Skippy dies (Skippy dans les étoiles) – Paul Murray

Le comment du pourquoi

Sérieux? Pourquoi? Je ne sais plus du tout. J’avais ce roman dans ma pile depuis 10 ans et je n’ai AU-CU-NE idée pourquoi. Quelqu’un en avait déjà parlé? Je ne sais plus du tout. Et j’ai choisi de le lire à ce moment précis parce qu’une copine m’a envoyé un émoticône de kangourou. Et comme j’ai chanté la chanson toute la nuit (et que j’ai rêvé que je me baladais dans la poche avant d’un éléphant qui bondissait comme un kangourou), je me suis dit que c’était un signe. Faut pas chercher à comprendre les méandres de mon cerveau un peu dérangé!

(Edit: Je m’en suis souvenue! J’avais lu quelque part que c’était l’un des livres préférés de Donna Tartt! Voilà!)

De quoi ça parle

Dès les premières lignes du premier chapitre, Skippy meurt, devant les yeux effarés de son coloc Ruprecht, en plein milieu d’un resto où on vend des beignes. Flashback pour rencontre Skippy, 14 ans, follement amoureux de la belle Lorelei, qui tente tant bien que mal de survivre à Seabrook, un internat very catholique de Dublin. À travers toutes ces pages, nous allons voir l’avant et l’après de ce tragique événement et vivre dans cette école où tout n’est qu’apparence, entre les riches commanditaires, les profs qui devraient (et le conditionnel est important) protéger les élèves et l’école de filles d’à côté.

Mon avis

Skippy « dans » les étoiles (j’ai finalement réussi à me souvenir quelle était la bonne préposition) est un roman qui passe ou qui casse. Pour ma part, je suis fan des histoires d’école, d’internats et d’ados, du coup, j’ai passé un très bon moment de lecture, j’ai beaucoup ri, beaucoup ragé, et j’ai trouvé le moyen de m’attacher à certains de ces personnages, même s’ils sont tous pleins de défauts, et souvent complètement aveuglés par leurs préjugés et leur petite personne. Et c’est… drôle! Tellement niaiseux que c’est drôle!

Entendons-nous… on a le goût de secouer la plupart des jeunes et certains profs font… peur! Les ados sont vraiment ados. Ils disent des énormités (mais comme ce n’est pas un livre « pour ados », les remarques stupides – sexistes, homophobes – passent encore parce que réalistes… c’est assez évident que ce n’est pas « valorisé »), ils sont vulgaires, virent n’importe quelle conversation banale en une histoire de cul… et quand on se souvient des gangs d’ados masculins, sérieux… ça rappelle des souvenirs. Bon, à un moment donné, ça peut être lourd, mais quand on y pense un peu, une bande de jeunes puceaux qui donnent des conseils-cul, surtout complètement débiles, c’est un peu hilarant. Et assez réaliste, en fait. Ne serait-ce que pour cette raison, j’ai trouvé ça super réussi.

J’ai beaucoup apprécié la vision de l’adolescence dans ce roman. Les jeunes sont souvent à l’envers, ils ne savent plus à quoi se raccrocher, sans que ce soit toujours « dramatique ». Leur vie est une succession d’apparences et de relations superficielles. Les adultes sont… sont… je pense que je n’ai pas de mots. Entre l’horrible Father Green (essayez de traduire ça en français), Greg, le directeur qui devait être le pire bully de l’univers jeune, et qui n’a pas changé depuis, et Howard « The Coward » (les surnoms dans ce roman… ça m’a fait mourir de rire), jeune adulte qui n’a jamais réussi à se sortir de son adolescence. Le problème, c’est qu’il agit souvent comme un ado et qu’il devrait être figure d’autorité pour ces jeunes. Il était intéressant de voir l’âge adulte comme cette « continuité » de l’adolescence. Sérieux, il fait un peu pitié, cet Howard, mais parfois, il y a des coups de pieds dans le c… qui se perdent!

Là, vous vous demandez pourquoi j’ai tant aimé? Parce qu’on y parle d’amitiés, les vraies et les superficielles, de cette bulle d’adolescence de deuil, de culpabilité et de façon de la vivre et des terribles injustices quotidiennes, souvent impunies. Mais en parallèle, il y a la théorie M, la 11e dimension, des rappers qui trouvent tout trop « Blanc » (alors qu’ils sont very white sous leur bronzage), un concert impliquant du papier d’aluminium, une fête d’Halloween qui dégénère, des surnoms débiles, Robert Frost, la première guerre mondiale, les histoires dans l’Histoire et Graves. C’est tragi-comique, chaque petit fil n’est pas noué, chaque personnage n’a pas grandi de façon magique à la fin de l’histoire, mais les réactions sont intéressantes à explorer.

Un roman qui prend son temps, un roman de mecs, certes (les filles ici n’ont pas nécessairement un rôle de premier plan… rappelons que l’héroïne s’appelle Lorelei…), mais un roman qui atteint son but, avec une narration qiu se promène de la deuxième à la troisième personne dépendant du point de vue et une variété de réactions à un même événement. Une atmosphère réussie, à la fois réjouissante, injuste et oppressante, une intrigue qui s’éparpille un peu autour du personnage de Skippy, mais dans laquelle l’auteur réussit à distiller l’information de façon naturelle, sans sembler didactique. À part dans les cours et les monologues des enseignants!

À tenter si vous aimez les romans d’école et si vous n’avez pas peur des propos… parfois choquants d’ados de 14 ans!

Un autre pavé pour Brize!

4 Commentaires

Passer au formulaire de commentaire

  1. Moi aussi je l’ai dans ma PAL depuis longtemps et je ne sais plus pourquoi (envoi d’éditeur il me semble, j’avais dû jurer de le lire, mais sans préciser quand… heureusement que ce temps des SP à la chaîne est passé !). Bon à te lire, il n’a pas l’air si mal…

    1. Hahaha oui, on se souvient de cette époque! Ya encore des éditeurs qui m’envoient TOUT leur catalogue, mais maintenant, en numérique. c’est moins pire… en tout cas, pour le rangement!

  2. J’aime pas les ados….mais un drôle de roman on dirait .

    1. Faut aimer les ados dans tout leur… adolescencitude! Mais j’ai beaucoup aimé ce roman pour ma part. J’aime les romans d’école.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.