Veiller sur elle – Jean Baptiste Andrea

Je ne sais pas si j’aurais décidé de lire ce roman sans le Goncourt. Sans le fait que plusieurs aient dit que c’était un roman trop « populaire » et « facile » pour gagner le Goncourt. Du coup, je voulais le lire, Of course.

De quoi ça parle

Mimo n’a pas été gâté par la vie. Il présente de l’achondroplasie, a été envoyé en apprentissage à un scupteur sans intérêt et jaloux. Viola a grandi tout près de chez lui, mais elle est née dans une riche famille, a grandi choyée par la vie, mais ses parents ont pour elle des ambitions. Ils n’auraient pas dû se rencontrer dans l’Italie de l’entre-deux guerres mais ils vont devenir tout l’un pour l’autre.

Mais le fascisme rôde et leurs différences de classe ne vont pas simplifier leur relation. Et que dire de cette mystérieuse Pièta sculptée par Mimo qui doit rester loin des regards?

Mon avis

Ok, ce roman est hyper accessible. Ok, il y a quelques facilités. Mais depuis quand est-ce une mauvaise chose? Surtout quand, comme moi, on le dévore en 3 jours? Je suis bien obligée de dire que j’ai vraiment beaucoup aimé ce roman qui raconte l’histoire de Mimo, un homme plein de contradictions et de failles. Il n’a pas tiré les bonnes cartes, fait beaucoup de mauvais choix pour réussir, pour être à la hauteur de Viola, son grand amour. Il a un talent fou pour la sculpture, n’aime pas jouer selon les règles établies et a la morale élastique. Viola, quant à elle, refuse les règles établies mais vit dans un univers très codifié, à une époque où il n’est pas facile d’être une femme. Une femme intelligente? Encore pire. J’aime énormément ce personnage qui n’est pas d’accord avec sa famille qui se rapproche de Mussolini mais qui a aussi des périodes difficiles. Vraiment difficiles.

On parle de longueurs… peut-être. Peut-être les scènes de beuverie sont-elles un peu redondantes. Mais j’ai dévoré cette histoire. J’ai été in-ves-tie. Les chapitres relatifs à la Pièta m’a énormément plu. Cette sculpture qui fait un effet incroyable à plusieurs personnes et qui doit rester cachée dans un monastère, monastère où se meurt maintenant Mimo, qui partira probablement avec le secret de cette sculpture. Et parce que je n’ai pas cherché, parce que mon attention était retenue ailleurs, par cette histoire d’amour impossible, j’ai été ma foi surprise par la dernière phrase. Parce que je ne croyais pas qu’il y avait là quelque chose à voir venir. Et je suis restée la bouche ouverte. Pour une petite chose. Toute petite.

Cette histoire a un vrai souffle romanesque. On voit passer le début du siècle à travers les yeux des personnages, on voit leurs contradictions, il y a presque une touche de réalisme magique, j’ai aimé détester certains personnages… bref, ça passe parfaitement avec moi. Ils existaient, ces gens, avec leurs passés et leurs blessures qui vont influencer leur choix. Et j’adore Viola! Je l’ai dit hein? Je vais donc me répéter… j’adore Viola!

Agréable surprise. Je ne m’attendais pas à tant aimer.

Match – Lili Boisvert

J’ai récemment entendu parler de ce livre sur la chaîne d’un youtubeur québécois (et réalisateur et animateur) connu pour parler de livres. Ceci dit, il en parle une ou deux fois par année et il est full populaire. je l’ai entendu en parler et je me suis dit… HEIN? A-t-on lu le même livre? Alors je vous en parle à mon tour.

De quoi ça parle

Emilie, jeune femme présente sur les réseaux, féministe et chroniqueuse rencontre Ludwig à travers Tinder. Elle l’aime bien, le trouve chouette et drôle et malgré les red flags, elle va entrer dans cette relation qui sera toute sauf saine.

Et non, ça n’est pas « bourré d’humour » et ça n’est pas un florilège de rencontres Tinder. Pas du tout.

