Jour 73 – Éphèse et émerveillement

Aujourd’hui, c’est direction Éphèse ou Selçuk, ville que je connais à cause des épitres de St-Paul aux éphésiens… ou de quoi du genre. Oui, je sais, j’ai des références étranges. Cependant, on a pas mal de route à faire avant et nous traversons la vallée de Meama, riche en légumes, fruits, olives, figues et pêches. Il y a aussi plusieurs champs de coton et des nids de cigogne un peu partout. On voit aussi des cigognes, mais pas assez longtems pour que je les prenne en photo. Le paysage est superbe et je suis assise devant car je me suis mis en tête de prendre en photo le nom de la ville de Aydin, où est née la grand-mère paternelle de Laurence et la mère du Papou. Disons qu’on profite du paysage.

(Parenthèse… ça me fait tout drôle de relire ça car le Papou au Hibou nous a quittés il y a quelques jours. Du coup, je pense à lui en mettant en page ce billet)

Premier arrêt, la fabrique Karcilar, célèbre pour ses manteaux en cuir d’agneaux fins et flexibles. Ici on utilise tout l’animal, rien ne se perd. C’est la top marque en Turquie et on nous accueille avec une parade de mode, un verre de vin… et de magnifiques modèles de cuirs, à fleurs, ou même jaune. Dures décisions à prendre pour moi… je ne sais pas encore si je regrette les dites décisions… on verra! Il y a des gens qui se sont gâtés, par contre! Wow!

Après un arrêt inopiné dans un champ pour cause de circulation, nous finissons par arriver au resto, où nous mangeons différentes sortes de crêpes salées, commandées et personnalisées, ainsi que des baklavas. Le resto est super, on est presque assis par terre sur des coussins et il y a des pendrioches partout. Voir la face de certains en voyant leurs crêpes ou leurs jus de grenade, c’est assez drôle! Mais c’est pas mal bon!

Finalement, Éphèse. La cité a été fondée 5 fois. Au départ, les Amazones vivaient sur la mer noire et il reste quelques bas reliefs représentant la reine et des pièces de monnaie frappées de l’abeille. Ensuite, Androklos, prince grec, est insatisfait e sa ville surpeuplée. Il demande donc à l’oracle de Delphes, qui lui parle de sanglier et de feu. Selon la légende, il faisait cuire du poisson sur le feu, quand  un sanglier a été réveillé… et il l’a suivi. Ceci l’aurait amené sur les lieux d’Éphèse. Le sanglier serait symbole de fertilité, le poisson, du commerce et le feu de l’éternité de la ville.

Il a pour un temps contrôlé le commerce de la mer Égée ainsi que le commerce intérieur. Il est rapidement devenu riche et a fait construire le temple d’Artémis. Les fonds viennent à manquer et les débuts de la banque ont émergé. Ceci a attiré d’autres rois : Crésus, les persans…  Lors des attaques, ceux qui gardaient le temple de la déesse mère auraient été épargnés.

Finalement, le temple a brûlé en 356 avant Jésus Christ, le jour de la naissance d’Alexandre le Grand. Normal, la déesse n’était pas dans son temple ce jour-là… elle assistait à la naissance du futur Grand!

Lysimaque, plus tard, voulait une ville plus près de la mer, qui s’était retirée avec les années. C’est donc la troisième fondation… qui eut un succès très relatif. Les gens ne voulaient pas quitter leur ville. Il a donc décidé de prendre les grands moyens : boucher les égoûts de l’ancienne ville, pour la rendre inhabitable. Du coup, ils ont déménagé. Pas le choix hein!

La 4e fondation a été faite par les chrétiens qui voulaient quitter la ville païenne et qui sont retournés à l’ancienne ville sous la montagne. Quant à la 5e fondation, elle a été faite par les turcs, à l’endroit de la ville actuelle de Selçuk. Une grande histoire pour cet endroit, n’est-ce pas!

De l’époque de Lysimaque, il nous reste des murs et une partie de la Cavea. La partie que nous visitons date surtout des 2e à 6e siècles. L’eau était amenée par des aqueducs et les pierres à 4 trous que nous voyons correspondent aux croisements d’eau. C’était assez avancé comme technologie.

Puis, l’Agora, le quartier administratif, était public, avec un bâtiment rond pour l’empereur. L’allée était entourée de colonnades fermées pour être à l’ombre. Plus loin, dans le quartier résidentiel, des colonnades aussi, avec des mosaïques, des échoppes au rez-de-chaussée et des habitations en haut. On peut facilement imaginer la ville et son animation, juste avec ce qui en reste. C’est, encore une fois, hyper émouvant.

Il y a un très grand théâtre dont la taille nous laisse croire que la ville comportait environ 30 000 personnes. Nous visitons aussi l’Odeon, l’hôtel de ville, où les décisions étaient prises ainsi que le chemin vers le feu sacré. Trois civilisations ont vécu ici, avec des vrais gens, qui avaient les mêmes ambitions que nous, les mêmes désirs… c’est fou!

Le plus grand bâtiment de la ville est le temple de Domicien, avec des bas-reliefs à son honneur. Paraîtrait-il que la seule personne qui a pleuré cet empereur mégalomane, c’est son chien. C’est tout dire. Nous voyons aussi une très belle fontaine, où les drapés des femmes imite le tissu mouillé. C’est vraiment une œuvre d’art.

Aux bains romains, on reconnaît facilement l’apodarium, l’entrée, la salle froide, la tiède et la chaude. Les gens passaient de salle en salle pour se laver et se purifier. Sur le temple d’Hadrien, nous pouvons voir Méduse et Nikéa, ainsi que des bas reliefs qui racontent les Amazones. Certains visitent alors leur partie préférée : les latrines. Malheureusement, elles ne peuvent pas les utiliser! On voit aussi la maison close… mais là, bizarrement, personne ne se porte volontaire.

Le clou de la visite est la bibliothèque d’Éphèse, montée par les autrichiens, faite de 99% de matériaux originaux. C’est monumental et magnifique, avec des niches remplies de statues représentant l’amitié ou le savoir. Il y a des têtes de Méduse, des bas reliefs… c’est vraiment superbe. C’était la 3e bibliothèque à l’époque, après Alexandrie et Pergame. Après que l’Égypte ait eu interdit l’exportation de papyrus, ils ont inventé le Pergamum (le parchemin) pour pouvoir continuer à consigner l’histoire et les pensées du peuple.

L’édifice donne sur l’agora commerciale, qui était séparée en secteurs et couvertes de mosaïques, reliait la ville au port. Au loin, la tour ou St-Paul a a été emprisonné (mettons que son discours aux Éphésiens n’a pas été hyper bien reçu.

Une dernière visite au théâtre, en restauration, et nous retournons vers notre autobus… et la climatisation. Quelle émotion en ce jour. On a vraiment fait un voyage dans le temps!

Nous passons la soirée à Izmir (Smyrne), d’où nous prenons l’avion demain. Humpf. L’avion et moi… pas une grande histoire d’amour, mettons! Smyrne est, paraît-il, une ville où il fait bon vivre et où le coût de la vie est encore abordable. Alors que notre guide va manger avec ses parents, qui y habitent, nous partons à pied regarder les pêcheurs et nous promener au bord de la mer. C’est fou, il y a des boutiques de robes de mariée partout! Pour moi les gens se marient beaucoup ici! Ou alors ils aiment se balader en robe du soir… mais bon, je délire… à demain!

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