Reflex – Maud Mayeras

Oh my god ce roman.  Je l’ai refermé, un peu abasourdie, C’est un roman noir, un véritable thriller psychologique, avec des personnages bien développés, très imparfaits.  L’ambiance est poisseuse, lourde, collante et on a presque autant de mal à respirer que les protagonistes dans cet endroit un peu anonyme, sans repères.

 

C’est l’histoire d’Iris Baudry, photographe pour la police. C’est celle qui mitraille les scènes de crime, sous tous les angles.  Chaque plaie, chaque visage, chaque horreur.  Elle a peu d’attaches et est toujours prête à partir avec son reflex. Un jour, elle est appelée sur un meurtre dans sa ville natale, l’endroit où elle avait juré de ne jamais retourner. Celui où elle a grandi, où l’attend sa mère qui a gâché sa vie et surtout le souvenir de son fils, mort assassiné il y a une dizaine d’années.  Sur la scène du crime, elle croit reconnaître la signature du meurtrier de son fils qui, pourtant, est en prison.  Et elle va replonger dans cette histoire pendant les quelques jours où elle restera sur son lieu de naissance.

 

En parallèle, retour dans le temps.  On rencontre aussi Julie Carville, 13 ans.  Nous sommes à la fin de la première guerre mondiale et son chemin va croiser des soldats, pour son grand malheur. Elle va vivre l’opprobre de sa famille et graduellement, nous allons connaître sa descendance.  On se doute que les deux histoires vont se croiser… reste à savoir comment.

 

Ce n’est pas une histoire simple.  Il y a des tiroirs, et des tiroirs dans des tiroirs.  On apprend des choses jusqu’à la toute fin, la construction est intelligente, tout se tient et si l’histoire met un petit moment à se mettre en place, une fois dedans, il est difficile de le lâcher. J’aime énormément cette construction qui nous balade d’un point de vue à l’autre, d’une époque à l’autre, comme des instantannés.  Les personnages sont ambigüs, complexes, on entre profondément dans leur psychologie et rien n’est gratuit dans le récit. Bref, une réussite pour moi, qui aime les histoires où il y a un peu (un petit peu) de psychogénéalogie et où les relations familiales laissent des traces indélébiles sur les personnages.

 

De plus, j’ai adoré la plume, avec ces chapitres qui commencent pas « je n’aime pas », qui nous permettent de cerner le personnage d’Iris et qui semblent annonciateurs de malheur et de noirceur.  Malgré le côté sombre (voire même très sombre) du roman, il y a souvent une réelle poésie dans l’écriture et ça m’a beaucoup plu.

 

Ah oui… j’ai tenté l’audio… et je ne recommande pas. Le ton adopté par la narratrice m’a insupportée et en plus, comme le personnage bégaie, l’orthophoniste en moi n’a pas pu s’empêcher de compter le pourcentage de syllabes bégayées… bref, un vrai calvaire d’écoute pour mes oreilles bizarrement habituées.  Et je vous entends penser… est-ce que mon côté devin avait tout vu venir?  Une partie… et il y a une petite incohérence dont je ne peux pas parler qui m’a fait douter.  Bref, c’est bien fait, et pour une fois, je n’avais pas tout bien emboîté.  Ce qui vaut la peine d’être mentionné!

 

À lire si vous n’avez pas peur d’être brassés.

6 Commentaires

Passer au formulaire de commentaire

  1. Du noir très noir, je suis preneuse, en plus poétique, cela ne se refuse pas !

    1. Tu me diras. J’en ai lu de toutes les sortes sur ce roman.

  2. Une auteure que j’aime retrouver à chaque nouveau livre.

    1. C’était ma première rencontre. Je réessaierai certainement, mais pas en audio!

  3. J’aime les tiroirs dans les tiroirs et j’aime me faire un thriller de temps en temps. En plus, si tu n’as pas tout deviné, moi je ne risque pas d’anticiper quoi que ce soit !

    1. J’ai bien aimé, en fait. J’aurais juste dû le lire papier!

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.