J’ai deux amours, mon sac et Paris – Fabienne Legrand

J-ai-deux-amours.jpgCeux qui me connaissent savent à quel point je suis fan de sacs à mains et de souliers.  J’ai cessé de compter, en fait.  Du coup, ce livre était pour moi.  Bien entendu, question sac, pour moi, la quantité vaut mieux que la qualité.  Je suis donc la reine des sacs cheap et des souliers cheap.  Ce qui n’est pas le cas de l’héroïne, Prune, 44 ans au calendrier… mais 14 et quart dans sa tête!

 

Entendons-nous, c’est très très girly.  Nous ne voyons que les côtés superficiels de l’héroïne, qui a un amour très particulier pour la mode, le look, les soldeset les sacs (ndlr: après avoir lu les autres billets, il semblerait qu’il n’y ait qu’une marque de sacs… en bonne adepte des sacs cheap, je n’avais rien vu.  Of course.)  Malgré tout, c’est drôle, ça fait sourire et c’est surtout très rafraîchissant.  Ce sont des séquences d’une ou deux pages, qui nous montrent Prune et son entourage dans divers aspects de la vie de fashion victim.  La grand-maman m’a bien fait rire et la pauvre fille qui réalise POURQUOI l’ascenceur est bloqué aussi. 

 

Je suis fan des dessins, des silhouettes longilignes en couleurs sur fond noir et blanc… et dans ce cas, le fond, c’est Paris.  L’auteur a réussi à croquer les endroits les plus connus et on s’y croirait.  Comme j’aime Paris d’amour, cet aspect m’a particulièrement plu. 

 

Du léger léger, plein de fraîcheur et joliment croqué, qui nous renvoie certaines habitudes ou répliques en pleine figure (nouveau sac, nouvelles chaussures… je me questionne sur la voiture… my god, on croirait m’entendre penser!) ou qui nous font penser à certaines connaissances, le tout dépeint avec beaucoup d’humour. 

 

Bref, une bien agréable balade dans Paris.  J’aime beaucoup!

Something wicked this way comes (La foire des ténèbres) – Ray Bradbury

something-wicked.jpg Ce livre me tentait à cause du titre, tiré de Macbeth (oui, je sais… citons l’évidence!)  Mon premier commentaire à la suite de me lecture serait que c’est un livre fort bien écrit, avec une prose remarquable qui sonnent limite poétiques malgré le thème.  Mais que je l’ai lu trop tard.  Trop tard pour avoir peur. 

 

Comme plusieurs, je savais un peu de quoi il était question.  Deux jeunes adolescents d’une douzaine d’années, un cirque ambulant très particulier qui arrivent en ville au beau milieu de la nuit.  Une bataille épique entre le bien et le mal, qui emprisonne les gens par le biais d’un scénario machiavélique, jouant sur les regrets des gens qui n’arrivent pas à vivre dans le présent. 

 

Tout de suite, on entre dans cette atmosphère mystérieuse de petite ville où tout peut arriver.  Ça fait penser aux films d’horreur de mon enfance.   Les ennemis sont effrayants mais aussi très vintage.  Difficile d’avoir peur d’une sorcière ou de l’illustrated man quand on a vu tellement d’autres horreurs à la télé.  Pourtant, le roman est rempli d’images fortes, qui restent en tête.   On y ressent la nostalgie de l’enfance mais également le passage de la préadolescence à l’adolescence, quand deux amis qui faisaient tout ensemble sentent soudain se creuser le fossé quand l’un veut grandir trop vite, et l’autre pas.  Rien d’idyllique ici.  Juste un monde étrange, rempli de tentations, qui fait se révéler le pire en chacun.   C’est aussi une première rencontre hors du cocon protégé de l’enfance, qui fait grandir un peu plus vite que prévu.

 

Critiquer Bradbury, c’est risqué.  Je dirais tout de même que malgré toutes ses qualités, ce roman n’est pas… passionnant, même si la lecture est riche et les phrases savoureuses.  Il demande qu’on s’imprègne de l’atmosphère et ça demande du temps.  De plus, comme je l’ai mentionné, je suis restée extérieure à ces frayeurs et j’ai été davantage touchée par le personnage du père de l’un des garçons, qui se trouve trop vieux pour son fils et qui a du mal à profiter du présent.  Ok, il est un peu trop « bon » mais il contre-balance toute cette noirceur due au cirque. 

