Bonheur d’occasion – Gabrielle Roy

Bonheur-d-occasion.jpgJ’avais lu « Bonheur d’occasion » à 15 ans, parce que c’était un classique, comme on dit.  Bon, ok, le classique avait alors 45 ans.  Mais ne pinaillons pas.   J’en gardais un souvenir assez flou, en fait.  Surtout un souvenir de grand amour perdu.  Heu…. ok.  Je devais être une grande romantique, à 15 ans.  Parce que ce n’est pas du tout ce que je retiendrai de cette seconde lecture.  Je me souviendrai d’une plume magnifique mais surtout, surtout, d’un sentiment d’être prise à la gorge et d’une odeur de misère noire. 

 

Dans ce roman, on se retrouve dans St-Henri, un quartier pauvre, francophone et ouvrier de Montréal, juste à l’ombre de Westmount.  On est en 1940 et dans cet endroit rythmé par les passages des trains et noirci par la fumée des industries, la crise est encore d’actualité.  Et plusieurs personnes tirent le diable par la queue.

 

Mais c’est aussi l’histoire de Florentine Lacasse et de sa famille.  Florentine travaille au Quinze cents, dans la section restaurant.  Elle donne presque toute sa paye pour faire vivre sa famille, qui compte 8 enfants vivants et deux parents.  Le père est chômeur par bouts et fait des jobbines à d’autres moments.  C’est un grand rêveur, qui s’échappe du quotidien comme il peut, qui a toujours des plans pour se sortir de la misère.  Des plans qui ne fonctionnent jamais.  Quant à Rose-Anna, sa mère, c’est l’exemple type de la mater dolorosa du temps.  Qui subit tout, qui endure tout et qui se plaint sans cesse, parce qu’il n’y a pas autre chose à faire, en fait.  Et que la vie est carrément un calvaire. 

 

Florentine est indocile, elle se veut libérée, contestataire.  Et surtout, elle veut sortir de là.  De cette petite vie sans issue, de cette pauvreté crasse, de cette descente aux enfers chaque printemps alors qu’il faut trouver un logis, chaque fois pire que le précédent.  Quand elle verra entrer Jean Lévesque dans son restaurant, son air bravache, un peu arrogant, elle tombe amoureuse.  Elle y voit une porte de sortie. 

 

J’avoue avoir eu un peu de mal à m’y mettre au départ.  Mais là, vraiment.   Pendant les 50 premières pages, en fait.  Trop de misérabilisme pour moi.  En plus, ces personnages sont terriblements imparfaits et l’auteur nous entraîne dans leurs pensées, dans leurs petites mesquineries, leurs petites bassesses.  Du coup, il est difficile de s’y attacher, même si on les voit se débattre dans ce quartier où la pauvreté règne.  Rose-Anna, la mère, qui a déjà été jeune et optimiste, culpabilise tout le monde sans le vouloir avec ses plaintes et la situation de la femme à l’époque fait frémir.  Quand on voit la mère qui se sent coupable et qui s’excuse de ne pas donner assez d’argent à son fils pour s’acheter des cigarettes, alors que le seul salaire qui entre dans la maison est celui de Florentine, ça vient me chercher, forcément. 

 

Et ensuite, on se laisse prendre dans ce tourbillon, dans cette guerre qui va venir changer le quotidien des gens.  Cette guerre qui fait rage de l’autre côté de l’océan.  Les gens ne savent pas trop pourquoi, en fait… ils savent juste qu’ils haïssent les Allemands.  Chacun a son hypothèse, son idée de « pourquoi j’irais » ou de « pourquoi j’irais pas ».  Certains veulent défendre le bien, d’autres y voient un moyen de se sortir de St-Henri, d’avoir de quoi manger.  Et d’autres se disent que la guerre va refaire l’économie et qu’eux, ils vont être là pour en profiter.   Le quartier est dépeint de façon terriblement réaliste, avec ses petites rues et ses petites misères et les personnages sont criants de vérité, avec leur étrange de façon de penser, de se gâter quand ils ont un peu d’argent pour souffrir le reste du mois après.   Certains sont idéalistes, naïfs, d’autres profiteurs et la fougue de certains se heurte à la réalité, qui les amène exactement là où ils ne voulaient pas être.  Et tous tentent de s’échapper comme ils le peuvent.  