Mon avis

Entendons-nous, je suis des méchantes personnes qui ne trippent pas taaaant sur l’autofiction. En fait, non. Je ne suis pas ATTIRÉE par l’autofiction. Et ici, même si ce n’est pas précisé comme tel, ça y ressemble. Le personnage principal a le même passé que l’autrice, surtout au plan professionnel (en fait, pour le reste, je ne sais pas du tout) et les gens qu’elle rencontre, avec qui elle collabore, ont beaucoup en commun avec des personnes connues ainsi qu’avec leurs oeuvres. Bref, Émilie ressemble à Lili. Ses idées ressemblent à celles de Lili. Je ne sais pas si elle raconte ici son histoire d’amour toxique, mais c’est possible.

C’est une histoire de la blonde d’un mec violent. Sauf que c’est la violence qui semble moins spectaculaire, celle qui fait des bleus sur l’âme et pas sur le corps. La violence qui ne se rend jamais jusqu’au coups mais qui ne s’arrête jamais.

Ça semble « déjà lu » mais ce qui m’a interpelée est l’effet de cette situation sur cette femme, qui se définit elle-même par une femme forte, féministe, militante. Elle aussi peut se laisser prendre dans une telle spirale. Même si elle est elle, même si elle combat pour les droits des femmes. Ce récit nous montre que même quand on sait, on peut tomber dans l’aveuglement volontaire parce que ça fait trop mal de l’accepter. D’accepter que la « femme forte » se soit fait manipuler par un mec. Parce qu’après, elle est qui quand cette réalisation contredit la définition précise qu’elle a d’elle-même?

Et parfois, les commentaires! Elle, elle est forte, le mec, lui, il a souffert, tellement vulnérable, ça explique ses comportement, son imprévisibilité… disons que ça m’a rappelé des souvenirs!

Par contre, comme souvent avec ce type de texte, je me suis sentie voyeuse. Comme si je n’avais pas besoin de savoir tout ça concernant une personnalité publique. Je réagis aussi différemment quand l’auteur n’est pas une personne connue mais ici, j’avais quand même un petit malaise. C’est ce qui m’a empêchée d’être totalement embarquée dans l’histoire.

Côté plume, c’est très simple, très direct, sans fioriture. Pas le type d’écriture que je préfère mais ici, contrairement à un autre roman que j’ai lu de l’autrice, ça collait avec le propos. C’est sur celui-ci que l’attention est mise, pas sur le style. Je comprends le choix. Mais il demeure que le sujet est important… et que j’ai aimé!

Ce que je sais de toi – Eric Chacour

J’ai décidé de lire plusieurs prix littéraires. Si j’ai fait ce que je suis supposée faire, il devrait déjà y avoir une vidéo à ce sujet. Ma mère m’avait mentionné qu’elle avait beaucoup aimé ce roman, que c’était hyper accessible… et je me suis décidée.

De quoi ça parle

Le Caire, 1980. Tarek est médecin, il a suivi la vocation de son père, il est marié, il a une famille, une belle maison. Et il va bien. C’est quand il décide d’aller pratiquer dans un quartier très pauvre du Caire, presque sur une pile d’ordure, qu’il va basculer.

Il va rencontrer un jeune homme alors qu’il va soigner la mère de ce dernier. Il va nouer une relation avec de duo mère-fils… et finalement avec le fils. Et son existence sera bouleversée.

Mon avis

Disons-le d’emblée, j’ai adoré cette lecture. On m’avait bien dit que c’était bien, mais je ne m’attendais pas à aimer autant. C’était exactement ce dont j’avais besoin. Ça se lit tout seul, c’est fluide mais littéraire à la fois. J’ai totalement adhéré à la narration, à ce « tu » dont on comprend assez facilement l’origine. Sauf que peu importe. Et que la fin rend ce « tu » encore plus intéressant. Bref, c’était pour moi. Juste pour moi.

C’est l’histoire d’un homme qui a suivi une voie qu’on a choisie pour lui. Il a suivi les traces de son père, ne sachant pas trop comment vivre autrement. Ses désirs à lui n’avaient pas leur place. Il n’a pas su leur faire une place dans cet univers, ces traditions et dans cette famille. C’est un homme touchant, qui souhaite aider mais cette clinique hors de son monde à lui va occasionner une rencontre, et cette rencontre va bouleverser sa vie, jusqu’à le mener à l’exil. C’est que le drame éclate et qu’il ne voit aucune autre solution que de partir.

