Le roi de Kahel – Tierno Monénembo

Roi de kahelOk.  Je vais commencer par un aveu.  Pour moi, l’Afrique, c’est loin.   Loin et épeurant parce qu’en bonne hypocondriaque, la peur de la malaria m’en a tenue éloignée.  Genre, comme si juste lire à propos de ce continent pouvait me donner la malaria et me rendre malade à vie.  Du coup, je n’y connais strictement rien.  Mais alors, RIEN.    Du coup, non seulement j’ai très peu lu sur ce coin du monde, mais j’ai quand même du mal à me sentir concernée par la littérature qui le concerne.  Je sais, c’est fou, c’est mal.  Mais ceci explique peut-être pourquoi j’ai eu tant de mal à entrer dans cette histoire.  Manque de référents, manque de fascination.  Bref, j’ai bien aimé, tout en me sentant extérieure.

 

C’est donc une biographie romancée d’Aimé Victor Olivier, vicomte de Sandoval (dont je n’avais aucune idée de l’existence… je sais, ça n’aide pas), un Français fasciné par l’Afrique, plus particulièrement le Fouta-Djalon, situé dans l’actuelle Guinée (merci wikipédia), pays des Peuls.  Il souhaite s’y établir et y créer un royaume, pour lui et – accessoirement – pour la France, à une époque où la colonisation allait de bon train.  Il souhaite comprendre plutôt que combattre et c’est son parcours de grand illuminé et de grand incompris que nous allons suivre.  Il va réussir à se faire – en partie – accepter par les Peuls et se faire offrir le plateau de Kahel, mais sera toujours tenu à l’écart et deviendra finalement fort encombrant pour les colons français.

 

On y dresse un portrait tout en teintes de gris d’un homme mû par un rêve, une passion, et des idées assez particulières à la fois sur l’avenir (glaciation!!!) et sur les Africains.  Bien entendu, il faut se replacer dans l’époque mais le peuple Peul y est décrit comme fourbe, traître et surtout profondément libre, malgré les guerres internes et les trahisons fréquentes.  On s’y sent un peu comme dans un conte et j’ai aimé le respect que Sandoval semble éprouver pour les Peuls, que j’ai envie de découvrir davantage (toujours dans les romans, because malaria, you know).

 

Une sortie de ma zone de confort, donc.  Mais une écriture agréable, évocatrice, qui donne envie de voir (dans une bulle anti-maladies) ces magnifiques paysages et de manger des mangues (bien lavées).

 

Lu dans le cadre d’une LC sur l’auteur chez Ys, pour le challenge Lire le monde.

Ys, Claire et Kathel ont lu Le terroriste noir et Valentyne a lu le même titre que moi.

A spool of blue thread – Ann Tyler

Spool of blue threadAvouons-le d’emblée, j’ai lu ce roman car il avait été shortlisté pour le Man Booker Prize.  Et mes attentes étaient … élevées.  Je ne sais pas pourquoi j’ai toujours l’impression qu’avec ce prix, je vais découvrir des pépites.   J’y ai plutôt trouvé un bon gros roman familial, avec des personnalités fouillées, imparfaites et un regard à fois bienveillant et incisif sur celles-ci.   Mais THE révélation que j’attendais n’est pas venue.  C’était bien.  Ça s’est lu tout seul.   Mais voilà.

 

Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, là.  J’ai aimé.  J’ai envie de lire autre chose de l’auteur, ne serait-ce que pour sa plume et la façon qu’elle a de dépeindre des personnages profondément humains, mais aussi parce que j’aime normalement ces récit « de l’ordinaire ».   Mais je vous parle un peu de ce roman-ci.

 

C’est donc l’histoire de la famille Whitshank.  Abby et Red ont trois enfants bien placés dans la vie.  Puis il y a Denny.  Denny qui disparaît sans donner d’adresse, qui met une fille enceinte, puis qui rappelle pour dire qu’il est gay… et qui rappelle plus tard pour dire que non, finalement, il ne l’est pas.  Denny qui vit on ne sait trop comment.