 

J’ai mis du temps à m’attacher mais ils m’ont profondément touchée.  Bien entendu, il y a un contexte social derrière tout ça.  Un contexte en plein changement mais qui a rendu la vie bien dure à ces gens souvent ignorants, même s’ils sont intelligents et qu’ils auraient pu faire quelque chose.  Parce qu’ils sont nés là, dans cette situation.  Et on se dit que même si l’histoire se passe dans les années 40, elle est – malheureusement – transposable (bon, à plusieurs détails près) aujourd’hui, à certains endroits des fois pas si loin de chez nous.  Et ça, ça fait peur.  Vraiment.

 

Comme je disais, la misère noire.  Mais une plume magnifique et une instrospection poussée des personnages qui sont souvente tout en teintes de gris et qui ne se comprennent pas eux-mêmes.  Vivants, quoi.  Mon prochain de l’auteur sera certainement « La détresse et l’enchantement » que l’on m’a chaudement conseillé!

 

Québec en septembre 2013 - 1

Chroniques birmanes – Guy Delisle

chroniques-birmanes.jpgDe Delisle, j’avais déjà lu et beaucoup aimé « Chroniques de Jérusalem« .  Du coup, quand, après une journée de travail où tout-ce-qui-pouvait-mal-aller-a-mal-été (je suis certaine que vous en avez vécu, des comme ça…), je suis entrée comme une flèche dans ma librairie préférée (Marie-Laura, à Jonquière) et j’en suis ressortie avec ces « Chroniques birmanes » (et quelques autres trucs, of course). 

 

Chroniques birmanes est antérieur aux chroniques de Jérusalem.  Pour rappel, Guy Delisle est bédéiste et suis Nadège, sa femme, qui travaille pour Médecins Sans Frontières.  C’est donc au Myanmar (soit la Birmanie) qu’ils seront envoyés.  Ils ont un tout petit Louis et le rôle de Delisle est de s’en occuper.  Père au foyer, quoi.  Et ce n’est pas nécessairement de tout repos!

 

Nous découvrons donc la Birmanie à travers les yeux de cet « étranger-mais-pas-touriste » qui évolue à travers un petit monde d’expatriés d’un peu partout.    Ce tome est beaucoup plus quotidien, beaucoup moins politique que celui sur Jérusalem.  Soit, on voit la dictature, la difficulté des organismes à faire leur travail, ayant toujours des bâtons dans les roues.  On voit aussi la corruption, les magouilles.  Mais tout ça de loin.  C’est plutôt à travers la découverte de la culture, des gens, des façons de vivre que passe le message.  Il réussit à rendre le tout humain et, avec son regard candide, à nous faire voir des vraies personnes dans ce pays où règne la censure et la désinformation.   Car il restera malgré tout extérieur.

 

C’est aussi un papa dont la carrière n’est pas vraiment prise au sérieux par tout ce petit monde de diplomates et de médecins.  C’est la difficulté à entrer en contact, c’est la découverte des restrictions quotidiennes, des pannes, de la chaleur, de la clim (ou de l’absence de clim).  Ce sont ses petits projets, ses exaltations, ses frustrations… bref, un réel regard sur le pays, à mon niveau, qui m’a permis de m’y intéresser davantage… il faudrait d’ailleurs que j’aille voir comment la situation a évolué depuis…

 

Delisle touche sans dramatiser les situations déjà assez terribles du pays. Le VIH qui se répand à vitesse folle (la BD sur le sujet pour les enfants m’a réellement frappée), l’omniprésence de l’héroïne…  Il réussit à faire passer le message très simplement, sans donner de cours ou encore tenter d’endoctriner qui que ce soit.  Les images parlent d’elles-mêmes, que ce soit pour le régime militaire et ses failles ou encore les décisions limite loufoques (déménager une capitale au milieu de nulle part, really?)


J’ai toujours du mal à m’habituer aux dessins de Delisle au départ.  Simplicité des personnages, très grande beauté des décors.  Mais après quelques pages, on oublie et on se laisse emporter.  J’aime son humour, ses crises de nerfs… et les finales de planches qui laissent souvent pensif. 

 

J’ai encore une fois beaucoup aimé!

Et je lirai le prochain. Et Pyongyang!

