Jour 91 – Paris romantique et coulée verte

J’avais prévu une journée tranquille aujourd’hui. Histoire de reprendre mon retard de publication, de lire un peu et, sait-on jamais, de publier aussi les billets-livres qui traînent dans mon ordi… bref, ça s’est pas passé comme ça. Oups. Pourtant, j’avais même ouvert mon ordi de bon matin! Sauf qu’imaginez-vous que Delphine m’a menacée à distance… menacée de m… le gros mot. Celui qui me fait me boucher les oreilles en faisant des « lalala » le plus fort possible. Ménaaaaage!

Du coup, je suis sortie!

Je me suis donc dirigée vers le Petit Palais, avec beaucoup d’avance. Beaucoup d’avance, c’était avant que je réalise qu’il n’y avait pas moyen d’acheter un billet à mon entrée habituelle… et qu’il fallait que je trouve l’autre entrée.  J’ai texté Delphine, mais elle était encore trop occupée à se moquer de moi parce que j’avais lavé une canette vide, vu qu’elle l’avait mise dans le lavabo. Ben quoi, j’essaie de faire ma part.  Genre… la vaisselle. Et puis, sait-on jamais… laver les canettes vides est peut-être une bizarrerie française! J’ai eu un mal de chien, en plus… mais bref, il semblerait que c’était juste un moyen de l’égoutter… et que tout son bureau s’est bien foutu de ma gueule!

Donc, Petit Palais. J’ai trouvé l’entrée, j’ai trouvé la sortie (pas la bonne, sinon c’est pas drôle… encore que devoir traverser place de la concorde, c’est toujours drôle), et au pas de course au Petit Palais, pour attraper la visite guidée de l’exposition Paris Romantique. Ah, oups, une autre épreuve… la sécurité. Qui m’a fait vider TOUT mon sac (comme aux gens devant d’ailleurs), en me demandant même de prouver que ma liseuse (jaune flash, je le concède) était bien une liseuse.  Quel zèle! Toujours est-il que j’y suis arrivée et que j’ai pu faire la visite guidée.

L’expo est très intéressante, du moins pour quelqu’un qui ne connaît pas vraiment la période.  Genre, moi. Elle est divisée par période et par quartier parisien et nous nous baladons donc de 1815 à 1848, du palais des Tuileries aux grands boulevards, en passant par le Palais Royal. Nous voyons aussi défiler la royauté de l’époque et sommes témoins des différentes révoltes, tout en revivant le Salon, ce fameux Salon qui fait rager dans L’œuvre de Zola.

On y voit des tableaux, des sculptures, mais aussi des arts décoratifs et des vêtements d’époque, qui nous permettent de mieux comprendre la vie parisienne (surtout la riche vie parisienne) de l’époque.  Cette période était certes effervescente mais aussi bien troublée. En 1813-14 s’est tenue la bataille de France pour stopper Napoléon 1e , qui s’est conclue par la bataille de Paris, avec la chute de la dernière barrière, celle de Clichy et l’abdication, 6 jours plus tard, du dit Napoléon. Ceci a été fort représenté dans l’art également.

Autre chose ayant influencé l’art de l’époque, le retour de la royauté, avec Louis XVIII, frère de Louis XVI, revenu d’exil. Il fait restaurer les Tuileries et s’y installe, avec sa famille. Ils ne sont pas hyyyyper populaires, à l’exception de la ducherre de Berry, arrivée en 1816 pour se marier au duc de Berry. Prématurément veuve avec une petite fille et enceinte, elle est très tendance, tant au niveau de la mode que de la décoration, et n’hésite pas à décorer et à redécorer ses appartement, osant toutes les nouveautés, par exemple, les meubles en bois clair, totalement nouveaux pour l’époque.

Puis, en 1830, les trois glorieuses, qui mettront Philippe-Égalité sur le trône. Ouais, je sais… quatre 30 sous pour une piastre, comme on dirait. Toutefois, il tente de se rapprocher du mode de vie des bourgeois et même les portraits sont moins ostentatoires. Le prince héritier, Ferdinand Philippe, est très cultivé et est aussi protecteurs d’artistes contemporains tels qu’Ingres et Delacroix. Mort prématurément, l’héritier devient donc son frère, le duc de Nemours, amateur du grand siècle mais aussi de l’éclectisme. Le meuble de Cremer exposé est juste trop beau. 

On croise aussi dans l’expo la princesse Marie d’Orléans, sculptrice de son état. Comme elle était une femme, elle ne pouvait avoir de modèles vivants en peinture et autant elle que son maître se sont lassés… et ont dont passé à autre chose. L’élève a vite dépassé le maître, paraît-il et on peut voir l’une de ses œuvres dans l’expo.