À cette époque, au Caire, les relations entre hommes n’était pas nécessairement bien vues (ceci dit, ce n’est pas simple non plus maintenant). Surtout dans ce contexte. Et l’honneur de la famille, c’est important. Bref, il est parti. Et il vit depuis entre deux mondes, loin de tout, dans la gadoue, sans passion. Il est entre ici et là-bas, étranger partout, même à sa propre vie. Comment accepter le fait d’avoir laissé des gens derrière soi? Les personnages de Chacour sont complexes, les relations entre eux faites de zones de gris et j’ai été touchée par chacun d’entre eux, même si leurs actions m’ont parfois fait rager.

On se balade entre passé et présent, entre l’Egypte et Montréal… et sérieusement, cette narration… j’aime encore plus quand je pense à ce qu’est réellement ce récit. Bien fait. Très bien fait. Ensorcellant et fascinant.

Que notre joie demeure – Kevin Lambert

C’est le troisième livre que je lis de Kevin Lambert. Je l’ai un peu connu enfant et j’ai tout de suite été curieuse. Du coup, depuis, je le suis. Et cette fois, il a gagné le Médicis. Du coup, il fallait bien que je le lise n’est-ce-pas! Avec des attentes dans le plafond!

De quoi ça parle

Céline Wachowski est une architecte montréalaise. Mais une architecte-star. Talentueuse certes, mais très « in ». Glamour. Quand elle est engagée pour un énorme projet à Montréal, « sa » ville, pour créer un siège social pour « Webuy », un genre d’Amazon imaginaire, elle est ravie et persuadée de faire quelque chose de bien. Sauf qu’elle a des détracteurs. Et nous allons assister à sa chute.

Mon avis

Kevin Lambert est un homme cultivé. Il y a toujours une vraie recherche dans ses romans, dans son écriture. Des messages aussi. Ici, on discute de la vie des ultra-riches, mais surtout du capitalisme, des politiques et de la gentrification. Et même si le parti pris par l’auteur est clair, il réussit tout de même à faire ressortir quelques zones un peu grisées. Un peu. Genre, les protestataires ne sont pas non plus toujours sans reproche.

Ici, je suis encore une fois très fan de la plume. L’hommage à Marie-Claire Blais est perceptible et on ressent également plusieurs accents proustiens. Et bon, cite Proust… and I’m there. Toujours. C’est certes très travaillé, les premières phrases durent… quelques pages, mais c’est le genre d’écriture dont je me délecte. Et dans ce cas, cette qualité littéraire a fait que j’ai pu apprécier la longue scène d’ouverture, où nous entrons dans la tête des ultra-riches, de ceux qui ont le choix, de ceux qui font les règles. Nous assistons à une grande fête, très chic, très glamour (et très chère), alors que chacun vit ses propres petites anxiétés, tout en étant persuadé de sa propre supériorité. Bref, personne n’est vraiment très sympathique.

Toutefois, le personnage de Céline est plus fouillé. Elle est riche. Très. Mais elle se croit de gauche, est persuadée d’être une bonne personne. Et le pire, c’est que ses intentions ne sont pas nécessairement mauvaises. Elle croit en son projet. Elle croit que ça va être positif pour Montréal et pour les citoyens. Elle a tenté d’évincer le moins de gens possible. Mais derrière la femme, derrière ces bonnes intentions, il y a une multinationale. Et un jour, quelqu’un va en parler. Et Céline va tomber.

La réflexion derrière le tout est intéressante mais on offre assez peu de réponses, assez peu de pistes de solutions. Y en a-t-il une? J’ai aimé lire sur l’architecture, sur l’urbanisme mais j’aurais aimé davantage de résolution. Cette lecture m’a fait ressentir un réel malaise. Parce que je me retrouvais entre deux chaises. J’emmerde tout le monde depuis des années avec ma « limitation de la richesse personnelle » et impossible de ne pas détester le capitalisme après cette lecture. Les puissants décident, ceux qui ont de l’argent décident (juste à penser QUI précipite le plus la chute de Céline), on se fout des gens, même si on tente de sauver les apparences. Sauf que bon. On fait quoi avec les quartiers? On fait quoi avec les immeubles insalubres? Je peux parfaitement comprendre l’horreur de se voir pousser hors de son quartier. Je regarde les prix des apparts un peu partout et je panique. Mais tous les projets sont-ils mauvais? Laisse-t-on le tout en l’état? Même quand ce sont des bidonvilles, c’est le « chez eux » de gens… bref, il n’y en a pas de bonnes solutions.