Elle et nous – Michel Jean

Elle-et-nous.jpgC’est ma copine Yueyin qui m’a mis ce livre dans les mains dans une bouquineries.  Je dirais même plus, elle l’a mis dans mes mains en sortant de la dite bouquinerie vu que la chipie a décidé de me l’offrir.  Et vu que je suis une totale inculte de la télé (je vous le rappelle, puisque ces informations vous fascinent: je ne sais pas comment fonctionne ma télé.  10 ans plus tard.  Je sais.  No comment.) je n’avais aucune idée de qui était Michel Jean.  Je ne l’ai donc aucunement lu pour le « personnage public » que je ne connais pas du tout, je l’avoue. 

 

Dans « Elle et nous », il y a « elle » et il y a « lui ».  Elle, c’est Jeannette Gagnon, la grand-mère de Michel (ça, c’est « lui », au cas où je sauterais des bouts).  Sa grand-mère d’origine Innue.  Née dans les  bois, enfant du Lac et de la forêt, elle s’appelait Shashuan Pileshish.   Hirondelle.  Elle vivait au jour le jour, avec sa famille, toutes génératios confondues.  L’été sur le bord du Piékouagami, à Pointe-Bleue, et l’hiver dans le bois, sur le territoire de sa famille, où ils trappaient et devaient chaque jour trouver de quoi survivre,  Un monde.  Le seul monde qu’elle connaissait.   Un monde qui n’existe plus vraiment. 

 

Lui, à la mort de sa grand-mère centenaire, il se questionne.  Sur ce que c’est d’être Indien, ce que ça représente maintenant.  Il réalise à quel point il ne sait rien sur cette culture qui est la sienne, cette culture faite de traditions orales.  

 

Les deux parties sont écrites au « je ».  Et avouons-le d’emblée, j’ai adoré.  C’est la toute première fois qu’un roman traitant des amérindiens me touche à ce point.  C’est qu’à travers les yeux de Jeannette, nous voyons évoluer le monde.  On s’imagine dans cette vie-là, cette vie précaire, difficile, mais qui convenait à plusieurs personnes qui ne se seraient jamais vus autrement que dans le bois, à chasser et à trapper.  On voyage avec eux sur « leurs » routes et on se les imagine maintenant, défrichées, appartenant à d’autres alors que pour eux, c’était le coin de Nitanissan qui leur était réservé.  Et on voit aussi les préjugés, la vision des autres.  Les choix de Shashuan Pileshish m’ont profondément touchée.  Son récit est poignant, marquant.  À travers ses mots, on comprend un peu mieux.  Un tout petit peu.

 

Une vie de femme forte et profondément humaine.  Un récit sur l’identité, sur l’appartenance.  J’ai du mal à trouver les mots qui expriment la façon dont ce roman m’a atteinte et secouée. 

 

Depuis, j’y pense et repense encore. Je le relirai, c’est certain.

 

 

L’art de placoter à la québécoise… 2013-2

drapeau québec

 

Aujourd’hui, dans de billet “parlé québécois”, quelques phrases… et à vous d’en trouver la signification. Certaines sont québécoises, d’autres saguenéennes… bref, des trucs que je dis à l’occasion et qui font parfois ouvrir de grands yeux à mes interlocuteurs d’outremer!

 

Ok, plusieurs de ces expressions sont encore utilisées dans certaines régions. Après plein de discussions où on me dit « ben non, c’est pas québécois » alors que plein d’autres Français/Belges ont des méga points d’interrogation dans les yeux, j’ai finalement compris le principe! Mais bon!

 

Qui devine ce que ça veut dire?

Québécois, pas le droit de réponse!

 

1 – Hier soir, j’ai mangé un gros sous-marin. Douze pouces, minimum!

2 – J’ai pogné le cotteur, et là, j’ai un flat! (Saguenay ici!)

3 – Me prends-tu pour une valise? J’ai tu une poignée dans le dos?

4 – Non mais c’est ben poche!

5 – Tire-toi une buche!

6 – Scuse, chus en retard. Mais c’est pas d’ma faute, ma minoune est ben maganée!

7 – Tu peux-tu me booster, mon char starte pas?

8 – Non mais tu me fais des accroires! (voire même prononcé « accrères »)

9 – J’ai pris une méchante brosse! J’étais paquetée!

