a-la-maison.jpgIl y a quelques chose dans la plume de Stéfani Meunier qui me plaît définitivement.  Un côté actuel, qui me rejoint mais aussi une nostalgie pas quétaine du tout.  Et c’est bien connu, je suis friande des romans avec une fibre nostalgique.  C’est sans doute en partie pourquoi j’ai vraiment aimé ce roman. 

 

Pierre-Paul est né dans les années 70.  Un peu avant moi.   Ce roman, c’est les souvenirs de l’enfance, la maison qui l’a abritée, son côté un magique, un peu hors du temps.  Parce que quand on est enfant, tout semble différent.  Et le temps ben… c’est long.  Et tout est possible. 

 

Pierre-Paul est hanté par la maison de son enfance, sur la rue Lorne, à Montréal, près de McGill.  Pour lui, c’était LA maison.  Celle qu’il a dû quitter, celle qui,il le croyait, avait un grenier à deux étages, où régnait le Mal.  Celle où il était le meilleur ami de Charlie, jeune fille passionnée et terriblement vivante, qui représente cette période.  Mais aussi la fin de l’enfance.  À 40 ans, il va tenter de faire la paix avec certains événements. 

 

Quant à Clara, elle essaie tout simplement d’être.  D’être elle-même.  Même si elle n’est pas quelqu’un d’autre. 

 

Malgré que cette présentation ait l’air triste, il y a un côté lumineux dans ce roman.  Il y a de l’espoir, il y a de la sensibilité.  Il y a également le besoin profond de voir sous nos failles, de voir en face les événements qui nous ont amenés là où nous sommes.    D’en faire le deuil.  Parfois sans éclat.  Juste comme ça.  Pour ne pas sombrer.

 

Comme toujours, l’auteur réussit à créer une atmosphère tangible, à nous faire visiter son univers que ce soit les rues de Montréal ou la maison de la rue Lorne, presque mystique.  Un roman très émouvant. 

L’art de placoter à la québécoise… 2013-1

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Je vous avais déjà parlé ici de certaines mésaventures en lien avec mon charmant vocabulaire.  Ou mon – non moins charmant – accent.  Quoique je maintiens que ce sont les français qui parlent avec un accent… pas moi!   Voici donc quelques autres exemples de la façon de parler d’ici.  Du moins, du Saguenay.  Parce que c’est là où j’ai grandi… et où j’habite encore! 

 

Ce qu’il est important de savoir, c’est que nous n’employons pas ces jolies expressions à toutes les phrases!  Et en plus, même celles que je vous expose tendent souvent à tomber dans la désuétude ou dans le langage populaire.   Pour une vision totalement exagérée, totalement anachronique et apragmatique du parlé québécois, voir « Sous les vents de Neptune » de Fred Vargas.  Je n’en dirai pas plus, même si Yueyin n’est pas d’accord!

 

Mais aujourd’hui, restons dans les généralités. 

Parlons de l’accent québécois et de ses particularités syntaxiques.

 


 

Commençons par la prononciation. 

 

C’est quoi qu’on prononce si différement des français?  (Oui, la structure est voulue.  Structure hautement orale, of course.  Mais fréquente)

 

D’abord, les voyelles.  On a une forte tendance à la diphtongue en fait.  Ainsi, une fête (que vous prononcez avec un è fermé) devient un è ouvert chez nous… avec une variation de voyelle dans certains coins, qui peut devenir une fa-ite.  De même, certains « o » deviennent des transitions o-ou dans certains contextes.  Ex: une chose.

 

Ensuite, on relâche les i, les ou et les u (les voyelles hautes, quoi)devant la plupart consonnes, en syllabe fermée.  Vite, vide, vis, ruche, coûte…

Et on les allonge devant v, z, « j » et r.    Ainsi, je viiiiire à gauche, mes cheveux friiiisent et j’aime le rouuuuge!

 

De plus, notre « an » est beaucoup plus antérieur que celui des français.  Et nos « a » (surtout les finaux mais quelques autres aussi) tendent à être plus fermés que les vôtres, allant parfois, dans les cas de gros accents, presque à atteindre le « o » ouvert.  Et ici, au Saguenay, nos « è » finaux ressemblent parfois à des « a ». 

 

Les consonnes?  On affrique les t,d devant les i et les u (ça devient tsirer, tsuer, dzur, etc…)

Les vélaires sont palatalisées, surtout devant les i, u. 

Et on efface souvent la deuxième consonne dans les groupes de consonnes en position finale (ex: une tab’ au lieu d’une table)

 

Bien entendu, il y a bien d’autres variates, surtout dans le parlé « colon »!  Des « è » qui se transforment en « a » en plein milieu du mot (ex: m’as farmer a porte), des ch-j tellement reculés qu’ils deviennent une fricative vélaire, des voyelles désonorisées… mais en gros, ça donne une idée!


Particularités syntaxiques à l’oral, maintenant?

Oh boy. 

Par où je commence. 

