Les variations Burroughs – Sylvie Nicolas

Variations-burroughs.jpgLa magnifique couverture et le mot « Burroughs » dans la titre a attiré mon attention.  De Burroughs, tout ce que je savais, c’était qu’il était un copain de Kerouak et de Ginsberg et qu’il avait raté, bourré,  une tentative de recréer la légende de Guillaume Tell, tuant ainsi sa femme au passage.   Bon, on en apprend pas plus dans le récit.   Mais n’empêche que cette combinaison de deux facteurs m’a fait découvrir un très beau texte.

 

Entre roman et récit, la narratrice revient à la source.  Et ce sont des fragments, un collage de souvenirs et de réflexions qui ressortent alors qu’elle parle à son frère, celui qui lui a offert une boîte de livres trouvés aux ordures et qui lui a ouvert la voie vers l’écriture. 

 

C’est un texte touchant qui nous est offert mais je me souviendrai surtout de la découverte d’une plume magnifique, d’une prose remplie d’images et de touches poétiques.   Le récit est parfois dur, parfois tendre, rythmé de moments-clés et de lettres à un ancien amour qui refuse d’être oublié.  C’est une narratrice qui tente de se cerner elle-même, de cartographier son territoire dans lequel elle erre un peu à l’aveugle, écrivant malgré tout, parfois même malgré elle-même. 

 

J’ai aussi retenu de belles réflexions sur la traduction, sur l’implication que ça implique.  Sur le besoin d’écrire aussi.  Et la recherche de l’amour d’une mère qui demeure fuyante.   Les courts chapitres forment tout cohérent, lié sans en avoir l’air par certaines phrases, certains motifs.   Allez savoir pourquoi, la scène de la bénédiction m’a tiré des larmes.  Et le choix des textes en exergue est fort judicieux.  Avec un petit coup de coeur pour celui de Vasko Popa, celui de la petite boîte. 

 

Je ne sais si le récit me marquera à long terme, mais une chose est certaine, il m’a fait passer une soirée à fleur de peau, où j’ai songé à la chance que j’avais d’apprécier les petits moments, ces instants d’éternité qui nous tombent dessus sans prévenir et où, surtout, j’ai tenté de tisser ma propre courtepointe de souvenirs d’enfance, où  figurent en bonne place mes parents, le chemin de l’école primaire, ma grand-mère (qui était la grand-mère de tous mes copains) et son appartement rempli de paillettes (au sens propre) ainsi que toute une bande de grands-oncles et de grands-tantes qui faisaient partie de nos vies (c’est ça quand grand-maman habite avec nous) d’enfants. 

 

N’allez pas croire qu’il s’agit d’un simple récit nostalgique.  J’y ai vu une réelle recherche de soi, en tentant une recherche dans les fondations.   Un beau texte.  Une belle lecture.

 

 

Québec pas en septembre

8 Commentaires

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  1. Tu m’as l’air sous le charme.

    1. Alex: Oui, je l’ai été!

  2. Moi aussi je viens de replonger dans mes souvenirs, le billet sur Léo Malet s’en vient un jour.

    le papou

    1. Le Papou: Je t’ai dit que j’en avais acheté un, de Léo Malet?  Un jour, je le lirai!

  3. Un texte tout en sensibilité, et sur l’écriture, ça fait du bien…

    1. Anne: Je conseille en tout ça.  IL m’a beaucoup plu. 

  4. Encore une fois, nous sommes à l’opposé l’une de l’autre! J’ai abandonné…

    1. Jules: Tiens, pour faire changement!  C’en est limite drôle!

  1. […] Chez Druide – Les variations Burrough – Sylvie Nicolas […]

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