10 – C’est quoi cette patente à gosses là?

11- J’ai été attaquée par un paquet de bibittes!

12 – Passe-le au blender, ça va enlever les mottons!

13- Non mais tu l’as-tu vue? Elle a l’air de la chienne à Jacques!

14 – Est dont ben colonne! Pis épaisse, en plus! (Pauvre fille…)

15 – Merci maman pour le souper! C’était écoeurant!

16- J’en ai mon maudit voyage!

17 – Sont où mes gougounes?

18 – Cache-toi comme il faut cette nuit, on gèle.

19 – Au party hier, mon cousin était gelé ben dur. Et sa blonde, elle était ben chaude!

20 – C’est complètement capoté!

 

Finalement… une question numérique… en France, on se met sur son 31. Au Québec, on se met sur quel chiffre?


Tentez le coup dans les commentaires, même s’il n’y a rien du tout à gagner!  As usual. À part l’honneur… et c’est ce qui compte, non?

 

Et ceux qui ont le goût de nous faire deviner le sens d’expressions de leur région (de France, du Québec ou de Belgique ou d’ailleurs), ce serait cool! Mettez-moi les liens et je vais me faire un plaisir d’aller tenter le coup.

CONCOURS! Qui aura le meilleur accent québécois?

Québec en septembre 2013 - 1

Bon, bon, bon!

 

Yueyin et moi avons discuté et l’idée est venue toute seule…  Vu que c’est le jour des expressions québécoise et que plein de gens me demandent des vidéos d’accent, je vous relance la balle.

 

Qui d’entre vous pourra le mieux imiter l’accent québécois?

 

Les règles, pas très compliquées!

 

1) Ne PAS être québécois d’origine… quand même, trop facile!

2) Lire l’extrait de « La grosse femme d’à côté est enceinte » de Michel Tremblay (tant qu’à faire… allons-y dans le joual mais j’ai été fine, je ne vous ai pas choisi l’un des pires!)

3) L’enregistrer (soit en audio ou en vidéo) et poster votre lien (soit youtube ou blog) en commentaire.

4) À la fin du mois, Yue et moi déciderons du meilleur imitateur.

5) Trois participants minimum… quand même!

 

On y gagne quoi?

Un roman de Michel Tremblay en poche

Une folle notoriété

Un bon fou rire!

 

Pour vous aider, je vous parlais de l’accent dans ce billet.

Et pour ceux qui veulent prolonger l’expérience, vous pouvez ajouter à la fin de votre lecture les phrases et expressions que je cite dans le billet de ce matin

 

Alors, qui est willing?

On imagine bien que les participants vont se bousculer, of course!  (*mode ironie on *)

Et si vous êtes plus de cinq à participer, même que je lirai l’extrait moi-même ;)) 

 

 

EXTRAIT (remis en page, pour plus de facilité de lecture)

 

En traversant la rue Mont-Royal vers le sud, Thérèse, traînant Marcel par la main, pensait à la grande journée de liberté qui les attendait, elle, son frère, et ses cousins, au Parc Lafontaine.  Sa mère lui avait dit:

 

– Surtout, r’venez pas avant le souper, y faut que j’nettoye la chambre de ta tante, que j’la lave, elle, pis toute, ça fait que j’ai pas envie de vous avoir dans les jambes pantoute.

 

Thérèse avait confectionné en vitesse quelques sanwiches au baloney et avait volé une grosse bouteille de Coke dans la glacière. Évidemment, Richard avait levé le nez sur les sandwiches.

 

– Y paraît que c’est faite avec toutes sortes de cochonneries, ça, le baloney. Y’a du monde qui ont déjà trouvé des poils de rat dedans.

 

– C’tait pas dans le baloney, c’tait dans les soucisses à hot dog, niaiseux!  pis de toute façon, c’est deshistoires de ma grand-mère, ça… Si t’es pas content, tu te rongeras les ongles d’orteils!

 

 

Bonne chance!

L’acquittement – Gaétan Soucy

L-acquittement.gifLire Gaétan Soucy, c’est toujours s’exposer à une oeuvre étrange et déstabilisante.  On ne sait jamais trop où l’auteur va nous emmener, on a toujours bien du mal à distinguer le vrai du faux, des apparences, des perceptions.  Et c’est encore le cas dans ce roman. 