Par la suite, direction Palais Royal, très à la mode à l’époque. Ancienne propriété du Cardinal de Richelieu, il avait été légué au roi et Louis-Philippe, pour éponger ses dettes, avait fait faire des lotissements tout autour, avec des boutiques et des restaurants. Au début, il s’agissait de barraques en bois mais elles ont été restaurées pour devenir les galeries d’Orléans, dont il ne reste que les colonnes aujourd’hui.  C’était hyper à la mode, très fréquenté et certains restaurants étaient célèbres. Bizarrement, les galeries ont baissé en popularité lors de l’interdiction de la prostitution et des jeux de hasard. Bizarrement. S’y trouvait la fameuse « belle limonadière », pour Balzac la plus balle femme de Paris, qui l’a inspiré dans son œuvre.

Comme il y avait des boutiques, l’expo nous montre un peu la mode de l’époque, avec le changement de la silhouette féminine et l’apparition des dandys venus d’Angleterre. Ces hommes chics qui aimaient l’originalité portaient une redingote, plusieurs gilets (qu’ils changeaient dans la journée), souvent un haut de forme (évasé, à bords larges) et surtout, accessoire indispensable, une canne. Il y avait plus de 200 boutiques de cannes à Paris à l’époque, toutes plus élaborées les unes que les autres. La fameuse canne à ébullition de turquoises de Balzac (aujourd’hui au musée Balzac) est d’ailleurs fort célèbre et a été maintes fois caricaturée.

Pour les caricatures, il y avait certes la presse, mais aussi la petite statuaire. Nous pouvons voir plusieurs œuvres de Jean-Pierre Dantan, célèbre à l’époque. Ah oui, il y avait aussi des flûtes en cristal… curiosité!

J’ai beaucoup aimé la salle réservée au Salon. Certes l’accrochage était moins dense qu’à l’époque, où les tableaux étaient accrochés jusqu’au plafond, au grand désespoir de certains artistes. Dans ces années, on a vu l’arrivée du style romantique, s’inspirant de la littérature, d’abord en peinture, puis en sculpture. Les années se suivaient mais ne se ressemblaient pas. En 1831, seulement 2% de refus contre 40% deux ans plus tard, ce qui a donné naissance au fameux « salon des refusés ». Dans la salle, de nombreuses œuvres ayant été exposées dans le fameux salon.  Aussi, plusieurs œuvres étaient inspirées de l’actualité, dont la bataille de Missolonghi, en Grèce, alors que ce peuple se battait pour son indépendance.  Le monument pour Markos Botsaris est particulièrement émouvant.

Dans la salle réservée à Notre-Dame de Paris, on trouve des références au roman de Victor Hugo, qui a mené à la restauration de la cathédrale, très endommagée pendant la révolution, et à la redécouverte des quartiers médiévaux. Tout de suite célèbre, de nombreuses œuvres y font référence.  On trouve aussi, tout près, un reliquaire d’Héloïse et Abélard. Étrange!

À la suite d’un conflit, entre autres, pour la liberté de presse, surviendront les trois glorieuses, fin juillet 1830. C’est une époque révolutionnaire sur plusieurs plans, notamment en théâtre avec la commotion que créa Hernani de Hugo, et en musique, avec la symphonie fantastique de Berlioz, œuvre autobiographique inspirée des sentiments qu’a eus le compositeur face à Faust, aux symphonies de Beethoven… et pour une femme, of course!  Beau moyen pour cruiser un peu!

Nous pouvons aussi contempler le moulage du génie de la liberté qui trône en haut de la colonne de juillet, inaugurée à Bastille dans ces années, ainsi que certaines premières versions de statues pour le bénitier de la Madeleine, inaugurée en 1842. Disons qu’elles étaient un peu trop… suggestives pour une église. Dommage, elles étaient magnifiques.

Aussi à cette époque, le retour des cendres de Napoléon 1e et le concours, remporté par Visconti, pour sa sépulture.  Si je dis « pas mon style », ça vous parle?

Ensuite, quartier latin, quartier des étudiants et où ils se baladent le dimanche en compagnie des fameuses « grisettes », jeunes travailleuses qui craquaient pour un – ou des – étudiant(s) et qui peuplaient les fameux bals. Une série de lithographies de Gavarni nous les présente, et j’adorerais la voir en entier.  Plusieurs œuvres représentent ces bals, surtout celui de l’opéra, bal costumé, ainsi que la descente de la Courtille, ayant lieu au mardi gras, à la fin du carnaval.