 

De plus, disons que les batailles sont gagnées (ou perdues… je ne vais pas spoiler) de façon un peu… facile.  Toutefois, ceci est assez typique des romans de batailles entre le bien et le mal.   

 

Une belle écriture, des thèmes intemporels mais je me demande si le jeune public d’aujourd’hui saura être rejoint par ce roman.  Une chose est certaine… j’aurais aimé le lire avant!

 

Joyeuse Halloween!

La Transcendante – Patricia Reznikov

transcendante.jpgAvouons-le d’emblée, entre ce roman et moi, ça n’a pas été le coup de foudre.  Je dirais même plus (oui, je fais une Dupont et Dupond de moi-même), on ne s’est pas du tout, mais alors pas du tout plu.   Et c’est dommage car il avait pourtant tout pour attirer mon attention, ce roman.  Une quête pendant une période difficile de la vie, sur les traces d’un roman mystérieusement rescapé d’un incendie qui a complètement ravagé la vie de Pauline, la narratrice.  Et celle-ci quittera Paris sur un coup de tête, pour aller chercher quelque chose – mais elle ne sait pas quoi – à Boston, où a vécu autrefois Nathaniel Hawthorne, auteur de « La lettre écarlate ». 

 

Comme j’adore la littérature dans les livres, je n’ai pas pu résister.  Et, si j’avais voulu lire un cours magistral sur Hawthorne, sa vie, son oeuvre, saupoudré d’un peu de Nietszche, j’aurais probablement été servie.  Mais voilà, je m’attendais à un roman et j’ai trouvé le procédé ma foi très didactique, ce qui donnait une impression de lourdeur et de maladresse aux dialogues, qui ont sonné faux à mon oreille.  Ok, ceux qui font ces grands discours sont des anciens profs.  Mais tout de même, c’est parfois indigeste dans la fiction. 

 

Autre point qui n’a pas facilité ma rencontre avec le roman: je n’ai ressenti aucune compassion ou empathie avec la narratrice, que j’ai trouvé en tout et pour tout désagréable, impolie, toujours agacée.  Nous n’avons pas l’impression de la connaître alors difficile de s’y attacher.  On se demande d’ailleurs pourquoi les autres personnages sont attirés vers elle.  Elle se laisse balloter par Georgia, une étrange vieille dame (qui m’a bien plu, malgré des redondances), qui lui fait faire une visite touristique du Boston de Hawthorne.  Là, vous vous dites : « mais la folle des balades guidées a dû adorer! » Mais imaginez-vous que j’ai déjà fait plusieurs balades touristiques dans Boston, dont une littéraire.  Du coup, je n’ai pas appris grand chose.  Pourtant, il y a bien beaucoup d’informations intéressantes là-dedans. 

 

Ajoutons à tout ça des dialogues en anglais presque systématiquement traduits en français en dessous (quand on comprend les deux langues, c’est lourd, lourd!), les répétitions dans les expressions (petite femme française, entre autres, me sortait par les yeux) et les situations, ça a donné un moment de lecture plutôt éprouvant, malgré le plaisir anticipé. 

 

Pour ne pas être totalement négative, parce qu’il y a quand même des parties intéressantes, je soulignerais quelques belles images où le passé côtoie le présent et je me suis revue par moments en visite, quand je m’imagine personnages célèbres et vie d’un autre temps autour de moi.  J’aime entrevoir les « grands » comme des hommes et dans ce roman, l’ombre de Hawthorne, Thoreau et Emerson plane un peu partout.  Ça donne envie de les relire.  Par contre, si vous n’avez pas lu « La lettre écarlate », attendez-vous à tout connaître, en détail, dans un récit de 5-6 pages.  Je n’ai pas compté. 

 

Dommage car j’avais entendu du bien de l’auteur et je voulais réellement la découvrir.  Il semblerait qu’il y ait incompatibilité.  Déçue je suis

 

Et pour ne pas vous fier à mon seul avis, si subjectif soit-il…

Malice a eu un coup de coeur et Nelfe a beaucoup aimé. Valérie et la petite marchande de prose, qui ont moins aimé que moi. 

Il faut nourrir mamie vampire – Julie Bédard/Emilie Ruiz

nourir-mamie-vampire.jpgUn autre livre-travail mais que j’aime aussi beaucoup raconter aux cocos, juste pour le plaisir d’une histoire.    Si vous me suivez un peu dans mes livres pour mon travail, avec des cretons en bas de 6 ans présentant des difficultés de langage, vous aurez compris que j’aime les histoires que je peux adapter pour leur donner une structure répétitive afin de permettre aux enfants de participer dès la première lecture.  Celui-ci en fait partie. 