 

Ma lecture a toutefois été beaucoup moins physiquement éprouvante que mes deux autres rencontres avec l’auteur, qui m’avaient laissée sans voix, voire même sans souffle.  Dans ce court récit, c’est tout autre chose.  Une atmosphère onirique, irréelle, dans une tempête de neige qui bloque les voitures et qui donne un éclat particulier à cette journée d’hiver.  

 

J’ai parlé plus haut de « ma » lecture, mais je devrais plutôt dire « mes » lectures.  Car aussitôt le roman terminé, je l’ai réouvert au début et j’ai tout repris.  Pas tant pour démêler le vrai du faux (ce je ne réussirai vraisembablement pas)  mais pour tenter de comprendre cet homme. Louis, et son cheminement.   Et ma seconde lecture a été tout aussi passionnante, sinon plus, que la première. 

 

En effet, ce musicien revient après 20 ans dans un petit village où, jeune homme exalté de retour d’Europe, il a enseigné la musique.  Il cherche un pardon, un acquittement.  Il veut voir Julia, contre qui, croit-il, il a commis des actes terribles.  Cet homme a perdu l’accès à la musique, à sa musique.  Il semble aussi avoir oublié certains éléments de sa vie, on ne sait trop pourquoi.  Ce qui nous semble clair, toutefois, c’est qu’il est vital pour cet homme d’obtenir ce pardon. Car la gravité de l’acte, et ce besoin d’être absous, n’est-il pas davantage dans la tête et le coeur de celui qui l’a commis?  C’est que les perceptions varient.

 

C’est  donc dans cette ambiance à huis-clos, à travers quelques petites phrases, à travers des abandons, à travers des discussions entre Louis et Maurice, le fils Von Croft (mais est-ce vraiment à lui qu’il parle… ou à lui-même), qu’on comprend les deuils non-acceptés.  Le premier, celui qui le poursuit dans ses rêves.  Et au centre de tout ça, de cette quête du pardon, il y a cette musique qui semble lui échapper, qu’il ne reconnaît plus et qu’il voudrait à tout prix voir revenir.  Pour laquelle il tomberait à genoux, les bras levés au ciel.  Qui lui permettrait de retrouver le très Haut, qui semble sorti de sa vie, où rien ne peut l’atteindre parce que rien n’est réel.  . 

 

Le tout servi par la plume inimitable de Gaétan Soucy.  Parce que c’est ça l’important.  Les mots, la poésie.  Plus que l’histoire.  Plus que ce qui est vrai ou non.  

 

Une lecture qui fait réfléchir et à laquelle on songe bien après l’avoir refermé. 

 

C’est une lecture commune autour de Gaétan Soucy.  J’ajoute les liens dès qu’ils sortent!

Soleil en tête – Julie Gravel-Richard

soleil-en-tete.jpgTiens, des carnets.

 

Là, j’entends penser ceux qui  me suivent un peu et qui savent à quel point j’ai du mal avec plusieurs témoignages et à quel point je crains les « je fais donc pitié mais je suis fort et admirable ».  Du coup, je n’en lis pratiquement jamais.  Mais pourtant, ceux-ci, il était écrit dans le ciel que je les lirais.  Même si ça parle de maladie.  Parce que, j’oubliais, en plus d’avoir limite peur des témoignages, j’ai vraiment peur de la maladie.  Au point où, parfois, je ne me trouve plus du tout drôle.  Et mon entourage non plus d’ailleurs… mais c’est une autre histoire alors passons….

 

J’ai donc lu ces carnets, qui sont en fait une partie du contenu du blog « Soleil en tête », tenu par Julie Gravel-Richard pendant les mois de sa vie où elle devait composer quotidiennement avec les coups et contrecoups d’une tumeur au cerveau.   Et avec cette demoiselle, je savais qu’il était impossible que ça tombe dans le misérabilisme.  Et en plus, sa sensibilité me rejoint particulièrement, de même que sa plume, que j’avais déjà croisée dans Enthéos.  Et en effet, la rencontre a été réussie, autant qu’elle pouvait l’être avec moi, étant donné le thème.

