Ordinary People – Diana Evans

Le comment du pourquoi

Ce roman a fait l’unanimité sur les blogs et comme j’aime les listes, je l’avais mis sur la liste du Women’s prize for fiction. Les listes auront ma peau! Et bon, ils parlaient de Dickens ET de Tolstoï sur le vilain bandeau rouge. Comment voulez-vous que je résiste à ça? Impossible de résister à ça!

De quoi ça parle

Ce roman s’ouvre avec l’élection de Barack Obama et se termine avec la mort de Michael Jackson. Nous sommes à Londres, avec deux familles noires de la classe moyenne. L’une habite une maison biscornue au sud de Londres et l’autre a choisi la banlieue, à une quarantaine de kilomètre de la ville. Nous sommes surtout avec Michael et Mélissa sont aux yeux de tous le couple idéal. M&M. Ils ont un bon boulot, deux beaux enfants et Mélissa croit avoir trouvé la solution idéale en travaillant de la maison comme journaliste indépendante. Damian et Stephanie sont de bons amis du couple et gravitent autour d’eux, tout en vivant leurs propres remises en question. Mais après 13 ans de couple, tout s’effrite, tous sont en remise en question et tentent de retrouver le « je » au milieu du « nous », des enfants, de la routine et des rêves mis de côté.

Mon avis

Commençons par le début. Je pense que le fameux bandeau m’a induite en erreur. Dickens? Tolstoï? Ok, nous sommes à Londres et la ville est presque un personnage mais ça s’arrête là. Nous sommes loin de cette agitation, de cette animation et de ce fourmillement qui caractérise les livres de Dickens. Je comprends mieux le rapport à Tolstoï, avec l’étude de la psychologie des personnages et cette femme qui s’est perdue, mais tout de même… Bref, je n’avais pas les bonnes attentes en ouvrant ce roman, qui aurait peut-être mieux pu être comparé à Revolutionary Road de Yates. J’ai donc dû m’adapter à cette lecture, que j’ai quand même mis plusieurs jours à terminer mais auquel je vois énormément de qualités.

Ne vous attendez pas à un roman plein d’action, avec une trame narrative resserrée. Ce n’est pas ce que nous allons retrouver ici. Diana Evans décrit avec une grande finesse les sentiments des quatre personnages (bon… surtout trois des quatre personnages), qui ont la fin de la trentaine et qui sont confrontés à la réalité, celle qu’ils n’avaient pas vu venir, celle qui n’arrive qu’aux autres, mais pas à eux, qui s’aimaient tellement. Ce sont des gens ordinaires, avec une vie ordinaire et des sentiments qui semblent universels.

Les personnages sont réalistes et l’autrice décortique leurs sentiments, leurs réactions et leurs souffrances face aux difficultés du quotidien, face à la banalité et le poids de l’habitude. Leurs efforts, ensemble et séparément, pour rester deux, pour garder le cap et pour tenter de ramasser les morceaux qui s’effritent sans qu’ils ne s’en rendent compte. L’autrice nous fait voir la vision de chacun des personnages, hommes et femmes, avec une écriture très belle, avec une poésie sous-jacente omniprésente. C’est fort et à la fois profondément déprimant, parce qu’on sent que les protagonistes se sentent dépassés par ce qui leur arrive et sont profondément bouleversés. Leur détresse s’exprime différemment, entre tristesse, angoisse et colère. Dans le couple, les mots se font plus rares, ou ne sont plus reçus quand ils sont lancés. Les maisons ne referment alors que deux solitudes.

Derrière ce portrait, Londres, un Londres multiculturel, souvent violent, rempli de solitudes. Les lieux sont réels et j’ai aimé retrouver ces pavés que j’ai aussi arpentés, entre Oxford Street et les quartiers sud, rapidement traversés. En arrière plan, on y aborde, presque sans y toucher, le racisme, la violence, la solitude, mais nous sommes surtout sur la fameuse crise de la presque-quarantaine et les remises en question qui se pointent le bout du nez, quand la réalité crashent face aux rêves qu’on a abandonnés par la force des choses.

J’aurais aimé un peu plus de Stéphanie, plus réaliste, dont le point de vue est moins développé et un peu moins de surnaturel, même s’il semble très symbolique.

J’ai donc aimé la finesse de l’analyse, et après coup, je réalise que ce roman m’a marquée. Toutefois, pendant ma lecture, j’ai dû remettre mes attentes à leur place et ce n’est pas un roman que je conseillerais à tout le monde. Mais si vous aimez les analyse psychologiques et les couples décortiqués, ce roman est pour vous, sans aucun doute!

8 Commentaires

Passer au formulaire de commentaire

  1. Je garde ta conclusion et en plus, si Londres est presque un personnage, ce livre pourrait bien m’intéresser ! (Quand la bibli sera rouverte, peut-être ?)

    1. Oui, on a tous hâte que les biblios réouvrent! Pas pour demain ici (on est en retard sur vous) mais bon! J’ai aimé, mais il faut vraiment aimer les couples décortiqués!

  2. Il m’intéresse pour la ville de Londres, mais les couples décortiqués beaucoup moins.

    1. Je t’avoue qu’on est vraiment dans le grand décortiquage! Il y a certes Londres, mais ce sont surtout de ces couples dont il est question.

  3. Je crois l’avoir demandé à la bibliothèque puis oublié et donc jamais allé chercher…

    1. Ça m’est arrivé teeeeellement souvent! C’est fou!

  4. Des couples décortiqués ???? Je ne vois pas trop ce que ça recoupe …. C’est comme dans la vraie vie, quoi ? mais en mieux écrit que quand on s’engueule ace son mec ?

    1. Hahahaha! En fait, ce sont les relations qui sont analysées finement! Est-ce que c’est plus clair? Et bon, moins de « criss de câlisse de tabarnak », en effet!

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.