 

C’est donc l’histoire d’un petit vampire bien inquiet pour sa mamie.  En effet, quand on est un vampire et qu’il nous manque des dents, ça cause un problème, n’est-ce pas!   Du coup, petit vampire va mettre à l’épreuve ses donc culinaires et son inventivité en proposant croquettes au cafards, biscuits aux asticots et autres mets raffinés (les enfants trouvent ça hi-la-rant… moi, ça m’empêche limite de manger… mais j’ai dû vieillir!).  Comme Mamie ne va pas apprécier, il va aller chercher de l’aide. 

 

Mais malheureusement, ni la sorcière, ni le magicien, ni le loup-garou ne sont là… (là, vous voyez mon histoire répétitive, avec problème et recherche de solution!)…  Il va donc faire le tour, ce qui nous donne une bonne occasion d’explorer tout le vocabulaire des personnages fantastiques-qui-existent-juste-dans-les-histoires ainsi que leurs supposées caractéristiques.   Et, ce qui ne nuit pas, c’est que les illustrations sont mignonnes comme tout, même si elles sont sombres, Halloween oblige. .  Très cute, ce petit vampire. 

 

Dans le texte original, il y a un joli rythme, des rimes, du vocabulaire varié et plein de choses à expliquer aux enfants.  En version « allégée », il y a moyen de faire ça super simple.  Il faut par contre, bien gérer la présentation des images parce que leur disposition n’est pas toujours évidente à suivre pour les touts petits (maison vide et personnage suivant sur la même page… ça peut confondre). 

 

Quant à la finale, j’ai failli faire mourir de peur un petit coco qui ne maîtrisait pas bien le langage figuré et qui a eu peur que sa mamie le bouffe après… bad, bad idea… Du coup, maintenant, j’adapte… ou j’explique! 

 

Mais c’est adorable comme histoire!

Le dragon fou – Reine de mémoire – 3 – Elisabeth Vonarburg

Reine-de-memoire-3.jpgPas facile de parler de façon si rapprochée de tomes différents d’une même série. Surtout quand cette série est en fait un gros roman divisé en 5 parties. Je vous renvoie donc à mes billets sur le premier tome et le deuxième tome pour en savoir davantage sur cette saga qui se ballade allègrement entre fantasy et uchronie dans un univers d’une richesse étonnante.  

 

Je vais donc tenter de ne pas trop me répéter.  Mais je ne parierais pas trop fort sur moi-même!  Surtout que j’ai VRAIMENT besoin de ce billet aide-mémoire pour savoir qu’est-ce qui arrive quand dans la saga!

 

Spoilers sur les premiers tomes

 

Ce tome m’a semblé un peu différent des précédents.  Encore plus lent.  Sans l’être. Mais je m’explique.   D’un côté, nous voyons Senso et Pierrino, à la recherche de leurs origines.  Les révélations dans la correspondance de leur grand-mère les laissent perplexes et ont posé davantage de questions qu’elles n’ont donné de réelles réponses.   Et voilà les doutes qui se précisent et qui laissent nos jumeaux songeurs. Et soudain, le drame…

 

En fait, cette histoire est plutôt au second plan dans ce tome.  Nous nous concentrons plus sur Gilles Garance et son petit monde au Mynmari.  Gilles semble vieillir très lentement.  Et Ouraïn, sa fille, encore plus lentement.  Du coup, il se voit pris dans une toile de mensonges et de faux semblants qui ne semble que peu harmonieuse, pour reprendre leur vocabulaire.  Il s’écoule une centaine d’années, qui passent et qui sont marquées de pierres blanches, d’événements précis mais qui s’écoulent somme toute de façon assez semblable.  On sent le climat qui se tend, la méfiance qui s’installe.  Et Gilles Garance n’est pas toujours un personnage des plus sympathique, loin de là.  Doucement, tout doucement, les choses se précisent.  Les fils se nouent entre les deux époques, sans subterfuge.  