 

Julie nous raconte donc au jour le jour – ou presque – son quotidien dans des traitement de chimio.  Là, on s’imagine trois cents pages de déprime.  Loin de là.  Même si elle garde une grande lucidité face à la maladie, aux possibilités, on sent l’espoir, la discipline, la joie de vivre poindre sous chaque mot, même les plus lourds.  Et paradoxalement, on sent aussi la fragilité, la peur qui sommeille, même quand elle se pare d’habits de courage.  Même avec ces mots quotidien, ces thèmes parfois prosaïques, les mots de Julie Gravel-Richard sont fluides, atteignent leur but et souvent nos coeurs.  C’est que ça bouillonne derrière ces lignes.  Colère, dépit, rage, joie, tristesse… c’est à travers son parcours au quotidien entre deux salles d’attentes ou campée près du téléphone à attendre des nouvelles que nous la rencontrons, toujours face à cette maladie qu’elle tente de comprendre et de démystifier.  Sans jamais oublier ces petits bonheurs qui font que la vie continue.   On sent qu’on a affaire à une personne, pas juste à une « malade ».  

 

Et soudain, on regarde les dates et on réalise.  C’est long.  Les attentes sont folles.  Les situations sont parfois incroyables (on pense au travail, entre autres).  Et moi qui suis de l’autre côté de la médaille plus souvent qu’autrement et pour qui le temps court, ça remet les choses en place, en perspective.  Et même si je ne suis pas dans un domaine où je joue avec la vie et la mort.  C’est long une fin de semaine quand on attend.  

 

J’ai beaucoup aimé les recherches, les manières de garder le cap, de se raccrocher, les réflexions sur son vécu.  Mais surtout, j’ai aimé la façon dont elle dépeint les gens dans ses carnets.  Car il transparaît partout un grand respect pour tous ces gens qui sont sur son chemin pour une raison ou pour une autre.  On s’y attache, à ces gens. Et ça donne espoir.  Et la preuve que même s’il faut énormément de volonté, ça se vit par le monde, ces épreuves-là.  Et c’est possible d’en sortir grandi.  Même si après le repos, la vie reprend son cours… aussi folle sinon plus qu’avant!

 

Bien entendu, l’orthophoniste en neuro en moi a sourcillé à certains détails technico-techniques (dysphasie versus aphasie, par exemple, qui ne sont pas utilisés selon l’étymologie dans le domaine médical, ou encore les fonctions exactes et précises des différentes aires « de langage ») et au fonctionnement des services ailleurs que chez nous.  Mais je ne pense pas que ça sautera aux yeux de qui que ce soit.  C’est souvent simplifié mais toutes les sources sont citées quand c’est plus technique.  Sans pour autant être rebutant.    J’aurais peut-être aimé voir davantage de Julie hors-maladie (dans ce cas, on a choisi de cibler les écrits qui allaient dans ce sens pour la publication, mais je crois me souvenir qu’il y avait d’autres types de billets), de sa famille, de la vie loin de la tumeur, même si on sait qu’elle n’est jamais loin.   J’ai parfois eu l’impression qu’on ne pouvait pas réellement apprécier les passions de cette dame et qu’on se la représenterait mieux comme femme, malade ou non.

 

Bref, des carnets au style maîtrisé et agréables,  pas déprimants du tout malgré le sujet.  Des carnets intimes soit, mais dont on apprécie la pudeur. 

Le bruit des choses vivantes – Elise Turcotte

bruit-des-choses-vivantes.jpgVoilà un roman dont je vais avoir bien du mal à parler.  Voilà plusieurs jours que je retarde l’écriture de mon billet car je ne sais pas très bien comment je vais pouvoir m’y prendre pour vous faire à comprendre combien l’histoire est touchante, comment l’écriture est belle… mais aussi à quel point ce roman m’a profondément dérangée. 

