Les livres de Jakob – Olga Tokarczuk

Le comment du pourquoi

En fait, il y a plusieurs comment et plusieurs pourquoi. Il y a un peu plus d’un mois, j’ai eu une envie folle de gros pavés et celui-ci me tentait de folie. De plus, il était en nomination pour le prix des libraires du Québec. En plus de plus, il était parfait pour le mois de l’Europe de l’Est de Patrice, Goran et Eva ET pour le Défi littéraire de Madame Lit, lire un prix Nobel de littérature. Voyez-vous, ce livre était destiné à être lu maintenant. Rien de moins. Pourtant, ouuuuuuf que ce ne fut pas facile. Plus d’un mois à lire un roman, je ne pense pas que ça me soit déjà arrivé avant!

De quoi ça parle

Ce roman, c’est l’histoire de la vie d’une communauté, celle de Jakob Frank, né Lejbowicz, pendant une grande partie du 18e siècle et au début du 19e. Peut-être que, comme moi, vous n’avez jamais entendu parler du fameux Jakob, né juif mais « vrai-croyant », ayant reçu le souffle et ayant été déclaré messie, par la communauté… et par lui-même. Entrer dans ce roman, c’est embarquer dans une épopée dans laquelle nous n’avons pas tous les repères, toutes les références. C’est se balader de Smyrne à Varsovie, en passant par Vienne ou Brümm ou Iwanie, être exposé à plusieurs langues et à trois grandes religions… déclinées dans plusieurs versions!

Mon avis

Vous serez d’accord avec moi, pour plusieurs d’entre nous, la concentration n’est pas facile ces temps-ci. Du coup, ce roman et moi… ça a été… compliqué! Vous savez, quand vous lisez un roman et que vous sentez que vous lisez quelque chose de grand? Ben voilà. Je lisais ça et je me disais que c’était roman un peu plus grand que moi, en fait. Qui me dépassait.

Bon, et qui m’endormait aussi, des fois. Sérieux, des soirs, je m’endormais après 3 pages. TROIS. PETITES. PAGES. Bref, ce ne fut pas simple. C’est un très exigeant, riche, dense, érudit, très recherché, qui nous offre des passages fascinants mais d’autres… moins fascinants. Je pense entre autres aux discussions religieuses et théologiques, qui sont certes entrecoupées de réflexions qui ne font sourire, mais qui m’ont sérieusement perdue par moments, et qui m’ont demandé par mal de recherches pour y comprendre quelque chose. Genre, Sabbataï Tsevi? le Zohar? C’est ça. Pour moi, qui ne suis pas du tout de cette culture, je n’avais jamais entendu parler de tout ça. J’ai donc énormément appris, certes. Mais ça n’était pas pour moi un page turner non plus.

Le personnage de Jakob Frank est assez incroyable et sa vie est un roman. De sa campagne natale, il va évoluer dans plusieurs cercles, créer sa communauté, être reçu par l’impératrice Marie-Thérèse, être emprisonné à Jasna Gora (quel plaisir d’entendre parler de cet endroit que j’ai visité!) et sa personnalité charismatique va faire réagir et provoquer des réactions incroyables, d’un sens comme dans l’autre. Nous avons droit à des débats théologiques, à des scènes de vie criantes de vérité, le tout dans l’ombre de la grande histoire.

Ah oui! Parce que je ne l’ai pas précisé mais cet homme ainsi que sa suite ont réellement existé. Et que le livre est parsemé d’images et de documents historiques. Et ceux qui me connaissent savent que j’ai besoin de « faire des liens »!