J’ai donc bien aimé. Je ne suis pas tombée sur le c… non plus et j’avoue avoir préféré son premier livre. C’est réfléchi, bien fait, il est intéressant d’explorer les insécurités de ces fort nantis et de voir les histoires qu’ils se racontent pour se justifier. C’est clairement anti-capitaliste mais les personnages restent crédibles. Céline devient le bouc émissaire de tout un système (auquel elle a certes participé, mais elle n’était clairement pas la seule responsable), mais disons que quand on a des sous…

Bref, je suis ressortie en colère. Contre la situation. Et contre ceux qui croient normal de détenir une si grande proportion des richesses.

Hell Bent – Alex Stern – 2 – Leigh Bardugo

Je fais partie de ceux qui avaient bien aimé Ninth House. J’avais trouvé des lenteurs, certes. Mais j’avais appris à apprécier Alex, jeune fille qui revient de loin et qui peut voir les fantômes, aux prises avec un monde de privilégiés dont elle ne détient pas les codes. Du coup, j’ai lu le tome 2. Que dire, que dire…

De quoi ça parle

Encore une fois, difficile de ne pas spoiler le tome 1 quand on veut parler de ce tome 2. Je me contenterai de dire que nous sommes toujours à Yale, dans le petit univers des sociétés secrètes et qu’Alex fait son possible, tout en essayant de comprendre ce qui a bien pu arriver à Darlington, le Gentleman de Lethe et surtout de voir si elle peut faire quelque chose pour le récupérer.

Mon avis

En fait, quand on lit le résumé, on comprend un peu ce qui a pour moi posé problème dans cette suite: mais de quoi est-il question, en fait? Quel est l’arc narratif global? Une histoire de rédemption, de bien et de mal? Quand on sent que l’auteur souhaite qu’on se balade à l’aveuglette dans un roman, je n’ai aucun souci avec ça. Au contraire, j’aime. Mais là… j’ai eu l’impression de lire un roman plein de bonnes idées, mais avec un sérieux problème de rythme. Un souci d’exécution, quoi. Comme si pendant le premier tome, on allait dans une direction… et que ça changeait en plein milieu. Vous me trouvez donc assez mitigée.

En fait, j’ai trouvé ma lecture in-ter-mi-na-ble. Les événements sont un peu répétitifs, ça ne finit jamais de finir… autant j’avais lu le premier en une journée, autant ici, ça a traîné en longueur Je n’ai même pas réussi à le finir en 2024. Pourtant, les personnages, eux, n’arrête pas une demi-seconde pour respirer. Ce qui fait que les moments de tension sont… la norme. Décevant donc.

Et décevant surtout parce qu’il y avait de quoi faire. J’aime beaucoup les personnages. Alex est un personnage intéressant et complexe sous ses apparences de fille dure à cuire qui a dû faire ce qu’elle peut pour survivre. Darlington est… Darlington et Dawes est à découvrir. L’ambiance Dark Academia est moins prégnante dans ce tome et je me suis sentie davantage dans un roman d’urban fantasy. Ce qui était peut-être l’objectif.

Ceci dit, j’adooooore le setting de Yale. L’autrice s’est servie de vrais éléments architecturaux, de vraies inscriptions et les a intégrés dans son histoire. Vous pouvez vous imaginer que je me suis amusée à aller vérifier. Il y a donc un vrai travail de recherche, de l’imagination dans l’interprétation… beaucoup de belles choses. Mais j’ai jonglé avec l’idée d’un DNF pendant toute ma lecture. Et oups, il se passait quelque chose de BIEN!

Genre, à la fin. Comme ça donne l’impression d’un roman arrêté au milieu, il va falloir que je lise la fin. Of course.

Et le commentaire inutile du jour : Non mais il y a une b… lumineuse et prête à l’action tout au long du roman… et on ne va pas l’utiliser? I feel cheated!

