Maurice à la poule – Mathias Zschokke

Maurice-a-la-poule.gifPrésentation de l’éditeur

« Maurice passe ses jours crans son bureau du quartier nord de Berlin, là où débarquent les habitants de l’Est, une zone déclarée  » sensible « .

Il écrit à son ami et associé Hamid à Genève, le plus souvent il ne fait rien. De l’autre côté de la cloison, quelqu’un joue du violoncelle, cela l’apaise, mais il ne réussit pas à dénicher le musicien tant le dédale des immeubles est inextricable. Il fréquente souvent le Café Solitaire, la Papeterie de Carole, passe devant le Bar à Films de Jacqueline, des lieux dont les propriétaires changent souvent pour cause de faillite.

Dans ce roman fait de détails, d’esquisses et de lettres, Zschokke met en scène des existences sans gloire, des êtres blessés par la vie, pour qui il nourrit une tendresse sans limites.  » Zschokke nous tient en haleine avec presque rien… Il raconte avec tant d’obstination et de dissimulation que l’on pense tantôt à Beckett, tantôt à Robert Walser. »

 

Commentaire

Me voilà bien mal prise pour parler de ce roman parce que j’avais écrit un billet et que voilà qu’en copiant la 4e de couverture, je réalise que je ne dis franchement rien de plus que ce qui y est indiqué.  Ça m’apprendra à ne pas les lire avant de faire mes billets.  Tentons maintenant d’ajouter quelque chose.

 

« Maurice à la poule » n’est pas un page turner.  En fait, si je devais vous raconter l’histoire, j’en serais bien incapable car ce fil rouge, que Maurice cherche sans succès pour diriger sa vie, n’est pas non plus présent dans ce roman.  Pas d’intrigue proprement dite. Ce n’était pas le but, d’ailleurs.  À travers ces pages, nous rencontrons Maurice, la cinquantaine, écrivain public en mal de clients et embourbé dans une paresse qui le fait se traîner péniblement de son bureau à des cafés qui changent tout le temps de propriétaire.  Maurice ne fait rien.  Mais il est très lucide et réalise la vacuité apparente de plusieurs existences, dont la sienne.  Certaines phrases vont droit au but et nous percutent par leur justesse.  

 

Maurice ne fait rien mais il observe.  Sans jamais vraiment devenir acteur, en restant extérieur. Il observe tous ces gens ordinaires, ces gens qui ont perdu espoir et qui ne vont plus nulle part, sans juger, avec une certaine douceur, de la compassion, même.   Il observe et recueille des fragments de leur vie, des images, des impressions. C’est assez cinématographique, même…  on voit apparaître à travers ces mots des images fugitives, on entend la musique, ce violoncelle et ce piano dont Maurice tente de faire le centre de sa vie car il est désabusé, ne sait plus où il va.  Ou plutôt si, il le sait; il va vers la mort.  Il se demande juste pourquoi le chemin est si flou jusque là.  

 

L’auteur nous sert donc une toile tissée de souvenirs, de lettres à Hamid, à qui Maurice raconte les menus événements de son quotidien, d’images et de tentatives de rendre sa vie moins… errante, de lui donner du relief.  De réflexions aussi, sur divers sujets.  

 

L’écriture m’a beaucoup plu. Très belle, elle réussit à nous faire ressentir le sentiment de vague, de vie ancrée dans rien.  Par contre, ce n’est pas une lecture que j’ai pu faire tout d’un bout.  J’ai dû y aller par petites périodes car sinon, je me serais officiellement ennuyée malgré la beauté des mots et la justesse de certaines phrases.   À lire si vous avez envie d’un roman un peu particulier et que vous n’avez pas nécessairement besoin d’une histoire pour apprécier un roman.   

 

À noter: il est paru en poche il y a quelques semaines!

6 Commentaires

Passer au formulaire de commentaire

  1. Ca a l’air un peu étrange, tout de même… Je passe!

    1. Kali: Oui, c’est étrange.  Ce ne sera pas au goût de tous et surtout pas pour n’importe quand.

  2. La couverture ne m’attire vraiment pas, ton article plus déjà !

    1. Herisson: La couverture, c’est le vrai tableau Maurice à la poule, qui est mentionné dans le livre!

  3. Avec le mot Berlin dans le résumé, j’aurais pu être attirée… mais bon, je préfère quand même quand il y a des histoires dans les romans 🙂

    1. Cocola: Disons que je préfère aussi normalement.  Mais que là, c’est vraiment bien écrit.  Il faut avoir le goût de ça, par contre et pour ma part, je ne l’a ipas tout le temps!

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.