 

 

– Les fameuses questions qui font rire tout le monde.  Ceci dit, normalement, ce n’est pas utilisé en langage formel… quoique…  c’est discutable!  Il arrive donc fréquemment que  le « tu » après le verbe est utilisé à toutes les sauces pour poser des questions.  Des exemples?  Tu veux-tu?, Tu prends-tu, vous allez-tu, je peux-tu,  elles auraient-tu?  Toujours sous la forme de question et jamais un autre pronom que le « tu », même celui de départ – qui est obligatoirement présent – en est un autre.  Et jamais deux pronoms collés (allez-vous-tu, par contre, ça ne se peut pas.  Ce serait plutôt « vous allez-tu… »)  

 

 

– À l’oral nous n’utilisons pratiquement jamais la particule « ne » dans la négation, sauf en contexte formel.  Ça passe super bien.  Du coup, Kohler, moi, je n’y ai vu que du feu!

 

– Le « nous » est pratiquement disparu de l’usage courant.  On utilise le « on ».  (Tiens… exemple involontaire…).  Du coup, quand on vient pour accorder les participes, c’est chiant, mais chiant!!!    On est allé, quand le on veut dire « moi et mes 6 copines »… vous accordez comment pour que ça soit à la fois syntaxiquement, morphologiquement et sémantiquement correct, hein?

 

– « Je vais » devient souvent « je vas ».  Voire même « m’as ».   Il n’est pas rare d’entendre « m’as aller voir » ou « m’as t’en faire, moi, des niaiseries! ». 

 

– On a un usage bizarre des conjonctions, surtout celles de subordiation.  Je n’oserais même pas entrer là-dedans! (référence… malgré que… shame, shame, shame)

 

– Oralement, on fait souvent des élisions d’articles et de pronoms.  J’mange, j’joue, j’fais (ch’fais, of course), j’cours (ch’cours… dévoisons allègrement).  Y va, y fait (pour « il »), a joue, a dort (pour « elle ».   L’divan, l’tas, l’château…. etc.   Mais je pense que ce n’est pas spécifique à nous, ça!

 

– ah oui, il y a aussi le perpétuel « Tsé »!  Qui vient de « tu sais ».  Mais qui est dit quoi… aux deux mots, dans mon cas.  Même quand je m’adresse à un « vous »!

 

Et ça suffit hein!  Il y en a des tas d’autres mais en gros, ce sont ceux qui me viennent en tête!

 

Rendez-vous dans quelques jours pour la suite… si j’y repense!

Le syndrome de la vis – Marie-Renée Lavoie

Le-syndrome-de-la-vis.jpgPrésentation de l’éditeur (en partie)

« Josée souffre d’insomnie chronique.  Parfois, elle n’arrive plus à comprendre les choses les plus simples tant la fatigue l’accable.  « Pense à rien.  Pis dort », lui dit son chum Philippe, excédé.  Mais ne penser à rien est impossible pour cette femme dont les pensées ne cessent de tourner dans sa tête, telle une vis sans fin. 

 

Honteuse d’un récent accès de colère, au cégep où elle enseigne, elle prend quelques jours de congé et cherche de l’aide auprès d’un médecin, puis d’un ostéopathe.  Mais le baume viendra d’ailleurs.  De sa famille et de ses voisins.  De l’amitié et de la tendresse.  Le baume, mais pas la guérison.  Quand on ne dort pas, le défi est d’occuper ses nuits […] »

 

Commentaire

De Marie-Renée Lavoie, j’avais beaucoup aimé « La petite et le vieux« .  Du coup, quand, après une longue auto-interdiction de visite en librairie, j’ai recommencé à visiter ces lieux de perdition, c’est vers ce roman que je me suis tournée.  En me disant que ça me ferait un truc pour la prochaine édition de « Québec en septembre ».   Là, j’imagine vos sourcils s’arquer d’incompréhension parce que vous aurez forcément remarqué (avec votre perspicacité légendaire) que nous ne sommes pas encore en septembre.  Mais voilà, ce roman a reçu le rare privilège d’être « aussitôt acheté, aussitôt lu ». Lucky him. 

 

Nous rencontrons donc Josée.  Josée Gingras. Josée vit une relation un peu drabe (comprendre « beige ») avec Philippe et une autre, beaucoup plus obsédante mais nettement moins agréable, avec le sommeil.  En fait, elle lui court après et il ne veut rien savoir.   Elle est donc épuisée, plus fonctionnelle du tout et stresse parce que bon, si elle ne dort pas, elle va être encore plus fatiguée demain et – sinon ce ne serait pas drôle – plus elle stresse, moins elle dort. 

 

Suite à une éclatante rencontre entre elle et le téléphone cellulaire de l’un de ses étudiants fendants (et où elle a gagné, enfin… ses pieds ont gagné), elle décide de prendre quelques jours de congé.  Pour tenter de reprendre pied.  Et c’est là que notre histoire commence, dans un condo (pas une maison, un condo) de la région de Québec.

