Les peaux cassées – Richard Dallaire

peaux-cassees.jpgC’est une histoire bien étrange, entre ce roman et moi.  Au récent salon du livre du Saguenay, la représentante de chez Alto s’est montrée à la fois très sympathique et excellente pour vendre ces romans.  D’ailleurs, petit message, plusieurs devraient prendre exemple sur elle… et s’occuper des clients plutôt que de jaser entre eux au salon.  Peut-être que ça fonctionnerait mieux.  C’est fou ce qu’on peut vendre, quand on prend la peine de présenter notre stock!  Mais passons et revenons à ces peaux cassées, qui s’est avéré une excellente surprise. 

 

Le lendemain soir, j’allais à un souper organisé par le salon du livre, où des auteurs nous livrent des extraits de leurs oeuvres.  J’accroche immédiatement sur le texte d’un jeune auteur de mon coin… pour réaliser, en sortant mon super iphone et la version portable de Goodreads, qu’en fait, je venais de l’acheter, ce roman.   Et qu’en plus, comme j’habite une petite ville, c’était le roman du « frère de…  » et du « fils de… ».  Drôle de coïncidences.

 

Mais bon, je cesse dès maintenant cette parenthèse « je raconte ma vie » et je vous parle du roman. 

 

Le narrateur est réparateur de peaux cassées.  Il répare ce qui peut se réparer et place le reste dans des boîtes.   Il est en couple avec Carole, femme-poisson qui possède le don de toujours trouver la bonne parole, le bon mot, pour consoler les hommes et les femmes.   Leur monde, il est en déroute.  Les gens ont faim et la faim justifie les moyens.  Leur quartier va rapidement se transformer en jungle urbaine impossible à traverser sans danger et les étoiles s’éteignent.  Mais les deux personnages principaux sont doués pour le bonheur et sensible au malheur des hommes, ce qui rend un peu de lumière à ce monde terrible. 

 

Malgré la société dépeinte dans le roman (on ose espérer que ce ne soit pas divinatoire), c’est avec un sourire et beaucoup d’espoir que je referme ce roman.  Malgré les scènes parfois assez gore (comme l’auteur le dit lui-même, il y a du meilleur et du pire, dans ce livre), la sensibilité des personnages principaux, qui, parfois sans même s’en rendre compte, créent autour d’un un havre de paix qui rend le roman plutôt lumineux, en fin de compte.  Ou plutôt percé de rayons de lumière, voilà.  De la lumière qui traverse et disperse le malheur et la détresse. 

 

Certes critique de la société actuelle où le sort des plus pauvres d’entre tous est souvent méprisé, ce roman est également un éloge de la bonté intrinsèque, des révolutions à petite échelle.   La preuve que quelque chose de bien peut sortir de la déroute la plus totale.  Le tout dans une langue imagée, jouant sur les mots, les expressions, les significations et dans un univers où des éléments fantasques viennent rajouter des significations – un peu comme chez Vian – à ce récit où les images abondent.  L’auteur fait confiance à son lecteur (vous ne pouvez pas savoir à quel point j’aime quand ça arrive) pour trouver ses significations à lui, toutes les significations ne sont pas données, sans pour autant laisser une impression d’inachevé.  Tout ce que j’aime, quoi.

 

À lire si vous aimez les récits imaginatifs, un peu surréalistes et si vous ne craignez pas certaines scènes un peu gore.   Un auteur que je suivrai!

14 Commentaires

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  1. Je suis tout à fait d’accord avec la première partie de ton commentaire, c’est à dire que, oui, il y a des ventes de livres qui se perdent par passivité parfois des libraires. Peut-être pas lassitude ou fatigue, également. Mais quand on connait ses romans et qu’on en parle vraiment, c’est difficile de résister.

    Les titres chez Alto sont pas toujours accessibles à mes humeurs du moment, mais celui-ci, tu le vends très bien justement. On semble y trouver un équilibre en le fantasque et la réalité, c’est important pour moi. Quand c’est trop disjoncté, on me perd. Il faut des personnages humains pour me tenir sur la route. Et puis, la confiance au lecteur, ah … la confiance au lecteur.

    1. Venise: Non, ce n’est pas trop disjoncté et je pense que l’écriture saurait te rejoindre.  Et ça attire, n’est-ce pas, cette confiance au lecteur… toujours un gros plus pour moi!

  2. j’accroche en général à ces romans surréalistes, par contre les scènes gores me font un peu peur …

    1. Gambadou: Bon, une certaine est très déstabilisante mais ce serait dommage que ça t’empêche de découvrir le roman!

  3. Pas fan de surréalisme, je ne te suivrais donc pas sur ce coup-là.

    1. Alex: Si le surréalisme n’est pas ton truc, je ne te conseille pas, alors!

  4. Le sujet me plaît bien et bien sûr cela dépend ce que tu appelles gore. Si c’est de la violence gratuire ou si c’est nécessaire et sans complaisance pour montrer cette société.

    1. ClaudiaLucia; Nécessaire pour montrer la société, pour bien démontrer à quel point la faim est devenue omniprésente et ce qu’elle fait faire aux hommes…

  5. Ah tiens tentant ça 🙂 rien que le titre est intrigant et ce que tu en dis encore plus 🙂

    1. Yue: Je pense que ça pourrait vraiment valoir le coup que tu essaies!

  6. Je me suis littéralement laissée bercée par l’écriture de l’auteur. Un livre qui m’a beaucoup plu et un auteur que je relirai assurément!

    1. Amiedeplume: Moi aussi, je relirai.  J’ai hâte qu’il nous sorte autre chose.

  7. J’espère être conquise aussi, donc. Si l’écriture m’emporte, il y aura déjà une bonne partie de gagnée.

    1. Anne: Souvent c’est le cas pour moi aussi… je ne demande qu’à être séduite par le reste!

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