 

Un monde toujours aussi complexe, avec des visions différentes, des comportements très humains mais pas toujours compréhensibles pour autant, l’homme étant ce qu’il est.  La plume est toujours aussi fluide et évocatrice.  Être dans l’univers de Vonarburg, c’est partir ailleurs.  Un ailleurs où l’on a nos repères… mais qui nous fait parfois perdre pied tout de même.  Une belle inventivité dans l’interprétation des événements selon l’histoire qui est propre à son roman, une évolution dans les personnages et les croyances… et encore beaucoup de questions en suspens.  

 

Qu’est-il réellement arrivé sur la route d’Aurepas?

Pourquoi Jiliane craint-elle Agnès?

Qui ment?  Qui est réellement ce qu’il dit être?

 

Et c’est pour savoir tout ça que je lirai de ce pas le quatrième tome! 

Les étoiles de Noss Head – 1 – Vertige – Sophie Jomain

Etoiles-de-noss-head-1.jpgCette série n’est pas disponible chez moi.  Je ne sais plus où j’en avais lu tant de bien mais quand j’ai eu envie de découvrir une nouvelle série jeunesse, allez savoir pourquoi, je me suis dit que c’était CELLE-LÀ qu’il me fallait.  J’ai donc commené à supplier les copines qui viennent au Québec et Yueyin m’a donc apporté le premier tome à l’été.  Inutile de préciser que le fait que je ne puisse pas commander/acheter les livres de mon chez moi complique légèrement la lecture de cette série (à noter, ce n’est pas cette édition que j’ai… mais une autre presque pareille, chez Elzévir)!

 

Je dois avouer qu’au début, j’ai eu très très peur.  Le style me semblait lourd,   les informations amenées maladroitement (dans les lettres, par exemple) et j’ai été très inquiète de l’anglais (l’héroïne est bilingue… mais ça doit être de l’anglais d’Angleterre car la syntaxe m’a fait réagir… pas bien).  Heureusement, il n’y a que 2-3 phrases.  J’ai aussi craint le pastiche de Twilight (le bled paumé, la rencontre, les gens « normaux » qui sont un peu sans intérêt, l’intrigue en général) mais finalement, après une centaine de pages, je me suis habituée.  Et ça va tout de même ailleurs.  De plus, il y a l’Écosse, pays dont je suis tombée amoureuse lors de ma visite. 

 

Ok, parlons un peu de l’histoire…  Hannah, 18 ans,  vient de passer le Bac, et elle n’est pas ravie de partir avec ses parents en Écosse, dans un village perdu où habite sa grand-mère en perte d’autonomie.  Sauf que, bien entendu, elle va rencontrer un certain jeune homme aux yeux verts qui va la faire chavirer.  Et soudain, ce sera beaucoup moins pénible!

 

Je ne sais trop quoi dire en fait, sur cette histoire, sinon que ça se lit tout seul (j’ai passé au travers en 4 heures, lors du RAT), qu’il y a un bon rythme, des rebondissements et un univers fantastique avec une mythologie riche et c’est surtout ce qui m’a plu.  Sérieusement, l’auteur s’est vraiment démenée pour nous servir quelque chose d’original en terme de mythe, de fouillé et qui permet beaucoup de développements possibles.  J’ai aussi aimé que l’histoire se déroule sur plusieurs semaines et pas en quelques jours.  Ça rend le développement des sentiments crédibles (même s’ils sont rapides hein, étant donné la façon dont ça se produit) et  l’évolution des personnages pas trop rapide.  Il y a également de belles pistes pour la suite de l’histoire. 

 

Par contre, je ne suis pas totalement convaincue par le personnage principal, qui me semble un peu sainte nitouche, parfois limite moralisatrice et désagréable.  Je ne pense pas que nous serions copines, en fait… mais comme je le disais plus haut, elle change au cours du roman et j’ai bon espoir de la voir devenir plus « copinable »!  Sérieux, elle m’a donné l’impression d’avoir 12 ans dans les mails et certaines réactions.  Quant à Leith, c’est le parfait gentleman… j’aurais aimé plus de grrrrr, si vous voyez ce que je veux dire.  J’ai quand même eu le goût de le secouer .  Pour moi, le gros plus du roman sont les personnages de la grand-mère et de Gwen, jeune gothique qui tient un magasin de trucs surnaturels.

