Une poignée de gens – Anne Wiazemsky

Une-poignee-de-gens.jpgPrésentation de l’éditeur

« Un paysan appelé Avnia poussait une barque.  Des enfants l’entouraient.  Il est mort d’un arrêt du coeur, là, quelque part dans l’herbe.  Les enfants ont grandi en exil, sous d’autres nationalités.  Ils sont devenus français, anglais, américains.  La plupart ne sont jamais revenus en Russie. »

 

Commentaire

Après plusieurs lectures jeunesse, j’ai soudain eu besoin d’un livre « pour grands ».  Mon amie Pimpi avait beaucoup aimé celui-ci, que nous avions d’ailleurs acheté ensemble en bouquinerie il n’y a pas si longtemps.  Juste un peu plus d’un an.  C’est relativement peu quand on compare.   

 

Je pense que c’était un bon choix au bon moment parce que ce roman m’a beaucoup plu.  L’histoire, c’est celle de Marie, 40 ans, petite fille d’émigrés Russes ayant fui le pays à l’époque de la révolution.  Elle ne sait rien de sa famille et quand on lui propose de lire « Le livre des destins », journal intime écrit par un grand-oncle alors inconnu, elle ne sait pas qu’elle va voir ressurgir des images du passé. 

 

Ce roman est pronfondément romantique et profondément nostalgique.  Tout à fait pour moi donc.  Nous sommes dans une grande propriété terrienne du centre de la Russie, en 1916, et Nathalie, 18 ans, va épouser le prince Belgorodsky, aîné de la famille et maître du domaine.  Nathalie est jeune, insouciante et cette famille ne sait pas encore ce qui l’attend.  Oui, la révolte monte, mais rien d’alarmant.  Ils vivent leur vie tranquille, en essayant de faire pour le mieux tout en étant bien ancrés dans ce monde qui s’effondre et qu’ils ont toujours connu.  Et on rencontre Micha, Xenia, Olga, Catherine, Maya, tous membre de l’aristocratie russe, pas tous sympathiques, toutefois, qui sont maîtres de leur domaine et qui ne sont pas préparés à ce qui les attend.

 

J’ai beaucoup apprécié l’atmosphère de ce roman, un peu surranée, un peu rêveuse.  J’ai eu l’impression d’assister à des flashes de vieux films aux couleurs pâlies ou encore de regarder des instantanés, des capsules d’une vie passée.  Ce sont des scènes qu’on nous présente.  Nathalie au piano, Adichka avec les paysans ou songeur alors que ses frères profitent d’une douce soirée en écoutant les grenouilles.  Des images qui nous permettent d’imaginer ses personnages, de les rendre vivants et juste « une poignée de gens ».  Des gens qui verront leur univers bouleversé par la montée du communisme et par la révolution.   

 

Le roman se compose de scènes racontées par un narrateur omniscient, qui révèle beaucoup mais qui nous les rend un peu irréels, quoi que très vivants.  Il y a aussi des extraits du  journal d’Adichka, prince Belgorodsky, dont on connaît en ouverture le destin tragique, ainsi que des extraits de procès verbaux.   Cette forme m’a beaucoup plu.  En effet, cette histoire pleine de trous m’a fait penser à ce qu’on nous raconte des temps anciens.  Des scènes, des papiers retrouvés… des fragments qui donnent envie de s’asseoir des heures aux pieds de grands-parents pour qu’ils nous racontent « l’avant ».  

 

Beaucoup de nostalgie mais aussi une profonde tristesse la disparition d’un monde qui n’existe maintenant que dans les mémoires.   Il était une fois une famille, il était une fois Baïgora, un immense domaine. Une écriture simple, qui garde de la pudeur.  On sent qu’on ne cherche pas à faire pleurer nécessairement.   Pas de grandes descriptions, pas d’envolées lyriques mais j’ai quand même tout imaginé.  Un peu brumeux, un peu flou, mais là, quand même. 