 

Albanie est dans la trentaine.  Mère monoparentale, elle vit seule avec Maria, trois ans.  Avec Maria et pour Maria.  Entre elles, un amour inconditionnel et immense.  Au point que parfois, il est difficile de savoir qui est Albanie et qui est Maria.  Où la première se termine et où la seconde commence.  Ce roman, c’est le roman de l’amour maternel, fusionnel, qui nous explose à la figure constamment.  C’est la vie d’Albanie, qui vit à travers les yeux de sa fille.  Et cette façon de voir les choses, de disparaître derrière sa fille, m’a mise profondément mal à l’aise.   Parce que j’ai eu le goût de la secouer, de lui dire d’exister, de lui dire qu’elle était encore là, elle, la femme.  Qu’elle n’était pas que mère.  Que des fois, on ne pouvait pas être juste en admiration devant un enfant… 

 

Du coup, j’ai lu le roman par bouffées.  Pour ne pas être trop submergée par cet amour fou et pour moi étouffant.   Parce qu’il y a autre chose dans ce roman.  Il y a un hymne à la magie de l’enfance, à ces moments qui passent trop vite, qu’on voudrait rattraper, qu’on a souvent oubliés.  Et les tentatives d’Albanie pour rendre la vie inoubliable (mais on se demande pour qui) dans les moments du quotidien, ceux qu’on oublie parfois de considérer.  Car ce n’est pas une histoire tant que des moments de la vie de ces deux personnages.  Ce n’est pas un roman d’action.  Car la vie d’Albanie sans Maria est un peu dans un rêve, irréelle.  Même quand elle s’inquiète des enfants qui n’ont pas la chance de sa fille.  Car elle s’inquiète réellement et voudrait que tous les enfants soient heureux et insouciants. 

 

Le tout nous est servi avec une écriture imagée et magnifique.  Remplie de symboles, de petites phrases qui semblent sorties de nulle part mais qui nous touchent bizarrement et qui restent en tête.  À travers les mots de l’auteur, on l’entend réellement, ce bruit des choses vivantes.    Et on se sent curieusement confortables dans cette maison, à cette fenêtre, au royaume de Maria. 

 

Je conseille donc… mais pas à ceux qui veulent une histoire palpitante!  Car il s’agit ici de tout autre chose, mais d’un roman qui mérite d’être lu et savouré.

Marathon de lecture d’Halloween… ou pas!

marathon-halloween.jpg

Petite interruption momentannée dans ce mois québécois pour vous dire que…

 

Samedi 12 et dimanche 13 octobre 2013

Il y aura un Read-A-Thon (d’Halloween ou pas) en français pour accompagner le RAT anglais qui se déroule aux mêmes dates.

 

En effet, des fois, dans la vie comme sur les blogs, il y a des drôles de coïncidences. Avant-hier, en voyant l’annonce du RAT d’automne de la blogo anglophone (Dewey’s Readathon… une méga organisastion!), j’ai eu envie d’un nouveau week-end de lecture. J’avoue tout, au départ, j’espérais que quelqu’un d’autre organise le truc pour moi. Paresseuse est – et demeure – my middle name.  Et bon, comme il s’en est organisé 15 dans la dernière année, par des personnes différentes, on ne savait plus trop à quel saint se vouer pour « demander »… alors on l’a juste fait!

 

Sauf qu’imaginez-vous que les demoiselles Lou et Hilde m’ont contactée pour me parler de leur super idée horrifiante de Marathon de lecture d’Halloween pour le même week-end. En fait, c’est comme un marathon normal, sauf qu’on y intègre une lecture fantasy/horreur, si on en a envie. Et comme elles ont trouvé des noms géniaux, on va les garder, n’est-ce pas !

 

Donc, ce sera un RAT à plein d’options.

• Formule de lecture « Dernier jour sur terre » : 10h-22h

• Formule de lecture « Nuit des morts-vivants» : 22h- 10h du matin

• Formule de lecture « Hanté de jour comme de nuit » 10h samedi à 10h dimanche.

 

Rien ne vous empêche de choisir une autre tranche horaire, selon vos disponibilités et vos envies. On est pas des filles compliquées. Il suffit de nous en avertir.

 

Donc, pour la version Halloweenesque et horrifique, il y a une condition unique : Lire au moins un livre fantastique/horreur dans le week-end ! Ce peut-être une BD, un album, un roman, un comics, ou un manga, à vous de choisir !

 

Donc, pour la version terre à terre : Vous lisez ce que vous voulez. Pas trop compliqué hein. Pour vous, ce serait donc les formules suivantes…

• Formule de lecture « Dernier jour sur terre… mais en fait, non, les fonctionnaires n’ont pas émis le communiqué à temps » : 10h-22h

• Formule de lecture « Nuit des morts-vivants… loin d’un cimetière » : 22h- 10h du matin

• Formule de lecture « Hanté de jour comme de nuit… mais j’ai appelé Ghostbusters » :10h samedi à 10h dimanche.

