Prep (Campus) – Curtis Sittenfeld

Prep---Sittenfeld.jpgPrésentation de l’éditeur

« Lee Fiora, une jeune fille de 14 ans intelligente, laisse sa famille derrière elle en Indiana pour fréquenter la prestigieuse Ault School dans le Massachussets.  Pendant les quatre prochaines années, son expérience à Aults – relations complexes avec les professeurs, amitiés intenses avec d’autres filles, une obsession constante par rapport à un camarade de classe qui est moins qu’un petit ami mais plus qu’un simple crush – révèle un portrait singulier des hauts et des bas universels de l’adolescence. »

 

Commentaire

J’avais lu toutes sortes de commentaires au sujet de ce roman.  Des gens qui avaient adoré, d’autres qui ont vraiment mais alors là vraiment détesté.  Et parmi ceux avec qui j’ai souvent des goûts communs, il y en avait des deux côtés.  J’ai eu – of course – envie de me faire ma propre opinion et pour finir, vu que j’ai beaucoup aimé, je crois que j’ai bien fait. 

 

Ce qu’il faut savoir, en tout premier lieu.  Il n’y a pas de « grosse » histoire dans ce roman.  Il ne faut pas s’attendre à des péripéties extraordinaires ou à une aventure qui va changer la vie de Lee.  Elle nous relate simplement, plusieurs années après les faits, ses années dans une « boarding school » (comment vous diriez, en français… pour ma part, je dirais « au pensionnat » mais ça a quand même pour moi une drôle de connotation…) remplie de jeunes provenant de milieux aisés.   Le rythme est lent, on a droit à des scènes quotidiennes qui rendent très bien l’atmosphère un peu étouffante de cette école, où tout le monde se connaît, où tout le monde vit les uns sur les autres. 

 

Deuxièmement, Lee, l’héroïne, n’est pas nécessairement attachante.  Elle représente une minorité d’adolescents qui vivent une angoisse – très – profonde à ce moment de leur vie et, sans doute pour se protéger dans ce monde qui lui est inconnu, elle devient pratiquement transparente, se laisse marcher sur les pieds et traiter n’importe comment.  Pas que les gens soient particulièrement méchants avec elle, mais elle ne leur permet pas de s’approcher, joue l’indifférente.  De plus, si elle évolue un peu au cours du roman, disons que ça ne se fait pas nécessairement rapidement et qu’elle n’apprend pas nécessairement de ses erreurs.  Ce n’est qu’à la toute fin que j’ai pu un peu m’y attacher, sans toutefois m’y identifier. 

 

Vous lisez ça et vous vous demandez pourquoi j’ai aimé, j’imagine.  D’abord, malgré tout ça, je ne me suis pas ennuyée une seule minute, ce qui est déjà bon signe, dans un roman où il n’y a pas de péripétie abracadabrante.  Ensuite, j’ai beaucoup aimé l’écriture.  L’auteure a réussi à créer une atmosphère de vase clos qui n’est pas réellement étouffante car on réalise que prise autrement, elle aurait pu être agréable.   J’ai aimé comment les actions du quotidien, les petits drames, les tergiversations, les préoccupations pour des futilités  soient au centre du roman parce que bon, quand on est ado (et même adultes hein), on est horriblement égocentré et on s’imagine toujours que tous les yeux sont braqués sur nous.  Ou pas.  J’ai eu l’impression d’y aller, à cette école.  À la fin du roman, on a presque l’impression de connaître un peu tout le monde tant ils font partie du paysage.  Mais tous ces gens font surtout partie du tout qu’est « Ault », qui est à lui seul un personnage important du roman.