Direction « Nouvelle Athènes », haut lieu des artistes, où logeaient notamment, au carré d’Antin, Chopin, George Sand, Dantan (dont j’ai parlé plus haut), les Dubufe, Alexandre Dumas père et Marie Taglioni, celle qui a popularisé la danse sur pointe dans les Sylphides.  Zimmerman, pianiste, y organisait des soirées musicales ou son voisin Chopin venait jouer et où Liszt était aussi occasionnellement invité. Et vous savez quoi? Il y avait le tableau sur le dessus de mon livre « La vie de Liszt est un roman ». Je suis tombée en admiration!

Les grands boulevards, avant Haussmann, étaient bien différents de ce qu’ils sont aujourd’hui. Entre autres, le boulevard du Temple (ou boulevard du Crime), abritait 8 théâtres où étaient joués des mélodrames qui soulevaient les foules et où les Méchants et la Vertu s’affrontaient à grand renfort d’hémoglobine. Devinez qui gagnait? Frédérick Lemaître, grand acteur, a pour sa part choisi de jouer le truc satiriquement (et qui a fait exploser de rire au lieu de pleurer). La pièce a été un succès et plus tard, Victor Hugo écrira pour lui le rôle de Ruy Blas.

Le ballet prend son autonomie, les décors et la mise en scène évoluent… bref, grande période pour les arts.

L’expo se termine avec la révolte de 1848, qui a mené à l’abdication de Louis-Philippe, à la fin de la monarchie de juillet et au début de la république proclamée par Lamartine (me semble… cette partie n’était pas claire). Pour se rappeler l’événement, le bureau fracturé de celui-ci, laissé derrière dans la hâte. Et je sens que je vais devoir faire des recherches sur cette révolution-là… ça devient complexe, tout ça! On peut voir les fameuses poires de Daumier, qui reflètent l’évolution de la popularité de Louis-Philippe.

J’ai fait une mini balade dans le reste du musée mais après les 2h et quelque de la visite, j’étais un peu saturée (ouais, ça m’arrive) alors je me suis dirigée vers Bastille vu que j’avais en tête de me balader dans la coulée verte depuis des mois. Et que je n’y étais jamais allée.  J’ai même résisté à magasiner dans les petites boutiques du viaduc des arts (mais j’y retournerai) vu que je me doutais bien que j’allais craquer et que je n’avais aucune envie de me trimballer ça pendant toute la marche, à 33 degrés! Pour ceux que ça intéresse, l’entrée est rue de Lyon.

La promenade est vraiment jolie et fait environ 4,5 km. Elle a été aménagée la plupart du temps au-dessus des rues du 12e, avec quelques passages au  niveau du sol, dans une ancienne voie de chemin de fer et c’est vraiment chouette pour voir ce quartier peu connu d’une autre façon. La promenade est plantée d’arbres divers et variés. Autour, autant des immeubles Haussmanniens que des immeubles modernes, et l’animation des rues.   J’ai bien profité de la balade, flânant ici et là et regardant les gens pique-niquer tranquille.  Je me suis rendue au bout… puis, il a fallu sortir, pour retrouver un métro, vu que je devais rejoindre Delphine chez le fromager. Et là, ça a été folklo.

En fait, je savais très bien où j’étais, je savais très bien où je voulais aller, mais j’étais 8m au-dessus du sol, câline! Et je n’avais aucune foutue idée de la façon de descendre. J’ai bien envisagé la descente en rappel le long d’un viaduc mais le fait que je sois en robe a un peu freiné mon élan.  On va laisser faire le spectacle de mon string à la Bridget Jones en pleine rue parisienne!

J’ai donc rebroussé chemin… pour me retrouver sur la petite ceinture du 12, une autre ancienne voie de chemin de fer, que j’ai trouvée super belle, avec ses rails encore visibles et tout ce qui va avec. J’aime quand la nature reprend ses droits et finalement, je suis contente de m’être trompée.  Ya juste que Delphine a dû aller seule faire les courses, parce que je suis arrivée… une heure plus tard que prévu. 

Comment on dit… oups???

En soirée, j’ai eu un cours d’aspirateur (je me souviens où est le truc, et du fait qu’il faut le brancher… c’est bien, non?) et on s’est fait un petit vin et fromages et melon en discutant Pologne (c’est bientôt!). Tout ce que j’aime! En fait, cette semaine, ma vie est relax… mais pas mal cool!

2 Commentaires

  1. Je suis tes aventures, et note pour un jour cette coulée verte. J’adore marcher, dernièrement j’ai découvert les passages parisiens, dans les 26 km au compteur à la fin (bien sûr pas de métro, pfff!)

    1. Ah oui, les passages sont hyper chouette! J’ai beaucoup aimé aussi. Et je recommande cette balade de la coulée verte. C’est vraiment chouette.

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