 

Je sais que je semble négative mais sérieusement, non, ce ne l’est pas.  J’ai en fait plutôt bien aimé ma lecture, je ne me suis pas ennuyée une minute et le roman m’a gardée réveillée à 4h du matin, ce qui était quand même quelque chose, n’est-ce pas.  Il y a des rebondissements (certains prévisibles mais bon…), on s’intéresse à ce qui arrive aux personnages et on a envie de découvrir ce petit univers.  J’ai d’ailleurs supplié Isil (oui, vous imaginez la tête qu’elle a dû faire lorsqu’elle a réalisé qu’elle devrait se faire voir en train d’acheter une romance YA) de m’amener le tome 2! 

 

Un bon roman YA avec une mythologie très intéressante, qui saura, je l’espère, m’amener loin des clichés et des ficelles de ce genre dans les prochains tomes. 

 

 

Les peaux cassées – Richard Dallaire

peaux-cassees.jpgC’est une histoire bien étrange, entre ce roman et moi.  Au récent salon du livre du Saguenay, la représentante de chez Alto s’est montrée à la fois très sympathique et excellente pour vendre ces romans.  D’ailleurs, petit message, plusieurs devraient prendre exemple sur elle… et s’occuper des clients plutôt que de jaser entre eux au salon.  Peut-être que ça fonctionnerait mieux.  C’est fou ce qu’on peut vendre, quand on prend la peine de présenter notre stock!  Mais passons et revenons à ces peaux cassées, qui s’est avéré une excellente surprise. 

 

Le lendemain soir, j’allais à un souper organisé par le salon du livre, où des auteurs nous livrent des extraits de leurs oeuvres.  J’accroche immédiatement sur le texte d’un jeune auteur de mon coin… pour réaliser, en sortant mon super iphone et la version portable de Goodreads, qu’en fait, je venais de l’acheter, ce roman.   Et qu’en plus, comme j’habite une petite ville, c’était le roman du « frère de…  » et du « fils de… ».  Drôle de coïncidences.

 

Mais bon, je cesse dès maintenant cette parenthèse « je raconte ma vie » et je vous parle du roman. 

 

Le narrateur est réparateur de peaux cassées.  Il répare ce qui peut se réparer et place le reste dans des boîtes.   Il est en couple avec Carole, femme-poisson qui possède le don de toujours trouver la bonne parole, le bon mot, pour consoler les hommes et les femmes.   Leur monde, il est en déroute.  Les gens ont faim et la faim justifie les moyens.  Leur quartier va rapidement se transformer en jungle urbaine impossible à traverser sans danger et les étoiles s’éteignent.  Mais les deux personnages principaux sont doués pour le bonheur et sensible au malheur des hommes, ce qui rend un peu de lumière à ce monde terrible. 

 

Malgré la société dépeinte dans le roman (on ose espérer que ce ne soit pas divinatoire), c’est avec un sourire et beaucoup d’espoir que je referme ce roman.  Malgré les scènes parfois assez gore (comme l’auteur le dit lui-même, il y a du meilleur et du pire, dans ce livre), la sensibilité des personnages principaux, qui, parfois sans même s’en rendre compte, créent autour d’un un havre de paix qui rend le roman plutôt lumineux, en fin de compte.  Ou plutôt percé de rayons de lumière, voilà.  De la lumière qui traverse et disperse le malheur et la détresse. 

 

Certes critique de la société actuelle où le sort des plus pauvres d’entre tous est souvent méprisé, ce roman est également un éloge de la bonté intrinsèque, des révolutions à petite échelle.   La preuve que quelque chose de bien peut sortir de la déroute la plus totale.  Le tout dans une langue imagée, jouant sur les mots, les expressions, les significations et dans un univers où des éléments fantasques viennent rajouter des significations – un peu comme chez Vian – à ce récit où les images abondent.  L’auteur fait confiance à son lecteur (vous ne pouvez pas savoir à quel point j’aime quand ça arrive) pour trouver ses significations à lui, toutes les significations ne sont pas données, sans pour autant laisser une impression d’inachevé.  Tout ce que j’aime, quoi.

 

À lire si vous aimez les récits imaginatifs, un peu surréalistes et si vous ne craignez pas certaines scènes un peu gore.   Un auteur que je suivrai!

Un nouveau départ pour Winnie – Valerie Thomas /Korky Paul

Winnie-lunettes.jpgJe l’ai dit à quelques reprises déjà, j’aime beaucoup les histoires de Winnie la sorcière.  Bon, Winnie, Pélagie… même combat hein… ce sont les mêmes histoires, la même sorcière…    Et dans cette période pré-Halloween, disons que je sors souvent ces histoires avec mes cretons les plus grands (et ceux qui comprennent assez bien).  Les sorcières, les chats noirs, c’est gagnant!

