Shuni – Naomi Fontaine

Le comment du pourquoi

Je l’avais mis sur ma liste de livres à lire pour la rentrée littéraire… et ma mère l’avait chez elle. Donc, pourquoi pas. J’aime généralement ce qu’écrit Naomi Fontaine!

De quoi ça parle

Dans ce récit, l’autrice écrit une longue lettre à son amie Julie, qu’elle a perdue de vue mais qu’elle a connue enfant. Julie revient près de Sept-Iles pour aider les Innus de la région. Naomi Fontaine en profite pour lui parler, sans gants blancs, des siens, de l’amour qu’elle leur porte, ainsi que de son identité et de sa vision de l’autre.

Mon avis

Ce récit aura eu comme conséquence première de me faire – à nouveau – réfléchir et discuter. J’ai beaucoup lu sur la condition des premières nations, j’ai côtoyé aussi plusieurs personnes ayant ces origines. Je pense que je commence à mieux appréhender leur histoire, ce qu’ils ont vécu. Malgré tout, j’ai toujours l’impression d’être « à côté de la track » quand je pense à notre perception actuelle. Surtout, bien que je conçoive leur souffrance, je ne comprends toujours pas comment nous pouvons les supporter dans celle-ci. Je sais bien que les solutions doivent venir d’eux et que personne ne peut « sauver » qui que ce soit. Je pense aussi que la clé d’une vie meilleure (ou pas) est différente pour chacun, vu qu’il y a autant d’aspirations différentes qu’il y a de personnes. Mais je sors du roman un peu désabusée. Peu importe ce que le gouvernement tente de faire, ce ne sera jamais ça. Je ne pense pas qu’on puisse réparer ce qui a été fait par nos ancêtres. Certains faits m’ont révoltée, rien de moins. Mais bon… concrètement, ce n’est pas simple.

Je réalise que je ne parle absolument pas du livre. Que j’ai aimé, hein. Je trouve la plume de Naomi Fontaine très directe, imagée et touchante à la fois. J’aime ses chapitres courts, j’aime le portrait qu’elle dresse des Innus, de son peuple. J’aime la tendresse de son regard et la mise en lumière des valeurs qui sont véhiculées. J’ai aussi apprécié la vision non idéalisée, réelle, pas parfaite, en souffrance. En fait, tellement que pendant la première moitié du roman, j’ai cru que ce serait un coup de coeur.

Ce qui m’a moins plu, c’est certains éléments qui m’ont semblé plus moralisateurs, plus « j’ai raison et pas vous »… je n’ai pas besoin d’être convaincue et j’ai senti qu’on essayait de le faire. De me faire sentir inadéquate car blanche. Que peu importe ce que je ferais, je suis et resterais inadéquate. Thérapie d’impact? Peut-être.

C’est donc un ressenti très personnel, qui, à ce que je vois des critiques, a été très peu partagé par les lecteurs du livre. C’est moi face à moi, probablement. Moi qui me questionne beaucoup en ce moment sur ma propre identité en tant que femme, québécoise, à qui on a souvent dit qu’elle devrait donc être plus ceci, moins cela. Ça explique peut-être en partie ma réaction.

C’est tout de même un roman que je conseillerais car la plume reste magnifique et le propos essentiel, et avec lequel j’ai passé un bon moment. À tenter, donc!

16 Commentaires

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  1. Je comprends ce que tu veux dire, ce n’est simple pour personne dans ces cas-là. Je n’ai pas encore lu Naomi Fontaine, mais je pense le faire. Je sors tout juste de Taqawan, alors je vais attendre un peu.

    1. C’est hyper complexe. Déprimant, en plus. Mais plus on lit de ce genre de témoignages, plus il y a des chances de s’apprivoiser davantage.

  2. Un thème et des sujets de questionnement qui sont à retenir, pour plus tard, malgré tout, car je voudrai lire le titre Ici n’est plus ici assez rapidement et je n’aime pas enchaîner sur un même thème.

    1. Oui, il me tente aussi celui-là. Et je comprends parfaitement de ne pas vouloir lire sur le même thème rapidement.

  3. J’aime beaucoup cette « critique ». Elle m’a persuadé de lire ce livre, j’ai déjà une belle collection de littérature québécoise mais jamais lu Naomi Fontaine ; je vais donc le faire ! Pour le moment je lis Michel Jean que j’apprécie bien.

    1. Ah ben je suis contente alors! J’aime aussi Michel Jean, j’en ai lu plusieurs de lui (bon, presque tout, en fait). Ici, la plume est très différente. Je conseille aussi.

  4. Je note, j’espère qu’il sera sur le stand de la Foire du livre en mars ! J’aime beaucoup Naomi Fontaine aussi.

    1. Il a d’excellentes critiques ici. Et même si ma lecture a été difficile pour des raisons personnelles, j’ai quand même beaucoup aimé le livre en soi.

  5. Une plume que je vais découvrir sous peu car ma cousine m’a prêté l’autre jour un autre de ses romans!

    1. Tu me diras! Moi j’ai quand même préféré Manikanetish, je pense.

      1. Ah ça tombe bien, c’est celui-là que j’ai!

        1. Super, alors. Ya plus qu’à!

  6. J’ai vraiment aimé les deux livres d’elle que j’ai lu pour le style et le sujet. Je comprends bien ton ressenti. Je pense que je le lirai si l’occasion se présente mais je serai peut-être moins impactée n’étant pas québécoise.

    1. Il vaut le coup, je pense. C’est le genre de texte qu’il faut lire.

  7. Un livre qui m’a beaucoup plu, même s’il est empreint de tristesse.

    1. C’Est vrai que c’est souvent triste, mais il y a aussi de l’espoir, je trouve.

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