 

Disons-le tout de suite, j’ai beaucoup aimé.  Ce n’est pas le coup de coeur qu’a été « La petite et le vieux » mais je crois que j’aime beaucoup la plume de cette auteure, bien ancrée dans la langue d’ici, qui s’attarde aux petites choses, aux détails pour réussir à rendre ce quotidien tout sauf banal.  L’auteur sait parfaitement faire ressortir ces petits riens qui rendent chaque moment unique.  Et si le thème peut sembler sombre, le roman est plus lumineux que triste.  Même si ça part ma foi bien mal pour Josée. 

 

Josée, ça aurait pu être moi il y a quoi… 1 an ou deux.  Quoique bon, au plus fort de mon manque de sommeil et crise de nerfs, je n’ai pas attaqué un cellulaire, mais un ordinateur.  Ça peut coïncider.  Du coup, sa vis qui tourne sans fin, ces discours décousus et interminables, ce que j’appelais mon hamster cérébral hyperactif, je la connais.  Et je trouve cette partie super bien décrite.  On entre dans la tête de Josée et on se sent aussi désemparé qu’elle.  Puis soudain, un peu d’espoir.  Espoir qui vient de son voisinage, de Joseph, le voisin du premier avec un chat à trois pattes, surtout.  De sa famille aussi.  De son frère qu’elle adore, de ses neveux, de sa mère et même de son père mort qui placote avec elle en faisant des mots croisés et en fumant une cigarette-santé. 

 

Il y a donc beaucoup d’amour, beaucoup d’affection et d’entraide dans ce roman.  J’ai ri comme une folle devant les dissertations et les courriels d’étudiants (la comparaison Rostand-Tolkien était presque jouissive), j’ai rêvé devant une rivière de mars et versé ma larmichette lors d’une certaine traversée du mur.   On traite d’insomnie (et bon, nous ne sommes pas loin de la dépression, avouons-le) mais de deuil aussi.  De deuils passés et de deuils futurs qui envahissent parfois notre présent.  Le tout raconté avec un humour qui colle très bien à la situation.

 

J’aurais toutefois aimé plus de pages pour m’attacher davantage à ce microcosme qui passe juste un peu trop rapidement pour moi.  J’aurais voulu plus.  Plus de scènes de vie, un cheminement plus lent (car si j’ai souri à la fin – j’adore l’idée).  En effet, c’est un peu trop idyllique et surtout trop rapide pour être crédible.  Quand on est dans un tel état (elle placote quand même avec son père décédé sur une base régulière, la miss), ça prend plus que quelques jours de congé pour se remettre sur le piton. Believe me!  J’aurais donc aimé des relations plus approfondies (entre Josée et son frère, entre Josée et Joseph… entre tous les voisins, quoi), pour me sentir encore plus à fond dans ce petit monde sympathique qui nous est si bien présenté.

 

Et… question? Pourquoi toutes ces allusions à la sueur et au dessous de bras?  Il y a une symbolique que j’ai manquée?

 

Bref, j’ai beaucoup aimé. 

Et je conseille.

Québec en septembre, c’est demain!

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Yueyin et moi vous présentons donc, pour une 2e année consécutive… QUÉBEC EN SEPTEMBRE!

 

J’avais fait une « jolie » vidéo pour le présenter mais j’ai fait des constats…

 

1) Trop de livres à présenter = je ne dis rien, en fait, et on voit passer des couvertures un peu en rafale…

2) J’avais oublié des trucs… je me leve, je passe devant la caméra… tout ce qu’il ne faut pas faire!

3) Je me répète… et je pars en vrille.  Comme d’habitude.

Mais… surtout…

 

ÇA DURAIT 16 MINUTES!

 

Je n’ai même pas le courage moi-même de l’écouter au complet pour voir si ça se tient ou non!

 

Du coup, c’est par écrit que pendant ce mois de septembre, je vous parlerai de trucs québécois.  Livres, langue, promenades…

 

Vous êtes encore invités à participer.  Un billet suffit.  Et vous pouvez parler bouquins, art, musique, voyage… n’importe quoi qui  a rapport au QUébec. 

 

Pour qu’un livre compte, l’auteur peut être québécois, être né au Québec ou habiter au Québec.  L’action peut aussi se dérouler au Québec. 

 

 

POUR LE DÉPÔT DE VOS LIENS, C’EST ICI!

 

Je vais essayer d’être à jour dans mes récaps!  J’ai très hâte de voir vos découvertes respectives!



Mise à jour de 18h

 

Bon.  « On » a insisté.   Libre à vous de ne pas tout écouter (plus jamais 16 minutes)… mais il y a des erreurs. 

Et je suis trop paresseuse pour me réécouter et tout corriger. 


Mais, en gros. 

– « À toi pour toujours, ta Marie-Lou », ne se déroule pas pantoute dans les années 40.  Années 60-70 plutôt. 

– Je me rétracte pour le Jocelyn Lanouette.  J’ai beaucoup aimé.  Mais le début a vraiment été difficile.  Pour ça, je ne me rétracte pas.