 

J’adore Denny.

Vous imaginez bien!

 

Nous rencontrons donc cette famille pendant un moment.  On vit certaines épreuves avec eux, on voit les parents vieillir, les enfants s’expliquer, évoluer.  Puis, dans une seconde partie, nous nous retrouvons avec Red et Abby, les parents, alors qu’ils étaient jeunes et qu’ils se sont rencontrés.  Puis, finalement, on nous raconte l’histoire des parents de Red.   Si j’ai beaucoup aimé rencontrer Red et Abby ados et jeunes adultes, c’est parce qu’on les connaissait avant.  Qu’on les avait vus avant.  Le retour dans le passé a alors pu faire son travail ; faire changer ma perspective.  Toutefois, il m’a tout de même manqué ce lien préalable avec  les grands parents, Junior et Linnie May, qui occupent la dernière partie du roman.  Si j’ai bien ri à leurs histoires (non mais pauvres d’eux… pauvre Junior surtout.  Il n’a jamais rien vu venir!), j’y étais quand même moins attachée, ce qui a peut-être été ce qui m’a un peu refroidie dans mon appréciation générale.   Certes, il y a des secrets de famille… certes, et je réalise leur ampleur suite à me lecture.  Sauf que sur le coup, il m’ont semblé…limite banals.

 

Par contre, j’ai été limite émotive quand il a été question de la maison, surtout à la fin.  J’ai aimé cette histoire de maison solide, sans chichis, qui a vu passer ces trois générations, comme un observateur qui ne juge jamais et qui ne dit mot.  Et j’ai vraiment ri à l’histoire de la balançoire.  Pauvre, mais pauvre Junior!

 

Un roman que j’aurais pu davantage aimé…. si ça n’avait été de ce prix.  Peut-être vos attentes seront-elles plus réalistes… et tomberez-vous en amour!  Sait-on jamais.

Si vous aviez un autre roman de l’auteur à me conseiller… ce serait quoi?

Le rapport de Brodeck – 1 – L’autre – Manu Larcenet

rapport de brodeck BDQuelle merveille que cette BD.  Quelle force.  Quelle noirceur.  Cette interprétation BD du Rapport de Brodeck (de Philippe Claudel) est tout simplement magistrale.  C’est simple, je pense que cette version me touche davantage, m’imprègne encore plus que l’oeuvre originale.  C’est mal hein!  Mais la combinaison des dessins et l’économie de mots m’a vraiment interpellée.

 

Je m’appelle Brodeck et je n’y suis pour rien.

 

C’est le début du roman.  Le début de la BD aussi.  Brodeck sera le scribe.  Celui qui expliquera le pourquoi.  Qui justifiera l’injustifiable.  L’atmosphère est à couper au couteau et ce petit village à flancs de montagne qui n’est jamais nommé pourrait se situer n’importe où.  Brodeck écrira donc deux versions.  L’officielle et celle qu’il nous livre ici, avec ses impressions, avec ce qui s’est réellement passé.

 

Brodeck a survécu à l’indicible.  Il revenu de là où on ne revient pas.  Il est persuadé d’avoir perdu toute son humanité.   Ceci nous est démontré en quelques planches seulement, mais avec quelle force.   Le dessin est somptueux et maîtrisé, à la fois dans ces gueules terriblement expressives et dans cette nature fugitive, fluide, mais terriblement oppressante à la fois.

 

La maîtrise du noir et blanc est carrément virtuose et le rendu… somptueux.  Je n’ai pas d’autre mot.  Il est officiel que le second opus de ce dyptique rejoindra ma bibliothèque dès sa parution.  C’est le genre d’ouvrage que l’on veut posséder.

 

Superbe.

 

C’était donc ma BD de la semaine.  Et c’est « je ne sais plus qui ».. insérer le nom quand je saurai qui nous accueille cette semaine.

