Jour 92 – Butte aux cailles et discussions canadiennes

Non, mais c’est LONG écrire des billets en retard?  Et pourquoi je finis toujours sur un site pas rapport ayant un lien plus ou moins évident avec ce que je recherchais au début hein? Bref, je suis pas d’une rapidité folle… et je passe la moitié de ma journée à tenter de m’en sortir un peu, tout en mangeant du melon et en buvant du thé.  Par contre, j’ai vu un tour guidé de la butte aux Cailles, et je m’y dirige, toute guillerette en après-midi. Profitons du beau temps, comme on dit!

La butte aux Cailles est un quartier que je connais peu, voire même pas.  Je ne suis pas certaine que j’y avais déjà mis les pieds. J’ai une forte tendance à rester rive droite, disons, était donné les endroits où j’ai logé. La guide, Sylvie, est hyper intéressante et je referais volontiers des tours avec elle. Elle a un souci de la vérité historique et sait passer les informations. Ceci dit, elle fait seulement des grands groupes hors été.  Les fameuses Cailles n’ont rien à voir avec les oiseaux mais font plutôt référence à la famille Caille, qui possédait ces terres. Le nom était, au départ, la « butte à Caille », et il s’est transformé avec les années. La butte était située juste à l’extérieur du mur de l’octroi et appartenait à la commune de Gentilly. Par contre, jusqu’au début du 20e, il n’y avait pas grand-chose à cet endroit car les terres étaient peu fertiles et comme la Bièvre, avec son lot de tanneurs et de bouchers, y passait, les odeurs faisaient fuir la population.  Il y avait bien des habitants mais pas de réelle urbanisation.

Sous la butte, des carrières, ce qui fait que les constructions ne peuvent pas être trop hautes ni trop lourdes, ce qui donne à l’endroit son aspect « village ».  D’abord quartier ouvrier, elle contient encore aujourd’hui ce qui reste des anciennes cités ouvrières, bien transformées et maintenant fort prisées. Tout le quartier s’est boboïsé et cet ancien repère d’étudiants fauchés n’est plus ce qu’il était. Quoique parait-il que les samedis soirs sont encore animés!

Nous empruntons donc la rue du moulin des prés (qui impliquait donc un vrai moulin à plâtre et un vrai pré) pour monter la butte et ainsi arriver à la place Paul Verlaine,  où nous pouvons observer les gens du quartier faire provision d’eau de source au puis artésien ainsi que la piscine art nouveau, d’abord construite comme bains publics, mais qui est encore ouverte aujourd’hui. Comme Verlaine était communard et que la butte aux Cailles a été le lieu de batailles, on l’a nommé en son honneur. Tout au bout de la place, une plaque commémorative pour le bicentenaire du premier vol humain en aérostat, en 1783. Ils sont atterris là un peu par hasard… mais ils ont atterri! L’aérostat a d’ailleurs utilisé dès les guerres napoléoniennes pour observer l’ennemi avec des ballons fixes et il a aussi servi pour faire passer du courrier… et faire sortir Gambetta pendant le siège de Paris. Il est arrivé un peu amoché par contre.

Dans ce quartier, rien n’est classé, ce qui donne à l’endroit un aspect assez hétéroclite et intéressant à la fois. Le street art y est à l’honneur et juste ça mériterait un tour à lui tout seul.

La place de la commune de Paris se trouve également dans le quartier. La commune, je connais peu alors j’essaie de résumer (en gros et certainement en bâclé et raccourci) ce qu’on nous a raconté, ne pas taper! Pour les parisiens, cet événement reste très important alors qu’en province, il l’est très peu.  Paraît-il qu’il a d’ailleurs été récemment enlevé des manuels d’histoire, allez savoir pourquoi. Elle a eu lieu à Paris en 1870-71, suite à la raclée qu’a subie la France face au Prussiens et aux conditions limite honteuses qui ont suivi. Les parisiens, témoins de plusieurs batailles, ont eu l’impression d’avoir payé plus que leur part et ont voulu faire de Paris une commune, soit, sortir de la France (ou un truc qui s’en rapproche) et tenter une approche plus sociale, avec le droit de vote pour les femmes et des programmes sociaux, entre autres.