– « Vraisemblablement » a bel et bien 5 syllabes.

No comment.


 

 

Balade à Toronto – Jamais je n’oublirai les étoiles (et les embouteillages), sur la route de Toronto…

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Avant le mois québécois, je vous emmène dans un petit road trip ontarien. En effet, avec miss Yueyin, Mr Kiki (with progéniture), Le Papou et sa dulcinée, nous avons décidé de partir cinq jours pour aller voir Niagara Falls et Toronto. Bon, dans ce cas, « road trip » était vraiment un nom bien choisi, vu qu’on a passé autant de temps sur la route que dans les visites. C’est qu’au Québec, il y a deux saisons : l’hiver et les travaux. Et qui dit travaux dit embouteillages. En fait, l’autoroute transcanadienne était transformée en parking géant. Sur tout plein de kilomètres. En fait, ça m’a permis de terminer « A game of thrones ». Alors que j’en étais page 200!

 

Premier bug : la voiture de location. On voulait une 7 places. On a donc loué une 7 ou 8 places, longue. Pour 9h. Quand les hommes-forts sont arrivés à la boutique de location… oups… personne. Puis, re-oups… la voiture est toujours à Montréal. Attendons, attendons…. Bon, nous, on ne faisait pas pitié hein… on était bien installées au soleil avec notre livre et notre thé! Mais quand même!

 

La voiture arrive avec – seulement – trois heures de retard. Et 265 000 km au compteur. Et des voyants qui s’allument. Mais selon le monsieur-de-la-location, c’est rien du tout. Du coup, on charge.

 

Je vous le rappelle, on est sept. Dont moi. Ouverture du coffre… qui fait à peine un pied de profondeur. Ouverture exagérée des yeux de notre part. Et on se demande vraiment, mais alors là vraiment comment on va tout réussir à paqueter. Une partie de Tetris plus tard, ok, ça va. Mais on a les ordinateurs au pied et il n’y a plus un pouce de libre entre les bancs des voitures. Reste juste à espérer que nous n’ayons pas à sortir vite parce que pour les trois derrière, ça risque d’être du grand équilibrisme. Ou du plongeon.

 

Mais bon, finalement, on part. Pour tomber… dans les bouchons, juste après avoir passé Montréal. Mais alors le roi des bouchons de circulation, là. Le maître de l’univers des bouchons. Voire même le dieu des bouchons. Après 3 heures, nous avions fait 30 km, nous étions affamés et Mr Papou avait déjà affublé de noms d’oiseaux divers et variés tous les autres conducteurs du dit bouchon. Quand à Junior, il avait déjà commencé à jouer à l’âne de Shrek. Ou au schtroumpf qui demande « c’est encore loin, grand schtroumpf ». Choisissez votre préféré! Lucky me, je voyageais en pyjama, comme d’habitude (en fait, je vis en pyjama…), au moins, c’était confo!

 

Nous avons mystérieusement gardé notre bonne humeur. Sérieux, nous sommes les rois de la zénitude et de la bonne humeur pour réussir un coup pareil. Et nous sommes arrivés à Niagara Falls où ils avaient fait un super feu d’artifice juste pour nous accueillir et nous féliciter de notre patience. Au dessus des chutes, c’est sérieusement magnifique. Les chutes sont illuminées de toutes les couleurs. Bon, pour les photos, c’est juste so-so hein… avec un iphone, on fait ce qu’on peut!

 

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Le lendemain, après une organisation de l’enfer pour prendre 7 douches en le moins de temps possible (en deux chambres quand même… lucky us!), on est finalement partis pour une course folle car nous avons pris un forfait et que nous voulons tout faire dans une journée. Première étape, petit bateau qui nous emmène sous les chutes. On nous affuble de sacs de poubelle bleus qui s’attachent au cou. Ça, je l’ai découvert APRÈS être arrivée sous les chutes, of course. Sinon, ce n’est pas drôle. Nous avons aussi pu découvrir pourquoi soudainement, tout le monde nous laissait la place près du bord. C’est que personne ne pouvait supporter tant d’eau qui revole! Du bas, c’est encore plus impressionnant. Mais heu… disons… humide?  Inutile de préciser que je n’ai pas osé sortir mon iphone!

 

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C’est donc avec un look over glamour de chiens mouillés débordant de sexytude que nous nous sommes dirigés vers la prochaine attraction, la marche sur le bord des rapides. À pieds, of course. Pour sécher. Et bon, sur la carte, ça a l’air juste à côté.

 

Comme vous pourrez réaliser, les cartes, en Ontario, elles ont un sérieux problème d’échelle.

 

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On a finalement terminé la run au pas de course pour être à l’heure. Et avec moi toute petite dans mes running shoes (détrempés) pour ma meeerveilleuse idée.