Edit:  C’est chez Noukette!!!  Un jour, je vais comprendre!

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Les sangs – Audrée Wilhelmy

Les sangsCe roman, je ne le connaissais pas du tout.  Je voyais que l’auteur était invitée d’honneur au salon du livre, mais c’est quand Marie-Noëlle Gagnon, l’auteur de « Le grand galop« , me l’a chaudement recommandé et qui m’a convaincue d’aller le chercher.  Elle m’a parlé de Barbe-Bleue revisité, d’une écriture précise et d’une atmosphère envoûtante et malsaine à la fois (bon, elle l’a dit mieux que ça, mais on va résumer ça comme ça).

 

Dans ce roman, Wilhelmy donne la parole aux sept femmes de Féléor Barthelemy Rü, l’Ogre.   Chacune d’elles laissera un journal.  Elles viennent toutes de milieux différents, n’attendent pas la même chose de Féléor mais à travers leurs écrits à elle (ainsi que ses commentaires post-mortem à lui), nous entreverrons l’évolution du jeune garçon qui deviendra cette légende qui fascine et répugne à la fois.   J’ai pour ma part été accrochée dès la première voix, qui donne le ton au personnage et à la suite.  Du coup, j’ai tout de suit été totalement immergée dans cet univers dérangeant, parfois pervers, souvent sensuel, qui tend vers la folie.

 

Tenez-vous le pour dit; ce n’est pas pour tout le monde.  Il y a des passages qui m’ont laissée perplexe (je n’ai aucun goût pour les festins à base de sécrétions corporelles… ouais, je suis coincée comme ça) mais j’ai beaucoup aimé et l’atmosphère hors du temps  m’a envoûtée.   Entre désirs de vie, de sang, de sexe et de mort, les relations s’établissent et façonnent le personnage de Féléor, fil rouge qui relie les différents récits entre eux.   Désir de souffrir, de mourir par amour?  De faire de sa vie un roman?   De choisir sa douleur, de dominer son corps?  Le tout s’entremêle et donne un récit déstabilisant, qui dérange.

 

Un récit violent, certes, mais que j’ai lu en apnée, en me demandant du début à la fin qui avait façonné qui.  Une écriture ciselée, précise, que j’ai aimé découvrir.  Plus, beaucoup plus, qu’une simple réécriture.  Du coup, je lirai certainement son premier roman, Oss.

 

Et comme il y a un vague lien avec Barbe Bleue, il fera partie de mon challenge Cold Winter!

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Pas pleurer – Lydie Salvayre

pas pleurerDisons-le d’emblée, je suis une grande inculte pour tout ce qui concerne la guerre d’Espagne.   Je connais la base de la prise de pouvoir de Franco, je sais qu’il y a eu des horreurs, mais ça se limite pas mal à ça. Du coup, j’ai eu un réel coup de poing avec ce roman.  J’ai accroché tout de suite à la plume, à l’histoire, aux personnages.  J’ai adhéré à la narration, au personnage de Montse, qui n’a comme seul souvenir que cet été 1936 où elle vivait intensément et où l’espoir et l’exaltation l’ont portée à bout de bras.

 

Ce roman est basé sur la vie de l’auteur, ou plutôt sur la vie de la mère de l’auteur, Montse.  Elle est maintenant âgée et a tout oublié, sauf cet été-là.   Entre la narration au présent, une discussion entre Lydie et sa mère,  les retours dans le passé, où nous rencontrerons la jeune Montse et les réflexions de Bernanos  dans « Les grands cimetières sous la lune ».   On a droit à une vision de cette période vue par les yeux d’une adolescente qui, à la suite de son grand frère José, embrasse l’idéologie libertaire.   Pourtant, elle est pauvre.  Une mauvaise pauvre, dans son petite village, où se côtoient nationalistes, socialistes et anarchistes.    Quand c’est tout petit, quand les mouvements ont leur propre visage, ça clashe, of course.

