Yep, encore un autre billet sur Proust. Je vous le jure, cette année sera celle où je terminerai la Recherche. Encore une fois, ce billet sera surtout un rappel pour moi-même, c’est à dire une façon de me souvenir qu’est-ce qui se passe dans ce tome précis. Du coup, pas d’analyse, pas d’intellectualisation. En fait, je suis pas mal certaine que je ne comprends pas tout. Mais voyons les choses du bon côté. Si quelqu’un a envie de m’expliquer, tant mieux… et sinon, ben, il me restera encore plein de choses à découvrir lors d’une prochaine lecture.
Donc, Sodome et Gomorrhe. Fait cocasse? Quand j’étais ado, je pensais que ça s’appelait « Sodome et gonorrhée ». Du coup, je me demandais bien quel intérêt pouvait poser un roman de la plume de Proust, traitant d’une maladie vénérienne. Mais passons hein!
Ce quatrième tome de la recherche commence donc avec le narrateur qui comprend subitement que le baron de Charlus, oncle de Saint-Loup, a une liaison avec Jupien, giletier de son état et voisin de la marquise de Guermantes, qui fait maintenant partie de ses proches. Il prend soudain conscience de l’omniprésence de ce qu’il appelle « l’inversion » tout autour de lui et commencera à la voir partout, y compris chez son amie Albertine, avec qui il éprouve « les intermittences du coeur ». Bien entendu, le lecteur actuel pourra parfois écarquiller les yeux à certaines assertions de l’auteur (lui-même homosexuel… c’est d’autant plus étrange de lire de telles choses) et si nous avons encore un récit principal avec une ligne du temps (à vitesse ma foi fort variable… nous pouvons passer beauuuucoup de pages sur une soirée et passer ensuite plusieurs semaines à toute vitesse), nous sentons la narration glisser vers l’analyse. Réflexions sur l’homosexualité, la vie mondaine, les noms de lieux, le deuil… La partie du retour à Balbec, alors que le narrateur prend soudain conscience de l’absence de sa grand-mère, est fort touchante.
Il s’agit moins ici de l’intégration du narrateur dans le monde, mais de la réalisation soudaine que l’homosexualité est tout autour de lui (on parle énormément du Baron de Charlus). Bien entendu, nous avons encore droit à des portraits succulents des petits cercles mondains, dont celui de Mme Verdurin, que nous avions connu dans « Du côté de chez Swann ». Ces conversations sont parfois complètement surréalistes, souvent drôles, et jettent une lumière peu flatteuse sur ces milieux artificiels, pleins de faux semblants et de dissimulation.
Et Albertine… Albertine… Les sentiments du narrateur sont en montagnes russes. Un jour follement amoureux, un autre brûlant de désir et un autre lassé, amoureux d’une autre. Extrêmement jaloux, de façon souvent irraisonnée, il se montre détestable avec elle. Il est d’ailleurs difficile d’avoir un réel portrait d’Albertine tant le regard qui est posé sur elle est changeant. Il se questionne sur elle, ses motivations, la voit un jour comme une ingénue, l’autre comme une profiteuse.
Encore un tome qui m’a beaucoup plu, à la prose magnifique et à la narration de plus en plus particulière. J’aime toujours autant, je me délecte des phrases interminables et évocatrices et m’imagine marcher sur les plages de Balbec, discuter étymologie à La Raspelière. Bref, j’aime. Et je continue ma lecture!