Tant que fleuriront les citronniers

Ce livre, c’est à cause de la couverture. Et de la Syrie. Je ne connais tellement rien à l’histoire de ce pays. J’ai lu un peu lors de la destruction de Palmyre en 2015 mais à part ça… presque rien. Du coup, je voulais savoir. Et bon, la couverture quoi! Quand je l’ai reçu-par-surprise, j’ai fini par le lire. Of course.

De quoi ça parle

Samira a 18 ans. Elle avait un avenir devant elle, elle voulait devenir pharmacienne, sa mère voulait lui arranger un mariage. Mais nous sommes en 2011 et l’Armée syrienne Libre contrôle son quartier… ce que le gouvernement en place n’a pas apprécié et la ville est constamment la proie des bombes et des snipers. De sa famille, il ne reste que sa belle-soeur, Layla, enceinte et elle a promis à son frère emprisonné qu’elle la protégerait. Même si ça signifie fuir sa terre natale. Mais elle va rencontrer Kenan…

Mon avis

J’avais lu terriblement de bien sur ce roman. J’avais donc des attentes. Pas des attentes ordinaires, là. Des ATTENTES. J’aurais peut-être dû en avoir moins. Parce que certains côtés m’ont plu… mais que d’autres mon laissée froide. Devinez de quelle partie j’ai le moins aimé? L’histoire d’amour. Of course. C’était bien, là. Je n’ai rien à reprocher, le garçon est gentil avec Samira… voire un peu trop. Je comprends que l’autrice a voulu leur donner des traditions, des inside jokes… mais toujours les mêmes, à répétition, ça devient lourd. Idem pour les références. Miyazaki, c’est bien. J’aime Miyazaki, le château dans le ciel et Princesse Mononoké. Mais c’était beaucoup.

Bref, ce n’est pas que du négatif, loin de là. Quoique je pourrais aussi dire que la plume est assez moyenne. Pas mal, mais pas folichonne non plus. Mais je crois toutefois que ces histoires doivent être racontées. Que l’on soit d’accord avec la politique ou non. Et ici, de toute façon, la révolution de 2011 est très peu expliquée, on n’en connaît peu les enjeux. On sait seulement que pour les gens du quartier, ce soit « les bons », vu que les autres les tuent, femmes et enfants inclus. Sérieusement, la barbarie des actes est terrible. On vise les civils, on bombarde les quartiers résidentiels… c’est d’une violence folle. Les gens ont tout perdu et tentent juste de survivre. Samara, malgré sa vie différente, sa culture différente, ses croyances différentes, est une jeune fille de 18 ans avec des espoirs comme toutes les autres, une envie de tomber amoureuse, d’avoir un avenir. Pour l’occidentale que je suis, il est parfois difficile de comprendre comment on peut accorder une telle importance à une mèche de cheveux (à plusieurs occasions) quand les bombes pleuvent et que tu es toi-même chirurgienne… mais question de culture et de croyances, j’imagine. En plus, je crois qu’il est intéressant pour les gens de différentes cultures d’être représentés dans les histoires d’amour et dans la façon de se courtiser. Nous ne somme pas la cible de tous les romans!

Ceci dit, certains éléments de l’histoire sont déchirants. C’est tellement injuste, tellement enrageant. C’est une lettre d’amour à la Syrie, à ce qu’elle aurait pu être. C’est d’une tristesse folle mais il reste tout de même de l’espoir, même si parfois, il semble lointain. Le personnage principal a vécu l’horreur et est en état de choc post traumatique et tente de dealer avec sa propre culpabilité et sa vulnérabilité. Peut-elle fuir quand les gens souffre? Elle passe ses journées à soigner les blessés, le tout après une année de pharmacie. Son cheminement, ses questionnement, le tout sonne vrai et sont terriblement tristes. Une certaine scène est déchirante.

Bref, à tenter pour l’histoire de la Syrie, pour le contexte, pour humaniser ces gens qui nous ressemblent mais qui sont nés ailleurs. Si vous aimez les histoires d’amour en plus, ça risque fort de vous plaire!

Après les favoris, les mentions spéciales!

