La femme de l’Allemand – Marie Sizun

femme de l'allemandC’est Liliba qui m’a offert ce roman que je suis allée à Lille début 2014.   D’ailleurs, je ne désespère pas qu’elle recommence à bloguer, de là le lien vers chez elle… non mais!

 

C’est en faisant le ménage de ma pile à lire que j’ai senti, avec mes jolis petits doigts, la gomette en forme de fleur sur le prix… et que je me suis rappelé de ce roman.  Puis, j’ai lu le petit mot, j’ai souri, je me suis dit que, vraiment, il faudrait se revoir… et j’ai décidé de le lire, sans avoir aucun souvenir de ce dont il était question.   Et j’ai adoré cette lecture, autant en raison du style que du propos.

 

C’est une histoire de filiation belle et cruelle à la fois qui nous est proposée ici.  Cette histoire, c’est celle de Marion, une petite parisienne, élevée par sa mère Fanny.  Fanny est belle, orageuse, flamboyante et vit à sa manière, en symbiose avec sa fille, la fille de l’Allemand, un grand amour de jeunesse qui lui a valu le rejet de sa famille.  C’est que nous sommes dans les années 40, dans un Paris qui se relève encore de l’Occupation.   L’Allemand, c’est celui qu’on tait, celui dont on ne parle pas, celui que la petite Marion fantasme en grandissant.

 

Marion grandit donc dans ce deux pièces de la rue St-Paul, entre les visites « normales » chez sa grand-mère Maud, où personne ne mentionne Fanny, et la folie douce, exaltante de sa mère.  Cette folie vue avec des yeux d’enfants, des yeux de petite fille amoureuse de sa mère, son repère, son ancrage.  Jusqu’au jour ou ce regard va se confronter à celui des autres, ce jour où les yeux deviennent froid, où il n’y a plus rien de magique ou de merveilleux dans la folie de sa mère.

 

Marie Sizun réussit à nous offrir un kaléidoscope d’images superposées de Fanny, cette mère malade dont Marion n’a même pas une photo.   Images parfois touchantes, parfois effrayantes mais aussi tumultueuses et éclatantes.  On tremble pour la petite Marion pendant les crises, on a peur avec elle et, comme elle, on développe ce regard d’adulte qui a grandi trop vite en raison des circonstance.  Ce regard culpabilisant, honteux.  Et comme elle, on est pris dans ce conflit de loyauté constant et dans cette période normale de l’adolescence où on veut être nous, où on ne veut plus être « la fille de sa mère ».

 

Tout ça, l’auteur réussit à nous le faire ressentir en moins de trois cents pages.  Les hauts et les bas, les sentiments qui évoluent, la culpabilité, le goût d’autre chose.  C’est terriblement beau et terriblement juste aussi.  Une magnifique lecture.

 

Merci Alix!

24 Commentaires

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  1. Elle a très bon goût Liliba : on espère tous qu’elle va faire son retour bloguesque (ça s’est vu !).

    1. Yep, over bon goût. Et on peut croiser les doigts.

  2. Je ne connaissais ce roman que de nom mais tu m’as donné envie de l’ajouter à mon immense whishlist !

    1. Il est super bien. Je pense qu’il vaut vraiment le coup.

  3. Oups, j’ai vérifié, il est dans ma PAL
    (oui, Liliba!!!! welcome back!)

    1. On va faire une pétition pour Liliba!
      Et hâte d’avoir de tes nouvelles!

  4. Un coup de coeur pour moi aussi !

    1. Je pense que vraiment beaucoup de gens a beaucoup aimé. J’ai adoré ce truc.

  5. Je découvre ton blog via Keisha et tu me donnes envie avec ce roman qui s’attache à parler de tous ces enfants nés de père allemand.

    1. Il vaut coup… allez, essaie-le!

  6. Je l’avais noté il y a longtemps et jamais lu, tssss 🙂

    1. Vilaine, va!

  7. Une belle lecture.

    1. Je ne saurais mieux dire.

  8. Je veux le lire et je ne l’ai pas encore trouvé « spontanément » en librairie. Va falloir que je le commande… (quelle délicieuse perspective…);-)

    1. Ah, trouver des livres spontanément. Quelle joie. Un des plaisirs de la vie.

  9. Pour le retour de Liliba ce n’est pas gagné ! elle m’a répondu hier sur FB qu’elle n’avait plus de temps … J’ai beaucoup aimé ce petit roman, je voudrais en lire d’autres mais je n’ai pas encore trouvé le moyen de les caser dans mes multiples envies.

    1. On va espérer quand même… peut-être qu’elle va trouver un retourneur de temps!

  10. Liliba me l’a offert aussi, et j’ai très envie de l’attaquer bientôt, ton billet me fait une petite piqure de rappel très salutaire 😉

    1. Ah, mais il faut! Allez hop, hop, hop!

  11. Je l’avais noté, et puis un peu oubliée.

    1. Comme ça nous arrive à tous! Il faut parfois refouiller dans ces notes… ou dans la pile, hein!

  12. Je vais être une voix discordante.
    Le roman est bien écrit et tout ce que tu en dis est juste mais j’ai été un peu déçue. Il faut dire que j’avais surtout envie de lire l’histoire de Fanny qui est restée trop au second plan à mon goût.

    1. J’aime bien les voix discordantes 😉 En fait, je ne m’attendais à rien. Du coup, j’ai été fort agréablement surprise. J’aurais aussi aimé en savoir plus sur Fanny… j’en aurais pris plus tout court, en fait!

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