 

Ou tout autre niaiserie de votre choix ! Tiens, faites dans l’originalité ! Et pour les valeureux combattants des forces occultes et mystiques, tout encouragement est bienvenu. Si vous n’avez pas le temps de lire mais souhaitez encourager tout ce beau monde… devenez cheerleaders. On ne fournit pas les pompons, par contre !

 

Vous pouvez vous inscrire pour le samedi 12 ou le dimanche 13 octobre, mais aussi pour les deux dates (même pas peur !).

 

Inscriptions pour le samedi :

– Hanté de jour comme de nuit: Karine, Sandy, George, Samlor, Hegfanar, Caro Bleue Violette

-Dernier jour sur terre : Syl, Hilde, Samarian, L’or des chambres, Quai des amoureux, Bladelor, Mara, Clarabel,C’era una volta, Soundandfury, Iluze, Ptitelfe,

-Nuit des morts vivants : Adalana

-Horaires Divers : Sophie Hérisson, Petit Speculoos, Candyshy

– Cheerleaders :

 

Inscriptions pour le dimanche :

– Hanté de jour comme de nuit

– Dernier jour sur terre :  Geneviève, Iluze Ptitelfe

-Nuit des morts vivants :

-Horaires Divers : Sophie Hérisson

– Cheerleaders :

 

Venez-nous rejoindre pour ce week-end de lecture-plaisir sur nos blogs et sur le groupe Facebook .

 

Pensez à ajouter sur vos billets d’Halloween le logo du challenge et les liens vers les blogs de Lou et Hilde, et à leur signaler vos billets au fur et à mesure !

Inséparables – Aimée Verret

Inseparables.jpgNormalement, je n’aime pas le « jeunesse très jeunesse ».  Ça n’a pas le côté cute de la littérature pour les petits-petits mais il manque la profondeur des romans plus « ados ».  En fait, quand j’ai choisi ce livre, je ne pensais pas que c’était jeunesse à ce point.  Mais tout de même, certains aspects m’ont beaucoup plu.  D’autres moins.  Mais j’y reviens.

 

Éléonore, le personnage principal, est une jeune fille qui se trouve bien ordinaire.  Mais elle a de la chance.  Sa meilleure amie, elle est extraordinaire, flamboyante, délurée.  Sa nouvelle meilleure amie, en fait.  C’est un coup de foudre amical et Élé est fascinée par Lola et ce qu’elle dégage.   Et soudain, Lola se fait un chum.  Un grain de sable dans ce bel engrenage, n’est-ce pas!

 

La première chose qui me vient à l’esprit pour en parler, c’est que ce roman sonne juste.  Vraiment.  Cette adolescence, ça aurait pu être la mienne, textos en moins.  (Oui, je suis vieille).  En plus des gars, des premières expériences, ce dont je me souviens le plus, c’est mes histoires avec ma meilleure amie.   Ce sont les histoires de mes amies avec leur « best ».   Ces grandes trahisons (elle ne m’a pas rappelée alors qu’elle avait dit qu’elle le ferait), ces peurs terribles (et si elle s’était trouvée une nouvelle meilleure amie plus hot que moi?), ces terribles désersions (maintenant qu’elle a un chum depuis 2 semaines, elle n’a plus que des « couples d’amis »). 

 

Et ça, c’est très très bien rendu dans le roman.  Le ton est très québécois sans être pour autant exagéré et les dialogues m’ont beaucoup plu. Très réalistes.  

 

Si j’ai bien aimé le début, j’ai moins accroché à la fin, qui m’a semblé un peu trop « tout est bien qui finit bien », même si ce n’est clairement pas ce qu’a voulu l’auteur.  Mais c’est ce que je reproche souvent à la jeunesse.  Je ne suis clairement plus le public cible et pour ce point précis, ça se sent. 

 

Un roman sur l’amitié donc.  Avec un peu d’amour saupoudré ici et là.  Sympathique, simple, qui se lit très rapidement et qui m’a fait sourire en me rappelant l’ado étrange que j’étais.  Mais qui ne marquera pas pour autant.