 

Tout au long de ma lecture, j’ai eu envie de secouer Lee, qui est, en fait, l’architecte de tous ses problèmes.  Elle n’a aucune confiance en elle et demande carrément aux gens de lui marcher dessus.  On a le goût de hurler quand on la voit se torturer pour un garçon qui semble complètement vide et vain.  Et encore davantage quand elle dicte elle-même les conditions qui la feront tant souffrir par la suite.  Pour se protéger, of couse.  Pour lui donner la permission de la traiter comme rien du tout.  On a également envie de lui crier de ne pas uniquement se fier aux apparences, de laisser une chance aux gens, de s’impliquer, que diable.  Car si elle reste extérieure, elle l’a quand même un peu cherché.   Alors bon, je ne m’y suis pas attachée, mais elle est venue me chercher, la demoiselle.  La relation avec les parents est intéressante également  et certaines scènes m’ont donné le goût de hurler… et m’ont rappelé ma propre adolescence.  Autant j’étais une bonne fille un peu partout, avec mes parents, j’étais une peste.  Et si j’avais eu un père comme celui de Lee, qui veut bien faire mais qui se laisse envahir par ses propres sentiments, tout en se fichant un peu de ce que les autres pensent, j’aurais fait un drame.  Pourtant, il n’est pas méchant hein.  Mais je pense que plus que tous les filles/fils à papa parfois désagréables, c’est ce personnage qui m’a le plus interpellée. Viscéralement.  Pour des pécadilles.

 

La vision de l’élitisme, du racisme et même du sexisme qui est véhiculée dans le roman n’est pas nécessairement claire.  On sent qu’il y a une critique de société là-dessous mais étant donné le point de vue qui est celui d’une adolescence, elle ne réalise pas à quel point ces choses sont présentes, et de quelles façons insidieuses.  Du coup, on ne nous assome pas à coups de sermons à ce sujet.  Les indices sont là, bien sûr.  Très là, même.  Souvent répétés. Il suffit au lecteur de les attraper.  Et ça, ça me plaît quand on ne pense pas qu’il faille tout m’expliquer au fur et à mesure. 

 

Bien entendu, au début du roman, je me suis questionnée.  Ce roman est raconté plusieurs années après et au départ, je sentais très peu le regard critique de la Lee adulte sur ses comportement adolescents. Il n’apparaît que plus tard dans le roman et même si Lee revient sur ces années, sur ce qu’elle était, sur ce qu’elle a fait de ses années de boarding school, même si après une telle intensité sa vie lui semble parfois un peu fade, il n’y a pas d’idéalisation et de nostalgie dans le roman.   Lee était malheureuse, étrangère.  Et on le ressent. Elle est fidèle à elle-même et le portrait est quand même crédible. 

 

Bref, une lecture qui m’a beaucoup plu, mais que je ne conseillerais pas à tout le monde.  Je ne crois pas non plus que ce soit pour les très jeunes ados, qui risquent de trouver ça un peu long.  Le prince charmant n’est en effet ici pas si charmant – quoi que finalement, elle ne lui a pas non plus laissé sa chance hein… il m’a un peu surpise à la fin – et les scènes de sexe ne sont pas nécessairement très valorisantes pour Lee.  Mais en tant que lectrice adulte, j’ai aimé.  Et j’ai su faire la part des choses!

 

26 Commentaires

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  1. J’ai lu ce livre il y a très longtemps et il m’avait bien plu, suffisamment pour que je le remette récemment dans ma pile, car mes souvenirs en sont vagues. 

    1. Virginie: Ah oui, j’ai hâte de voir ce que tu vas en penser maintenant, alors… on change, des fois!  Moi, j’ai aimé, même si la jeune fille n’est pas particulièrement agréable au premier abord. 

  2. J’avoue que ta présentation ne me donne pas envie !

    Je déteste les personnages passifs et pleurnichards, donc je crois que je vais passer mon tour pour cette fois (d’après ma mère, je suis restée une grande enfant pour la lecture et les séries : il me faut un personnage auquel je puisse m’identifier et m’attacher un minimum, ainsi qu’une
    bonne histoire…) ! 

    1. Jaina: Pour une fois que je ne suis pas une horrible tentatrice.  Pourtant, j’ai beaucoup aimé ce regard sur le monde adolescent.  J’ai trouvé ça assez juste comme portrait, du moins en ce qui concerne une certaine couche de la société. 

    • Maud sur 02/02/2012 à 02:31

    Moi au contraire ta critique me donne envie, ça me rappelle » Qui es-tu Alaska? ». Je le lirai.