Bon, vous me lisez et vous vous dites que ce roman a tout pour me plaire! Contexte historique, recherches fouillée, occasion d’apprentissage, roman fleuve, etc… Mais voilà. Si certains personnages passionnent, j’avoue qu’il y en a tellement d’autres, que je ne savais plus du tout qui était qui. Je m’en sortais encore dans le mariage initial de Rohatyn, un moment donné, tout le monde change de nom, et j’ai été complètement larguée. Difficile de s’intéresser à tout ce beau monde quand je ne savais plus du tout qui était qui. Et heureusement, la traductrice (sérieux, quel boulot!) nous a épargnés les surnoms et diminutifs qui devaient se trouver dans le manuscrit original!

Keisha s’est régalée du début à la fin mais j’y ai quand même trouvé des longueurs et j’ai eu le sentiment de ne pas avoir l’attention nécessaire pour apprécier le roman à sa juste valeur. Ceci dit, je relirai l’autrice car sa plume est magnifique et imagée, en plus d’inciter à la réflexion. Mais j’irai peut-être vers un texte moins long!

Chez Brize

34 Commentaires

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  1. Félicitations pour cette performance de lecture tout d’abord. J’avais lu quelques commentaires de ta part trahissant le fait que ce livre n’était pas si facile à lire, c’est donc formidable de l’avoir fini pour le Mois de l’Europe de l’Est ! De plus, tu es la première à le chroniquer. J’avais entendu parler de ce livre, de sa grande richesse, mais je comprends donc qu’il faut avoir de bonnes dispositions pour l’attaquer. Bon repos maintenant 🙂

    1. Je voulais VRAIMENT le finir pour le mois. J’avais prévu 4 romans et finalement, je n’aurai lu que celui-ci. Et non, ça n’a pas été facile… ça demande toute notre présence d’esprit et notre attention. C’est très très riche, j’en ai un souvenir hyper précis et je sens qu’il va m’avoir marquée. Mais… j’en ai bavé!

  2. Bravo pour cette lecture, je voulais aussi la faire, mais le nombre de pages m’a fait reculer. C’est vrai que c’est pas facile de se concentrer en ce moment. Et merci beaucoup d’avoir participé…

    1. Il n’est pas facile, disons et oui, il y a beaucoup de pages! Mais c’est une autrice que je suis contente d’avoir découverte.

  3. Je comprends que ça a du être sportif pour le lire en ce moment… J’avais exactement la même remarque pour Dieu, le temps, les anges et les hommes : certains passages sont fascinants, mais pas tous.

    1. Quand je relirai l’autrice, je pense que je saurai à quoi m’attendre. Parce que je la relirai.

  4. il me fait rès envie mais je suis à peu près sûre de ne pas avoir la concentration en ce moment… tout me tombe des mains sauf Cadfael et encore parce que je le connais par coeur

    1. J’ai du mal aussi. Sérieux, même en audio, ça passe parfois moyen. Mais bon, on va s’en sortir. Let’s hope.

  5. Bravo d’avoir choisi ce titre pour Le Mois de l’est et d’en être venue à bout dans les temps, c’était très ambitieux. Je te rejoins sur le fait que ce n’est pas une lecture facile (elle a dû me prendre pas loin de 3 semaines, hors période de confinement, et avec deux heures de transports en commun chaque jour…), il faut accepter, au fil de l’intrigue, de ne pas tout comprendre, et d’oublier certains des personnages (d’autant plus que l’auteure ne nous facilite pas la tâche en en rebaptisant certains en cours d’intrigue !). J’avais pris des notes, mais même mes notes avaient fini par être embrouillées !! Ceci dit je suis ravie d’avoir vécu cette expérience de lecture érudite et foisonnante…
    Tu vas maintenant pouvoir te régaler avec ses titres plus « faciles » (j’ai notamment eu un énorme coup de cœur pour Dieu, le temps, les anges.. ») et bien plus courts !!

    1. Ah, quand elle les a tous rebaptisés, j’ai failli faire une dépression! En plus, les héritiers n’ont plus les anciens noms… j’étais PERDUE quelque chose de rare! Et je suis aussi ravie de l’avoir vécue aussi, cette lecture. Et ce mêmem si elle a demandé pas mal d’efforts.