 

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Je passerai rapidement sur l’attraction où on nous raconte l’histoire des chutes avec vent froid et fausse pluie et je vous emmène tout de suite derrière les chutes, où on a une vue fantastique sur l’énorme truc qui est juste à côté de nous. Là, on a pu constater que les adultes sont rarement bright… quand ils s’amusent à faire hurler les enfants dans les petits corridors de pierre. Non stop. Après 10 minutes, ma patience légendaire m’a fait hurler un « shut up » retentissant (voyez-vous, je suis aussi intelligente qu’eux)… qui a eu un effet pendant quoi… 20 grosses secondes!

 

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Niagara, c’est une version miniature d’Atlantic city. Avec une rue over-kitsch remplie de maisons hantées, de maisons de miroirs, de
jeux-voleurs. Voire même une maison à l’envers et une tour de King Kong renversée. Et des vélociraptors. Sans joke.

 

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Le lendemain, retour vers Toronto. Dans, devinez quoi? La construction! Arrivés à Niagara on the lake, oups… un certain Papou réalise que sa carte de crédit a mystérieusement disparu (of course, lui-même n’a rien à voir là-dedans). Retour à Niagara Falls. Pour lui. Moi, fidèle à mes habitudes (et à celles de maman), on va chercher un circuit historique à pieds et on se balade dans les cimetières et les petites églises de Niagara-on-the-lake. C’est mignon comme tout. Oui, il y a la rue super touristique avec les magasins (Lau a dévalisé la boutique de Noël) mais les maisons historiques et le bord du Lac Ontario sont super jolis. Ce qui nous a valu plusieurs heures de chansons de Jean Leloup (vous savez, celle qui parle du lac Ontario…), gracieuseté Karine, of course. Moi et mes chansons éternelles.

 

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Je vous passe l’arrivée chaotique à Toronto, à travers la constructionnite intense. Sérieux, c’était de touuute beauté. Je ne vous dis même pas le nombre de détours et de retours sur nous-même. Parce que, of course, tout le monde SAVAIT par où il fallait passer. Mieux que les autres. Après avoir failli aboutir dans un cône orange et avoir effectué quelques papounades, on dépose les trucs à l’hôtel et on se dirige vers Toronto.

 

Et là, on entend un drôle de bruit. Et une bizarre d’exclamation.

– Ah câlisse de crisse, je n’ai plus de volant. (avec l’accent français)

La super-van-de-la-mort-qui-tue avait décidé de rendre l’âme. En pleine banlieue de Toronto. Avec nous 7 dedans. Nous sept qui doivent revenir idéalement à Montréal. Un jour. Et qui ont un hôtel un peu trop loin du centre-ville pour tout faire à pattes. Mais je regarde le plan et je me dis que bon, c’est rien, on est juuuuste à côté de la station de métro. Ben oui, sur le plan, il y a quoi… 2 rues.

 

20 minutes de marche rapide plus tard, on a toujours pas trouvé la foutue station de métro. Et en sortant mon téléphone, je réalise, encore une fois, la mystérieuse capacité des ontariens à faire des plans fuckin’ pas à l’échelle! On a même pas fait la moitié du trajet! Du coup, retour à la case départ où on a quand même eu de la chance dans notre malchance et où un gentil-garagiste est en train de réparer le truc. Et je vous passe les tractations d’un Papou en beau calvaire avec l’entreprise de location qui ne trouvait pas le patron et qui n’avait absolument rien à dire.

 

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Après avoir fait salon dans la cour du garage (7 chaises et nous avec des bonbons et des bouquins), on part finalement pour Toronto-by-night. Arrêt obligatoire au Hard Rock Café et ensuite, balade dans la ville illuminée, avec une place qui semble vouloir se déguiser en Picadilly Circus. C’est la première fois que je réalise qu’à Toronto aussi, on se balade le nez en l’air! C’est que c’est haut, tous ces immeubles de verre! Imaginez le défi pour Spiderman! Je l’ai cherché, pourtant… mais il était bien caché.

 

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Le lendemain, petite montée dans la tour du CN (oui, je suis d’une originalité folle… mais bon, c’est hauuuut), petite hésitation à savoir si j’allais aller me balader sur les bords, attachée avec une corde (puis, j’ai pensé à la tête de ma mère si elle savait ça et j’ai abandonné l’idée. Les 175$ nécessaires m’ont aussi un peu refroidie) et ensuite, direction l’AGO (pour Art Gallery of Ontario. Je pense.) pour voir les peintures du groupe des sept, que Laurence a connu grâce à Louise Penny. Et sur la route, une tout autre ville, avec cafés et maisons plus basses, juste à côté des hauts bâtiments du centre-ville des affaires.

 

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Et là, je suis tombée en amour avec Harris, Carmichael et Emily Carr. Vraiment.

 

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Quant à la section art contemporain, elle nous aura… interloqués.

