Subordonnée – Isabelle Gaumont

Résumé
« Simone Beaubien, jeune femme dans la vingtaine, travaille pour une grande compagnie dans une tour à bureaux montréalaise.  Elle est la subordonnée modèle dans toute sa modeste splendeur et ses mille et une misères.

Ses patrons sont des vampires du rendement.  Ses collègues, des cas sociaux incurables.  Ses clients, de misérables victimes du crédit.  Tous ces gens concourent à rendre sa vie professionnelle proprement infernale.  Sur le plan personnel, ce n’est guère plus brillant.  Son conjoint, le Laid, ne voit en elle qu’une femme de ménage, une pourvoyeuse et un robot culinaire – encore là, une subordonnée.

Un incident insignifiant fournit à Simone le prétexte rêvé pour échapper au cercle vicieux de son existence et lui offre la chance d’améliorer sa condition  Jusqu’où peut aller une femme qui se réveille et se révolte?

Subordonnée est le roman de l’aliénation sous toutes ses formes et sur tous ses terrains: travail, vie de couple, vie personnelle.  l’obsession de la performance à tout prix s’y étale dans toute so horreur et son absurdité, de sa manifestation la plus ténue jusqu’à ses conséquences les plus extrêmes. »

Commentaire
N’est-ce pas moi la fille qui souhaitait à tout prix lire du « léger » ces temps-ci?  J’ai choisi ce roman car l’auteure est aussi humoriste.  Je croyais donc être partie pour quelques éclats de rire.  Toutefois, oui, c’est complètement absurde.  Oui, les situations sont décrites de façon ironique, presque comique.  Mais c’est loin d’être drôle.  Loin d’être drôle car trop réel. 

Ce roman met en vedette Simone, petit robot dans une grande entreprise qui voudrait être parfaite, qui endure tout sans mot dire, parce qu’elle croit qu’elle mérite son sort, n’étant pas, justement, parfaite.  Elle se trouve complètement nulle face à ses réactions, face au fait qu’elle n’a pas la bonne réponse à toutes les questions d’actualité, qu’elle ne sache pas tout.  Complètement abrutie par des conditions de travail complètement dingues, un bureau digne de celui d’Amélie Nothomb dans « Stupeur et tremblements« , sans la barrière culturelle, des collègues étranges (avec leur boulot… on les comprend un peu!  La description de ces collèegues m’a bien fait sourire… sans le vouloir, certains visages nous viennent en tête!)et un chum qui ne la voit pas et semble s’en ficher complètement.  La plume de l’auteure rend le tout facilement digérable mais disons qu’il est impossible de ne pas réfléchir sur les valeurs véhiculées par la société suite à la lecture de ce roman. 

Parce que ce roman dénonce.  Il pourrait avoir été écrit en réponse à Lucien Bouchard, ex premier ministre du Québec, qui a raconté à un journaliste que « les Québécois ne travaillaient pas assez ».   Il dénonce la société qui valorise la performance à un point tel que l’humanité des employés est parfois oubliée.  Il dénonce le sexisme encore présent tant dans les médias, dans la culture qu’au travail.  Il dénonce le lavage de cerveau qu’on nous fait parfois subir en nous abrutissant toujours davantage.   Je n’ai toutefois pas eu l’impression que l’on me faisait la morale, ce qui est souvent le cas avec les romans un peu engagés que je lis.  J’y ai  trouvé quelques longueurs mais probablement était-ce voulu, étant donné le thème du roman et le message qu’il souhaite véhiculer. Les répétitions volontaires de paragraphes entiers m’ont plu, reflétant bien la routine, l’éternel recommencement présent dans le roman.

Je ne me suis pas reconnue dans Simone (ok, ok, je l’avoue, je veux quand même être performante, j’ai beaucoup de difficulté à faire les choses à moitié, je pourrais facilement me pousser à bout au boulot mais pour les enfants que je vois, pas pour mon patron… Par contre – au grand désespoir de mon boss – je n’ai pas ce côté « sainte personne » qui endure tout et je dis généralement ce que j’ai à dire.) mais j’ai quand même pu comprendre comment elle en était arrivée là, sans trop l’avoir voulu.   J’ai aimé ma lecture mais disons que ça ne comble pas du tout mon besoin de légèreté et que j’aurais davantage apprécié à un autre moment!!!

