Le retour de l’ours – Catherine Lafrance

retour-de-l-ours.jpgCe fut une lecture bien particulière que ce roman.   J’ai tout de suite été happée par l’atmosphère un peu onirique, glaciale et hors du monde de ce petit village du grand nord, tout en me demandant à quel genre de roman j’avais affaire.  Fable, conte, adulte ou jeunesse, j’étais perplexe.  Et je dois avouer que si j’ai bien aimé ma lecture, je reste quand même perplexe quant à ce que c’est exactement.  Mais je m’explique!

 

J’ai d’abord mis un moment pour réaliser où j’étais.  Ou plutôt « quand » j’étais.  On parle de cataclysmes, ayant eu lieu il y a longtemps.  Cent cinquante ans, environs.   Mais ce petit village de moins de 500 âmes (350, si ma mémoire est bonne)  est tellement loin de tout que ça pourrait être n’importe quand.  On s’auto-suffit, on chasse, on pêche, les femmes maîtrisent les herbes.  Tout va assez bien jusqu’à ce qu’un jour, le vigile, Aloupa, redescende de son promontoire avec le mot « Nanuk » à la bouche.  Il a revu l’ours.   Celui qui a disparu il y a 150 ans.  Est-ce un bon signe, un mauvais?  On en doute.  Mais ce qui est certain, c’est que son retour dérange, jusqu’à diviser complètement le village qui lutte pour sa survie dans un contexte où tout manque.  

 

C’est surtout à travers le regard de Sakari, jeune fille de 15 ans on ne peut plus normale au départ, que nous vivrons ces saisons dans le village.  Presque normale en fait.  Sakari a bien l’intention de suivre la voie tracée pour elle mais elle est aussi la fille du chef et la petite fille du vigile.   Et ceci va changer son destin, jusqu’à le bouleverser complètement.  

 

Pour apprécier ce roman à sa juste valeur, je l’ai considéré comme un roman d’apprentissage autant que comme un conte écologique.  Découverte de son destin, tâche qui semble au-dessus des forces de la jeune fille, des secrets, des révélations…  Bien entendu, on voit venir les choses.  Les révélations n’en sont pas réellement et on ne peut s’empêcher de se demander POURQUOI il est si important que les connaissances des vigiles soient gardées secrètes.  Il me semble que bien des problèmes auraient pu être évités…  mais bon, je m’égare!  La jeune Sakari devra donc se définir en tant que personne hors des sentiers battus, malgré le fait qu’elle soit une femme.  Elle verra changer ses repères, elle devra faire des deuils.  La relation qui se tisse avec son grand-père est touchante, même si on a parfois du mal à comprendre qui ils sont vraiment, en raison de l’aspect conte, un peu nébuleux, que j’évoquais au début.  J’ai eu l’impression de vivre cette histoire à travers un mur de glace (ou un blizzard, au choix) tant elle a eu pour moi un côté irréel, presque magique.  

 

Un roman de passage à l’âge adulte avec des côtés convenus certes (du moins pour tous ceux qui lisent de la jeunesse, de par la construction et l’évolution du récit… mais – oh bonheur – il n’y a pas l’éternel triangle amoureux des romans YA où l’héroïne est prise entre deux garçons.  Alleluiah!) et un message parfois un peu appuyé, mais une atmosphère de légende glacée véritablement réussie.  L’écriture est maîtrisée et évoque de magnifiques images de paysages enneigés, tout en nous faisant entrevoir une culture bien particulière, près de la nature.  Un roman rempli de luttes de pouvoir, de craintes face au changement mais aussi d’espoir. Malgré tout.  Quand je parle de « luttes de pouvoir », entendons-nous, ce n’est pas « Le trône de fer »!  On a un rythme lent, parfois contemplatif mais il y a là une belle réflexion sur les tournants imprévus que prennent parfois la vie, que ce soit la vie de l’homme ou la vie en général.  

 

Un  roman qui évoque les légendes, qui plaira aux amoureux de la nature et des grands espaces blancs.  Moi, en tout cas, j’ai passé un très bon moment de lecture dans cet univers!  

18 Commentaires

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  1. Roman d’apprentissage ? J’ai plutôt tendance à les fuire, en ce moment…..

    1. Alex: Ah oui, pourquoi??

  2. Pourquoi pas, l’ambiance glacée et onirique est tentante, surtout si on échappe au triangle amoureux ominiprésent, en effet !

    1. Jainaxf: C’est un roman d’apprentissage pour adultes, je dirais!

  3. Ah ça me plait bien comme idée, une ambiance de pays blanc 🙂

    1. Yue: Je pense que tu peux aimer, en tout cas!

  4. Ce livre me parle. J’adore les livres du froid. J’aimerais bien le lire cleui-là.

    1. GeishaNellie: Je pense que ça peut te plaire, en tout cas!

  5. Ah bon. Nos avis se ressemblent beaucoup. De l’étrangeté et de l’ambiance peuvent nous faire passer de bons moments de lecture, malgré les vapeurs de l’incompréhension !

    C’est déjà tellement particulier comme situation qu’après réflexion, je pense que l’auteure aurait eu avantage à mieux nous situer dès le départ.

    1. Venise: Tout à fait.  Elle m’a bien plu, cette étrangeté, en fait!  Je pense que pour ma part, ça m’allait biein comme ça!  Ca nous amène à nous questionner!

  6. Me fait bien envie celui-ci, mais après recherche non concluante je me dis que c’est sans-doute un déiteur québécois ? 

    1. Bladelor; Oui, c’est un éditeur québécois.  C’est chez Druide.  

  7. J’ai besoin d’un peu plus de chaleur en ce moment !

    1. Gambadou: Ah oui, ce n’Est pas là que tu vas la trouver la chaleur.  Mais c’Est bien quand même!

  8. Je vais attendre un été très chaud pour me lancer.

    Le Papou

    1. Le Papou: C’est certain qu’avec nos -30 de ces derniers jours, ça ne nous tente pas ben ben hein!

    • louve solitaire sur 13/12/2013 à 04:42
    • Répondre

    salut je suis du québec aussi…

    ce livre me tente beaucoup, te souviens-tu du prix (canadien) ?

    passe un beau temps des fêtes…

    merci !!!

    1. Louve Solitaire: Je pense qu’il faisait dans les 21$… je ne suis pas certaine!  MAis c’est une belle lecture!  Bon temps des fêtes aussi!

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