 

Un petit tour dans le quart
ier chinois (il y a une rue Daaaaaarcy) où nous avons mangé des Dim Sum super bons (et trouvé des SLATS de Toronto par la même occasion) et ensuite, tentative d’aller se balader au bord de l’eau. Et là, c’était limite Amazing Race, où il fallait faire du slalom entre les cônes, du trekking entre les rues barrées, des demi-tours divers et variés et de l’escalade de rues à moitié pavées. Pour finalement découvrir que bon, l’accès au bord de l’eau, la nuit, c’était juste plus ou moins possible. Encore une fois, il y avait quatre guides dans la voiture (dont moi) qui donnaient, la plupart du temps, des choses différentes. Sinon c’est moins drôle. Et le pauvre Papou au volant qui n’en pouvait plus et qui se retenait, j’en suis certaine, de nous dire de soit nous fermer la gueule, soit de nous entendre entre nous!

 

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Bref, beaucoup de plaisir. Des discussions intenses sur les motivations intrinsèques et profondes personnages de « A game of thrones », l’évolution de la fantasy à travers les âges, la quantité idéale de rhum qui va dans le coke pour faire le rhum and coke parfait, la prononciation anglaise (Et celle de « Birchmount street » en particulier) et la culture amérindienne . J’ai passé plein de temps avec ma twinette, j’ai appris à demander avec classe comment demander si j’avais de la salade entre les dents, la voiture nous a finalement ramenés à Montréal et, il est important de le mentionner, Mr Kiki n’est pas tombé dans la rivière. Cette fois. Sans compter les séances de yoga maison. Parce que bon, les travaux des fois…

 

… ça nous sort par les oreilles. Ou par d’autres endroits. À vous de choisir!

A game of thrones (Le trône de fer – Intégrale 1) – George R. R. Martin

A-game-of-thrones-1.jpgCe roman n‘a plus besoin de présentation. Tout le monde l’a lu, tout le monde a vu la série. Et tout le monde raconte tout, en se disant que de toute façon, ce n’est plus spoiler. Du coup, j’ai décidé de reprendre cette lecture que j’avais déjà faite à sa sortie… il y a 17 ans. Yep, ça ne me rajeunit pas. J’avais lu ça entre deux examens de fin de session à l’université. Du coup, mes souvenirs étaient plutôt vagues et entremêlés de trucs genre aphasie progressive ou paralysie progressive supranucléaire (yep… mon examen de maladies neurodégénératives). Le tout mélangé avec un nain, des épées, des têtes sur des pics, des loups géants et une nouvelle version de la méchante reine de Blanche Neige. Inutile de dire qu’avant de lire la suite, j’ai relu le premier. Parce que bon, quand même, dans A Game of Thrones, personne ne meurt de chorée de Huntington ou encore de SLA.

 

Il s’agit donc d’un roman fantasy. Un monde imaginaire, surtout féodal (du moins dans les 7 royaumes), dirigé par sept grandes familles dont certaines sont prêtes à tout pour avoir le pouvoir ultime. Inutile de préciser que le roman recèle son lot de trahisons, de mensonges, de guerres et petites vengeances personnelles. Dit comme ça, ça semble banal. Mais le roman est tout sauf ça. À ce point que bien qu’il fasse 800 + pages, je l’ai lu en quoi… 4 jours. En voyage. Ça dit tout.

 

Ce qu’il y a de génial dans ce roman, c’est qu’il y a un vrai univers, ce monde a une vraie histoire qui nous est tout de suite présentée. Les éléments surnaturels sont légers dans ce premier tome mais on les sent qui rôdent, qui planent. Bon, en effet, ceci a pour effet que si on n’est pas très attentif, on peut se mélanger un peu… si peu. Mais bon, en 4 jours, ça va. On a pas le temps de se mélanger dans les générations passées, les vieilles histoires et les multiples personnages qui portent parfois le même nom que leurs ancêtres. C’est qu’il n’y a pas de vrai héros dans A Game of Thrones. C’est davantage l’histoire de cet univers que l’histoire d’une seule personne.

 

Et selon moi, ce qui fait la force de tout ça, ce sont les personnages, qui sonnent vrai. Aucun n’est parfait, chacun a ses faiblesses qui sont joyeusement exploitées par les autres. Mais je ne vais pas vous parler d’eux car leur découverte est ce qui a fait pour moi le sel du roman. Et tout peut arriver. C’est génial de ne jamais trop savoir les réelles motivations, de les voir agir, de voir leurs perceptions et leurs intentions de modifier au cours de l’histoire. Et même si les chapitres nous font entrer dans la tête de plusieurs d’entre eux (Eddard, Catelyn, Jon, Sansa, Arya, Bran), ça ne veut pas dire que nous savons davantage ce qu’ils vont faire. Parce que comme beaucoup d’humains, ce qu’ils veulent faire et ce qu’ils font en réalité, c’est parfois bien différent. Et si cette construction est parfois très très frustrante, elle reste quand même géniale et nous balade un peu partout. Et impossible de ne pas nous dire que tous ces personnages que nous avons appris à aimer séparément vont devoir se battre. Et perdre. Ou gagner. Car comme dit Cercei : « When you play the game a thrones, you win, or you die ». (Et ici, Yueyin me fait remarquer que j’ai écrit 4 fois le mot “personnage” dans un mini-paragraphe… no comment…. On m’a suggéré « protagoniste », « acteur » et même « créature d’encre et de papier » pour remplacer… mais j’ai jugé plus simple de me mettre en mode auto-dérision plutôt que de corriger… call me paresseuse. Et puis non… finalement, j’ai relu la phrase, j’ai eu carrément peur, j’en ai enlevé… c’est la joie de l’écriture en direct, dans une voiture, en placotant!)