 

J’essaie de structurer un article pour expliquer pourquoi j’ai aimé et je n’y arrive pas.  J’ai aimé l’hommage à la mère, la langue, entre français et espagnol, que celle-ci utilise.  J’ai aimé la relation entre la fille et la mère, la flamboyance des souvenirs.  J’ai aimé voir l’évolution des pensées de chacune des factions,  les désillusions, les grandes joies.  J’ai frémi à l’évocation des horreurs perpétrées par Franco et eu beaucoup, beaucoup de peine à la fin du roman, avec tout ce que ça implique de deuils et de déracinement.

 

Une lecture que je ne pensais pas aimer autant.  Du coup, je vais chercher autre chose de Lydie Salvayre, dont j’ai vraiment apprécié la plume.

Le monde des lutins coquins – Dominique de Lippenoud/Amélie Dubois

monde des lutins coquinsDepuis quelques années, on a vu réapparaître les « lutins de maison », aussi appelés lutins coquins.  Vous savez, ces petites bestioles qu’il faut attraper avec des pièges sophistiqués, qui aiment le chocolat, qui font la fiesta la nuit et se figent à la tombée du jour?   Ces petites choses qui font la joie des enfants mais qui causent bien des casse-tête aux parents le soir venu car ils se demandent « mais qu’est-ce que le lutin va encore faire cette nuit? »  Ben quoi… ils ne savent jamais dans quel état va être leur maison le lendemain, n’est-ce pas!

 

Cet album m’a fait rire toute seule, j’avoue.  C’est un guide à l’intention des lutins qui voudraient devenir lutins de maison.   C’est que c’est une profession, avec une académie, des cours, et tout!  Créé pour faire rire les enfants et les parents, il se veut « informatif », apprend aux petits la différence entre les vrais lutins et les « lutins de magasin » qui sont tout pareils… mais qui ne font pas de coups la nuit.  On donne aussi aux futurs lutins des idées de blagues, le tout bien enveloppé avec des petites portes à ouvrir et des illustrations mignonnes comme tout (la couverture est ma foi très représentative).   Les enfants y découvriront donc l’académie, les différents lutins, leurs habits, leurs habitudes… chouette!

 

L’angle est intéressant, c’est fait pour intéresser les enfants, faire rire les parents… et éduquer un peu les vilains lutins qui auraient eu l’idée folle d’utiliser des trucs indélébiles sur les visages des enfants… ou sur les murs.  C’est bien fait, solide, et ça fait vivre la magie de Noël.

 

Et ce sont mes neveux qui vont le recevoir pour Noël!  Question de se préparer pour l’an prochain!  Lucky guys!

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Quand le père Noël était petit – Linda Bailey/Geneviève Godbout

Père NoëlJe me suis permis de lire cet album en novembre parce que Geneviève Godbout, l’illustratrice, est née ici.  Et bon, en plus, il était vraiment trop mignon.  Je ne résiste jamais aux albums! C’est donc un bel album cartonné rempli d’illustrations douces et joufflues.  Oui, je sais, c’est étrange, des illustrations joufflues.  Mais c’est carrément le seul mot qui me vient en tête.   Les personnages ont les joues rebondies, des petits nez rouges et les tons sont très « Christmassy ».   Parfait pour cette période, donc!

 

Le petit Noël est né fort dodu et au lieu de gazouiller, il y allait de tonitruants Ho Ho Ho.  Il aimait davantage donner des cadeaux que d’en recevoir, aimait bien les cheminées et ne voulait que le pyjama rouge.  Mais quel métier va-t-il bien faire plus tard?

 

Quel album original!  Et ce n’est pas évident, un album de Noël un peu différent!   Et cet album pas comme les autres est ma foi fort réussi.  Il permet d’exploiter de façon autre les habitudes du père Noël et j’ai adoré faire le lien avec ce qu’il va devenir plus tard avec les petits, qui trouvent tout de suite et qui se prennent pour de vrais détectives.  C’est super mignon de les voir tout fiers d’eux!