  6. Il me fait peur celui-là, mais je te recommande les yeux fermés « Sur les ossements des morts » qui est aussi beau que fluide.

    1. J’en ai aussi entendu du bien… je pense que c’est le prochain d’elle que je lirai.

  7. Je l’ai beaucoup aimé, mais effectivement on est totalement dépassé par le machin (du coup il faut aimer être dépassé). C’est tout un monde et c’est assez fascinant, même s’il est compliqué à appréhender.

    1. Je pense qu’en temps normal, j’aurais plus facilement accepté d’être dépassée… mais là, je suis tellement dépassée par la vie en général que j’aurais aimé comprendre, mettons! J’ai fait un nombre FOU de recherches!

  8. Les changements de nom, c’était coton, mais je passais…
    Tu peux lire maintenant ses autres romans (plus courts ^_^)
    Je vois que tu lis Gagner la guerre, pas mon genre de lecture habituelle, mais… qu’est ce que j’ai aimé!!!

    1. Oui, je l’écoute en audio (Gagner la guerre) et je suis en pleine bataille navale initiale. J’adoooore cette plume, c’est fou!
      Quant aux livres de Jakob, je pense que j’avais besoin de m’accrocher à un truc un peu plus solide comme compréhension, vu que je ne comprends plus rien du monde! De là la difficulté à me laisser porter! Ceci dit, une aventure que je suis contente d’avoir vécue.

  9. Une auteure qu’il faut que je lise, mais pas avec ce titre, alors.

    1. Je n’ai jamais lu autre chose d’elle, alors je ne peux dire… mais je vais continuer!

  10. Je suis tout à fait d’accord avec toi, la période n’est pas propice aux lectures complexes et exigeantes !

    1. Oooooh non, pas idéal! Je sens que mon QI a diminué de moitié depuis le début de cette crise. Mais bon, I did it!

  11. Bravo Karine!!! Tu as réussi à atteindre ton objectif! Je me laisserai peut-être tenter un jour. Je vais ajouter ton lien. Au plaisir!

    1. Un jour quand tu auras une grande partie de cerveau disponible! Mais j’ai réussi et je suis contente d’avoir persévéré.

  12. pas sûre de tenter pour le moment, mais je note dans les auteurs à découvrir!

    1. Il faut avoir du temps (ça on a) et de l’énergie devant soi (c’est ça qui est plus variable!)

  13. Clairement pas pour moi ! Je m’endors déjà sur des lectures plus faciles, alors…

    1. hahaha! Alors non, clairement pas!

  14. Quel courage d’avoir lu ce livre en ces périodes troublées ! C’est tellement difficile de se concentrer… Même sur des textes plus simples…

    1. J’avoue que j’ai peiné, du coup! J’avais commencé avant et je VOULAIS le finir en mars!

  15. Je salue ta persévérance car, pour l’avoir déjà croisé dans le challenge Pavé de l’été, j’ai eu l’impression (que tu confirmes) que ce roman n’était pas facile à aborder !

    1. Ce n’est en effet pas le roman le plus accessible. Sérieux, c’est un grand livre. j,ai appris des tas de choses. Mais ce n’était peut-être pas le mieilleur moment pour le lire.

  16. Il est à la maison..pas à moi mais il y est. Je suis partagée j’ai envie de le lire mais il m’effraie un peu .On verra avec le temps de quel côté il tombe !

    1. Je comprends qu’il fasse peur. C’est une grosse brique, très riche, très dense et je pense qu’il faut accepter de ne pas tout comprendre. À lire quand on a tout notre cerveau.

  17. Bon, je survole ta note car je vais me lancer dans cette lecture dans quelques jours, je m’y prépare en lisant quelques textes faciles et courts, comme pour un marathon, quoi …

    1. Tu me donneras ton avis. Sérieux, il y a quelque chose de grandiose dans ce texte… mais parfois, c’était quand même un peu longuet!

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