8/10

14 Commentaires

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  1. Le propos était pourtant intéressant. En ce moment, en France, on est en train de débattre pour savoir si le stress sera reconnu comme une maladie professionnelle…Affaire à suivre.

  2. j’ai plus de chance que toi alors, même si j’avais besoin de léger, j’ai adoré Laurence Tardieu 🙂

  3. Cela m’a l’air très intéressant car je pense que les problèmes de travail existent partout mais de façon parfois légèrement différente. Donc je note !

  4. J’ai lu « Stupeur et Tremblement » et j’ai beaucoup ri. J’ai bien envie d’essayer ce roman, un peu de dérision ne fait pas de mal, et ça me changera des thrillers…Cali

  5. brrrr ça fait peur non, j’en ai froid dans le dos !!!

  6. Cathulu: J’ai trouvé le sujet et le propos intéressant et bien d’actualité, en effet. Même si je n’étais pas dans ce « mood » là à ce moment, je n’hésiterais pas à le recommander aux gens que le sujet intéresse! Stéphanie; Comme ça, toi aussi, tu es du genre à négliger ta PAL pour te jeter sur le dernier roman acheté?? Mon billet est peut-être moins clair que je ne le pensais car j’ai bien aimé ma lecture… pas un méga coup de coeur mais bien aimé quand même! Joelle: En effet, ces problématiques existent partout, je crois! Cali: Bienvenue ici! C’est moins drôle que dans « Stupeurs et tremblements » car Simone n’accumule pas gaffe sur gaffe mais j’ai quand même souri à plusieurs endroits tellement la situation devient ridicule par endroits! Morgane: Bienvenue aussi! J’avoue que j’étais bien contente d’avoir un boulot agréable, pas monotone avec un boss bien humain quand j’ai refermé ce livre!!!

  7. Je l’ai noté à sa sortie. Tu confirmes mon envie de le lire. Le monde du travail m’intéresse beaucoup…

  8. Le sujet a l’air bien traité et ça peut être intéressant mais aussi un peu effrayant si on se reconnait trop dans le personnage. 🙂 Je note.

  9. Pas trop envie de ce genre de lecture en ce moment… Moi mon problème c’est de réussir à dire « Non » quand je suis trop solicitée…

  10. Il a l’air intéressant ce roman malgré son manque de légèreté, de cette légèreté de réaction de fin d’hiver. Je le note car j’aime son thème et l’absurde, encore plus. Pour ton besoin de légèreté pourquoi pas « Petit guide pour orgueilleuse (légèrement) repentante, d’Annie L’italien. C’est le choix de La Recrue du mois de mai. Un vent de légèreté et de fraîcheur, tellement, que j’espère ne pas être obligé de mettre une petite laine.

  11. Il a l’air intéressant ce livre ! Mais pas pour moi en ce moment ! Je suis déjà bien trop stessée, j’ai peur que ça m’angoisse encore plus. A noter pour plus tard !

  12. Pas vraiment envie de me plonger dans un tel roman, même si la note que tu lui a mise est alléchante !

  13. Pas très envie de lire ce thème… je passe

  14. Allie: Je l’ai trouvé bien intéressant. Ces « sweat shop pour diplômés » sont bien décrits (bon… j’imagine que c’est exagéré mais on peut imaginer l’atmosphère)! Cécile: J’avoue que j’étais bien contente de ne me reconnaître qu’un petit-mini-peu! Mais oui, j’ai tendance à amener les tracas du boulot à la maison… mais j’essaie de me corriger!!! Anne: Ce n’est pas facile, dire non. Surtout quand tu expliques tout le principe et que c’est toujours « oui mais… »!!! Faut vraiment travailler sur soi pour être capable… je m’en viens pas pire… mais ya encore du boulot à faire! Venise: J’ai acheté le fameux « petit guide » il y a quoi… 2 semaines, dans ce trip « léger léger »! Je vous accompagnerai donc pour votre lecture de mai! Manu: En effet, à ne pas lire en moment de stress intense!!! Florinette: Il faut en effet être dans un « mood » pour ça! Mais c’est bien traité, je trouve! Gambadou: Il y a de ces thèmes, des fois, qui nous tentent moins! C’est mieux de respecter ça plutôt que de s’ennuyer dans une lecture qui nous tente peu!

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