 

Je ne prendrai quand même la peine de parler de certaines scènes géniales comme celle entre Ned et Cercei dans le bois ou encore la scène finale, magnifique. Il y a également des scènes déchirantes (plusieurs scènes avec les Dothrakis m’ont brisé le cœur) même si comparativement à la suite (yep, certains m’ont spoilée avec enthousiasme), ce tome est assez soft.

 

Une lecture captivante, un vrai monde dans lequel je retournerai avec plaisir. Bientôt. Très bientôt.

 

Et c’était mon pavé de l’été!

Merci Brize de m’avoir donné la motivation. C’était génial!

 

pavé de l'été 2013

Le bleu est une couleur chaude – Julie Maroh

bleu-est-une-couleur-chaude.jpgJe veux lire ce roman graphique depuis que miss Stephie en a parlé sur son blog il y a un moment déjà.  Et comme je vis sur une autre planète, j’ai réalisé après l’avoir lu que non seulement il avait été adapté au cinéma mais qu’il avait gagné un truc au festival de Cannes.  Toujours en retard dans les nouvelles n’est-ce pas!  Soupirons en choeur devant ma déconnectitude assumée!

 

Disons-le d’emblée, il est difficile de ne pas être touchée par l’histoire d’Emma et de Clémentine.  C’est cette dernière que nous rencontrons au début de l’histoire.  Élève de seconde, elle croisera un jour une fille aux cheveux bleus, qui la fascinera immédiatement.  Et qui remettra en question tout ce qu’elle avait pris pour acquis, notamment son orientation sexuelle. 

 

C’est avant tout une histoire d’amour.  Un amour plein d’embûches, soit, mais un amour profond entre deux personnes, tout aussi imparfaites l’une que l’autres mais dont la rencontre va tout bouleverser.  Dès les premières phrases, on sait que Clem est morte.  Elle a tenu à ce qu’Emma ait son journal intime, qui racontera leur rencontre, leur histoire. 

 

Ce roman graphique, c’est simple et ce ne l’est pas.  C’est l’acceptation de soi.  Les étapes à franchir.  La vision des autres.  Les rires des autres.  La réaction des familles.  Ce sont des abandons, des trahisons.  Mais aussi beaucoup de tendresse, beaucoup d’amitié et un réel cheminement, une réelle découverte de soi.  Les images sont dans les tons de gris, avec des touches de bleu qui donnent un relief au dessin.  Les regards sont magnifiquement dessinés et transmettent une émotion qui sonne vrai.  Si je n’ai pas totalement accroché aux visages des personnages (surtout à Emma, en fait… à part ses yeux…), je trouve que l’effet esthétique est magnifique. 

 

Une belle découverte. 

Que je ne regrette pas d’avoir quêtée à Yueyin lors de son passage ici.

La valse de l’espoir – Janet Dailey

valse-de-l-espoir.jpgSyl semblait avoir souffert. 

 

Du coup, je me suis dit que puisque c’était ma faute, je pourrais bien souffrir avec elle.  Et bon, surtout, je ne me souvenais plus du tout de cette histoire de guide de demeure historique.  Je l’ai donc repêc hé dans mon Harlequinobibliothèque et l’ai lu sur une heure de dîner particulièrement ennuyante. 

 

Commençons par le positif.  Ce livre a une grande qualité. 

 

Il est court. 

 

Et encore, il aurait pu l’être un peu plus.  Mais ne pinaillons pas.

 

Pourtant, au départ, je me suis dit que ça pourrait être pas mal.  Le grand-père qui vit encore au siècle dernier, le côté « Gone with the Wind » des grandes demeures sudistes, le bal costumé avec des costumes à la Scarlett O’Hara… pourquoi pas.

 

Sauf que non, en fait. 

 

Amanda (ce nom joliment sudiste) a 21 ans et vient d’une famille un peu prise à la gorge en raison des études universitaires de son assez nombreuse progéniture.  Elle doit donc travailler comme guide dans une grande demeure sudiste. Jusque là, ça passe.  Sauf que la demeure est la maison de Jerome, qu’elle a confondu avec le Prince Charmant alors qu’elle avait 15 ans, en le voyant se balader à cheval (aucun cliché ne nous est épargné… et ce n’est que le premier… tout ceux du vieux sud y passent). 