 

J’ai donc été touchée, révoltée aussi (pas par la révolution, mais par cette volonté d’anéantir le passé, sans concession.  Bon, je me comprends.) et j’ai refermé le livre avec un sourire rêveur et une envie folle de revoir ma grand-mère ou mes grands-tantes qui auraient pu me raconter leur hier si elles étaient encore là… 

 

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(L’auteure est née en Allemagne… mais ça se passe définitivement en Russie!)

22 Commentaires

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  1. J’aime beaucoup Anne Wiasemsky et j’ai lu beaucoup de ses ouvrages (dont celui-ci) mais il m’en reste encore un dans ma PAL acheté il y a peu de temps (en bouquinerie aussi). Si j’ai bien compris la quatrième de couverture, on retrouve les mêmes personnages que dans « une poignée de gens » mais dans la période qui suit.

    1. Sylire: Ah oui, les mêmes personnages?  Je serais bien curieuse de savoir le titre, alors.  Parce que je le lirais bien!

  2. je l’ai lu il y a très longtemps et je me souviens aussi en avoir apprécié le charme particulier…

    1. Hélène: Je crois que je me souviendrai surtout de l’atmosphère.  Et de ce charme dont tu parles!

  3. A peine revenue, à peine replongée dans les tentations ! Je n’ai jamais lu Anne Wiazemski, à découvrir donc pour moi !

    1. Anne: Je ne l’avais jamais lue non plus… et j’ai aimé ma découverte!

  4. Je ne connaissais pas cette auteure, alors que je pensais connaître les principaux auteurs russes. Mais lorsque j’ai vu qu’elle était d’origine allemande malgré tout, j’ai compris. XD lol

    Ce roman me semble, ma foi, très intéressant. Surtout avec la description de l’atmosphère que tu en fais. C’est rare les livres comme cela de nos jours, ce qui renforce mon intérêt.

    1. Mascha: En effet, si elle a des racines russes, elle est allemande à la base, d’après ce que j’ai compris.  Je suis parfois un peu approximative dans mes tags.  J’ai beaucoup aimé ce roman mais il faut dire que cette partie de l’histoire, je sui conquise d’avance!

  5. C’est une véritable histoire familiale et romantique que nous a offert A.Wiazemsky. Le livre est bien écrit, le tout s’enchaîne sans lasser.

    Alors que le tout est dramatique, on suit les histoires de chacun dans une russie austère où les relations humaines sont complexes en raison d’une culture pesante.

    Braucoup de charme et de sensibilité, c’est pourquoi je le recommande une fois de plus!

    1. graimes de femelles: J’ai beaucoup aimé sentir le poids de cette culture, de cette histoire sur les personnages.  Je relirai certainement l’auteure!

  6. Il s’appelle « aux quatre coins du monde ». Bonne soirée !

    1. Merci Sylire!  Je prends bonne note!

  7. J’avais beaucoup aimé ce roman, quelque peu autobiographique. Moins le suivant de l’auteure.

    1. Alex-Mots à mots: Le suivant, tu parles de quoi?  Une enfant de Berlin ou la suite de celui-ci dont Sylire parle?  Celui-ci m’a plu, en tout cas… je pense que cette auteure a vraiment en elle son histoire familiale.

  8. Ah voilà c’est malin j’ai envie maintenant 🙂

    1. Yue: C’est que je suis une petite maline 😉  Je pense que ça peut te plaire.

  9. je n’ai lu qu’un seul titre de l’auteur, « Sept garçons », qui ne m’a pas laissé un grand souvenir, mais je pense en essayer un autre car j’avais bien aimé son écriture…

    1. Lasardine: J’ai aimé l’époque et l’écriture m’a bien plu.  J’essaierai certainement autre chose.  J’espère en garder un souvenir, ce qui n’est pas toujours évident, hein!

  10. Cette lecture me tente, je note… Merci 🙂

    1. Claire jane: Ca m’a bien plu en tout cas!  J’espère que ce sera le cas pour toi aussi!

  11. Tentatrice va ! Je note ce titre…

     

    1. Marie: :))  J’espère que ça te plaira!

  1. […] découvert Anne Wiazemsky il y a quelques années avec Une poignée de gens, que j’avais beaucoup aimé.  C’est une plume qui me plaît et qui a un côté […]

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