Parce que j’ai eu trop de bonnes lectures… il y a BEAUCOUP de mentions spéciales! Et parce que je n’ai pas encore changé depuis hier et que je suis encore gentille, voici mes mentions spéciales! La plupart des billets arriveront dans quelques semaines mais vous aurez un aperçu!

  • Tress de la Mer Émeraude – Brandon Sanderson
  • Le fou et l’assassin – Robin Hobb
  • La petite fille – Bernard Schlink
  • We ride upon sticks – Quan Barry
  • Betty – Tiffany McDaniel
  • Sourcery – Terry Pratchett
  • Un jour, ma fille a disparu dans la nuit de mon cerveau – Stéphanie Kalfon
  • Les marins ne savent pas nager – Dominique Scali
  • Les vies de papier – Rabih Alameddine
  • Je pense que j’en aurai pas – Catherine Gauthier
  • La société très secrète des sorcières extraordinaires – Sangu Mandanna
  • Les mémoires de la forêt 2 – Mikael Brun Arnaud
  • Les soeurs hiver – Jolan C. Bertrand

Et vous, vos meilleures lectures et mentions spéciales? Je prends tout!

Bonne Année 2024… et voici mes favoris 2023!

Je suis gentille… si vous lisez jusqu’en bas, je vous donne les titres au cas où les vidéos (ou mon accent), ça vous énerve! 🙂

2023, c’est fini… vive 2024!

Je vous souhaite donc santé, bonheur, belles lectures, sérénité et tout plein d’aventures (dans et hors littérature).

Des résolutions? Issssshhh… les résolutions, c’est comme les piles à lire… ce n’est pas mon fort.

Lire ma pile? Heu… si vous êtes ici depuis le début, ça fait plus de 16 ans que j’essaie. Et je ne pense pas que ça ait jamais fonctionné. J’ai maintenant 4 bibliothèques à lire. Oups.

Acheter moins de livres? Même quand je n’en achète plus, la pile augmemente quand même. Einstein fait donc dire que faire la même chose en espérant un résultat différent, ce n’est pas bon signe. Donc j’abandonne cette idée!

Bref, je vais lire selon mes envies, tenter d’être plus assidue ici. Comme j’ai eu un petit passage à vide et que j’ai dû préparer la fameuse vidéo tops, j’ai des billets de planifiés jusqu’en mars. Je devrais m’en sortir. Jusqu’en mars.

Voici donc les livres mentionnés dans la vidéo ci-haut!

  • The yellow wallpaper (La séquestrée) – Charlotte Perkins Gilman
  • Le démon de la colline aux loups – Dimitri Rouchon-Borie
  • Promenade au phare – Virginia Woolf
  • Les éclats – Bret Easton Ellis
  • Beau Diable – Jean-François Caron
  • Wollstonecraft – Sarah Berthiaume
  • Lolita – Vladimir Nabokov
  • Triste tigre – Neige Sinno
  • Vidgis la farouche – Sigrid Undset
  • Ce que je sais de toi – Eric Chacour
  • Vaillante – Chris Bergeron
  • 22-11-63 – Stephen King
  • Ça – Stephen King
  • Martin Eden – Jack London
  • Kindred – Octavia E. Butler

Et demain, je vous parle de mes mentions spéciales!

BONNE ANNÉE ENCORE!

Nouées – Catherine Voyer-Léger

L’an dernier, ça a été une année… étrange. Remises en question, changements… bref, j’étais dans une drôle d’endroit. Je connais Catherine depuis les débuts de mon blogue. J’ai toujours été fan de sa pensée, de sa façon d’aller au fond des choses. Je l’ai donc revue au Salon du livre du Saguenay (en 2022… on ne se refait pas) et suite à notre discussion, lire ce livre était une évidence. Une évidence qui s’est concrétisée 15 mois plus tard… mais bon. Une évidence quand même.

De quoi ça parle

À la fin de la trentaine, Catherine Voyer-Léger a choisi d’adopter en banque mixte. Un « enfant de la DPJ ». Ce « premier jour d’une nouvelle vie » l’amène à réfléchir sur trois moments clés qui ont fait d’elle la femme qu’elle est, sur lesquels elle s’est construite.

