My sister, my love (Petite soeur, mon amour) – Joyce Carol Oates

my_sister_my_loveJ’avais déjà lu Joyce Carol Oates avec  « Nous étions les Mulvaney », il y a plusieurs années.  Je savais que ses univers étaient souvent cruels et sombres.  Et ça ne fait pas exception dans ce roman, que j’ai somme toute beaucoup aimé.

 

J’ai choisi ce titre car il était question de patinage artistique.  Comme plusieurs le savent, je suis une ancienne « petite patineuse »  alors tout ce qui concerne ce monde m’intrigue forcément.  Pour ce roman, Oates s’est inspirée du scandale qui avait secoué les États-Unis il y a plusieurs années déjà, celui du meurtre chez elle de la petite JonBenet Ramsay, petite reine de beauté de 6 ans, dont le meurtrier n’a jamais été identifié.   Cette histoire est réinterprétée et transposée dans un autre monde, celui du patinage artistique.  Vous pouvez imaginer que la décision de l’auteur de traiter du sujet a suscité une certaine polémique!

 

Le narrateur est exactement comme je les aime.   En effet, il s’agit du frère aîné de la jeune Bliss Rampike, qui est en asile psychiatrique et qui a décidé d’écrire l’histoire à sa manière.   Tout au long du roman, on se demande à quel point on peut se fier à ce qu’il dit, s’il se croit lui-même, ou s’il nous ment… bref, c’est très déstablisant.   Il y a des allers-retours dans le temps, des moments où ça s’accélère, d’autres où ça se répète, où ça stagne… et j’adore ça!

 

Bix et Betsey Rampike sont moyens.  Très moyens.   Et ils voudraient être plus.  Après avoir essayé en vain de surinvestir leur fils, ils réalisent que leur fille de 4 ans, Edna Louise, a un talent certain pour le patinage artistique.   Du coup, leur vie va s’orienter autour de la petite fille, qui va changer de nom et se transformer en starlette aux costumes sexy « légèrement rembourrés », bourrée de médicaments, sous la houlette de sa mère qui semble parfaite mais qui a un mal fou à s’intégrer dans le monde « high class » de son mari.

 

C’est glaçant, dérangeant et déstabilisant.   Cette mère qui ne vit que pour sa fille, qui a organisé sa vie en fonction de ça, mais qui le fait surtout pour elle, ce père qui est là et ailleurs à la fois et qui ment comme il respire.   Ils ont côté superficiel qui est limite écoeurant.  Et notre narrateur, complètement marqué par le meurtre de sa sœur, se demande surtout si c’est sa faute, si c’est lui qui a fait ça…  et il n’a pas de moyen de le savoir.

 

Roman dur, très bien construit, et auquel je ne reprocherais que les nombreuses entorses faites au monde du patinage artistique pour coller au sujet original.  A moins que ce soit bien différent aux États-Unis, ça ne fonctionne pas tout à fait comme ça dans le monde des compétitions de haut niveau.  De plus, les descriptions de routines de patinage sont un peu surréalistes pour quelqu’un qui connaît ça.  Disons qu’une « figure eight », ça ne va pas dans un programme long!  Mais j’ai réussi à passer par-dessus.  Du coup, ça doit vouloir dire que le roman est bien parce que c’est tout à fait le genre de chose qui avait le potentiel de me hérisser au plus haut point.

 

Bonne lecture, bien que difficile.

2 Commentaires

  1. Ne connaissant rien au monde du patinage, je n’ai pas eu tes scrupules… et heureusement que tu es passée par dessus car quel excellent roman ! Par contre, la couverture que tu proposes là est juste un cauchemar…

    1. Oui, ça aurait été fort dommage de ne pas réussir à passer par-dessus. C’est un roman qui fait frémir… e tla couverture (celle de mon roman)… est une horreur!

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