Le syndrome de la vis – Marie-Renée Lavoie

Le-syndrome-de-la-vis.jpgPrésentation de l’éditeur (en partie)

« Josée souffre d’insomnie chronique.  Parfois, elle n’arrive plus à comprendre les choses les plus simples tant la fatigue l’accable.  « Pense à rien.  Pis dort », lui dit son chum Philippe, excédé.  Mais ne penser à rien est impossible pour cette femme dont les pensées ne cessent de tourner dans sa tête, telle une vis sans fin. 

 

Honteuse d’un récent accès de colère, au cégep où elle enseigne, elle prend quelques jours de congé et cherche de l’aide auprès d’un médecin, puis d’un ostéopathe.  Mais le baume viendra d’ailleurs.  De sa famille et de ses voisins.  De l’amitié et de la tendresse.  Le baume, mais pas la guérison.  Quand on ne dort pas, le défi est d’occuper ses nuits […] »

 

Commentaire

De Marie-Renée Lavoie, j’avais beaucoup aimé « La petite et le vieux« .  Du coup, quand, après une longue auto-interdiction de visite en librairie, j’ai recommencé à visiter ces lieux de perdition, c’est vers ce roman que je me suis tournée.  En me disant que ça me ferait un truc pour la prochaine édition de « Québec en septembre ».   Là, j’imagine vos sourcils s’arquer d’incompréhension parce que vous aurez forcément remarqué (avec votre perspicacité légendaire) que nous ne sommes pas encore en septembre.  Mais voilà, ce roman a reçu le rare privilège d’être « aussitôt acheté, aussitôt lu ». Lucky him. 

 

Nous rencontrons donc Josée.  Josée Gingras. Josée vit une relation un peu drabe (comprendre « beige ») avec Philippe et une autre, beaucoup plus obsédante mais nettement moins agréable, avec le sommeil.  En fait, elle lui court après et il ne veut rien savoir.   Elle est donc épuisée, plus fonctionnelle du tout et stresse parce que bon, si elle ne dort pas, elle va être encore plus fatiguée demain et – sinon ce ne serait pas drôle – plus elle stresse, moins elle dort. 

 

Suite à une éclatante rencontre entre elle et le téléphone cellulaire de l’un de ses étudiants fendants (et où elle a gagné, enfin… ses pieds ont gagné), elle décide de prendre quelques jours de congé.  Pour tenter de reprendre pied.  Et c’est là que notre histoire commence, dans un condo (pas une maison, un condo) de la région de Québec.

 

Disons-le tout de suite, j’ai beaucoup aimé.  Ce n’est pas le coup de coeur qu’a été « La petite et le vieux » mais je crois que j’aime beaucoup la plume de cette auteure, bien ancrée dans la langue d’ici, qui s’attarde aux petites choses, aux détails pour réussir à rendre ce quotidien tout sauf banal.  L’auteur sait parfaitement faire ressortir ces petits riens qui rendent chaque moment unique.  Et si le thème peut sembler sombre, le roman est plus lumineux que triste.  Même si ça part ma foi bien mal pour Josée. 

 

Josée, ça aurait pu être moi il y a quoi… 1 an ou deux.  Quoique bon, au plus fort de mon manque de sommeil et crise de nerfs, je n’ai pas attaqué un cellulaire, mais un ordinateur.  Ça peut coïncider.  Du coup, sa vis qui tourne sans fin, ces discours décousus et interminables, ce que j’appelais mon hamster cérébral hyperactif, je la connais.  Et je trouve cette partie super bien décrite.  On entre dans la tête de Josée et on se sent aussi désemparé qu’elle.  Puis soudain, un peu d’espoir.  Espoir qui vient de son voisinage, de Joseph, le voisin du premier avec un chat à trois pattes, surtout.  De sa famille aussi.  De son frère qu’elle adore, de ses neveux, de sa mère et même de son père mort qui placote avec elle en faisant des mots croisés et en fumant une cigarette-santé. 