Mon avis

À chaque fois que l’autrice poste une « réflexion existentielle », même si ce qui a amené la réflexion est souvent loin de ce que je vis, je me sens à chaque fois concernée. Je relate, comme dirait ma nièce. On dirait que je ne peux qu’être fascinée par le fait que quelqu’un d’autre ait déjà pensé ça. Bien entendu, elle le formule beaucoup mieux que j’aurais pu le faire. Mais quand même… c’est tellement, tellement ÇA. Ici, j’ai ressenti exactement la même chose. Même si, encore une fois, son vécu est à des millénaires du mien.

Étonnament, ma partie préférée a été la première, où elle réfléchit à sa nouvelle maternité, à sa fille née d’une autre, qui ne part pas nécessairement avec une ardoise vide. Ça lui donne l’occasion de réfléchir aux inégalités, à la DPJ mais aussi à la culpabilité qu’elle ressent dans cette situation. La culpabilité d’enlever un enfant à une autre mère, celle d’avoir, elle, eu de la chance. Limite celle de ne pas s’être retrouvée dans la situation où se trouve sa fille. Et de là, elle se replonge dans son enfance, dans ses relations avec ses parents, dans ses manques à elle, ses addictions à elle.

Toujours elle réussit à trouver le bon angle. Son écriture est belle, le contenu est songé mais ça se lit hyper bien. Rien d’aride ou de rébarbatif. Le propos est toujours percutant, hautement personnel tout en étant tout de même universel. Il est toujours facile de transposer à nos vécus. Au mien, du moins.

Autofiction, hautement sensible, intime… j’ai adoré ma lecture.

Je pense que j’en aurai pas – Catherine Gauthier

Le thème de la non-maternité me parle. Depuis toujours mais surtout depuis que j’ai admis la fameuse phrase sur la couverture. Et que, surtout, je n’en voulais pas.

De quoi ça parle

Il s’agit ici d’un très beau roman graphique qui parle du rapport à la maternité mais surtout à la non-maternité, de sa perception sans la société mais aussi de la façon que les femmes qui la choisissent (ou pas) la vivent.

Mon avis

Nous suivons donc une femme fin trentaine qui réalise, presque à sa propre surprise, qu’elle croit qu’elle n’aura pas d’enfant. Cette, femme, c’est moi il y a 10 ans. Tout ce qui est dit, exprimé, c’est EXACTEMENT ce que j’ai ressenti, ce que j’ai pensé. Pareil pareil. Je vais donc, encore, raconter ma vie.

En 2012, je n’allais pas si bien. Pour moi, le boulot avait toujours été la partie « facile », celle qui ne crashait jamais. Mais là, c’était la débandade. J’avais l’impression de tout rater. Et c’est quand j’ai dû m’arrêter et que j’ai été obligée de réfléchir, j’ai compris que ce que je devais régler, admettre, c’était ça.

Des enfants, je n’allais pas en avoir.

Et ce n’était pas un échec. Parce qu’en fait, sans le réaliser, j’avais TOUT fait pour ne pas en avoir. Tout boycotté. Je me disais toujours « bon, dans 2 ans… je ne veux pas que ma vie soit finie tout de suite ». Parce que dans ma tête de fille de la génération X, le contraire n’était pas vraiment une option. C’était synomyme de gros, gros ratage. Dans mon planning, j’allais me marier à 24 ans et avoir des enfants à 28. Comme mes parents. Ouais, je sais, ce n’est pas malsain pas pantoute. Mais plus je m’éloignais de cet âge, plus je me disais que j’étais clairement en train de rater ma vie. Pour quelque chose que je ne désirais pas vraiment.

Ceci dit, j’ai tout entendu. Que j’allais manquer quelque chose, que j’allais mourir seule, que je ne pouvais pas comprendre, que j’allais changer d’idée, que j’allais m’aigrir, que je ne serais jamais une femme (comme si ce statut se limitait à un utérus rempli)… Bref, tout. Et parfois, même, de façon fort bienveillante. Pour bien faire.

Bref, ce roman graphique a mis des mots et des images, sur mon vécu. Et j’ai aimé.

Les dessins sont hyper réalistes (comme la couverture), au crayon, et c’est un style qui me plait énormément. On aborde plusieurs aspects, on ne diabolise personne, c’est bien fait… bref, une belle réussite. Je conseille.