 

Yep, un autre livre version travail! 98% des gens vont pouvoir passer leur chemin, donc!

 

Dans cette histoire, Winnie a un problème.  Comme souvent, d’ailleurs.  Imaginez-vous que le ciel est surpeuplé!  Et notre pauvre Winnie a collision après collision avec hélicoptères, deltaplanes et châteaux qui passent par là.   Le pauvre Willy trouve ça un peu dur, disons… (yep… dans ces versions, le chat Rodolphe s’appelle Willy… avec les enfants en trouble de langage, imaginez le joyeux mélange et les problèmes de référents que ça peut causer… mais c’est pratique pour travailler la séquence /wi/… mais je m’égare… anyway, je passe mon temps à débaptiser ce pauvre minet dépendant du son à travailler avec le coco en question).    Donc, Abracadabra… transformons le balai en vélo!  Ou en cheval.  Ou en skateboard.

 

Sauf que ça ne va pas tout régler, of course!

 

Cet album est assez simple et répétitif, surtout quand on change un peu le texte.  Il y a moyen de faire varier considérablement le degré de difficulté des inférences dépendant de la façon dont on raconte l’histoire.   Comme souvent avec les histoires de Winnie, il y a une structure narrative réelle (problème, idée, solution qui fonctionne ou pas, finale claire) qu’il est possible d’exploiter avec l’enfant.   Et c’est drôle!  Winnie se met toujours dans des situations impossibles, ses expressions sont comiques et réflètent bien ses sentiments à ce moment précis de l’histoire.  

 

Les illustrations regorgent de petits détails.  Si c’est agréable pour travailler la description, ça peut facilement distraire les moins attentifs des petits cocos, qu’il faut guider dans leur exploration de l’image.   Mais pour parler d’araignées, de crapauds, de chats noirs, de balais volants, de baguettes magiques et de sorcières, ça fait numéro 1. 

 

Une série à laquelle j’adhère définitivement.  Pas pour tous les cocos, avec une lecture adaptée (genre que je saute souvent quelques tentatives ratées de notre pauvre sorcière car ce serait trop long)… mais j’aime!  Je voulais d’ailleurs vous en présenter un autre pour ce mois Halloweenesque.  Si j’ai deux minutes!

Grands Boulevards – Tonie Behar

grands-boulevards.jpgEn cette semaine folle-brac (*mode inside québécoise on* :ou « folle comme brac », comme diraient les inconditionnels de Slap Shot et des frères Hanson… * mode inside québécoise off »*), j’avais besoi d’un roman doudou.   J’ai donc choisi d’aller me balader du côté des grands boulevards de Tonie Behar et j’ai ma foi fait un bien bon choix!  C’est tout à fait le genre de lecture agréable, drôlatique et sans prétention dont j’avais besoin.  Le genre de roman qui fait du bien et dont on ressort avec le sourire. 

 

Nous rencontrons donc Doria, 28 ans, au sortir d’une relation qui a mal fini.  Elle débarque donc chez son père, au 19 bis boulevard Montmartre, dans le 2e arrondissement.   Ah oui, le fils de sa soeur y habite également.  Et entre la voisine propriétaire de la boutique « Oh my Gode » (non, le « e » n’est pas une faute d’orthographe, le kebab-lounge, et le beau-gosse qui se prend pour une star, Max (ça, c’est le père) a tout un voisinage.  Et lui-même est quand même un sacré personnage.  Sauf qu’une lettre va mettre tout ce petit monde à l’envers… la banque veut vendre l’immeuble et les mettre dehors.  À grands coups de page Facebook et de coups d’éclat, ils vont lutter!

 

C’est donc tout un petit microcosme que nous voyons vivre pendant quelques mois.  Max, le père, est un homme flamboyant, bon vivant, adepte de poker et d’alcool.  Un homme que tout le monde aime.  Le lecteur aussi, d’ailleurs.  J’ai trouvé ce personnage génial.  Chacun est haut en couleur, un peu cliché parfois mais on s’en fiche parce que ce n’est pas si attendu que ça non plus.  L’auteure évite en effet bien des pièges.   J’ai bien aimé voir les relations évoluer, j’ai souri aux excentricités et aux bagarres épiques entre la propriétaire du sex shop et celui du kebab et les amours adolescentes m’ont fait remonter toutes sortes de souvenirs.  Bref, un bien agréable moment. 