 

Six ans plus tard, juste son nom la vire à l’envers.  Bien entendu, quand elle le revoir et qu’il lui démontre de l’intérêt, elle tombe immédiatement amoureuse folle.  Voyons donc.  Un amour d’adolescence, çe ne s’oublie pas.  Et on aime toujours autant, même quand il nous envoie promener, qu’il est méchant, qu’il dit qu’il veut nous sauter mais qu’en fait, il ne nous aime pas et ne nous aimera jamais et, surtout, qu’il va bientôt se lasser.   On dirait qu’Amanda n’a pas compris que pour être amoureuse, il faut aimer au moins un petit quelque chose!  J’avoue, des fois, ce n’est pas grand chose, mais quand même.  Quelque chose. 

 

Mais Amanda est amouuuureuse, il lui fait subir des horreurs, la traite comme de la m…, veut la faire souffrir… mais elle l’aime, voyons,  Parce que, of course, c’est ça, l’amour.  C’est perdre tout amour propre, tout endurer, mais aimer toujours autant et y aller de mon chéri par-ci, mon chéri par-là.

 

Non mais qu’est-ce qu’elle est conne!  Même Christian Grey est un gentil agneau comparé à cet homme méchant et dur.  Mais bon, pauvre p’tit pit, c’est pas sa faute, il n’a pas été aimé et a eu la vie de pauvre petit garçon très très riche.  Ça lui permet d’être ignoble et de ne rien écouter.  Il faut le comprendre, le pauvre chéri.  Pffff…  N’importe quoi. 

 

Bref, je vous passe sur le genre de mariage, sur la manoeuvre de la fille, la manipulation du gars et la révélation finale du grand amour aussi soudaine qu’improbable… et je vous dis de passer votre chemin. 

 

Parce que même en tentant de lire ce roman dans son époque (milieu des années 70), il n’y a aucune raison pour qu’une femme se fasse traiter de cette manière et reste là comme une dinde.  Voire même une dinde pas très brillante, sur l’échelle des dindes. 

 

Croyez-moi, dans l’énorme bibliothèque de mon sous-sol, il y a mieux.  Vraiment mieux!

 

Et c’était ma 2e lecture pour les Harlequinades Vintage! 

 

Harlequinades Vintage

The ocean at the end of the lane – Neil Gaiman

ocean-at-the-end-of-the-lane.jpgJ’ai attendu un bon moment avant d’écrire ce billet parce que je ne savais pas par quel bout le prendre.  Le billet.  Pas le roman.  Ça, ça a été.  Je l’ai pris avec l’écriture de gauche à droite et ça a super bien été. 

 

Ok, je sais, je divague.  Mais je vous ai avertis que je ne savais pas trop par où commencer!

 

Je vais commencer par vous le dire d’emblée, un Gaiman nouveau, c’est toujours pour moi un événement.  J’adore sa plume, j’adore sa façon de rendre horrifiantes les choses qui devraient être rassurantes, j’adore la manière qu’il a de mélanger la réalité ou les souvenirs avec un univers fantastique intrigant.  Et ça, je l’ai retrouvé dans ce roman.  J’ai retrouvé l’atmosphère qui se transforme petit à petit suite à un événement perturbant, la pesanteur qui s’abat sur le narrateur enfant, la perte des repères et des certitudes.   Mais voilà, le roman ne fait que 175 pages alors que j’aurais aimé un nouveau « American Gods », bien touffu et bien tarabiscoté…

 

Mais je vous raconte un peu.   À l’occasion de funérailles, le narrateur maintenant adulte retourne sur les lieux de son enfance.  Il se souvient d’un épisode précis, suivant le moment où un homme s’est suicidé dans la voiture familiale.  À partir de là, des événements étranges commencent à se produire et notre jeune garçon entre dans l’univers de Lettie Hemstock, une fillette habitant au bout de la route, et qui prétend avoir un océan derrière chez elle. 

 

J’ai réellement aimé le roman, après ma petite déception initiale lorsque j’ai vu son épaisseur.  On a ici affaire à un roman qui raconte l’histoire d’un enfant, avec une voix d’enfant, mais à travers les souvenirs d’un adulte, ce qui est un peu particulier.  C’est la fin de l’enfance, du magique, du merveilleux.   De ces regards qui voient tout, de cette façon émerveillée d’appréhender le monde. 

 

Et c’est terrifiant. 

 

Les souvenirs du narrateur reviennent peu à peu.  Cet épisode tragique qu’il avait oublié nous sera raconté.  Les lignes entre réalité et flou du souvenir sont volontairement et habilement brouillées et pendant cette parenthèse, on est résolument ailleurs. 

 

J’ai hésité tout au long de ma lecture à savoir si c’était un roman jeunesse ou adulte.  Je crois que ça peut aller aux deux mais qu’ils y verront des choses différentes.  J’ai pour ma part adoré la finale, très bien trouvée, qui rend encore plus fine la toile entre rêve et réalité. 

 

Bref, c’est un Gaiman. Un Gaiman auquel j’ai pensé longuement après l’avoir refermé.  Je me suis remémoré en souriant des épisodes de ma propre enfance, quand tout était magique et j’ai fini par me dire que finalement, rester un grand bébé, ce n’était pas si mal!


Simple, mais prenant.