Nelligan – Opéra de Michel Tremblay et André Gagnon

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(Photo de Louise Leblanc, prise ici, sur le site de Québec Info Musique)

 

Je vais commencer ce billet – encore une fois – par parler de moi.  Yep, faut croire que j’aime ça.  J’ai déjà expliqué ma folle passion adolescente pour Nelligan, poète québécois enfermé dans un asile psychiatrique à l’âge de 19 ans.  Oui, oui, j’avais expliqué tout ça ici, alors que j’avais lu le livret d’opéra.   Comme je sais que rares seront ceux qui iront cliquer, je vais me répéter un peu, quand même. 

 

Cet opéra, je le sais par coeur.  Récitatifs compris.  Si un mot est changé, je le sais.  La raison est simple: il date de 1990 et à l’époque, j’avais un gros 14 ans.  Non, ça ne me rajeunit pas.  Et maintenant, vous savez mon âge!  À 14 ans, j’étais disons… passionnée.  Je lisais de la poésie, des classiques, je vibrais et j’oubliais souvenet de faire la différence entre romans et réalité.  Si je bovaryse maintenant, croyez-moi, ce n’est rien comparé à ce que je faisais à l’époque.  Du coup, imaginez une histoire vraie.  Un jeune poète incompris, interné, pour être différent et ne pas entrer dans le moule. 

 

Je me suis passionnée. 

 

Je savais tous les poèmes par coeur, j’avais mon interprétation (toute personnelle) et j’occultais toute une partie de l’histoire.  Et, bien entendu, c’était une preuve de plus que les anglais étaient les méchants de l’histoire.  Vous devriez voir les discussions passionnées que j’ai eues à ce sujet avec certaines personnes!  C’était épique.

 

Bref, vous le comprendrez,la nostalgique que je suis était vendue d’avance.  Et j’ai a-do-ré.  Oui, j’ai lu des critiques professionnelles mitigées mais moi, j’ai été transportée.  Leurs « malgré » ont fait mon total bonheur.  Rien de moins. 

 

C’est donc au Grand théâtre de Québec que j’ai entendu chanter pour la première fois les airs avec des vraies voies d’opéra.  C’était différent mais magnifique.  J’ai énormément aimé Marc Hervieux dans le rôle d’Émile vieux et Dominique Côté réussit à faire transparaître tout le mal de vivre et l’exaltation d’Emile jeune.  La mère et Françoise m’ont également beaucoup touchée et même le père d’Émile m’a paru un peu humain par moments.  Il faut savoir que c’est quand même un opéra très accessible et que par certains côtés, il a peu en commun avec les opéras classiques.  Mais je suis trop peu connaisseur pour pouvoir vraiment comparer et disserter sur le sujet. 

 

L’idée à la base de l’opéra, c’est Emile vieux, à l’asile, qui se rappelle sa jeunesse et voit réapparaître les personnages de son passé.  Il est présent sur scène tout au long de l’opéra et Marc Hervieux réussit à faire transparaître sans un moment de répit les émotions du personnage, pas si « parti » que ça, finalement.  C’est très triste.  Et nostalgique à souhaits.  Personnellement, j’ai commencé à pleurer quand j’ai vu arriver Émile jeune et sa famille.  Et j’ai fini avec l’interprétation du vaisseau d’or, à la toute fin, que j’ai trouvée particulièrement réussie.   Un côté des personnages est surtout mis en valeur, il faut l’admettre.  La soeur anglaise, la soeur française… ça peut sembler un peu simpliste.  Mais la douleur de la mère d’Émile qui le voit sombrer est tangible (dans « La dame en noir » et dans sa première chanson, que je pourrait chanter par coeur… mais dont je ne connais pas le titre) et la chanson de Françoise, l’amie et la soeur dde coeur, est très touchante.  Et j’aime toujours autant les passages qui impliquent ses amis, Charles Gill et Arthur de Bussière.  Je reprocherais à la deuxième partie d’avoir des gros pics d’émotion et une musique un peu répétitive dans les autres airs, par contre…

 

Bon, voilà.  Totalement non-objective.  Mais j’ai vraiment aimé les allusions, les non-dits.  Et l’atmosphère nostalgique reflète bien ma vision adolescente.  Bien entendu, la grande en moi sait qu’il y a des interprétations, que les auteurs ont clairement choisi une voix.  Je sais aussi qu’il y a des incohérences historiques et que c’est romantisé à l’extrême.  Par contre, j’ai volontairement fait taire cette petite voix et je me suis contentée d’apprécier. J’ai par contre bien envie de relire une bio avec mes yeux d’adulte…  attendez-vous à en voir une commentée dans le cadre de mon projet non-fiction!

 

Et je vous parlerai du reste de ma virée dans la ville de Québec dans le cadre de Québec en septembre.  Ça approche!

6 Commentaires

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  1. Tu m’intrigues là! Et j’aime tes introductions personnelles et tes commentaires passionnés!

    1. Hérisson08: :)))  Et moi j’aime en faire, ça va, donc!

  2. Nelligan est à mon avis, un des meilleurs poète Québécois. Moi qui n’aime pas vraiment la poésie, ses textes m’ont transportée aussi durant mon adolescence. Mais je ne savais pas qu’il y avait un opéra sur sa vie (inculte que je suis!)

    1. Selena: Ado, je pense que je savais tous les poèmes par coeur.  On sent les influences mais il a une imagerie et une musique toutes particulières qui me plaisait beaucoup.  Et qui me plaît encore. 

  3. Je ne connais ni le poète ni l’opéra (je connais Tremblay, quand même) mais ce que tu en dis m’intrigue. Vais aller voir ça sur le net… Et quelle chance de ne pas avoir été déçue par une œuvre qui t’est aussi proche et chère. Ahhh ces grands émois artistiques de l’adolescence avec zéro degré de recul!

    PS: tu es super jeune! (on a le même âge )

    1. Voyelle et Consonne: En fait, je savais à quoi m’attendre et je voulais être touchée.  Du coup, j’ai choisi de me replonger en mode ado nostalgique.  Et c’était bieeeen!

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