En censurant un roman d’amour iranien – Shahriar Mandanipour

en-censurant-un-roman-d-amour-iranien.jpgPrésentation de l’éditeur

« Téhéran, de nos jours. Comment un garçon et une fille peuvent-ils se rencontrer et vivre une histoire d’amour alors que la République islamique a instauré une rigoureuse séparation des sexes ? Comment publier un roman d’amour, alors que l’impitoyable censeur pourchasse la moindre allusion érotique ? Sara et Dara s’aiment par messages codés inscrits dans des livres empruntés à la bibliothèque, par téléphone ou ordinateur interposé et au cours de promenades dans les rues en jouant à cache-cache avec les opresseurs.

 

Avec un humour irrésistible, seule arme efficace face à la censure, et un recours immodéré à l’autodérision, Shahriar Mandanipour rédige sous nos yeux un poignant roman d’amour  à la fois réaliste et fantastique, placé sous l’égide des grands poètes persans, des écrivains et des cinéastes occidentaux. 

 

Loufoque et bouleversant, En censurant un roman d’amour iranien réconcilie Le Procès de Kafka et de Welles, La Ferme des animaux d’Orwell, le Journal des Faux-monnayeurs de Gide et les Contes des Mille et Une Nuits »

 

Commentaire

Quel roman étrange que celui-ci!  Étrange mais réellement à découvrir si vous aimez les histoires qui jouent avec la métanarration et les mises en abyme particulières. Parce que cette histoire, c’est celle d’un roman.  Un roman d’amour que tente d’écrire un auteur iranien contemporain, ce qui n’est pas chose facile.  En effet, la menace de Mr. Petrovich (non, le nom n’est pas choisi au hasard) plane et ce censeur tout puissant du ministrère de la Culture est le champion toutes catégories pour trouver les intentions cachées des auteurs.  Tout érotisme, tout comportement qui n’est pas approuvé par le régime, toute allusion anti-révotionnaire (même celles que l’auteur n’avais même pas osé imaginer) sont strictement interdits.  Du coup, écrire une histoire d’amour qui pourra éventuellement être publiée relève de la gymnastique olympique.  Et encore.

 

L’auteur tente donc de nous raconter l’histoire de Sara et Dara, deux jeunes iraniens.  Nous trouvons donc son texte en gras (souvent grassement biffé par la censure) et, en caractères normaux, l’auteur-personnage qui nous raconte ses tourments et ses tentatives pour finalement finir par raconter quelque chose.  Avec beaucoup d’humour, énormément d’autodérision et sans donner de leçons, il fait ressortir les hauts et les bas de la vie en Iran, avec toutes ses contradictions et ses petites hypocrisies.  J’ai lu plusieurs auteurs iraniens, ces dernières semaines et plus ça va, plus je vois qu’ils vont tous dans le même sens en ce qui concerne la vie là-bas et la politique.  Je commence à y croire un peu.

 

Il y a également dans ce roman beaucoup de références (j’aime les références), autant aux auteurs contemporains qu’aux classiques perses et iraniens (que j’ai envie de lire maintenant) ainsi qu’une critique des auteurs contemporains pris parfois dans un cadre dont il est ma foi presque impossible de se sortir.  Et c’est en même temps un bel hommage aux pirouettes que doivent faire certains pour faire passer leur messages.  Pirouettes qui donnent parfois de bien belles phrases. 

 

J’avoue qu’au milieu du roman, le procédé m’a parfois semblé un peu lourd.  J’ai mis un moment à m’attacher aux personnages et a bien comprendre de quoi ça retournait, vu qu’il y a énormément de digressions qui, si elles sont intéressantes, demandent au lecteur d’être bien attentif.  Reste qu’il s’agit d’un roman qui vaut la peine d’être découvert.  Ne serait-ce que pour les divagations sur les procédés littéraires, les clins d’oeil à Orwell ou à Kafka ainsi que le regard sur l’Iran contemporain. 

 

 

24 Commentaires

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    • Manu sur 27/10/2012 à 09:54

    Il est dans ma PAL depuis sa sortie !

    1. Manu: Je suis super curieuse de voir ce que tu vas en penser, alors!

  1. Merci pour la découverte, je le note ! Bon weekend.

    1. Catherine: J’espère que ça te plaira!

  2. Metanarration hein ? tu es sure ?

     

    Le Papou

    1. Le Papou: Ben… pas mal sûre! 😉  Mais bon, on a peut-être des différences de vocabulaire!

  3. A lire absolument! Je l’ai lu sans trop savoir ce que c’était, pfou, bonne surprise!

    1. Keisha: Un peu pareil, en fait!  J’ai été étonnée, c’est le moins qu’on puisse dire!

  4. Qu’est-ce que la metanarration?

    1. Selena: C’est la réflexion sur la narration, sur la façon de raconter. 🙂

  5. Malgré tes derniers points positifs, je ne suis pas tentée.

    1. Alex: Allez, va!  Je réussirai bien à te tenter avec autre chose!

  6. J’avais beaucoup aimé « Lire Lolita à Téhéran », et j’adore les procédés de méta-littérature, je vais peut-être acheter ce roman !

    1. Jaina: Si tu aimes ce genre de chose, en effet, ça peut te plaire!

  7. ce livre a été un coup de coeur pour une de mes collègues à sa sortie… j’ai toujours voulu mettre mon nez dedans mais bon, y a toujours autre chose à lire ! Je vais peut-être y repenser grâce à toi du coup 🙂

    1. Emeraude: Je suggère, en tout cas.  Il est super particulier, ce roman.

  8. Je ne sais pas non plus ce qu’est la métanarration, mais je suis bien intéressée par ce livre. Je viens de finir Persépolis, j’ai beaucoup aimé et je prendrai plaisir grâce à toi à un autre voyage en Iran.

    1. Soundandfury: C’est la réflexion sur la narration.  Comment on raconte, comment se structure un récit, une histoire!

    • Amandine sur 31/10/2012 à 02:01

    Je note ! Je suis curieuse et j’ai bien envie d’en savoir plus sur l’Iran.

    1. Amandine: C’est un roman très particulier.  Et c’est fou ce qui se passe là-bas.

  9. C’est sur d’autant que je ne sais toujours pas ce que cela veut dire ?

     

    le Papou

    1. Le Papou: méta-quelque chose, ça veut dire « réfléxion sur »… réflexion sur la narration, en discuter de façon explicite… est-ce que ça t’aide?

  10. Merci Karine. Maintenant je peux mieux comprendre certains mots comme métamorphose, métadone, métallique …(Ne réponds pas, je déc… Oh)

    Le Papou

    1. Le Papou: No comment :))) (mais bon, morte de rire!)

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