Watsburg – Cédric Ferrand

Wastburg.jpgJe l’avoue, c’est la couverture qui m’a attirée dans ce roman.  En fait, je me disais que j’aurais voulu habiter le petit bout de maison qui semblait suspendu au-dessus du vide, à gauche…  Et j’avais bien envie de fantasy, en plus. 

 

Disons-le d’emblée, ce roman est tout sauf de l’heroic fantasy!  Le personnage principal, c’est cette ville de Wastburg, improbable cité-île médiévale coincée entre deux royaumes.  La prose de Cédric Ferrand nous plonge tout de go dans cet univers du chacun pour soi où tout le monde graisse la patte à tout le monde , où la loi est plus qu’expérimentale et où les gardoches tentent tant bien que mal de gagner leur solde tout en en faisant le moins possible.  Pourtant, entre les voleurs à la tire, les ordres étranges, les courses de porcs et les habitants souvent mal dégrossis, ce n’est pas le boulot qui manque.  Surtout depuis que la magie s’est tarie.  

 

Parlons-en de ce langage qui nous fait voyager quelques siècles en arrière mais dans un univers parallèle.  Ici, les néologismes et l’argot ne se cantonne pas aux dialogues.  Il est partout (j’ai repéré à l’occasion des mots d’ici, ce qui m’a fait sourire), ce qui donne au roman cette atmosphère particulière qui fait parfois penser aux légendes orales et qui nous ramène aux gens qui peuplent Wastburg.  Des gens d’un peu partout, Loritains et Waelmiens, un curieux mélange de coutumes et de cultures… et que le meilleur gagne!

 

Après un premier chapitre enlevant, une course poursuite sur les toits dont la fin m’a laissée pantoise, abracadabra (désolée, je me trouve drôle… je dois être fatiguée!), on nous emmène ailleurs.  Autres personnages, autres lieux.  Lucky us, Ferrand réussit à créer en très peu de temps des personnages crédibles, entiers, avec un background, des bizarreries et des petites habitudes.  Parce qu’il y en a, des personnages.  Beaucoup, beaucoup, beaucoup.  Après quelques chapitres,  j’ai haussé un sourcil… Serait-on en train de me faire passer un recueil de nouvelles Wastburgiennes comme un roman?   On se balade allègrement d’un garde à l’autre, d’une intrigue à l’autre, et on se demande (du moins, moi, je me suis demandé) quand est-ce que la réelle intrigue allait débuter.t

 

Une chance, mes attentes ont changé, parce que j’aurais attendu longtemps.  Bien sûr, il y a un fil derrière tout ça mais ce n’est pas l’intérêt du roman, selon moi.  Le but de tout ça, c’est de découvrir, petit à petit, à travers l’histoire de certains de ses habitants (qui ressemblent souvent, en effet, à des nouvelles), cette étrange ville qui ne pourrait être décrite autrement.  Et dans cette optique, c’est ma foi étonamment réussi.  Wastburg est vivante, grouillante, bruyante et… odorante.  Et souvent dégueulasse.  Un peu trop pour moi. J’avoue avoir été incapable de manger suite au passage sur le « bouscotte »…   Yaaaark!  Juste d’y penser, j’ai envie de recracher mon thé!

 

Un roman fantasy atypique, qui demande une certaine concentration en raison du nombre de personnages et du langage, mais qui mérite d’être lu.  Justement pour ça. 

 

Même si bon, pour ma part, j’aurais aimé tout ça… plus une intrigue un peu plus suivie, qui rassemble davantage tout ce beau monde, sans pour autant tomber dans l’heroic fantasy.  Je suis mal élevée (à coup de Tolkien), voyez-vous!

22 Commentaires

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  1. Jamais entendu parler ! Pourquoi pas si j’ai envie de SF / Fantasy. Bonne journée !

    1. Coccinelle: C’est vraiment plus de la fantasy ici, mais la magie est juste à moitié au premier plan!  C’est différent, je trouve.