 

Il y a donc beaucoup d’amour, beaucoup d’affection et d’entraide dans ce roman.  J’ai ri comme une folle devant les dissertations et les courriels d’étudiants (la comparaison Rostand-Tolkien était presque jouissive), j’ai rêvé devant une rivière de mars et versé ma larmichette lors d’une certaine traversée du mur.   On traite d’insomnie (et bon, nous ne sommes pas loin de la dépression, avouons-le) mais de deuil aussi.  De deuils passés et de deuils futurs qui envahissent parfois notre présent.  Le tout raconté avec un humour qui colle très bien à la situation.

 

J’aurais toutefois aimé plus de pages pour m’attacher davantage à ce microcosme qui passe juste un peu trop rapidement pour moi.  J’aurais voulu plus.  Plus de scènes de vie, un cheminement plus lent (car si j’ai souri à la fin – j’adore l’idée).  En effet, c’est un peu trop idyllique et surtout trop rapide pour être crédible.  Quand on est dans un tel état (elle placote quand même avec son père décédé sur une base régulière, la miss), ça prend plus que quelques jours de congé pour se remettre sur le piton. Believe me!  J’aurais donc aimé des relations plus approfondies (entre Josée et son frère, entre Josée et Joseph… entre tous les voisins, quoi), pour me sentir encore plus à fond dans ce petit monde sympathique qui nous est si bien présenté.

 

Et… question? Pourquoi toutes ces allusions à la sueur et au dessous de bras?  Il y a une symbolique que j’ai manquée?

 

Bref, j’ai beaucoup aimé. 

Et je conseille.

20 Commentaires

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  1. Je le VEUX !

    1. Yue: I knew it!  Mais bon, comme tu viens chez moi cet été… je prête hein!

  2. Auteure notée ! je me demande si ma bibliothèque a des auteurs québécois tiens, à vérifier

    1. Aifelle: Je pense que « La petite et le vieux » est plus facilement disponible… je conseille aussi!

  3. Il semble très bien, ce roman ! Je le note, en espérant le trouver.

    1. Lewerentz: Je trouve qu’il donne un apreçu réaliste de ce qui se passe dans une tête anxieuse, en tout cas!

  4. Quel titre étrange ! Je note plutôt son premier roman, alors. 

    1. Alex: Les deux sont bien, je trouve!  Différents mais bien!

  5. Je l’ai vu dans les stands Québec de Paris et Bruxelles. Je le note pour l’année prochaine (et La petite et le vieux aussi, surtout !)

    1. Anne: Les deux sont dignes d’être notés!  C’est cool qu’il y ait des stands Québec aux salons du livre.

  6. je le lis ce mois ci celui là 🙂 il est bien au chaud dans ma chambrette 🙂

    1. Yue: Super! J’ai hâte de voir ce que tu vas en penser!  Il te reste pas mal de livres à moi ou non??

  7. J’ai trouvé beaucoup de pieds dans ton billet et une envie de lire « La petite et le vieux » 

    Le Papou

    1. Le Papou: ah mais il faut alors… et il n’y a que 2 « pieds » non?? 

  8. Recoucou

    Je note l’auteur et ces deux titres (malheureusement pas dispo à ma bibli municipale mais si je croise leur route ….)

    Bonne journée

    1. Valentyne: Ils valent vraiment la peine, en tout cas!  Je conseille!

  9. Ben non t’en a mis au moins 3 !

    Ses pieds ont gagné ce qui (sauf anormalité) en fait 2

    et elle reprend pied (et de 3)

    mais je pinaille, je piednaille

    Le Papou

    1. Le Papou: Ah bien oui… tout plein de pieds!  Moins pire que tout plein de pouces!

  10. J’aime beaucoup ton commentaire, Karine. Le côté humoristique et ces détails pertinents tirés du quotidien. Ce manque d’approfondissement dans les relations, moi aussi, je crois en avoir souffert, sans avoir été en mesure d’aussi bien le nommer que toi. Le fait que c’est un instantané de quelques semaines retire de ce côté ancré dans la réalité.

    Par contre, en bout de ligne tu as aimé et moi aussi. J’aime l’auteure, qui est une valeur sûre à mon avis.

    1. Venise: Pour moi aussi, je crois que cette auteur est et restera une valeur sûre.  Il m’a manqué un peu de profondeur mais comme tu dis, le côté très quotidien compense!  Et oui, j’ai aimé!

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