 

Mais ce qui m’a vraiment fait apprécier le roman, ce sont ces grands boulevards.  Max y habite depuis 40 ans.  Il a connu les jours anciens et on sent revivre ces grands boulevards, à travers leurs façades actuelles, on voit se profiler l’ombre de ce qu’ils étaient avant, dans le temps des courtisanes, ou un peu plus tard, au Golf-Drouot (j’ai chanté du Joe Dassin pendant 2 jours quand j’ai lu le roman… sans blague… vous savez, la partie « soixante-cing, au golf Drouot, c’était des nuits sans fin… La musique dans la peau, et tout pour les copains »… on a la kulture qu’on peut!), temple du rock.  On sent une douce nostalgie dans les propos et c’est réellement ce que j’ai préféré.  Ce personnage supplémentaire, ce quartier qui a une vie propre. 

 

Ceci dit, Doria, le personnage principal, est probablement celui qui m’a le moins intéressée.  Je ne comprenais pas toujours ses réactions et elle m’était plutôt indifférente.  Ceci dit, ça ne m’a pas empêchée de suivre les aventures de ce petit monde avec intérêt. 

 

Des trois romans de Tonie Behar que j’ai lu, celui-ci est sans doute mon préféré!  Une comédie romantique bien sucrée. Et je lirai le prochain.

Of course!

Les Reines – Normand Chaurette

Les-reines.jpgDepuis que j’ai lu « Scènes d’enfant« , l’an dernier, je fouine toujours en bouquinerie pour voir si je ne trouverais pas un Normand Chaurette.  Et j’ai été ravie de trouver celui-ci lors de mon avant-dernier passage à Montréal.  Ma petite maman d’amour adorée (oui, elle me lit… il faut bien que je la flatte dans le sens du poil un tout petit peu) a en plus eu la chance de voir (et d’aimer) la pièce il y a peu.  Du coup, j’avais bien envie de voir ce dont il s’agissait… surtout que j’avais entendu chuchoter le nom de Shakespeare derrière tout ça.

 

Cette pièce ressemble fort à une réécriture de Richard III de Shakespeare du point de vue des femmes.  Ces femmes à la fois dépendantes des hommes mais aussi assoiffées de pouvoir, de grandeur et pour certaines, d’amour.  La piece se passe en 1483, pendant l’agonie d’Edouard IV.  Tout Londres est sous la neige, le vent est fou et seule la plus haute tour du palais émerge encore de l’océan de neige.    Les hommes, nous ne les verrons jamais.  Il n’y a que les femmes.

 

Elisabeth, reine et épouse d’Edouard

Anne Warwick, qui accepte d’épouser Richard

Isabelle Warwick, épouse de George

Marguerite, ancienne reine d’Angleterre, étrangère aux yeux de tous

Cécile, duchesse d’York et mère d’Edouard, George, Richard et Anne Dexter

Anne Dexter, muette et soeur du roi

 

Dans cette pièce où la couronne semble être le Graal, on se passe joyeusement les enfants d’Elisabeth, on pratique la médisance et l’insulte avec art, on intrigue, on invente des rumeurs.  Ces femmes sont prêtes à tout.  Du  moins, certaines d’entre elles.  Reliées les unes aux autres, les actes de chacune débalançant les autres, elles tentent de faire leur place, tout en étant submergées par leurs fantasmes et désirs.  La scène qui oppose Anne Dexter à sa mère est poignante,  la fin de la duchesse d’York l’est également, d’une tout autre façon.  Presque triste.

 

C’est donc la trame Shakespearienne, où les années n’ont guère d’importance (si j’ai bien compris certains férus d’histoire, George est mort quelque 10 ans avant la fatidique année 1983…).  Il y a symboles à foisson (le vent qui repousse Marguerite encore et toujours vers l’Angleterre m’a particulièrement parlé) et j’avoue que je ne suis pas certaine d’être assez connaissante de l’oeuvre de Shakespeare et de l’histoire d’Angleterre pour réellement bien saisir tous les tenants et aboutissants, toutes les allusions, les images de la pièce.  L’écriture m’a encore une fois réellement impressionnée.  Sans imiter Shakespeare, on le sent quand même parfois très près derrière.  Malgré la forme, il y a quelque chose de résolument moderne dans la langue utilisée. 

 

Une lecture dont je ressors un peu perplexe mais tout de même satisfaite!

 

Un-mot-des-titres