    1. Maud: C’est différent d’Alaska (dont je parlerai bientôt) mais j’ai aussi aimé.  J’aime les lectures « d’école »!

    • Izar_Ederra sur 03/02/2012 à 09:19

    C’est très bizarre, je suis en train de lire la série Campus de Kate Brian, et c’est exactement la même histoire (noms de lieux et de personnages différents, c’est tout)! J’ai même vérifié que le nom de l’auteur ne soit pas un pseudo… Si certains d’entre vous ont lu les 2 auteurs, je serai curieuse d’avoir vos impressions… 

    Bonne journée à tous! 

     

    1. Izar_Ederra: Ah oui, je suis super curieuse, là… Je pense que je vais ajouter le Kate Brian à ma wish list, je suis super curieuse!

  3. Le mieux étant de se faire sa propre idée, je suis d’accord avec toi.

    1. Alex: Voilà!  Il ya des romans comme ça qui ne plaisent pas à tous et même si j,ai aimé, je sais pertinemment que ça ne plaira pas à tout le monde!

  4. Dans ma lal depuis un moment…

    1. Edelwe: Moi, ça m’a plu.  J’espère que ça pourra te rejoindre aussi!

    • Manu sur 04/02/2012 à 01:26

    Ton commentaire me rassure, il est dans ma PAL depuis noël et je sens qu’il va me plaire. Tout ce que tu en dis m’en persuade. Et puis, si tu aimé, normalement, ça devrait me plaire 

    1. Manu: J’espère que ça va te plaire, alors.  C’est difficile de prévoir qui va aimer pour ce livre, tellement il est un peu particulier.  Tu m’en redonneras des nouvelles!

    • Cess sur 06/02/2012 à 09:31

    Je crois que je vais passer mon tour… L’héroine pas spécialement attachante, je sais pas trop… 
    Et puis c’est pas vraiment une lecture midinette donc ?! 🙂  

    1. Cess: Non pas vraiment.  Pas du tout, en fait ;))

    • Pistache sur 07/02/2012 à 09:45

    Voilà un livre qui traîne dans ma PAL depuis au moins deux ans, acheté pour 1$ dans une vente de surplus  de bibliothèques. Tu me donnes de goût de l’ouvrir et de me lancer.

    1. Pistache: J’espère que ça te plaira.  Ce n’est pas pour tout le monde mais j’ai aimé l’asmotphère et le petit monde en vase clos qui y est décrit. 

  5. Il à l’air assez sympa , pour une journée toute calme et entre deux livres plus intenses 😉

    je le note, merci de cette découverte …

    1. Hylyrio: Ce n’est pas une lecture suuuper légère mais quand même pas lourde non plus (je suis vraiment super précise hein!!  L’art de parler pour ne rien dire!)  Mais moi, ça m’a plu!

  6. J’ai bien aimé ce roman, je l’ai trouvé bcp plus profond qu ela couv’ ne le laisait présager. L’écriture et l’environnement m’ont un peu fait penser à « Auprès de moi toujours »…

    1. Nymphette: En effet, ce n’est pas du tout un roman de midinette. C’est un peu oppressant, on sent le profond mal être de l’héroïne, on ne comprend pas toujours… mais ça m’a beaucoup plu.

  7. Devine quoi ? Il est déjà dans ma PAL depuis un petit moment ! Parce qu’il était impossible que je résiste à un roman dont le titre français est Campus (oui, malheureusement, je l’ai acheté en français alors j’espère que les bémols des avis négatifs ne concernent pas la traduction !)

    1. Joelle: En fait, ce n’est pas une histoire si légère que ça.  Si quelqu’un le lit pour rire ou pour une histoire cute d’amour, il va être déçu.  Et je comprends hein… Campus, c’est irrésistible comme nom quand on adore les romans d’école!

    • amiedeplume sur 21/05/2014 à 00:37

    Je n’ai pas accroché…

    1. Amiedeplume: Dommage…mais les avis sont suuuper contrastés sur ce roman, du coup, je ne suis pas surprise. 

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