 

Il y a surtout un message fort intéressant derrière, à savoir que même si les enfants sont différents, particuliers, il y a de la place pour eux quelque part et ils peuvent faire des choses géniales.  Et moi qui travaille avec les petits qui ont des particularités, j’adore ce genre d’album, avec une jolie morale pas trop martelée et un contenu accessible pour les petits.

 

Un album qui plaira aux petits… et aux grands!

Cute comme tout!

Le requiem de Terezin – Josef Bor

Requiem de TerezinC’est avec ce billet que j’inaugure ma participation au challenge « Lire le monde » d’Ys.   Découvrir de nouveaux auteurs et de nouveaux coins du monde, forcément, c’est tentant, n’est-ce pas!

 

J’avais ce roman depuis des années.  Genre, en 2008, quand Laure me l’avait offert,  dans les premières années du blog.  J’ai eu une période « lisons sur l’holocauste » et le mot « requiem » m’avait attirée.   Et « petite anecdote » de lecture… on m’a demandé DEUX fois quel compositeur était ce Terezin dans les deux jours qu’aura duré ma lecture.  J’avoue que la première fois, je suis restée bête!

 

Ce qu’il faut savoir, c’est que ce récit est celui de Rafaël Schächter, chef d’orchestre à Terezin, qui se met en tête de monter le Requiem de Verdi dans ce ghetto, alors que tous savent très bien qu’il n’est qu’une antichambre de la mort.   Schachter a une idée fixe et concentre toutes ses énergies sur son requiem, qui souhaite revisiter, par lequel il tente de chanter ce que son peuple ne peut pas dire autrement.   Josef Bor, qui a lui-même connu les camps, ne nous montre pas le quotidien, la souffrance et l’horreur.  Du moins, pas directement.  On sent leur présence, loin, derrière.  Les chanteurs et musiciens disparaissent, mais le tout nous est présentée de façon assez froide et détachée, comme si les personnages vivaient dans une brume, celle de leur projet qui leur donne un (faux) espoir d’être sauvé.

 

J’avoue que pour moi, l’émotion est venue après la lecture.  La dernière partie, celle où le Requiem est finalement joué, dans des conditions assez terribles, est la seule qui m’ait réellement émue sur le coup et j’y ai ressenti avec force le désespoir et l’interprétation qui est faite de ces chants catholiques par un peuple qui a vécu l’horreur, qui s’en va à la mort et qui le sait.  Requiem pour eux-mêmes.  Et en lisant cette finale, la « petite » cruauté, celle qui était quotidienne, nous saute en pleine face.

 

Un texte davantage centré sur la musique, sur la création de l’oeuvre, ainsi que sur le personnage de Shachter qui n’est pas toujours sympathique (en fait, il ne l’est pas vraiment et ce doit être l’être qui m’a le moins émue dans l’histoire) et dont les réflexions dérangent assez fortement parfois.  Je crois que vous serez davantage ému si vous connaissez un peu le Requiem car le début et le traitement peuvent laisser le lecteur à distance.

 

Je me demande bien ce que Ys a bien pu en penser!

C’était donc ma lecture pour la République Tchèque pour Lire le monde!

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Réparer les vivants – Maylis de Kérangal

réparer les vivantsOh my.. quel roman.   Je l’ai écouté en audio en voiture et je ne compte plus combien de fois je suis arrivée au boulot le matin, les yeux rouges et le coeur tout à l’envers, ce qui a pu laisser croire à mes collègues que ma vie était vraiment terrible à ce moment-là!  Mais bon, c’était la faute à ce roman qui m’a frappée en plein coeur et à cette plume, cette plume!