Leur expérience a duré 3 mois car, vous imaginez bien que la France sans Paris, ça peut difficilement fonctionner économiquement. Du coup, Gambetta revient de Versailles (peut-être pas en aérostat cette fois) et met le siège sur Paris à l’aide des prussiens.  Une vraie guerre civile. Et les communards, pleins de fougue mais mal équipés, se retrouvent devant une armée entraînée et organisés. Ils se font massacrer. On ne dit pas « semaine sanglante » pour rien. On se souvient des tableaux montrant des combats entre les tombes du Père Lachaise…  Ici, à la butte, Walery Wroblewsky, un polonais, a de l’entraînement militaire et tient un peu plus longtemps. De là le fait que la place de la commune se trouve dans le quartier.

Le début de la troisième république n’a donc pas été de tout repos et la plupart des parisiens (on les comprend) n’ont pas levé le petit doigt pour la défendre, à ce qu’on peut lire. Surtout qu’ils devaient supporter la construction du Sacré-Cœur pour expier les péchés de la commune! Par contre, j’ai « le temps des cerises » de Jean-Baptiste Clément en tête depuis, en raison du resto autrefois coopératif et du fait que la chanson était devenu un véritable hymne révolutionnaire pendant la commune, bien qu’ayant été écrite quelques années avant. C’est vrai que quand on lit bien les paroles, on voit bien le double sens. Faut dire que Clément, journaliste, avait un méchant dossier auprès de la police, et qu’on le surveillait de près.

Nous continuons la visite avec les anciennes cités ouvrières. Le passage Barrault est joli mais il ne fait pas partie de ces ensembles, la plupart du temps construit avec des commanditaires religieux (ou autres) afin que les ouvriers aient des loyers salubres, avec eau potable et sanitaires.  La petite Alsace en fait partie, et a été construite pour les employés d’une usine de sucre. Commandité par un abbé qui voulait un joli bâtiment, l’architecte Walter l’a dessiné.. et comme il était alsacien, le résultat est celui-là. Il comporte 40 maisons et plusieurs cours.

La petite Russie a une histoire un peu différente. Les taxis Citroën avaient un problème avec leurs chauffeurs, qui avaient du mal à se déplacer en ville pour rejoindre leurs taxis (les transports en commun, c’était pas encore le top). Du coup, ils ont fait construire des maisons… avec les entrepôts et les garages en dessous. Ils engageaient des Russes car il les trouvait travailleurs et pas geignards. Une première vague est arrivée début 20e car « rouges » et une deuxième après 1917 car « blancs »… il devait y avoir toute qu’une entente dans la compagnie. On ne peut visiter l’endroit, toutefois, seulement pendant le festival des arts de la Bièvre.

Mes photos du coin ne donnent rien mais sérieusement, c’est joli et on ne se croirait pas à Paris. La villa Daviel, également ancienne cité ouvrière, est magnifique avec ses jardins fleuris. Dommage pour la vue et le bâtiment horrible au fond!

Nous terminons la promenade et je vais visiter l’église Ste-Anne de la butte aux Cailles, bâtie sur pilotis car le sol était trop instable. On se demande pourquoi ils n’ont pas juste changé de lieu pour l’église… mais bon, ils étaient persévérants. L’église en soi est assez moche et fait « bloc ». Toutefois, les vitraux, encore complets et datant de 1938, de l’atelier Mauméjean. Encore une fois, en photo, c’est pouiche… mais en vrai, avec le soleil et les couleurs, c’est assez spectaculaire.

Je poursuis donc à pieds, vu que j’ai rendez-vous Edgar Quinet à 19h30 et je fais un détour par la cité universitaire, que je voulais visiter depuis longtemps. C’est impressionnant, un si grand espace vert et non confiné à Paris et si l’entrée monumentale est très belle, j’ai été un peu déçue par les pavillons du monde, que j’imaginais un peu moins… boîte carrée avec un petit truc en plus. En fait, je crois que pour voir les spécificités, il faut prendre une visite guidée et aller à l’intérieur.  Un jour, peut-être.

Je reprends mes pattes et retrouve Delphine et son ami Denis pour manger mais surtout pour parler du Québec. Il y part en septembre pour 12 jours et il a tout un programme!  On jase expressions québécoises, accent, histoire des lieux et climat politique actuel. D’habitude, je suis un pas pire guide touristique et on passe une très chouette soirée. En fait, le monsieur est encore PIRE kid kodak que moi. Et il parle encore PLUS! Imaginez le tapage!  Quant à miss Delphine (qui ne donne pas non plus sa place), imaginez-vous qu’elle avait tellement envie de nous voir qu’elle est arrivée avec plus d’une demi-heure de retard… en essayant de nous faire croire que c’était la faute du métro!  Pfffff… à d’autres!

Bon, dodo… demain, on va à Yerres, vendredi, on se prépare et samedi, l’avion… J’aime pas l’avion, vous vous en souvenez?

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