Hurlevents – Fanny Britt

Le comment du pourquoi

J’avais très envie d’aller voir cette pièce l’an dernier… mais bon, il y a eu un truc, là, un virus… Donc, j’ai vu la diffusion télé. Et suite à cette écoute, parce que je n’étais pas certaine de tout saisir, j’ai lu la pièce. Je ne suis toujours pas certaine de tout bien saisir… mais le moins que l’on puisse dire, c’est que ça me fait réfléchir.

De quoi ça parle

Montréal, de nos jours. Emilie, une étudiante en littérature, part pour l’Écosse le lendemain. Un souper est organisé chez elle par ses colocs, Isa et Édouard. Sont invités Marie-Hélène, leur prof de littérature victorienne dont Édouard est secrètement amoureux et Jeanne Burns, jeune poétesse dont le premier recueil a été un grand succès. Puis arriveront Catherine, la soeur d’Émilie et son amoureux de peu de mots, Sam Falaise. Dehors, le vent souffle… et à l’intérieur aussi.

Mon avis

Ce n’est pas simple pour moi que de parler de cet ouvrage, qui n’est pas simple à appréhender. Librement inspiré de l’oeuvre d’Emily Brontë, il ne s’agit pas de dire ici « tel personnage, c’est tel autre »… mais plusieurs d’entre eux incarnent certains (ou plusieurs aspects) des Hauts de Hurlevent. On le comprend par les citations ou encore par la mise en contexte de la professeure au début de la pièce. Ceci dit, plusieurs des thèmes abordés concordent : l’amour passion, la vengeance, les relations de pouvoir et l’autodétermination. En effet, dans le roman de Brontë, les personnages sont souvent détestables, suivent leurs pulsions sans toujours se soucier des conséquences. Mais d’un autre côté, à l’époque, les choix étaient limités…

La pièce est toutefois très contemporaine. Ça traite de la jeunesse éveillée aux inégalités sociales, de la jeunesse engagée, sûre d’elle quand vient le temps de débattre d’idées, mais pas toujours quand vient le temps de vivre les sentiments et les émotions. Pas tous, bien entendu. Deux générations sont réunies autour d’une situation impliquant un professeur et une ancienne élève, situation dénoncée par l’enseignante, persuadée que c’est son devoir de le faire. Mais l’homme accusé est aussi l’amant d’Isa, la coloc d’Émilie et celle-ci n’est absolument pas d’accord avec cette action, revendiquant son droit à aimer comme elle veut, à coucher avec qui elle veut.

Après avoir vu la pièce, j’avais du mal à comprendre où l’autrice se situait dans tout ça. Quelle position est défendue. Après l’avoir lue, je réalise qu’en fait, la force de la pièce est là. Tous les personnages sont convaincants dans leur argumentaire et la confrontation intergénérationnelle est représentative de conversations que j’ai déjà vécues. Avec moi dans le rôle de la vieille, of course. Ce qui était considéré comme provocateur à l’époque où j’étais jeune est maintenant terriblement dépassé pour la jeune génération, malgré toute la bonne volonté du monde de part et d’autre.

Bref, ça fait réfléchir… et réagir. Les personnages ne se donnent pas vraiment de lousse, pas vraiment de droit à « l’erreur » quand vient le temps de leur engagement. On sent que chacun cherche sa place, on a parfois le goût de les secouer, d’autre fois le goût de les consoles et on les admire souvent. La finale permet de comprendre qui est le grand architecte de la situation et c’est franchement bien fait. La langue est aussi très actuelle (j’avoue avoir souri quand le jeune homme se force à ne pas conjuguer pour « bien » utiliser les anglicismes… je n’y arriverai jamais), il faut un moment pour s’y habituer… mais après de longues réflexions, mon avis est positif!

2 Commentaires

  1. faut voir… peut-être 🙂 en vrai je garde un souvenir mi figue mi raisin de Faire les sucres, c’était un bon roman mais les personnages étaient pénibles…

    1. Pareil pour faire les sucres. Mais cette pièce m’a fait vraiment cogiter.

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