 

Le roman s’ouvre sur Simon, Chris et Yoan (orthographe aléatoire… je vous rappelle que j’ai écouté le roman), debout avant l’aube pour aller rencontrer LA vague.  Et là, juste là, Maylis de Kérangal m’a eue.  J’y étais, avec ces jeunes, dans la zone.  J’ai surfé sur ces vagues, ressenti l’exaltation.  J’étais conquise.  Puis, soudain, sans que je m’y attende (parce que je n’avais AUCUNE idée de ce dont le roman parlait)… la claque.  L’accident.  Et j’ai été démolie dans mon petit coeur.

 

J’ai lu que ce roman était pour plusieurs un plaidoyer pour le don d’organes.  Mais pour moi, mon expérience de lecture a été tout autre, parce que même si elle survient au début du roman, je ne me suis jamais remise de la mort de Simon.  Jamais.  Pour moi, ce roman, c’est le roman de Simon.  Le roman de Marianne et Sean, ses parents.  Le roman de celui qui donne sans le savoir, lui qui était vivant, si vivant, quelques heures auparavant.

 

Ce roman nous fait vivre pendant quelques heures avec les personnages.  On ressent leurs sentiments minute par minute.  On vibre avec eux.  J’ai donc vécu la dévastation avec Marianne, couru en t-shirt dans les rues avec Juliette et ressenti ce terrible « après », dans l’appartement, quand tout est pareil, mais si différent.  Les émotions sont décortiquées, la lenteur du moment est parfaitement rendue… et, moi qui n’aime pas toujours les énumérations ou ces écritures contenant pléthore d’adjectifs, cette fois, j’ai complètement, complètement adhéré.   J’ai détesté les médecins, qui sont parfaitement parfaitement personnifié, détesté l’hôpital, j’en ai voulu au monde entier… bref, j’ai vibré au rythme des personnages.

 

Je conseille.  Mais attendez-vous à une grosse, grosse claque!

L’affaire Mélodie Cormier – Guillaume Morrissette

L'affaire mélodie cormierVous avez envie d’un roman qui se dévore, dont les pages se tournent toutes seules, qui vous fait vivre une enquête sans trucs gore et dégueu?  Ce roman est pour vous.   Et si vous connaissez un peu Trois-Rivières (ou que cette région vous intéresse), vous serez doublement servis.

 

C’est donc un roman policier à la fois particulier et traditionnel.  Bon, si je ne peux pas vous dire en « quoi » il est particulier (faudrait quand même pas spoiler, quand même), il est assez traditionnel de par son style d’écriture ma foi assez simple mais qui passe bien, et par une partie de sa structure.  Mais bizarrement, ça le fait.  Ça nous fait tourner les pages.  Vite vite!

 

Nous suivons donc deux histoires en parallèle.  D’abord, celle de Marco Genest, jeune homme dont les parents sont morts dans un stupide accident quelques mois auparavant et qui se met à recevoir des lettres et des indices de la part d’un mystérieux interlocuteur qui dit savoir des choses sur la mort de ses parents.  Rapidement, il va entraîner une amie dans toute l’histoire et vont se faire balader de tous les côtés de la région trifluvienne, d’une énigme à l’autre.  Puis, rapidement, nous voilà transportés au commissariat où l’enquêteur Héroux travaille sur la disparition de Mélodie Cormier, une jeune fille de 10 ans.  Vue dans l’autobus, elle semble avoir disparu dans les 10 mètres qui séparent le bus de la cour d’école.

 

Si vous me lisez un peu vous le savez, je suis devin.   J’ai assez rapidement vu les liens et démêlé qui était qui.  Mais malgré tout, les trois premiers quarts du roman, je les ai dévorés.  Je me suis même laissée aller à m’inquiéter un peu pour les personnages.  (Bordel que c’est dur de parler d’un polar sans rien dire!  Fin de la parenthèse).  Si j’ai trouvé qu’à un certain moment, l’intrigue aurait pu être resserrée, je me suis bien amusée à suivre les petits jeux de pistes et les batailles de méninges.   Des personnages intéressants, un peu étranges sur les bords, une équipe d’enquêteurs que j’aimerais bien revoir…

 

Un bon moment !