  2. J’ai aimé l’ambiance de ce roman et l’écriture de Cédric Ferrand, son humour. La façon de raconter cette ville est originale, même si grouillante et puante… Par contre, l’édition originale était bourrée de fautes de grammaire et d’orthographe vraiment énormes : une vraie catastrophe. Du coup, je parle souvent de ce roman à mes stagiaires sans le leur conseiller (ce sont des bibliothécaires, difficile de leur conseiller d’acheter un livre rempli de fautes). Mais si l’édition de poche a corrigé le tir, c’est bon à savoir.

    1. Sandrine: Oui, je me rappelle avoir lu ça dans ton billet après avoir écrit le mien.  Ça ne m’a pas frappée dans l’édition poche… et normalement je vois.  J’ai peut-être vu un ou deux trucs mais je n’ai pas tilté donc probablement qu’ils ont corrigé le tir!

  3. J’en ai souvent entendu parler (en bien la plupart du temps), mais le manque de fil rouge et l’atmosphère crasseuse ne m’atirre pas…mais je tenterai peut-être s’il est sorti en poche !

    C’est bizarre qu’il y ai eu tant de fautes dans le grand format, j’ai acheté plusieurs bouquins des Moutions Electriques et je n’ai rien remarqué…C’est dommage, c’est une maison d’édition assez sympathique !

    1. Jaina: Moi aussi j’ai normalement été satisfaite des moutons électriques… mais bon, je n’ai pas lu ce roman dans cette édition, difficile de parler.  Mais en effet, si tu n’as pas envie de crasse… passe! :))

  4. Un peu d’héroique fantaisie ne me déplairait pas en ce moment, mais celui-là hum, j’ai des doutes. Je le note quand même.

     

    Le Papou

    1. Le Papou: Celui-là n’a RIEN d’héroïque, crois moi!  Mais c’est bien hein!

  5. ça me fait furieusement penser à la série du chevalier de Wieldstatd de Pierre Pevel. Une série que j’avais adoré, du coup je note celui-là avec intérêt.

    1. Jerome: Ah, je ne connais pas la série de Pevel!  Je vais fouiner!  tu as fait un billet?

  6. J’ai repéré aussi cette couverture qui me fait très envie. C’est le côté Héroïc Fantasy qui me retenait un peu. Mais ce portrait d’une cité imaginaire et de sa langue me tente bien.

    1. Cléanthe: Voilà, c’est de la fantasy, mais pas très héroïque.  C’est en effet la ville l’héroïne!

  7. j’ai le même bémol que toi sur le fil d’intrigue un peu trop ténu. POur le reste, j’ai aimé la puanteur de la ville (au petit déjeuner c’est aussi difficile) 😉

    1. Lhisbei: Ah oui, ça ne devait pas être top devant des roties… je me souviens de Fashion et de ses scènes à traduire impliquant gang bang et fouets… ça passait juste aussi!

  8. ça semble très étrange… Et peu ragouttant si certaines pages te donnaient envie de recracher ton thé 

    1. L’or rouge: Ragoûtant n’est pas en effet le mot que j’utiliserais pour décrire ce roman!!

  9. Je l’ai déjà noté mais le côté atypique m’attire de plus en plus.

    1. Hilde: Pour être atypique, ce l’est!  Vraiment!

  10. Je l’ai trouvé d’occasion hier, il vient de rejoindre ma PAL.

    1. Hilde: J’ai vraiment hâte de voir ce que tu vas en penser!

  11. Hello,

     

    je cherchais le nom du fleuve pour finir de faire mon commentaire dans mon cahier et pouf, voilà que j’arrive chez toi. Et là, je me demande soudain si c’est pas en lisant ton article que j’aurais eu envie de lire ce livre 🙂

    Bon, j’ai pas le nom du fleuve chez toi et j’ai plus le livre avec moi pour le feuilleter. Va falloir chercher ailleurs.

    Pas de déception pour ma part dans le coté décousu, j’ai été comme toi un peu surprise au début en pensant lire des nouvelles, mais l’intrigue cachée m’a bien plu.

    Bises !

    1. Infolio:  J’ai eu la même surprise au départ… je me demandais où je m’en allais!

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